Alors que certains politiciens, dès qu'ils sont au pouvoir, se croient autorisés à faire aussitôt des réformes, au nom du progrès, et en l'occurrence, cette fois et à nouveau, à entreprendre une réforme de "l'ortograf", il est peut-être bon de se montrer conservateur en défendant "l'orthographe" au moyen du rappel d'une dictée célèbre, celle de Mérimée :
"Pour parler sans ambiguïté, ce dîner à Sainte-Adresse, près du Havre, malgré les effluves embaumés de la mer, malgré les vins de très bons crus, les cuisseaux de veau et les cuissots de chevreuil prodigués par l'amphitryon, fut un vrai guêpier.
Quelles que soient et quelque exiguës qu'aient pu paraître, à côté de la somme due, les arrhes qu'étaient censés avoir données à maint et maint fusilier subtil la douairière et le marguillier, bien que lui ou elle soit censée les avoir refusées et s'en soit repentie,, va-t-en les réclamer pour telle ou telle bru jolie par qui tu les auras redemandées, quoiqu'il ne te siée pas de dire qu'elle se les est laissé arracher par l'adresse des dits fusiliers et qu'on les leur aurait suppléées dans toute autre circonstance ou pour des motifs de toutes sortes.
Il était infâme d'en vouloir pour cela à ces fusiliers mal bâtis et de leur infliger une raclée, alors qu'ils ne songeaient qu'à prendre des rafraîchissements avec leurs correligionnaires. Quoi qu'il en soit, c'est bien à tort que la douairière, par un contresens exorbitant, s'est laissé entraînée à prendre un râteau et qu'elle s'est crue obligée de frapper l'exigeant marguillier sur son omoplate vieillie.
Deux alvéoles surent brisés, une dysenterie se déclara, suivie d'une phtisie.
" Par Saint Martin, quelle hémorragie !" s'écria ce bélître. A cet événement, saisissant son goupillon, ridicule excédent de bagage, il la poursuivit dans l'église tout entière.
A proposer à vos amis qui, par on ne sait quelle aberration ou quel dissentiment, pourraient faire le plus ...ou le moins de faute (ou fautes ?) ?...