Recadrage ?... Recadrage !... Voilà le "mot" du moment ! ...Et Dieu sait s'il y en a eu des "mots" - vrais ou faux - dans l'histoire du monde, depuis le "Vae Victis" de Brennus, "Alea jacta est" de Jules César, "L'Etat, c'est moi" de Louis XIV, "Après moi, le déluge" de Louis XV", "Que d'eau !" de Mac-Mahon, ou encore le "Cabri" de De Gaulle ...On pourrait s'en amuser, comme le faisait Monsieur Jourdain dans le Bourgeois Gentilhomme en faisant de la prose...Après tout, il n'y a pas d'histoire sans mots, et actuellement le Président de la République Française fait du "recadrage"...
Et s'il fait du recadrage, c'est par définition qu'auparavant il y avait un cadrage, mais qu'il était mauvais ...Et c'est inquiétant, parce qu'il s'agit tout de même du gouvernement de la France, alors que celle-ci traverse, comme d'autres pays, une crise économique nécessitant de la cohérence et de la continuité ...Or, depuis bientôt 18 mois, il n'est question que de querelles entre les ministres, à l'exemple de celle où l'ancienne infirmière Cécile Duflot, militante de l'Ecologie devenue Ministre ...du Logement, s'est opposée à Manuel Valls, Ministre de l'Intérieur, à propos des "Roms" ...Il fut un temps où les Présidents - qu'ils soient de "droite", de "gauche" ou "d'ailleurs" dirigeaient le pays sans avoir à "recadrer", qu'il s'agisse de De Gaulle, de Pompidou, de Giscard d'Estaing, de Mitterrand, de Chirac ou de Sarkozy ...Chirac avait même déclaré à propos d'un de ses 1ers Ministres : "Je décide, il exécute"...Et Fillon, comme 1er Ministre de Sarkozy, avait lui-même reconnu qu'il était un "collaborateur"...Or, actuellement, on n'est pas dans une période de "cohabitation" qui aurait pu justifier des recadrages au plus haut niveau de l'Etat, ...puisqu'on a un gouvernement s'appuyant sur une majorité parlementaire conforme à celle ayant élu le Président ...Alors ?...
Alors... Il semble qu'il n'y a plus de 1er Ministre assurant la solidarité du Ministère derrière le Président, qui l'a pourtant nommé dans ce but, ce qui pose donc la question de la pertinence de son choix ...Il le "recadre" comme les autres ministres ...Mais c'est lui, le Président, qui est responsable sur le plan constitutionnel ...Et on peut donc légitimement se demander "s'il y a encore un pilote dans l'avion" ...Car un pilote doit avoir un cap ...et, comme le déclare le député socialiste de Paris Jean-Marie Le Guen, "il manque l'affirmation d'un cap" ...Et ce manque est d'autant plus surprenant que le Président, avant son élection, avait formulé "60 engagements" ...Justement, peut-être trop ...Il s'est dispersé, au lieu de se concentrer sur les problèmes les plus urgents que n'étaient pas le mariage homosexuel ou l'encombrement des prisons ...Et maintenant, devant le mécontentement des Français se traduisant par une chute sans pareille dans les sondages, il apprend ce qu'il en coûte de ne pas avoir eu l'autorité nécessaire pour imposer une politique claire et cohérente, notamment à ses ministres ...Il aurait affirmé solennellement au terme de son intervention devant les ministres réunis : "C'est la dernière fois !"...Le problème est que, si les "premières fois" , se rapportant au passé, le sont une fois pour toutes, ...les "dernières fois", se rapportant à l'avenir, risquent de se renouveler...