17 octobre 2007
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Guy Môquet est un jeune militant communiste qui a été exécuté le 22 octobre 1941 dans des conditions particulièrement honteuses. En effet, il avait été arrêté par trois policiers français le 15 octobre 1940 pour cause de propagande interdite, le Parti communiste ayant été mis hors la loi à la suite du Pacte germano-soviétique... Et il avait été enfermé dans la prison de Chateaubriant avec d'autres militants... Or le commandant des troupes d'occupation allemandes est abattu par trois communistes le 20 octobre 1941 et Hitler donne l'ordre d'exécuter en représailles 50 otages... Le Ministre de l'Intérieur de Vichy, Pierre Pucheu, "sélectionne" alors des prisonniers communistes pour éviter l'exécution de "bons Français" (sic)... Guy Môquet est le plus jeune (17 ans et demi)... Conduit au poteau d'exécution,, il s'évanouit, mais n'en est pas moins fusillé dans cet état...
Dans l'attente de son exécution, Guy Môquet avait écrit plusieurs lettres, notamment une letttre émouvante à ses parents où il avoue qu'il "aurait voulu vivre" et demande à sa mère "d'être courageuse"... Il s'agit d'une "lettre privée", et Guy Môquet aurait certainement été très surpris s'il avait pu savoir que sa lettre allait faire de lui un "symbole public"... Certes, il a été un jeune homme courageux, dont la mémoire doit être respectée, mais ce n'est pas salir celle-ci d'affirmer qu'il y a eu autour de son "exemple" une incontestable manipulation... D'abord, en Octobre 1941, le Parti communiste - dont le Secrétaire général, Maurice Thorez, condamné pour désertion en novembre 1939, était réfugié en URSS - avait à se faire pardonner auprès de nombreux militants son inaction liée au Pacte germano-soviétique, et il avait donc ordonné dans la clandestinité trois attentats à Nantes , Rouen et Bordeaux, sans la moindre concertation avec les mouvements de résistance en voie d'organisation, Jean Moulin étant désigné pour cette tâche par le Général De Gaulle à partir de janvier 1942... Aussi le Parti communiste n'est que trop heureux d'ériger en "symbole" l'exécution de ses militants, notamment celle de Guy Môquet (Publication des "Martyrs" par Aragon en 1942). Et le symbole est non seulement accepté par la population, choquée par cette exécution, mais il est repris par le Général De Gaulle lui-même qui, en 1944, cite Guy Môquet "à l'ordre de la Nation"... Une station de métro portera son nom à Paris... Le symbole "communiste" devient ainsi un symbole "national", célébré unanimement par tous les partis... de "gauche" comme de "droite"... En décidant de commémorer le sacrifice de Guy Môquet le 22 octobre 2007, le Président Nicolas Sarkozy n'a donc rien inventé...
Néanmoins, les partis et les syndicats de "gauche" s'indignent de "l'injonction" faite aux enseignants de lire la lettre de Guy Môquet en classe à cette date... Pour eux, il s'agit d'une "récupération", les plus extrêmes parlant "d'une ingérence politique intolérable" et affirmant "que le rôle de l'école n'est pas d'inculquer l'amour de la Patrie" (sic), et les plus modérés s'interrogeant "sur l'efficacité d'une lecture annuelle, surtout solennisée à outrance"... Il est vrai que certains se croient plus avisés en proposant "que la lettre soit dans le cadre d'un choix de textes sur la Résistance "( par exemple , avec le Chant des Partisans ou le poème Liberté, j'écris ton nom...), mais ils oublient que Guy Môquet n'a pas été un "résistant" puisqu'il était ...prisonnier... En fait, c'est prêter à Sarkozy une préoccupation politique qui dépasse largement son intention, car il n'a évidemment pas besoin du souvenir de Guy Môquet pour sa "popularité"... Ceux qui ont lu les ouvrages consacrés à Sarkozy par Catherine Nay ou Yasmina Reza y trouveront seulement une marque habituelle de son "emportement émotif" le conduisant à célébrer pêle-mêle les personnalités qui ont exalté la France : Jeanne d'Arc, Napoléon 1er, Jaurès, Blum et bien sûr De Gaulle... Ce qui, dans ce pays aux opinions cloisonnées, l'amène inévitablement à ...en faire un peu trop !
En l'occurrence, pour la lecture de la lettre de Guy Môquet, il a manifestement méconnu la "réalité du monde enseignant"... Ayant fait partie de la "maison" et ayant moi-même conservé une certaine tendance au "prêchi-prêcha" dans mes articles, je peux témoigner que les enseignants sont par définition des "donneurs de leçons" non seulement pour leurs élèves - ce qui est normal - mais aussi pour l'opinion - ce qui est souvent excessif... et ils sont par contre rebelles à ... recevoir des leçons, n'aimant pas du tout qu'on leur dise ce qu'ils doivent faire... On peut imaginer que Ségolène Royal, si elle avait été élue Présidente et avait eu la même idée - ayant exalté les valeurs "nationales" dans sa campagne électorale - aurait aussi été rabrouée...Alors Sarkozy !...
Finalement, dans cette affaire à nouveau typiquement "franco-française", il y a peut-être une solution..., celle de prendre prétexte de l'anniversaire de la mort de Guy Môquet pour en faire à l'avenir une "Fête de la Jeunesse" au caractère plus large permettant de rappeler chaque année l'importance de certaines valeurs...
Dans l'attente de son exécution, Guy Môquet avait écrit plusieurs lettres, notamment une letttre émouvante à ses parents où il avoue qu'il "aurait voulu vivre" et demande à sa mère "d'être courageuse"... Il s'agit d'une "lettre privée", et Guy Môquet aurait certainement été très surpris s'il avait pu savoir que sa lettre allait faire de lui un "symbole public"... Certes, il a été un jeune homme courageux, dont la mémoire doit être respectée, mais ce n'est pas salir celle-ci d'affirmer qu'il y a eu autour de son "exemple" une incontestable manipulation... D'abord, en Octobre 1941, le Parti communiste - dont le Secrétaire général, Maurice Thorez, condamné pour désertion en novembre 1939, était réfugié en URSS - avait à se faire pardonner auprès de nombreux militants son inaction liée au Pacte germano-soviétique, et il avait donc ordonné dans la clandestinité trois attentats à Nantes , Rouen et Bordeaux, sans la moindre concertation avec les mouvements de résistance en voie d'organisation, Jean Moulin étant désigné pour cette tâche par le Général De Gaulle à partir de janvier 1942... Aussi le Parti communiste n'est que trop heureux d'ériger en "symbole" l'exécution de ses militants, notamment celle de Guy Môquet (Publication des "Martyrs" par Aragon en 1942). Et le symbole est non seulement accepté par la population, choquée par cette exécution, mais il est repris par le Général De Gaulle lui-même qui, en 1944, cite Guy Môquet "à l'ordre de la Nation"... Une station de métro portera son nom à Paris... Le symbole "communiste" devient ainsi un symbole "national", célébré unanimement par tous les partis... de "gauche" comme de "droite"... En décidant de commémorer le sacrifice de Guy Môquet le 22 octobre 2007, le Président Nicolas Sarkozy n'a donc rien inventé...
Néanmoins, les partis et les syndicats de "gauche" s'indignent de "l'injonction" faite aux enseignants de lire la lettre de Guy Môquet en classe à cette date... Pour eux, il s'agit d'une "récupération", les plus extrêmes parlant "d'une ingérence politique intolérable" et affirmant "que le rôle de l'école n'est pas d'inculquer l'amour de la Patrie" (sic), et les plus modérés s'interrogeant "sur l'efficacité d'une lecture annuelle, surtout solennisée à outrance"... Il est vrai que certains se croient plus avisés en proposant "que la lettre soit dans le cadre d'un choix de textes sur la Résistance "( par exemple , avec le Chant des Partisans ou le poème Liberté, j'écris ton nom...), mais ils oublient que Guy Môquet n'a pas été un "résistant" puisqu'il était ...prisonnier... En fait, c'est prêter à Sarkozy une préoccupation politique qui dépasse largement son intention, car il n'a évidemment pas besoin du souvenir de Guy Môquet pour sa "popularité"... Ceux qui ont lu les ouvrages consacrés à Sarkozy par Catherine Nay ou Yasmina Reza y trouveront seulement une marque habituelle de son "emportement émotif" le conduisant à célébrer pêle-mêle les personnalités qui ont exalté la France : Jeanne d'Arc, Napoléon 1er, Jaurès, Blum et bien sûr De Gaulle... Ce qui, dans ce pays aux opinions cloisonnées, l'amène inévitablement à ...en faire un peu trop !
En l'occurrence, pour la lecture de la lettre de Guy Môquet, il a manifestement méconnu la "réalité du monde enseignant"... Ayant fait partie de la "maison" et ayant moi-même conservé une certaine tendance au "prêchi-prêcha" dans mes articles, je peux témoigner que les enseignants sont par définition des "donneurs de leçons" non seulement pour leurs élèves - ce qui est normal - mais aussi pour l'opinion - ce qui est souvent excessif... et ils sont par contre rebelles à ... recevoir des leçons, n'aimant pas du tout qu'on leur dise ce qu'ils doivent faire... On peut imaginer que Ségolène Royal, si elle avait été élue Présidente et avait eu la même idée - ayant exalté les valeurs "nationales" dans sa campagne électorale - aurait aussi été rabrouée...Alors Sarkozy !...
Finalement, dans cette affaire à nouveau typiquement "franco-française", il y a peut-être une solution..., celle de prendre prétexte de l'anniversaire de la mort de Guy Môquet pour en faire à l'avenir une "Fête de la Jeunesse" au caractère plus large permettant de rappeler chaque année l'importance de certaines valeurs...