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3 février 2006 5 03 /02 /février /2006 18:10

   Cette affaire actuelle des "caricatures de Mahomet" n'est qu'un épisode dans l'histoire toujours recommencée de la liberté de la presse et, plus largement, de la liberté d'expression.

   Cette liberté, déjà reconnue en France dès la "Déclaration des Droits de l'homme" (1789), a fait l'objet de la "Déclaration universelle des Droits de l'homme", stipulant (article 19) :

      "Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui   implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen que ce soit".

   Ce texte est clair et constitue un droit imprescriptible ne donnant lieu à aucune discussion. Malheureusement, il n'est pas reconnu ou il est oublié par un certain nombre de pays, notamment - mais pas seulement - par des pays musulmans plaçant le respect de (leur) Dieu au dessus de tout autre considération.

   Certes, la liberté d'expression, dans la mesure où elle peut apparaître comme un mise en cause des autorités en place ou des usages sociaux ou religieux, a toujours été la plus difficile à respecter : en France même, Flaubert est jugé en Correctionnelle pour l'immoralité de Madame Bovary (1857), et Zola est condamné à 1 an de prison + une amende pour son article "J'accuse" dans le journal L'Aurore (13 janvier 1898)... Et on peut aussi rappeler les mesures répressives du Régime de Vichy (1940-1944)... Mais cette fois, à l'instar d'affaires précédentes comme les "Versets sataniques" de Rushdie ou le film de Scorcese "La dernière tentation du Christ", il s'agit d'un problème international mettant en cause la liberté d'expression dans le monde et on peut donc s'interroger sur les conditions de son utilisation.

   La liberté d'expression est-elle sans limite pour celui qui s'exprime ? Certainement pas... Un aphorisme célèbre dit que "la liberté de chacun s'arrête où commence la liberté des autres", mais...la limite n'est pour autant pas claire... Alors on peut faire appel au "bon sens", mais comme le "bon sens" - n'en déplaise à Descartes - n'est pas "la chose au monde la mieux partagée", on n'est pas plus avancé !... Faute de mieux, on peut s'arrêter à la notion de "réserve", consistant à savoir mesurer soi-même, en fonction de ses interlocuteurs, "quand" on risque de blesser les autres...

   Inversement, ceux qui sont les destinataires de cette liberté d'expression ne doivent pas considérer qu'ils sont au-dessus de toute critique ou de moquerie, et doivent donc pratiquer la "tolérance"... La réaction des autres et éventuellement leur dérision peuvent être l'occasion de ne pas se prendre trop au sérieux... Et si, dans certains cas, la critique est injustifiée et même cruelle, il suffit d'y opposer l'indifférence ou le mépris... C'est d'ailleurs l'attitude la plus fréquente chez les juifs - pourtant cible favorite à travers l'histoire - et chez la plupart des chrétiens - en raison des conseils de modération de l'Eglise (exemple récent des caricatures concernant Jean-Paul II à propos de son refus de l'IVG)...

   Alors, même si on peut concéder aux musulmans que des caricatures de Mahomet n'étaient ni opportunes, ni d'ailleurs du meilleur goût, compte tenu de l'imprégnation très forte de l'Islam dans leur société et leurs consciences, on peut en contrepartie souhaiter qu'ils apprennent - ce que font certains d'entre eux - ce qu'est la tolérance... ne serait-ce qu'en application des vertus morales prônées dans le Coran... Après tout, Mahomet n'a jamais condamné le rire...

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commentaires

C
La parole de Voltaire sur ce sujet mérite d'être écoutée :<br />   "N'est-il pas honteux que les fanatiques aient du zèle<br />  <br />                                                                                      et que les sages n'en aient pas "<br />  <br />                                                  Candide
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D
   Le problème est que justement, à ses débuts, l'Islam était beaucoup plus tolérant et ouvert : du 7° au 15° siècles, la domination arabe sur le bassin méditerranéen et le Moyen-Orient n'entraîne pas un retour à la barbarie mais donne lieu à une civilisation brillante de Cordoue à Samarkande avec les dynasties omeyade et abasside, ayant d'ailleurs contribué à la transmission du savoir antique... La civilisation "occidentale" à la mê me époque était beaucoup plus "fruste", et en la circonstance la fameuse prise de Jérusalem par les Croisés (1099) fut une horreur sans nom qui laissa un souvenir longtemps déplorable des musulmans à l'égard des "roumis"...  Saladin (un Kurde) au 12° siècle est un exemple "chevaleresque, y compris pour les chrétiens... Malheureusement, avec la conquête turque, à partir du 15° siècle, il y a un retour à un "islamisme orthodoxe" qui a arrêté cette évolution et confiné les populations dans l'archaîsme et le fanatisme...  Et les efforts de modernisation se heurtent à la résistance d'un fondamentalisme religieux qui continue à prétendre gouverner la société et la politique...
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Ã
C'est toujours la première caricature qui est condamnée, la deuxième passera déjà mieux.../... ça permet finalement de mesurer le niveau de fanatisme des musulmans intégristes. Ce qui est débile, c'est que d'une part, la caricature a été faite et rien ne pourra plus l'effacée d'autre part, c'est vrai que les journalistes en font un peu de trop. Il faudra bien que l'adolescence musulmane se passe parce que ça devient un peu longuet. je sais bien qu'ils sont encore en l'an 600 mais, normalement avec une année lunaire ils devraient nous rattraper rapidement....... Enfin, on l'espère.<br /> Éric
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J
Grand bien nous fasse! Mahomet n'a jamais condamné le rire ... On l'a échappé belle! De combien s'en est-il fallu? Imaginez un peu qu'il l'eusse fait ... Il nous serait resté nos yeux pour pleurer.<br /> Et ces journalistes? Comment peut-on être assez c... pour faire de cette "affaire" tout un plat de ... résistance? Nous seulement ils nous bassinent pendant des jours parce qu'un des leurs, dans le monde, meurt au travail (en oubliant que, chaque année, environ MILLE travailleurs subissent le même triste sort en FRANCE), mais encore, il faut qu'ils en rajoutent en jetant de l'huile sur le feu, à longueur d'antenne ... Mais pour qui se prennent-ils? Pour le nombril du monde? Le comble est atteint quand on sait que leurs journaux n'existent que grace aux subventions qu'ils reçoivent (papier, aide de ceci, aide de cela, degrèvement fiscaux pour les "journalistes" au nombre de 28.000 rien qu'en France!), c'est à dire grace à NOS impôts. Et tout ça pour avoir droit à des "torchons" que les gens n'achêtent même plus puisqu'on les leur dirtribue gratuitement ...<br /> Il va bien falloir, qu'un jour, on y mette bon ordre! Je n'ai pas spécialement envie de me retrouver engagé dans une guerre parce qu'un "journaleux" aura délibérément choisi de faire une provocation pour pouvoir trouver quelques lecteurs ...
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