Dominique Strauss-Kahn, député-Maire de Sarcelles, ancien Ministre de l'Economie et candidat aux élections présidentielles, est un politicien chevronné, dont les propos sont généralement mesurés dans la perspective "socialiste" qui est la sienne. Lui-même proclame qu'il est une sorte de "point médian" entre la "novation" illustrée par Ségolène Royal et "l'expérience" symbolisée par Laurent Fabius...
On n'en est que plus étonné que, sur un sujet éminemment "social" - ou plutôt "sociétal", pour employer le jargon contemporain - il ait pu prononcer, dans son entretien du 26 octobre 2006 avec le journal La Croix et la station de radio RCF, des paroles "extrêmes"... Evoquant l'évolution démographique et le problème de l'équilibre des finances publiques, il a déclaré en effet que la France ne pourrait pas supporter longtemps le déficit croissant de la Sécurité Sociale - ce qui est compréhensible - mais il a ajouté qu'il fallait donc prendre toutes dispositions dans les services hospitaliers pour lutter contre "l'encombrement" (!) de plus en plus insupportable des personnes âgées, notamment celles qui sont affectées de maladies irrémédiables... En clair, il a évoqué la nécessité de l'euthanasie, précisant même qu'il fallait avoir le courage de dire qu'elle était déjà pratiquée, sans le dire...De quoi frémir !...
De quoi frémir en effet... Car l'euthanasie, sous ce terme "savant", n'est jamais qu'une "manière de tuer", celle-ci consistant à administrer des produits mortifères ou, plus subtilement, à cesser de donner des médicaments ou des soins permettant de sauvegarder la vie... Certes, les partisans de l'euthanasie soulignent qu'elle ne serait pas pratiquée sans l'accord conjoint de médecins assermentés et de la famille... Mais on peut imaginer les dérives qui pourrait en résulter, à l'instar de certains scandales de transplantation... Faudra-t-il que la famille paie pour le maintien en vie d'une personne âgée, qui ne serait plus pris en charge par la Sécurité Sociale ... autrement dit n'y aura-t-il plus "égalité sociale" devant la mort ?... Inversement, qui pourra garantir que l'accord de la famille pour l'euthanasie ne sera pas secrètement justifié par l'appât d'un héritage ?... De toutes façons, l'euthanasie, même administrée dans "de bonnes intentions", restera - qu'on le veuille ou non - un "attentat à la vie"... et il ne devrait donc pas y avoir à se poser la question de sa "nécessité" !...
Car l'attentat à la vie, si l'euthanasie est "légalisée", peut prendre d'autres aspects : déjà on continue à s'interroger sur l'interruption volontaire de grossesse, en dépit de sa "légalisation"... S'y ajoute maintenant le dilemme du choix possible entre fille et garçon qui suscite déjà ...en Chine... une hécatombe de petites filles... Qui peut alors affirmer qu'on n'en viendra pas à "euthanasier" les enfants infirmes de naissance ?... Où commencera la notion "d'enfant viable" ?... Et comment ne pas se souvenir que les nazis s'étaient "débarrassés" par l'euthanasie et la crémation des milliers de personnes ne corresondant pas à leurs "théories" funestes ou à leurs "besoins"...les juifs, mais aussi les tsiganes, les homosexuels, les fous... et même les ennemis politiques, dans ce qui a été appelé affreusement la "solution finale"?... Peut-on imaginer un seul instant que ce soit la solution de l'avenir ?...