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15 octobre 2008 3 15 /10 /octobre /2008 16:10
   Il y a seulement 5 jours - le samedi 11 mai 2008 -  les "médias" en berne titraient sur une baisse vertigineuse des cours et annonçaient une crise encore plus grave que celle de 1929 dans la mesure où elle affectait non plus seulement "l'Occident" mais l'ensemble du "monde"...Et comme toujours, quand les choses vont mal, on en était déjà à chercher les "boucs émissaires", notamment les "Américains" avec leur usage immodéré du crédit, sans rapport direct avec la croissance réelle de l'économie ...et les "Etats", aveuglés par leur respect fondamental du libéralisme ...La "confiance" avait disparu...

   Et puis voilà : la "confiance " ...est revenue, et hier - le mardi 14 octobre 2008 - les cours piquaient vers le haut, avec des hausses de 10 à 15 % ...Il avait suffi de la garantie massive - 1 milliard 800millions d'euros ! -  des Etats naguère décriés -notamment  ceux de l'Union Européenne autour du Président français - pour que tout le monde se congratule, oubliant un peu vite que cette garantie ne pouvait être fondée que sur les ressources des contribuables n'étant pour rien dans cette crise et ayant même failli en être les victimes ...et que la remontée trop rapide des cours accordait une prime aux spéculateurs responsables de la crise, en leur permettant de revendre rapidement à la hausse les actions achetées à la baisse, ce qui ne manque pas susciter un véritable "yo-yo"...

   C'est pourquoi il y a des "leçons" à retenir de cette crise, et à ce titre, il est intéressant de citer celles que Jean Boissonnat, spécialiste averti et unanimement reconnu dans le domaine économique, a retenues dans son éditorial du journal Ouest-France du 14 octobre 2008 :

  " -1ére leçon : l'opacité su système financier empêche de déceler les risques que celui-ci fait prendre à toute l'économie. Il ne s'agit pas de faire disparaître le risque - celui-ci est inhérent et il ne peut pas y avoir de développement sans crédit - encore faut-il que l'organisme financier qui l'octroie en mesure le risque et l'assume lui-même. Or la sophistication du système avait abouti à transférer ce risque sur des marchés opaques où plus personne ne savait qui risquait quoi... Il faut donc clarifier les mécanismes, même si cela doit aboutir à freiner certaines initiatives...
   - 2ème leçon : L'Etat ne peut se décharger de la responsabilité de règlementer le système, soit directement, soit par l'intermédiaire des Banques centrales. Certes, celles-ci ont à peu près fait bien leur métier dans cette crise, en alimentant le système en liquidités, évitant ainsi une asphyxie complète. Mais elles ne sont pas outillées pour surveiller les crédits et la solvabilité des banques.... Il faut mieux les armer dans ce but...
   - 3ème leçon : la disparition, depuis 30 ans, d'un système international de change fixe et ajustable entre les monnaies a favorisé l'anarchie financière des dernières années. On a vu le taux de change du dollar varier du simple au double avec certaines monnaies, sans rapport avec la valeur réelle exprimée en pouvoir d'achat de la monnaie ...Il faut donc rétablir un système de surveillance des taux de change au niveau mondial...
   - 4ème leçon : la gestion financière d'une économie mondialisée ne peut être laissée à la discrétion de la puissance dominante, les Etats-Unis. Ceux-ci ont leurs intérêts propres et leurs fausses certitudes ...Il faut donc renforcer les pouvoirs des organisations internationales en y associant davantage les pays qui pèsent de plus en plus dans le monde, à savoir la Chine, la Eussie, l'Inde et le Brésil...
   - 5ème leçon : les bulles financières qui, en éclatant, génèrent les krachs, se forment principalement dans le secteur des actions et celui de l'immobilier ...Il faut donc apprendre à les surveiller : c'est techniquement difficile ...au moins faut-il le tenter...
   - 6ème leçon : aucun système économique ne peut survivre durablement s'il perd sa légitimité morale auprès des populations. Or c'est très exactement ce qui se produit quand les principaux acteurs du système donnent le sentiment de s'enrichir personnellement sans rapport avec les résultats obrenus : primes exorbitantes, stock-options, parachutes dorés, retraites disproportionnées ...Les écarts de rémunération, à l'inrérieur d'une même entreprise, qui pouvaient aller - il y a vingt ans - de 1 à 10, peuvent aller aujourd'hui de 1 à 100 ... Il convient de mettre fin à ces excès, soit par des codes de déontologie, soit par des législations..."

   Cette analyse montre à l'évidence la nécessité d'entreprendre des réformes fondamentales dans le système financier, sous peine de mise en cause du fonctionnement même de l'économie de marché ...Il n'est en effet pas tolérable qu"un libéralisme "débridé" puisse conduire une minorité de "spéculateurs " d'une part à s'enrichir de façon scandaleuse, d'autre part à paralyser les échanges, faute de crédit, en raison de leurs excès ...Cela ne signifie nullement qu'il faut condamner le "capitalisme" et remettre en valeur le "communisme" comme seul garant du bonheur de l'humanité, car on a déjà vu à quels excès celui-ci pouvait également aboutir ...Des "riches" et des "pauvres", il y en a toujours eu ..., mais il faut trouver un juste équilibre ... Le libéralisme ne doit pas sanctifier l'égoïsme de quelques-uns, ...il a, qu'on le veuille ou non, un "devoir social" ...Le problème n'est d'ailleurs pas nouveau, puisque le philosophe chinois Confucius affirmait déjà au 5ème siècle avant JC : "Quand les riches maigrissent, les pauvres meurent" ...Et Abdoulayde Wade, Président actuel du Sénégal, lui fait écho quand il s'exclame :"La crise financière, c'est une crise de riches", en rappelant qu'actuellement 923 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde, dont 90 %en Afrique et en Asie, ce nombre ayant augmenté de 75 millions depuis l'année dernière...

   Dans ces conditions, ou bien le "libéralisme" parvient à trouver en lui-même, à l'instar de l'OMC pour les échanges, un auto-contrôle du système financier, en élargissant notamment les compétences du FMI et en lui confiant un pouvoir de sanction et même d'exclusion envers les personnes physiques ou morales coupables d'excès ...ou bien il faudra en revenir à "l'étatisme", c'est-à-dire à un contrôle autoritaire des Etats dans le cadre d'organismes internationaux de régulation comme l'Union Européenne : c'est d'ailleurs le chemin qu'ils ont déjà pris dans l'urgence  en "nationalisant" ou en "recapitalisant" leurs banques ... Mais le "crédit" ne pourra pas, de toutes façons, rester un "affaire d'Etats", ceux-ci n'étant pas eux-mêmes toujours exemplaires, à l'image de la Dette Publique de la France ...Il a été nécessaire, mais il est suffisant, que les Etats aient contribué à rétablir la confiance, sans laquelle l'économie de marché ne peut pas fonctionner ...Le "crédit" a besoin de "crédibilité" par lui-même !...














    
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commentaires

J
Et le yo-yo continue ! Moins 6% au moins au moment où j'écris ce jeudi.Peut-être qu'au lieu d'injecter 360 milliard dans les banques pour qu'elles les...redistribuent...si elles en ont envie... il aurait été plus simple et plus judicieux de les injecter directement dans le circuit économique et non pas financier !Il me semble que vous oubliez un point important dans vos propositions de raison de la crise et de "régulation".Il devrait être INTERDIT aux entreprises de procéder au rachat de leurs propres actions, dans le seul but de faire monter le cours de celles restantes. Pas étonnant ensuite que ces sociétés n'investissent pas.jf.<br />  <br />  
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