Qu'il soit permis à un ancien "membre du sérail", ayant fait toute sa carrière" (?) dans l'Education Nationale, d'exprimer un point de vue totalement désintéressé sur les mouvements qui, actuellement, l'agitent à nouveau...
A nouveau, assurément, ...mais comme d'habitude, aussi ...A en croire l'éditorialiste du Figaro-Magazine du 13 décembre 2008, on en est au 18ème mouvement lycéen depuis 1971 et à 33 grèves dans l'Education Nationale en 8 ans ...Il paraît que les lycéens sont "en colère", que les parents sont "mécontents" et que les enseignants sont "résistants", à l'image de l'un d'entre eux, ...et ceci, bien entendu, au nom de la défense d'une "école de qualité", dont ils ont apparemment la recette...
Une "école de qualité", qui ne la souhaite, en effet ?...Mais, en l'occurrence, le problème est que, déjà, dans les années 1970, à relire les articles de revues syndicales de cette époque, on y trouvait le même souhait, toujours renouvelé ...Autant dire qu'il n'a ...jamais été réalisé ...Et ce n'est pas faute d'avoir entrepris des réformes en s'en inspirant, à gauche comme ...à droite !
Au départ, il y avait "l'école", héritée de "nos pères", c'est-à-dire l'école primaire de Jules Ferry, les lycées-collèges du secondaire et les cours complémentaires, et un enseignement supérieur partagé entre l'Université et les Grandes Ecoles ... Ce n'était certainement pas un temps "béni" (à fortiori pour l'école laïque...), car les gouvernements - nombreux et de toutes natures - n'avaient en aucune façon, préparé "l'école" à l'évolution démographique, économique et sociale ...Mais au moins, les "structures" étaient stables et reconnues, les enseignants étaient respectés ...et les élèves et étudiants étaient ...assidus aux cours...
Survient 1968...largement due à l'incurie antérieure...La "crise" passe (presque 2 mois en mai et juin...) , et il aurait été opportun alors de mettre de l'ordre , en procédant aux consultations nécessaires et en se donnant le temps de la réflexion et de l'application ...Au lieu de cela, avec un certain Edgar Faure (*), "on hurle avec les loups" ..."on lâche les vannes" ...On bafoue "l'autorité" partout où elle existe ...et les chefs d'établissement, à la base, font ce qu'ils peuvent face à des "Conseils" plus ou moins "...révolutionnaires" ...Et, en 1974, avec un certain René Haby (*), on crée le "Collège unique", au nom d'une égalité souveraine des élèves, comme si l'égalité scolaire était synonyme d'égalité intellectuelle ..On prétend même, avec Jean-Pierre Chevènement en 1984, amener 80 % des élèves au niveau du Baccalauréat ... Ah! le contrat est rempli ...ou presque !... car il y a maintenant 80 % des candidats (à ne pas confondre néanmoins avec la classe d'âge...) reçus au Baccalauréat !...Il n'y a pourtant pas de quoi se vanter, puisqu'ensuite plus de 30 % des jeunes entrant dans l'Université ne peuvent pas dépasser les deux années du 1er cycle...Et d'ailleurs, dans les enquêtes comparatives effectuées au niveau européen - les anciens pays de l'est mis à part - la France est dans le peloton de queue pour les résultats, bien qu'elle soit dans le peloton de tête pour le budget consacré à l'enseignement et à la recherche...
Il est donc normal qu'un gouvernement soucieux d'effectuer les réformes nécessaires à la modernisation de la France accorde une de ses priorités à l'Education Nationale ...et ceci d'autant plus qu'il y a l'échéance de "l'intégration européenne" en 2012 ...Il se trouve que ce gouvernement est "de droite" ...mais il aurait été tout aussi normal de suivre un gouvernement "de gauche", s'il avait eu la capacité et le courage d'en faire autant, et même ...plus ! En l'occurrence, le Ministre actuel, Xavier Darcos - un ancien enseignant - a procédé aux consultations nécessaires depuis 2007 ...et il a même obtenu un accord général des représentants des parties concernées (eneignants, parents ...et lycéens) sur les grandes lignes de son projet : maintien du nombre d'heures de cours , en dehors de quelques aménagements raisonnables (les horaires français étant parmi les plus élevés d'Europe), ...maintien d'un enseignement de soutien, même s'il y a un transfert tout aussi raisonnable d'enseignants "spécialisés" aux enseignants "normaux" , ...intégration de l'économie dans le tronc commun en seconde, ce qui est un progrès dans la mesure où elle était jusqu'à présent optionnelle, ...etc ...
Néanmoins, les élèves - du moins une minorité "agissante" par rapport à une majorité "muette" - sont dans la rue, et pas seulement des "lycéens" ...mais aussi parfois des ...collégiens" ...il y a même des "casseurs", mais c'est un autre problème !...Et ces "jeunes" crient, chantent, brandissent des pancartes, déroulent des banderoles devant les "médias" plus empressés à les montrer qu'à écouter les responsables avertis ... Et c'est ...n'importe quoi : la suppression des maternelles ..la suppression des IUT...bref, le démantèlement de l'Education Nationale ...Rien que cela !...
Il est vrai qu'un point important de désaccord subsiste ...mais il ne porte pas sur le "fond" des réformes ... Il concerne seulement une question "corporative", à savoir la diminution du nombre des postes d'enseignement par le non-remplacement d'une partie des départs à la retraite : déjà 8500 en 2007, 11.200 en 2008, 13.500 en 2009, 16.000 en 2010, 16.00 à nouveau en 2011 ...Certes, cette diminution "drastique" peut poser ici où là des problèmes, notamment pour les "petits" établissements, où des enseignants pourraient être appelés à compléter leur service dans un autre établissement, avec des "navettes" coûteuses et fatigantes ...et une étude "au cas par cas" est donc nécessaire ...Mais ce n'est tout de même pas un "démantèlement" que la disparition d'environ 100.000 postes en 5 ans pour un effectif actuel d'environ 1.000.000 enseignants - soit 10 % - surtout en tenant compte de la diminution inéluctable du nombre d'élèves ...Il est vrai que certains enseignants - ou du moins leurs syndicats - affirment que ce serait l'occasion de diminuer l'effectif moyen des classes ...Pour le bénéfice de qui ?... des élèves ou de leurs maîtres ?...Il ne faut tout de même pas exagérer ...Naguère (avant1970...), on s'indignait à juste titre d'avoir des classes de 35 à 40 élèves ...Maintenant, 25 élèves, c'est encore trop (...hors sections difficiles) ...Où va-t-on s'arrêter , ...à 20 ?...à 15 ?..à 10 ?...etc...
Malheureusement, pour cette raison "corporative", certains syndicats d'enseignants - bien qu'ils soient en perte de vitesse et peut-être parce qu'ils le sont ...et ne peuvent plus "mobiliser massivement " leurs mandants - n'ont rien trouvé de mieux (ou plutôt de pire) que de favoriser l'agitation lycéenne ...dans la mesure où les "jeunes" bénéficient naturellellement de la sympathie populaire et peuvent donc contribuer - plus qu'eux-mêmes - à faire céder le gouvernement, ou du moins à essayer ...Car ça ne coûte pas cher ..et ça peut (?) rapporter gros d'envoyer la piétaille des "jeunes" qui, eux, ont tout à y perdre, à commencer par la suppression des cours !...
Quand donc, en France, en finira-t-on avec cette "démagogie" où les "jeunes" ne sont que des "enjeux" ?...N'est-il vraiment pas possible, à l'instar d'autres pays comme l'Allemagne, d'obtenir - au prix d'une concertation générale entre toutes les parties concernées et d'un compromis même difficile - un "Pacte de l'Education" respecté par tous ? ..Au lieu de cette ...In-éducation permanente dont chacun fait les frais, sur le plan matériel, comme sur le plan moral ...
(*) Il est à noter que les réformes les plus néfastes ont été réalisées par des gouvernements de droite...De là à dire qu'il est légitime qu'un gouvernement de droite répare maintenant la "casse", il y a plus qu'un ...pas ...Un "grand pas", aurait dit Armstrong sur la Lune ...Et, justement, tirer un "Plan" sur ...la Lune, c'est peut-être demander la ...quadrature du cercle !...