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19 janvier 2012 4 19 /01 /janvier /2012 00:36

   Le travail est par définition une "activité destinée à un résultat" et, à ce titre, il est une caractéristique propre à tout ête vivant. Mais il a une place particulière pour l'homme qui est le seul être vivant dont le travail a pris des formes diverses depuis son apparition sur la Terre...

 

         Pendant la Préhistoire...

 

   Il n'y a évidemment pas de témoignage direct sur le travail au début de la Préhistoire, c'est-à-dire à l'époque du paléolithique remontant à plus d'un million d'années ...Mais il est possible d'affirmer que l'homme a alors vécu de la cueillette et de la chasse et n'effectuait donc pas de "travail" pour satisfaire ses besoins alimentaires. Certains historiens ont même parlé de "paradis", à l'instar de "l'eden" biblique placé au début des temps, ce qui était tout de même aller un peu vite  ...en besogne, car l'époque a certainement été marquée par des luttes incessantes entre des tribus défendant leurs domaines d'errance ...En tout état de cause, l'époque suivante du néolithique à partir de 10.000 ans environ marque la fin de ce prétendu "paradis", puisque l'humanité devenue plus nombreuse ne peut plus se satisfaire de "rendre dans la nature" et doit se livrer à son "exploitation" avec l'agriculture et l'élevage, ...ce qui entraîne d'ailleurs une organisation sociale où les anciens nomades devenus sédentaires délimitent leurs territoires et édifient des constructions à la fois pour s'abriter et se défendre...

 

        Sous l'Antiquité... 

 

   Au seuil de l'Histoire, c'est-à-dire sous l'Antiquité commençant dans le Moyen-Orient vers 5000 avant l'ère chrétienne, le partage du travail n'avait rien d'égalitaire, puisqu'il y avait d'une part des "hommes libres" participant à la vie des cités ou des états et d'autre part des "esclaves" formés de populations soumises par la force ou de prisonniers de guerre et dont la fonction était justement de "travailler" ...Au 1er siècle avant l'ère chrétienne, le romain Varron classe l'équipement d'une "villa" en trois catégories : les instruments muets (les outils), les semi-parlants (les animaux) et les parlants (les esclaves) ...Et l'existence d'esclaves est tellement entrée dans les moeurs qu'elle n'est même pas dénoncée par Jésus-Christ dans sa prédication tournée vers l'amour du prochain ...La condition "servile", il est vrai, concernait surtout le travail agricole, et les autres tâches comme l'artisanat ou le commerce étaient jugées plus nobles...

 

         Au Moyen-Age...

 

     A partir du 5ème siècle de l'ère chrétienne, l'Eglise est devenue la force dominante en raison de la dislocation de l'Empire Romain et l'esclavage disparaît progressivement à la faveur des invasions ...Mais la société reste très inégalitaire entre ceux qui prient (oratores), ceux qui se battent (bellatores) et ceux qui travaillent (laboratores) ...et le travail est alors dépeint comme une "malédiction", conformément au dogme du "péché originel", suivant lequel Dieu a puni Adam et sa descendance à "gagner son pain à la sueur de son front" ...et Eve "à la douleur d'enfanter" (Genèse III-17) ...Cependant les conditions de vie s'améliorent avec la constitution de nouveaux Etats et le développement de villes, où les "bourgeois" tiennent le "haut du pavé" ...La population rurale n'en reste pas moins largement majoritaire, avec de nombreux "serfs", dont le nom est issu des anciens esclaves, et qui, même s'ils ne sont plus comme ceux-ci la propriété des "seigneurs", restent "attachés à la glèbe" et "sont taillables et corvéables à merci" ...La notion de "l'esclavage" n'est d'ailleurs pas éliminée, car elle est encore pratiquée dans d'autres régions du monde, notamment par les pays musulmans en Afrique et en Asie ...et, plus tard, les Européens eux-mêmes en feront usage au dépens des Indiens survivants des civilisations précolombiennes en Amérique, puis - cette "main d'oeuvre" étant insuffisante - en déportant des Noirs d'Afrique pour l'exploitation de leurs "colonies" ...cet usage étant alors justifié par une croyance en la supériorité de la race blanche...

 

        Aux Temps Modernes...

 

   A partir du 16ème siècle, avec la "Renaissance" et la "Réforme", des idées nouvelles n'en sont pas moins apparues,  remettant en cause la main-mise de l'Eglise sur les consciences ...La France y joue un rôle important, notamment avec Montaigne au 16ème siècle, Pascal au 17ème siècle et les philosophes au 18ème siècle - Voltaire, Rousseau, Montesquieu, Diderot et D'Alembert - ceux-ci ayant eu le souci primordial de "réhabiliter le travail", notamment par la rédaction de "l'Encyclopédie" où ils dessinent un "univers enchanté du travail" dans lequel "l'homme est réconcilié avec la production devenue action créatrice" ...Et, à leur suite, les doctrinaires socialistes,  d'abord "utopiques" - Fourier, Proud'hon, Saint-Simon -,  puis "matérialistes" - Marx et Engels - vanteront le travail qui est pour eux  "le modèle de l'activité créatrice de l'homme" ...La 2ème République en France , après la Révolution de 1848, garantira à chacun le "droit au travail" et créera des "ateliers nationaux" ...Napoléon III lui-même, auteur de "L'extinction du paupérisme", fera entreprendre des travaux publics pour donner du travail aux ouvriers, notamment à Paris (les "Travaux d'Haussmann"), et créera des institutions de bienfaisance ....

    Car, même si le travail est réhabilité, la condition des ouvriers n'en est pas moins misérable, et Marx et Engels, auteurs du "Manifeste communiste de 1848", opposant cette condition à l'enrichissement des propriétaires capitalistes issus de la "révolution industrielle" au 19ème siècle, prônera la "lutte des classes" qui, après l'échec de la Commune de Paris en 1871, aboutira en 1917 à la Révolution bolchevique en Russie où la "dictature du prolétariat" sera détournée par Staline en un pouvoir autocratique aussi oppressif que ...celui de Hitler au nom d'un "national-socialisme" en Allemagne...

    Il n'en sera pas de même heureusement, dans les pays "occidentaux" où, au prix de nombreuses luttes des ouvriers souvent rejoints par l'ensemble des "salariés" du secteur public comme du secteur privé, furent mises en place des mesures organisant un "droit du travail", en réglementant notamment la durée de celui-ci...

 

      Le temps du travail...

 

   Même s'il est un "droit", symbolisé par l'institution de la Fête du Travail (chômée...) le 1er mai, le travail ne peut que devenir une "peine", s'il est excessif et ne permet pas au travailleur de profiter de l'avantage qu'il en retire... Aussi, dans tous les pays, le temps de travail a été progressivement diminué...En France, la 3ème République a successivement institué la loi des "8 heures par jour" en 1919 ...puis réduit la durée hebdomadaire à 40 heures avec le "Font populaire" en 1936 ...Et, après la 4ème République qui prend des dispositions particulières, notamment pour les femmes, il faut attendre la 5ème République pour un abaissement à 39 heures en 1982, puis à 35 heures par la Loi Aubry du 19 janvier 2000, ...celle-ci ayant été amendée par la loi Fillon du 15 octobre 2002 relevant le quota des heures supplémentaires, de sorte qu'actuellement les salariés effectuent une moyenne "réelle" de 39 heures ...Exprimée en en durée annuelle, cela donne en France 1679 heures, soit le total le plus bas en Europe après les 1670 heures de la Finlande, les autres pays se situant au-dessus : 1856 au Royaume-Uni, 1904 en Allemagne, 1971 en Grèce, ...et 2095 en Roumanie. Il est vrai que la comparaison est difficile, un pays comme l'Allemagne faisant appel à un système concerté de "temps partiel" qui assure une meilleure distribution du travail et limite le chômage, ...à la différence de la France où le "temps partiel" n'est pratiqué que pour 18,4 % des salariés, alors qu'au contraire il atteint un record en Europe pour les non-salariés (agriculteurs, artisans, médecins, professions libérales...)

   Cette évolution vers un temps de travail de plus en plus réduit peut trouver sa justification dans la volonté des Etats de permettre la création d'un plus grand nombre d'emplois, tout en permettant aux travailleurs enDessin-Chomage.jpg place de bénéficer de loisirs plus importants, qui se sont traduit effectivement par une augmentation des congés passés de 2 semaines à 5 semaines et  plus ...depuis un demi-siècle en France. ...Malheureusement, la corrélation s'est révélée souvent inopérante, dans la mesure où la diminution du temps de travail est loin d'avoir correspondu aux créations d'emploi, soit parce que des entreprises en ont profité pour augmenter leurs marges ou développer leurs investissements, soit parce que, du fait de leur petite taille,  beaucoup d'entre elles pouvaient difficilement créer de nouveaux postes en raison des charges sociales dépassant leurs ressources, à fortiori dans une période de crise..

   C'est pourquoi se pose actuellement le problème d'un retour à un temps de travail plus important ...En France, le Président Sarkozy en a même fait un thème de campagne en 2007, en proclamant "Travailler plus pour gagner plus", ce qui avait contribué à son succès ...Mais ce slogan a rapidement trouvé ses limites, avec la récession apparue à la fin de la même année, et s'est donc retourné contre son auteur, avec "paupérisation" en ayant résulté... et rendant d'autant plus choquante l'enrichissement éhonté d'une minorité de "gens aisés" à la faveur d'une limitation de leur imposition... Car il n'y a désormais plus ...de travail, et le chômage ne cesse de s'accroître : plus de 4 millions de personnes en France en 2011, en dépit d'un recours à toutes sortes d'expédients, les CDD précaires se substituant aux CDI, eux-mêmes remis en cause...

 

       Vers la suppression du travail ?...

 

    Y-a-t-il une solution à cette situation ?...Il est permis d'en douter, en raison de la conjonction entre la concurrence des pays "en voie de développement" où le coût du travail est moins cher ...et l'automatisation croissante de la production dans les pays "développés" permettant de réduire le coût du travail, mais se soldant par une réduction du nombre des emplois... De gré ou de force, le travail tend à disparaître, comme si la civilisation retournait inéluctablement aux débuts de l'humanité, c'est-à-dire ... au soi-disant Paradis originel...

 

Bibliographie :

 - Georges Friedmann * Où va le travail humain ? Ed.Gallimard

                              * Le travail en miettes          "      "

 - Henri Arvon La philosophie du travail Ed.PUF

 - Ovrage collectif Le travail Ed.Bréal

 

 Dessin humoristique de Chaunu - Ouest-France 18 janvier 2012

 

 

     

 

  

 

  

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<br />  blog(fermaton.over-blog.com),No-14. - THÉORÈME PI  !. - LE NOMBRE Pi ? TRANSCENDANT ? <br />
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