Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
4 septembre 2007 2 04 /09 /septembre /2007 23:40

   En ce jour de Rentrée, il est de bon ton d'y aller de son avis sur l'Education Nationale, et cet avis est le plus souvent que celle-ci court à sa perte, la justification la plus courante étant que près de la moitié des élèves ne maîtrise pas les bases élémentaires du français et du calcul à la sortie de l'école primaire...

   Comme je suis personnellement un ancien membre de la "corporation" y ayant exercé des responsabilités et m'étant fréquemment opposé à son évolution depuis ...un demi-siècle, chacun va penser que je suis prêt à en "remettre une couche" dans la critique des membres de cette institution...

   Je ne le ferai pas... Bien sûr, la situation de l'Education Nationale n'est guère brillante et ne peut certes pas être donnée en exemple pour le monde, en raison des "dysfonctionnements" nombreux qui affectent la formation des jeunes et la gestion des personnels... Mais il est trop facile de s'en prendre aux professeurs et administrateurs des établissements de base, alors que le mal est venu d'en haut, c'est-à-dire des gouvernements qui se sont succédés - de "droite" comme de "gauche- depuis un demi-siècle... L'ébranlement est venu - on ne le répétera jamais assez - des "événements de Mai 1968" qui, en l'occurence, avait sanctionné "l'immobilisme" des responsables devant la poussée d'une nouvelle génération plus nombreuse... Mais ce n'était pas une raison pour "tout lâcher", sous prétexte que les "jeunes" ( et des adultes complices...) avaient proclamé "qu'il était interdit d'interdire" et autres billevesées...Car, par pure démagogie, on vit alors se succéder des "Réformes" ruinant au lieu d'aménager les structures antérieures, entre autres la Réforme d'Edgar Faure - sapant "l'autorité" des cadres par un recours à "l'autogestion" -, la Réforme Haby instituant le "Collège Unique" sous le prétexte "égalitaire" de mettre tous les élèves dans le même moule, ...et plus tard la Réforme Jospin interdisant sans contrepartie le redoublement à l'intérieur de chaque cycle...

   Dans ces conditions, on peut sinon se féliciter du moins être soulagé que l'Education Nationale soit restée debout... Un Inpecteur m'avait naguère rapporté qu'à un mauvais professeur il avait déclaré : "Heureusement, les élèves apprendront malgré vous"... On peut appliquer cette formule à l'envers pour la majorité des enseignants qui reste de qualité : par leur dévouement et leur savoir-faire, ils "ont gardé la maison" malgré des directives néfastes,...même s'ils le font autrement que leurs prédécesseurs d'il y a 40 ans... Alors que ces derniers accordaient beaucoup de place aux "principes" - poussés en cela par "l'idéologie" régnante de syndicats tout puissants dans le "mammouth" - il apparaît désormais que les enseignants ont un comportement beaucoup plus "pragmatique" et privilégient une "solidarité à la base" devant les difficultés de leur métier aux consignes de syndicats en perte de vitesse...

   Dans un tel contexte, il est donc injuste de s'en prendre aux enseignants et parfois même d'affirmer qu'ils sont suffisamment payés en considération de la multiplicité de leurs vacances et de l'insuffisance de leurs résultats... C'est oublier un peu vite quelques vérités élémentaires :

   - La comparaison des niveaux des élèves depuis un demi-siècle est douteuse, car dans les années 1950 une forte minorité d'élèves n'entrait pas en 6ème (examen) et continuait l'école jusqu'au Certificat d'études, certains étant alors orientés vers des Centres d'apprentissage...

   - La formation des maîtres a été compromise, souvent à leur corps défendant, dans les tristement célèbres IUFM (Intituts Universitaires de Formation des Maîtres) où a été enseignée une pédagogie privilégiant le "plaisir" à "l'effort" et bannissant à ce titre la notation - jugée "traumatisante" - et le travail individuel , noyé dans le "travail en groupe" jugé plus "socialisant"...

   - Les horaires et programmes n'ont pas fait l'objet d''un aménagement cohérent en fonction de l'évolution des structures et des mentalités, de sorte que les élèves français ont à la fois plus d'heures de cours et plus de notions à apprendre que dans la plupart des pays européens comparables, sans pour autant avoir de meilleurs résultats...

   Il n'y a par conséquent rien de choquant à ce que le métier d'enseignant bénéficie d'une meilleure considération : amélioration des salaires pour ne pas décourager les vocations (il est inadmissible qu'un Professeur débutant ne touche pas 2 fois le SMIC après 4 ou 5 ans d'études supérieures) - défiscalisation des heures supplémentaires (notamment pour encourager les initiatives en dehors des cours) - aide adaptée dans les établissements "difficiles" ... En contrepartie, un allongement modéré de leur horaire peut être envisagé - en s'alignant sur l'exemple de la plupart des pays européens - s'il intègre des "études dirigées", dont l'utilité n'est plus à démontrer, et le temps actuellement exigé en dehors des cours pour les conseils de classe...

   On ironise  sur la "Lettre du Président" aux enseignants... Ceux-ci répondent déjà qu'il lui faudra passer de la parole aux actes ...mais ils ne refusent pas de participer à un Commission où siégera ...Michel Rocard. Car, si on ne peut pas réformer l'Education Nationale sans volonté politique, on ne peut pas non plus la réformer sans les enseignants... Alors, chiche !

Partager cet article
Repost0

commentaires

J
Les esprits ont bien changé depuis quelques années ... (plutôt moins que plus). Les enseignants, aujourd'hui, semblent accepter l'idée que la réforme est nécessaire ... Tant mieux! Elle ne eput se faire sans les enseignats mais elle doit se faire selon la volonté exprimée par les électeurs ... Le rétablissement de l'autorité semble faire consensus! Allons -y franco!<br />  
Répondre