L'Ukraine est à la pointe de l'actualité, où elle apparaît comme un enjeu entre "l'Orient" et "l'Occident", ce qui n'est pas nouveau puisque le nom même "d'Ukraine" signifiant "marche" (*) lui a été donné par les Russes venant de l'Est au 17ème siècle et que l'impératrice Catherine II d'origine allemande y avait fait venir au 18ème siècle des compatriotes, donc venant de l'Ouest, pour mettre en valeur les riches terres à blé de cette région...
Car l'Ukraine est effectivement un pays de "marche" autant par la géographie que par l'histoire :
- Sur le plan géographique, elle est à la limite occidentale - marquée par la chaîne des Carpathes - des grandes plaines qui s'étalent jusqu'à la lointaine Sibérie orientale au delà des vallonnements de l'Oural qui n'a jamais été une frontière naturelle...
- Sur le plan historique, elle a toujours été prise entre l'Ouest - où elle a été rattachée au royaume lithuano-polonais successivement disputé entre l'Empire d'Autriche et le Royaume de Prusse - et l'Est, où elle est tombée sous la férule des Russes et fut même intégrée après la Révolution de 1917 dans l'URSS...
Il n'y a donc rien de surprenant à ce qu'il y ait maintenant un conflit entre la partie orientale de l'Ukraine, devenue largement russophone ...et comportant de grandes richesses minières, et la partie occidentale utilisant un langage proche du polonais et possédant une richesse surtout agricole ...Conflit d'autant plus compréhensible qu'avant l'implosion de l'URSS et la proclamation de son indépendance par l'Ukraine en 1991, l'ancien secrétaire du Parti communiste de l'Ukraine Nikita Krouchtchev devenu le membre éminent du gouvernement de l'URSS lui avait fait le cadeau empoisonné de la Crimée peuplée surtout de Russes ...Il en est résulté qu'après une période de collaboration entre les deux parties de l'Ukraine, il y ait eu finalement rupture entre Viktor Ianoukovitch, leader pro-russe devenu Président en 2010, et son opposante Ioulia Tymochenko, qu'il fit même emprisonner ...Situation d'autant plus grave que Viktor Ianoukovitch s'est alors comporté en potentat, usant de corruption et de clientélisme, se faisant même construire un domaine au luxe insolent, ...ce qui explique en partie les manifestations de Février 2014 dans l'Ukraine occidentale, et notamment à Kiev, et le désir de la population d'un rapprochement avec la communauté européenne ...Mais la destitution de Viktor Ianoukovitch par le Parlement ne pouvait pas être acceptée facilement par le Président russe Vladimir Poutine, soucieux de conserver l'influence russe sur cette "marche" qu'est l'Ukraine et n'étant certainement pas étranger à la sécession en cours de la Crimée pro-russe par rapport au nouveau gouvernement pro-occidental de l'Ukraine...
Le drame de l'Ukraine, c'est d'être un pays de "marche"...
(*) Une "marche" doit être entendue au sens de "province-frontière d'un Etat", dont le responsable était autrefois un "marquis" (en français) ou un "margrave" (en allemand)