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11 mai 2006 4 11 /05 /mai /2006 23:41

   Ainsi donc, le 10 mai, les Français  ont été invités à commémorer l'abolition de l'esclavage... 

   La France étant, comme chacun sait, "la Patrie des Droits de l'Homme" - en dépit de quelques défaillances - il ne peut être question de contester le bien-fondé de cette commémoration : "Les hommes naissent libres et égaux en droits"... et l'extension de cette affirmation de la Révolution française de 1789 à l'ensemble du monde par la Déclaration Universelle de 1945 est un acquis fondamental de l'histoire contemporaine...

   Il n'en est pas moins vrai que la "codification" de cette commémoration par la loi du 10 mai 2001 - dite Loi Taubira - est fâcheusement réductrice :

   - d'une part, elle "limite" la question de l'esclavage à la "Traite des Noirs" pratiquée par les "Blancs" occidentaux - et notamment les Français - entre l'Afrique et l'Amérique du 16ème au 19ème siècle... Or la pratique de l'esclavage n'a été circonscrite ni à cette période, ni à ces populations : l'esclavage remonte à l'Antiquité, voire même à la Préhistoire avec les guerres tribales...On en garde la trace sur tous les continents, en Europe, en Asie, en Amérique avec les civilisations précolombiennes, et même et surtout en Afrique... Ce sont les "rois africains" qui vendaient leurs congénères noirs de tribus vaincues ou jugées "inférieures" à la fois aux comptoirs européens seulement installés sur les côtes occidentales... et aux chefs arabes du Nord et de l'Est... Et si la population noire déportée en Amérique pendant trois siècles est estimée à 15 millions de personnes, celle de la déportation par les Arabes - bien plus ancienne - a certainement dépassé 30 millions de personnes...et il y a eu parmi elles beaucoup d'esclaves blancs : Robert Davis, dans son Livre sur l'esclavage blanc (1500-1800) évoque 1 million de chrétiens asservis par des maîtres musulmans, et il s'agissait pas, à l'image illusoire de la série télévisuelle "Angélique", de belles dames pour les harems, mais surtout d'hommes dont les conditions de vie étaient effroyables, aucune mesure ne les protégeant, à la différence du "code noir" appliqué par les Européens...

   - D'autre part, elle "oublie" que l'esclavage perdure sous une forme plus ou moins visible dans de nombreux pays, notamment en Asie et .... en Afrique : une excellente émission télévisée de "Thalassa" du 5 mai dernier, intitulée "Esclaves d'hier et d'aujourd'hui" a mis un accent émouvant sur le cas des petits esclaves noirs du Lac Volta, vendus...par leurs parents à des pêcheurs ou à des marchands noirs, l'émission révélant au passage qu'en l'époque actuelle des "grands élans humanitaires" une Association vouée au rachat de ces pauvres enfants n'a pas les moyens suffisants pour éradiquer cette horreur... Et les parents concernés ont au moins l'excuse de la pauvreté, ce qui n'est pas le cas de trafiquants plus ou moins mafieux des confins de l'Afrique et de l'Asie...

   Il convient donc de ne ne pas se satisfaire de "défendre la mémoire des esclaves noirs des Antilles et de l'Amérique"... et d'exiger "une repentance" des Français métropolitains, alors que ceux-ci peuvent à juste titre ne pas se considérer comme responsables... Il faut, après avoir reconnu objectivement les faits du passé et élaboré une histoire mondiale et non pas fragmentaire de l'esclavage, se tourner vers l'avenir en éliminant l'esclavage là où il existe encore - s'il le faut en faisant valoir un "droit d'ingérence humanitaire" ... en attendant qu'avec le temps et le mélange croissant des populations disparaissent ces discriminations d'un autre âge...

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