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11 janvier 2009 7 11 /01 /janvier /2009 11:12

   "Priez pour nous, pauvres pêcheurs" ...Longtemps résignés depuis la Préhistoire au sinistre "Séjour des morts", les hommes avaient fini par inventer le "Paradis", c'est-à-dire la promesse d'un bonheur éternel après la vie sur Terre ...Encore fallait-il le mériter, sous peine de tomber en "Enfer" ...Mais ce n'était pas gagné d'avance, même en ayant une vie exemplaire - et à fortiori en ne l'ayant pas - car les hommes n'étaient pas vraiment les maîtres de leur destinée dans "l'au-delà", les voies de Dieu étant impénétrables... Aussi ont-ils imaginé un "stage probatoire" pour rattraper le temps perdu ou gâché dans la "vanité des vanités" de l'existence humaine, comme avait dit l'Ecclésiaste ...Et ce fut le ...Purgatoire !...

   Le nom même de "Purgatoire" vient du bas latin médiéval "Purgatorium" signifiant "Purification", ce qui permet donc de faire remonter son origine au Moyen-Age ...Certes l'idée était dans l'air (?) depuis les débuts du christianisme avec les allusions de Saint Augustin d'Hippone sur les "punitions temporelles" ou de Saint Grégoire de Nysse au 4ème siècle sur le "feu de purification", ...mais le mot lui-même apparaît seulement au 12ème siècle, alors que l'Eglise connaît un grand élan religieux traduit par la construction des cathédrales et par l'approfondissement de la réflexion théologique avec Saint Thomas d'Aquin et Saint Bernard de Clairvaux ...On ressent en effet la nécessité d'échapper à cette alternative brutale et sans appel entre le "Paradis" et "l'Enfer", et de donner une ultime chance d'accés au Paradis pour ceux dont les péchés - "véniels" et non "mortels" ! - pouvaient être pardonnés ...C'est ainsi que tout un rituel est mis en place avec le "Jour des morts " le 2 novembre - lendemain de la Toussaint, fête de "tous les saints", et les prières pour les morts rappelées dans tous les offices - "De profundis" - ce rituel étant un moyen efficace de rassembler les "fidèles" qui pouvaient y trouver de quoi satisfaire leur solidarité avec leurs parents ou proches décédés ...et leur espoir qu'après leur propre mort ils bénéficieraient de la même "assistance" ...Car les âmes envoyées au Purgatoire ont "bien" besoin de secours dans la mesure où il ne s'agit pas d'un "repos tranquille" mais d'un "feu de purification" , simplement (?) plus tolérable que le "feu de l'Enfer" ...

 

   Néanmoins ce "Purgatoire" n'apporte pas alors la solution à tous les problèmes ...Dès le Moyen-Age, en effet, les controverses entre théologiens se multiplient, notamment pour définir le "temps" et le "lieu" ...Question "temps", certains affirment  que le Purgatoire commence, s'il y a lieu, dès la mort, ...mais d'autres le repoussent au ...Jugement dernier, ce qui n'est évidemment pas la même chose, ...il s'en faut même de beaucoup  !...Question "lieu", si le "Paradis" est au "Ciel" ...et "l'Enfer" ...aux ...Enfers, c'est-à-dire sous la Terre, suivant la croyance ancienne, ...où peut donc se situer le "Purgatoire" ?...Parbleu ! ce ne peut être que sur Terre ...Certes, mais où ?...Des théologiens avisés ont considéré que, dans la mesure où le Purgatoire était un "feu purificateur", il pouvait donc se situer en Sicile ...mais oui, mais c'est bien sûr ...dans les cratères de l'Etna ou du Stromboli ...L'ennui est que les "vulcanologues" n'y ont vu que du ...feu, sans chercher évidemment à s'y purifier !...Heureusement (?), il y a d'autres hypothèses, comme la caverne de Saint Patrick en Irlande !...

   ...Mais, de toutes façons, chacun sait, suivant un axiome célèbre, que ...le "Purgatoire" - n'est-ce pas ? - ..."est sur Terre" ...

   ...Amen !

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9 janvier 2009 5 09 /01 /janvier /2009 15:25
   Comme le Paradis, ...l'Enfer est une invention relativement tardive dans l'histoire de l'humanité ...mais avec cette particularité de le précéder, comme si le pessimisme sur la destinée finale de chaque individu l'avait longtemps emporté sur la possibilité d'un bonheur éternel...

   Il est en effet très significatif que, lors de l'apparition des civilisations, les premiers témoignages écrits ou peints font état d'un "séjour des morts", lieu de ténèbres et de noirceur où tous les défunts sans distinction au cours des temps sont endormis dans la poussière, c'est-à-dire "enterrés" dans un double sens : à la fois dans une sépulture humaine et ...sous la Terre, conçue alors comme un disque plat ...Il en est ainsi pour les Empires de Mésopotamie et d'Egypte dès le 4ème millénaire av.JC, comme pour les Hébreux qui le désignent comme le "Shéol", pour les Grecs qui parlent du "Royaume d'Hadès" ...et plus tard pour les Chrétiens de l'Empire Romain qui évoquent les "Enfers" (au pluriel...) où Jésus lui-même est "descendu" après avoir été enseveli ...Il faut préciser que, jusqu'à l'époque hellénistique - marquée à partir du 4ème siècle av JC par un approfondissement de la réflexion "philosophique" - l'homme n'est considéré que de façon syncrétique, c'est-à-dire sans distinction entre un "corps" et une "âme" ...Quand cette distinction se fait jour, apparaît aussi la croyance en l'immortalité de l'âme, ainsi détachée du corps qui est voué à la disparition...

   Cette croyance est encore rejetée par les prêtres juifs orthodoxes ou "sadducéens" au 1er siècle ...mais elle est admise par les "pharisiens", interprètes des Prophètes, notamment de Zacharie annonçant l'arrivée d'un "Messie" devant libérer les juifs de la "prison ténébreuse", ...ainsi que par les Esséniens de Qumran avec leur notion de "feu purificateur" devant permettre la remontée des âmes de la "Géhenne" ...Et Jésus lui-même, qui a promis le "Paradis" au "bon larron", laisse ainsi entendre que le "mauvais larron" , a contrario, et beaucoup d'autres humains avec lui sont promis "au feu de l'Enfer" (au singulier) ...qui remplace ainsi les "Enfers" (au pluriel) ...Mais cette "dualité" dans l'avenir de l'âme pose évidemment le problème du "choix" ...Ainsi naît la notion de "morale", permettant  de récompenser ou de punir les hommes "dans l'éternité" en fonction de leur comportement sur Terre "de leur vivant", ...et ceci dans le cadre nécessaire d'un "Jugement ...dernier" , c'est-à-dire "à la fin des temps", comme l'explique l'Apocalypse de Jean (Ch 20- V.10 à 15)...

   Toutefois, les Juifs et les Chrétiens n'abandonnent pas pour autant l'idée d'une "Résurrection", qui était, de toutes façons, restée latente dans l'Antiquité, notamment en Egypte (cf rites funéraires d'Osiris, momifications, etc) ...Il est vrai que cette idée de "Résurrection" a donné lieu à toutes sortes de controverses théologiques, car pour certains (ex: Origène) il y aurait une "Résurrection générale de tous les morts" pouvant aller jusqu'à la "Résurrection de la chair" ...et, pour d'autres (notamment l'Eglise catholique) il ne s'agirait que la "Rédemption de l'âme des Justes", c'est-à-dire de ceux restés en communion avec Dieu, ...les autres étant définivement voués à "l'Enfer" qui serait, sinon la damnation dans les flammes mythiques, du moins la "séparation éternelle de Dieu", autrement dit le retour à l'état initial des ..."Enfers" !...

   Et comme - n'est-ce pas - "l'Enfer" est pavé de bonnes intentions, où va donc l'Humanité ?...

   Amen !...

  
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5 janvier 2009 1 05 /01 /janvier /2009 23:03
   Dès la Préhistoire, les hommes manifestent une attitude particulière devant la mort par le rite de l'enterrement, qui les différencie des animaux ...En effet ce rite n'est pas seulement une nécessité sanitaire, mais la marque du "pressentiment d'un au-delà ", dans la mesure où les sites funéraires recèlent souvent des objets familiers ou des offrandes dont les défunts sont donc censés avoir besoin...

   Pour autant, les sites préhistoriques ne révèlent de croyance en un "Paradis" porteur d'un bonheur éternel, ni d'ailleurs de son alternative d'un "Enfer"condamnant à une souffrance sans fin, ...car les représentations rupestres sont limitées au cadre familier de l'existence humaine ...Il faut attendre la naissance des "civilisations" orientales à partir du 4ème millénaire avant JC pour qu'apparaisse cette notion de rétribution de l'action des hommes;,autrement dit d'une "morale" récompensant ou punissant chaque individu dans un "au-delà" en fonction de son comportement dans la vie "terrestre"...

   Et ce n'est donc pas par hasard que le mot même de "Paradis" est utilisé ...Car il est issu de l'Orient ancien, où le persan "Pairi danze" désignait un "Jardin clôturé" où la conjonction de la chaleur solaire et de l'eau produisait une végétation luxuriante qui frappait l'magination des hommes habitués aux grandes étendues de déserts et de steppes... Et les textes de Mésopotamie et de Perse évoquant les souverains honorant leurs visiteurs de marque en les faisant marcher dans leur "Jardin" trouvent un écho dans la Bible hébraïque avec le "Jardin d'Eden" :
   Genèse 2/8 : "Dieu planta un Jardin en Eden et il y plaça l'homme qu'il avait formé"
   Genèse 3/8 : "Dieu qui se promenait dans le Jardin d'Eden"
Ainsi est née en effet la notion de "Paradis Terrestre", lieu de délices dont Dieu chassa Adam et Eve après leur faute, suivant la légende biblique, ...commençant ainsi le cycle sans fin des faveurs et défaveurs attribuées aux Juifs au cours de leur histoire ...Et plus tard les Chrétiens, tout en reprenant la notion initiale de "Paradis Terrestre" y ajouteront, conformément à la promesse d'un "Royaume de Dieu" par Jésus, la notion finale de "Paradis céleste"...
   Ev. Luc 23/42 (Jésus s'adressant sur la croix au bon larron) : "Aujourd'hui, avec moi, tu seras dans le "Paradis"...

   Néanmoins, cette notion de "Paradis" ne se limite pas à la version des Juifs et des Chrétiens ...En fait, elle est présente sous différentes formes dans beaucoup d'autres sociétés humaines :
   - D'abord, il y avait eu pour les Grecs et les Romains le "Royaume d'Hadès", censé être dans les "Enfers" (au pluriel, c'est-à-dire au-dessous de la Terre, alors conçue comme un disque plat)... C'était un lieu jugé sinistre où les morts attendaient d'être jugés, les "justes" étant envoyés dans l'île des Bienheureux ou "Champs-Elysées", tandis que les "condamnés" étaient traînés vers le Tartare, connu pour ses tourments, comme celui de Tantale, incapable de saisir quoi que ce soit, ou encore les Danaïdes remplissant un tonneau sans fond...
   - De même il y a encore le "Veda" dans l'Inde où, en fonction d'un bon ou d'un mauvais "karma" qu'il a accumulé dans sa vie terrestre, le défunt revêt un "corps de jouissance" dans le "Vaikunta", c'est-à-dire le Paradis de "Vishnou", ...ou un "corps de tourment" dans les "7 enfers" ...Et bien entendu, il faut évoquer en Asie ...le "Nirvana" des Bouddhistes, auquel on accède par des étapes successives...
   - Et il y a également  le "Jardin d'Eternité" de l'Islam, où ceux qui ont plu à Allah - les justes mais aussi les martyrs morts pour sa défense - jouiront des plaisirs qui leur sont réservés, notamment par "les vierges aux grands yeux"...

   L'intérêt pour le Paradis est tel que même les archéologues ont essayé de retrouver la trace du Paradis terrestre dans le Moyen-Orient ...Comme la Bible évoque dans la Genèse "un cours d'eau dividé en quatre bras, le Pishon, le Guihon, l'Hiddekel ...et l'Euphrate", ils ont pensé que l'échec de leur recherche était dû à l'assèchement des cours d'eau ...sauf l'Euphrate, bien sûr (déjà le réchauffement climatique) ...D'autres ont fait des fouilles du côté du Mont Ararat en Turquie actuelle, puisque l'Arche de Noë s'y serait échouée : on y a trouvé des mégalithes vieux de 10.000 ans avec des figurations d'arbres et de serpents ...De quoi fantasmer ...Mais pas de traces de Paradis ... D'autres encore ont pensé à l'Arabie, puisque beaucoup de peuplades en sont sorties pendant l'Antiquité, mais l'hypothèse s'est perdue dans les sables... Il y a même un village troglodytique de l'Azerbaidjan dans le Caucase, Kandovan, dont une légende locale encore vivace prétend que Dieu lui avait confié le Paradis Terrestre ...Mais où l'a-t-il mis dans ce relief ...tourmenté ?...

   Finalement, tout paraît possible en matière de Paradis ...Les artistes de toutes les époques ne se sont d'ailleurs pas privés d'en donner des illustrations nombreuses dans leurs peintures, sculptures ou vitraux, avec des paysages bucoliques, des vergers florissants et des personnages angéliques ...Et ceci au point qu'un Concile - celui de Trente en 1545 - a voulu y mettre fin, en rappelant que "la Sagesse divine est ce que l'oeil humain ne peut pas voir"...

    Mais peut-on interdire aux hommes de rêver au Paradis, surtout s'ils mènent une vie ...d'Enfer ?...

  
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3 janvier 2009 6 03 /01 /janvier /2009 11:06
   Avec un peu de retard - mais on n'est jamais le maître absolu de son temps - je tiens à présenter mes voeux à tous ceux qui me font l'honneur de lire mes articles ...Je souhaite simplement continuer à les intéresser, même si mes articles méritent souvent plus d'indulgence que d'approbation, dans la mesure où ils tournent parfois à des élucubrations indigestes ...Mais on ne se refait pas ...au terme de 300 articles depuis 3 ans !...

   C'est pourquoi, à tort ou à raison, je vais continuer ...en me laissant entraîner par une actualité toujours renouvelée ...ou par l'enchaînement des sujets abordés ...Dans l'immédiat, après le bonheur ...peut-être le Paradis ...mais il faudra alors aborder ...l'Enfer  ...et, à toutes fins utiles, ...le Purgatoire ! ...Merci d'avance à mes lecteurs, qui ne sont donc pas au bout de leur ...peine !...
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28 décembre 2008 7 28 /12 /décembre /2008 10:30
   La presse - et notamment la presse à "sensation" - a la détestable habitude de faire ses "choux gras", comme ses titres d'ailleurs, du malheur des gens ...Et il est ...malheureusement rare que soit mis en valeur un événement heureux comme une naissance, un sauvetage, un succès ...ou tout ce qui fait rire ou sourire ...

   C'est donc avec beaucoup de plaisir qu'en cette période de fêtes on puisse lire un dossier "spécial" d'une revue hebdomadaire (1) consacré "A la poursuite du bonheur", ...et ceci d'autant plus que ce dossier se garde ...bien de donner des recettes ...au "petit bonheur" et se contente de livrer des témoignages à travers le temps...

   Un clin d'oeil, d'abord, en guise d'introduction ...Le bonheur n'est pas inscrit dans la "nature" où, selon Charles Baudelaire, "tout ne serait qu'ordre et beauté, calme et volupté" ...Mais il n'en est pas moins une "indispensable illusion" ...Il se distingue de la "joie", qui existe seulement dans l'instant, car il n'a sa raison d'être que dans la durée ..."Il a besoin de celle-ci pour se déployer ...Il lui faut être au large, dans une eau vive, mais régulière" ..."Tandis que la joie jaillit comme une source, le bonheur s'écoule comme un fleuve ...Il est dans le présent comme un pari sur l'avenir ...et quand il disparaît dans l'océan des ennuis, il reste encore la nostalgie..." (2)

   Une leçon d'histoire, ensuite ...Car "l'invention du bonheur" se trouve dans la Philosophie de l'Antiquité ...Pour certains penseurs anciens comme Epicure, "le bonheur va de soi" ...car "vide est le discours du philosophe s'il ne guérit pas la maladie de l'âme", et il précise même "qu'il n'est pas possible de vivre bien sans vivre avec plaisir" ...Il est vrai que les "stoïciens" sont plus raisonnables, en considérant que le bonheur n'est pas la simple réalisation des désirs, mais le résultat d'un effort : comme le dit l'Empereur philosophe Marc-Aurèle, "souviens-toi d'user de ce dogme : non seulement ceci n'est pas un malheur, mais c'est un bonheur de le supporter avec courage" ...

   Au 16ème siècle, quand l'Europe s'ouvre à la "Renaissance", Montaigne est plus nuancé, car il sait que le bonheur est difficile en cette période de guerres de religion, et ses "Essais" sont l'expression d'une "douce mélancolie" ...Au 17ème siècle, face au calvinisme puritain et au judaïsme orthodoxe, Spinoza, un juif de famille portugaise ayant fui l'Inquisition, ose proclamer une doctrine "libertaire" et "révolutionnaire", celle de la"joie de vivre", ce qui lui vaut une "excommunication" personnelle et la mise à "l'Index" de ses ouvrages, car le bonheur est alors manifestement interdit ...Mais qu'à cela ne tienne, car pour lui, "le sage ne cesse jamais d'être et jouit toujours, au contraire, de la vraie satisfaction de l'âme..."

   Au 18ème siècle ...le siècle de la "Philosophie des Lumières" ...Rousseau se veut l'apôtre d'un bonheur simple dans les "Rêveries d'un promeneur solitaire", c'est-à-dire un "bonheur individuel" qui ouvre la voie au "romantisme" avec Chateaubriand, Hugo et Lamartine, le poète de la nostalgie du bonheur :
                                   "Ô temps, suspends ton vol !
                                     Et vous, heures propices,
                                     Suspendez votre cours !
                                     Laissez-nous savourer les rapides délices
                                     des plus beaux de nos jours
..."
   Mais , entre-temps, d'autres hommes ont voulu forger d'autorité une doctrine du bonheur ...Dès 1789, les révolutionnaires proclament dans la Déclaration des Droits la nécessité d'assurer le "bonheur de tous" par les institutions, et Saint-Just déclare même que la Révolution "ne peut s'arrêter qu'à la perfection du bonheur" et, en voulant imposer la "République de la Vertu", c'est-à-dire en voulant le bonheur des gens malgré eux, il aboutit  ...à la Terreur !...Benjamin Constant a beau ensuite déclarer :"Que l'autorité se borne à être juste, nous nous chargerons d'être heureux" ...de nouvelles doctrines apparaissent au 19ème siècle avec les "socialistes utopiques" voulant bâtir des "sociétés idéales", comme Cabet avec son "Voyage en Icarie" , Fourier avec son "Phalanstère" ou encore Proudhon qui écrit "La propriété, c'est le vol" ou encore "L'anarchie, c'est l'ordre sans le pouvoir"...Cela conduit à la triste histoire de la Commune en 1871 ...Mais le "socialisme dialectique", à prétention scientifique, de Marx et Engels prend le relais avec la promesse d'une "société sans classes" ou "communisme" qui trouve son application avec la Révolution de 1917 en Russie et n'aboutit qu'à une dictature "totalitaire" sous couvert d'un "paradis soviétique"... Il est vrai que d'autres philosophes avaient nié alors la possibilité du bonheur, comme Kant affirmant que "le bonheur individuel n'est pas au programme de l'histoire" ou Nietzsche déclarant, non sans humour, que "le bonheur est comme une femme...Si vous le poursuivez, il s'enfuit !..."

   Evidemment, le bonheur a aussi sa place dans la religion, mais cette place est inséparable de la notion de "salut", en particulier dans le christianisme ...Car "le monde n'est qu'une vallée de larmes" et "l'humanité, une masse en perdition"...Le bonheur véritable ne peut exister que dans le "Paradis", où le souvenir d'un passé idéalisé (le mythique Paradis terrestre) rejoint l'espoir d'un bonheur futur (dans la Jérusalem céleste)...où il n'y aurait plus de malheur, mais une félicité éternelle dans l'amour de Dieu :"Heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés ...Heureux les coeurs purs, ils verront Dieu" ...proclame Jésus dans les "Béatitudes", qui est une sorte de manifeste du bonheur ...

   Néanmoins, à partir du 20ème siècle et surtout dans sa deuxième moitié, avec le déclin de la religion et le progrès de la science, on aboutit à une multiplicité et même à une véritable "individualisation"  de le "poursuite du bonheur" ...Il y a la "méditation" qui est une recherche "transcendantale" des moyens de parvenir à la paix intérieure, ce qui explique le succès actuel du bouddhisme, avec son "chemin de l'éveil" (5 millions d'adeptes ou de sympathisants actuellement en France) et l'intérêt porté récemment au Dalaï-Lama qui affirme "qu'on peut atteindre le bonheur par l'exercice de la psyché" ...Mais il y a aussi ceux qui continuent à croire à "l'avenir de la science", notamment dans le domaine de la psychologie individuelle : certains affirment même que "le bonheur est une affaire de neurones", en s'appuyant  sur le comportement des vrais jumeaux (monozygotes) dont l'identité prouverait que le bonheur (ou son absence...) peut être héréditaire ...D'autres prétendent que le bonheur est possible grâce à la découverte de molécules (les pilules du bonheur)... Allant plus loin encore, des psychologues espèrent parvenir à une "Science du bonheur", qui permettra de mieux soigner les souffrances individuelles et d'inspirer des réformes dans les domaines cruciaux pour le bien-être des hommes: éducation, santé, justice, économie ...Ainsi, on aurait la solution à tous les problèmes ...Le bonheur enfin ! 

   L'ennui est qu'on n'en est pas là ...et que, de toutes façons, comme l'a dit Jules Renard, "si on bâtit la maison du bonheur, la plus grande pièce sera la salle d'attente" ... Alors, il vaut mieux être ...philosophe, et s'accommoder au mieux de ce qui est, suivant la maxime de La Rochefoucauld :"On n'est jamais si heureux, ni si malheureux, qu'on s'imagine" ...


(1) Le Nouvel Observateur - 26 décembre 2008

(2) Citation inspirée de l'éditorial de Jean Daniel
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25 décembre 2008 4 25 /12 /décembre /2008 11:35
   L'Apocalypse ...Ce n'est certainement pas un hasard si, en cette fin d'année et donc de "cycle", une série télévisuelle (1) a emprunté ce nom ...et si une revue spécialisée (2) en a fait la couverture de son dernier numéro ...

   En effet l'actualité, en ces derniers temps, prend l'allure de la "fin d'un monde", pour ne pas dire de la "fin du monde", avec cette accumulation de "malheurs" qui le frappent : crise financière, crise économique, crise sociale ...et premières "émeutes de la faim"...On parle d'une catastrophe prochaine, et donc ...d'Apocalypse.

   Et pourtant l'Apocalypse ne mérite pas cette réputation, car le mot, à l'origine, signifie seulement sur le plan religieux la "Révélation", et cette "Révélation" est celle du triomphe de la "Lumière" sur les "Ténèbres" à la fin des temps... Tel était "bien" le sens des nombreuses "Apocalypses" écrites pendant l'Antiquité sous des noms divers dans le Moyen-Orient, qu'il s'agisse du triomphe d'Amon-Râ en Egypte, de Zoroastre en Perse, du Livre de Daniel dans l'Ancien Testament des Juifs, ou, bien entendu, de l'Apocalypse de Jean dans le Nouveau Testament des Chrétiens, qui engendra sous ce nom jusqu'au Moyen-Age toutes sortes de textes "apocryphes", notamment "millénaristes" annonçant la fin du monde et le retour du "Messie" pour l'an 1000...

   Alors, si l'Apocalypse annonce le triomphe final de la "Lumière", où est le problème ?...Eh bien  ...ou  mal ...le problème est que, dans toutes les traditions apocalyptiques, ce triomphe est précédé de catastrophes et de tourments, qui sont d'ailleurs symbolisés dans l'Apocalypse de Jean par le règne du Dragon , "l'antique Serpent, Diable ou Satan" ...A l'époque de Jean, au 1er siècle, ce Dragon représentait en fait Rome, persécutrice des chrétiens, encore appelée la "Nouvelle Babylone", elle-même exécrée pour avoir détruit l'ancien "Royaume de David" et déporté ses habitants ...Plus tard, au Moyen-Age, c'est l'Islam qui représentera "l'Antechrist" pour les chrétiens, même si les Musulmans annoncent aussi "le Jour de la Colère" où viendra le "Mahdi" ...

   Ce "Jour de la Colère", précédant la "Lumière", aurait pu être l'an 2000, comme le rêvaient les "millénaristes" qui avaient déjà raté le rendez-vous de l'an 1000 et sa fameuse "peur" ...Or rien ne s'est passé, du moins rien "d'extraordinaire" ...Certes, il y a eu des événements graves, comme les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis ou encore, ...avec retard, la crise financière en 2008 ...Mais les "prophètes de malheur" n'ont pas désarmé, car, selon eux, "le pire est pour demain" : le réchauffement climatique - auquel, il est vrai, les hommes ont l'inconscience de contribuer avec la pollution atmosphérique et la destruction massive des forêts en Amazonie, Congo, Sibérie et Alaska (plusieurs millions d'hectares chaque année...) - la montée inéluctable des mers et des océans, la disparition du champ magnétique terrestre (!), l'inversion des pôles (!!), l'entrée du soleil dans un nuage d'énergie interstellaire (!!!) ...Il paraît que ce n'est plus qu'une affaire de "conjonction astrale" ...Certains augures fixent même avec précision la date du 21 décembre ...2012 (!!!!), à en croire le journaliste américain Lawrence Joseph (3), qui met en relief "un faisceau d'indices concordants d'ordre scientifique, religieux et historique pour un déferlement à cette date de calamités naturelles et même ...surnaturelles" ...Et parmi ces indices, il y aurait la coïncidence entre l'ancien calendrier "maya" de l'Amérique centrale ...et le calendrier "hindouiste" de l'Inde...Alors ?...

   Alors, il faut garder "l'âme en paix" ...D'abord, certains "spécialistes" accordent aux hommes un "sursis" : ainsi, certains ingénieurs de la NASA ne prévoient la percussion possible de la Terre par un astéroïde géant qu'en 2034 ... et pour les bouddhiste tibétains, l'âge sombre de Kali connaîtra son point final vers 2324, après un affrontement titanesque entre les forces du Bien et du Mal... Car tout est là : en tout état de cause, les malheurs n'auront qu'un temps ...Et à la fin de ce temps ...quand les hommes auront cessé de faire des "bêtises" - au sens de "faire la bête" - il y aura "l'âge d'or, où "ils feront l'ange"...Ce sera la victoire de la "Lumière" ...Une victoire future que les paiens fêtaient déjà pendant l'Antiquité autour du 21 décembre, c'est-à-dire le jour du solstice d'hiver, où le soleil reprend le chemin de la montée et de la renaissance ...symbole que les chrétiens ont repris à partir du 6ème siècle en y fixant la fête de "Noël" , c'est-à-dire de la "Naissance" (Natalis Dies) - rituelle et non réelle...- de Jésus-Christ... Amen !...

(1) Emission Arte de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur - Décembre 2008

(2) Le Monde la Bible - Novembre-Décembre 2008

(3) Lawrence E. Joseph - "Apocalypse 2012: une enquête scientifique sur des catastrophes annoncées" -Ed. Lafon 2007
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20 décembre 2008 6 20 /12 /décembre /2008 16:34
   Evoquer la solidarité ne consiste pas à refaire encore et toujours une "leçon" sur la nécessité de l'entraide entre les hommes...Il s'agit seulement d'étudier ce qui, dans la situation actuelle, peut permettre d'apporter un remède aux inégalités sociales...

   La solidarité a en effet existé de tous temps dans les sociétés, parallèlement à l'égoïsme, car cela fait partie des contradictions de l'humanité ...Elle est le ciment essentiel des familles de base ...comme elle l'est aussi dans les quartiers, les bourgades, les villes, les provinces, jusqu'à l'Etat lui-même, avec la multiplication des organismes publics ou privés pratiquant l'assistance aux plus démunis...

   Et pourtant la pauvreté n'a jamais paru aussi profonde que maintenant, alors qu'une crise économique balaie les illusions d'un enrichissement constant ...On voit de plus en plus de gens fouiller dans les poubelles ou les dépôts d'ordures ...On n'a jamais vu autant de monde faire appel aux organismes caritatifs pour y trouver abri, nourriture et réconfort ...et, même dans les services publics, il n'est question que de restriction de crédit, de baisse du pouvoir d'achat ...Et, au niveau international, alors que les Chefs d'Etat avaient décidé en 2000 de réduire la pauvreté dans le monde de moitié avant 2015, on entend désormais le Président du Sénégal s'inquiéter de l'appauvrissement général de nombreux pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Sud qui étaient pourtant passés , dans la 2ème moitié du 20ème siècle, du statut de "pays sous-développés" à celui de"pays en voie de développemenrt"...Comme le dit Jacques Ténier (1), "le monde entier court à l'échec ...nous devons chercher à comprendre pourquoi" ...

   Pourquoi ?...La cause est évidente, car le "libéralisme" a manifestement trouvé ses limites : accepté, et même prôné par certains économistes comme le système idéal, tant qu'il a apporté un "progrès" général - même s'il était encore largement inégal - il devient insupportable quand ses excès nés d'une spéculation effénée conduisent à l'appauvrissement d'une majorité d'individus au profit d'une minorité de plus en plus dépensière et arrogante, mettant ainsi en cause l'équilibre des sociétés dans le monde ...avec des "riches de plus en plus riches ...et des pauvres de plus en plus pauvres" ...Déjà des émeutes de la faim éclatent ici ou là ...alors que la population mondiale de cesse de s'accroître de façon exponentielle...

   La tentation est donc grande de passer "d'un extrême à l'autre" , et de se tourner désormais vers "l'étatisme" pour imposer de force des remèdes ...C'est déjà ainsi qu'en 1929 la crise économique avait engendré des pouvoirs "totalitaires" - notamment en Italie et en Allemagne - à l'origine de la 2ème Guerre mondiale 1939-1945... Heureusement, on n'en est pas là - du moins pas encore - car se sont tout de même développées, dans le monde, des "structures publiques" (ONU, UNESCO,...) ou "privées" (ex :ONG...) apportant à plus ou moins grande échelle les secours d'urgence...Mais il n'en est pas moins vrai que la solidarité a elle aussi ses limites...

   Il faut donc en venir à une "synthèse" entre le libéralisme et l'étatisme, c'est-à-dire, en termes simples, entre la "liberté" et la "contrainte"...Il n'est plus possible de tolérer que "dans sa course effrénée, le capital oublie le financement de la solidarité" (1) et il est nécessaire que la notion de "profit" implique désormais de façon égale et indissociable un "aspect économique" et un "aspect social", l'intérêt de la "communauté" ne devant pas être sacrifié à l'intérêt "privé"...Des initiatives existent déjà, comme le "commerce équitable", mais elles restent malheureusement encore trop marginales...

   Finalement, c'est tout le système international qui est en cause ...Et plus que le système lui-même, qui est une "construction matérielle", c'est la "mentalité publique" , autrement dit "l'esprit" lui-même qui doit changer ... Les hommes n'ont d'ailleurs pas le choix ...Il n'y aura pas d'avenir possible, s'il n'y a pas "d'avenir solidaire" ...

(1) Jacques Ténier - "Faire la paix dans les régions du monde" - Ed. L'Harmattan
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14 décembre 2008 7 14 /12 /décembre /2008 11:40

   Qu'il soit permis à un ancien "membre du sérail", ayant fait toute sa carrière" (?) dans l'Education Nationale, d'exprimer un point de vue  totalement désintéressé sur les mouvements qui, actuellement, l'agitent à nouveau...

   A nouveau, assurément, ...mais comme d'habitude, aussi ...A en croire l'éditorialiste du Figaro-Magazine du 13 décembre 2008, on en est au 18ème mouvement lycéen depuis 1971 et à 33 grèves dans l'Education Nationale en 8 ans ...Il paraît que les lycéens sont "en colère", que les parents sont "mécontents" et que les enseignants sont "résistants", à l'image de l'un d'entre eux, ...et ceci, bien entendu, au nom de la défense d'une "école de qualité", dont ils ont apparemment la recette...

   Une "école de qualité", qui ne la souhaite, en effet ?...Mais, en l'occurrence, le problème est que, déjà, dans les années 1970, à relire les articles de revues syndicales de cette époque, on y trouvait le même souhait, toujours  renouvelé ...Autant dire qu'il n'a ...jamais été réalisé ...Et ce n'est pas faute d'avoir entrepris des réformes en s'en inspirant, à gauche comme  ...à droite !

   Au départ, il y avait "l'école", héritée de "nos pères", c'est-à-dire l'école primaire de Jules Ferry, les lycées-collèges du secondaire et les cours complémentaires, et un enseignement supérieur partagé entre l'Université et les Grandes Ecoles ...
Ce n'était certainement pas un temps "béni" (à fortiori pour l'école laïque...), car les gouvernements - nombreux et de toutes natures - n'avaient en aucune façon, préparé "l'école" à l'évolution démographique, économique et sociale ...Mais au moins, les "structures" étaient stables et reconnues, les enseignants étaient respectés ...et les élèves et étudiants étaient ...assidus aux cours...

   Survient 1968...largement due à l'incurie antérieure...La "crise" passe (presque 2 mois en mai et juin...) , et il aurait été opportun alors de mettre de l'ordre , en procédant aux consultations nécessaires et en se donnant le temps de la réflexion
et de l'application ...Au lieu de cela, avec un certain Edgar Faure (*), "on hurle avec les loups" ..."on lâche les vannes" ...On bafoue "l'autorité" partout où elle existe ...et les chefs d'établissement, à la base, font ce qu'ils peuvent  face à des "Conseils" plus ou moins  "...révolutionnaires" ...Et, en 1974, avec un certain René Haby (*), on crée le "Collège unique", au nom d'une égalité souveraine des élèves, comme si l'égalité scolaire était synonyme d'égalité intellectuelle ..On prétend même, avec Jean-Pierre Chevènement en 1984, amener 80 % des élèves au niveau du Baccalauréat ... Ah! le contrat est rempli ...ou presque !... car il y a maintenant 80 % des candidats (à ne pas confondre néanmoins avec la classe d'âge...) reçus au Baccalauréat !...Il n'y a pourtant pas de quoi se vanter, puisqu'ensuite plus de 30 % des jeunes entrant dans l'Université ne peuvent pas dépasser les deux années du 1er cycle...Et d'ailleurs, dans les enquêtes comparatives effectuées au niveau européen - les anciens pays de l'est mis à part - la France est dans le peloton de queue pour les résultats, bien qu'elle soit dans le peloton de tête pour le budget consacré à l'enseignement et à la recherche...

   Il est donc normal qu'un gouvernement soucieux d'effectuer les réformes nécessaires à la modernisation de la France accorde une de ses priorités à l'Education Nationale ...et ceci d'autant plus qu'il y a l'échéance de "l'intégration européenne" en 2012 ...Il se trouve que ce gouvernement est "de droite" ...mais il aurait été tout aussi normal de suivre un gouvernement "de gauche", s'il avait eu la capacité et le courage d'en faire autant, et même ...plus ! En l'occurrence, le Ministre actuel, Xavier Darcos - un ancien enseignant - a procédé aux consultations nécessaires depuis 2007 ...et il a même obtenu un accord général des représentants des parties concernées (eneignants, parents ...et lycéens) sur les grandes lignes de son projet : maintien du nombre d'heures de cours , en dehors de quelques aménagements raisonnables (les horaires français étant parmi les plus élevés d'Europe), ...maintien d'un enseignement de soutien, même s'il y a un transfert tout aussi raisonnable d'enseignants "spécialisés" aux enseignants "normaux" , ...intégration de l'économie dans le tronc commun en seconde, ce qui est un progrès dans la mesure où elle était jusqu'à présent optionnelle, ...etc ...

   Néanmoins, les élèves - du moins une minorité "agissante" par rapport à une majorité "muette" - sont dans la rue, et pas seulement des "lycéens" ...mais aussi parfois des ...collégiens" ...il y a même des "casseurs", mais c'est un autre problème !...Et ces "jeunes" crient, chantent, brandissent des pancartes, déroulent des banderoles devant les "médias" plus empressés à les montrer qu'à écouter les responsables avertis ... Et c'est ...n'importe quoi : la suppression des maternelles ..la suppression des IUT...bref, le démantèlement de l'Education Nationale ...Rien que cela !...

   Il est vrai qu'un point important de désaccord subsiste ...mais il ne porte pas sur le "fond" des réformes ... Il concerne seulement une question "corporative", à savoir la diminution du nombre des postes d'enseignement par le non-remplacement d'une partie des départs à la retraite : déjà 8500 en 2007, 11.200 en 2008, 13.500 en 2009, 16.000 en 2010, 16.00 à nouveau en 2011 ...Certes, cette diminution "drastique" peut poser ici où là des problèmes, notamment pour les "petits" établissements, où des enseignants pourraient être appelés à compléter leur service dans un autre établissement, avec des "navettes" coûteuses et fatigantes ...et une étude "au cas par cas" est donc nécessaire ...Mais ce n'est tout de même pas un "démantèlement" que la disparition d'environ 100.000 postes en 5 ans pour un effectif actuel d'environ 1.000.000 enseignants - soit 10 % - surtout en tenant compte de la diminution inéluctable du nombre d'élèves ...Il est vrai que certains enseignants - ou du moins leurs syndicats - affirment que ce serait l'occasion de diminuer l'effectif moyen des classes ...Pour le bénéfice de qui ?... des élèves ou de leurs maîtres ?...Il ne faut tout de même pas exagérer ...Naguère (avant1970...), on s'indignait à juste titre d'avoir des classes de 35 à 40 élèves ...Maintenant, 25 élèves, c'est encore trop (...hors sections difficiles) ...Où va-t-on s'arrêter , ...à 20 ?...à 15 ?..à 10 ?...etc...

   Malheureusement, pour cette raison "corporative", certains syndicats d'enseignants - bien qu'ils soient en perte de vitesse et peut-être parce qu'ils le sont  ...et ne peuvent plus "mobiliser massivement " leurs mandants - n'ont rien trouvé de mieux (ou plutôt de pire) que de favoriser l'agitation lycéenne ...dans la mesure où les "jeunes" bénéficient naturellellement de la sympathie populaire et peuvent donc contribuer - plus qu'eux-mêmes - à faire céder le gouvernement, ou du moins à essayer ...Car ça ne coûte pas cher ..et ça peut (?) rapporter gros d'envoyer la piétaille des "jeunes" qui, eux, ont tout à y perdre, à commencer par la suppression des cours !...

   Quand donc, en France, en finira-t-on avec cette "démagogie" où les "jeunes" ne sont que des "enjeux" ?...N'est-il vraiment pas possible, à l'instar d'autres pays comme l'Allemagne, d'obtenir - au prix d'une concertation générale entre toutes les parties concernées et d'un compromis même difficile - un "Pacte de l'Education" respecté par tous ? ..Au lieu de cette ...In-éducation permanente dont chacun fait les frais, sur le plan matériel, comme sur le plan moral ...

(*) Il est à noter que les réformes les plus néfastes ont été réalisées par des gouvernements de droite...De là à dire qu'il est légitime qu'un gouvernement de droite répare maintenant la "casse", il y a plus qu'un ...pas ...Un "grand pas", aurait dit Armstrong sur la Lune ...Et, justement, tirer un "Plan" sur ...la Lune, c'est peut-être demander la ...quadrature du cercle !...

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10 décembre 2008 3 10 /12 /décembre /2008 23:45
   Au cours des siècles, il y a toujours eu - ici ou là - des hommes et des femmes qui se sont dressés pour conjurer le malheur de leur époque ou donner des fondements solides à leur société, dans les domaines les plus divers : politique, social ou religieux ...En remontant le temps, on peut citer en France des personnalités comme Charles De Gaulle ...ou Jeanne d'Arc, considérées comme "providentielles" ...Et, dans l'Antiquité, il y a eu des "grands maîtres" comme Confucius ou Bouddha dans l'Extrême-Orient ...et il y a eu les "Prophètes" dans la Bible des Juifs en Palestine...

   Jésus s'inscrit dans la lignée de ces Prophètes qui, à de nombreuses reprises dans l'histoire mouvementée d'Israël, ont réagi de diverses façons, soit comme des "porteurs d'espérance" à l'image de Moïse ..., soit comme des "imprécateurs" regroupés sous des noms parfois mythiques : Isaïe (il y en a eu 3...), Zacharie (il y en a eu 2...), Jérémie, Ezéchiel, etc ...Jésus, en juif pratiquant, ne cesse de les citer dans sa prédication, en précisant qu'il est venu "non pour abolir la Loi, mais pour l'accomplir" (Mathieu 5/17)...

   Mais, à son époque, Jésus n'est pas le seul "prophète" à parler, suivant le sens de ce terme, "au nom de Dieu" ...Car le peuple juif connaît alors une crise de "messianisme", dû à son attente d'un "sauveur" qui les délivrerait de l'oppression romaine et reconstituerait
 "l'ancien royaume de David"...Cette attente est confuse, au point que la Palestine est alors traversée par de nombreux "courants" : à l'aristocratie des prêtres "sadducéens" collaborant avec Rome pour maintenir leur prééminence, s'opposent les "pharisiens" voulant rétablir la loi juive dans sa rigueur, les "zélotes" partisans d'une action violente, ...et les "esséniens" regroupés dans le désert autour d'un "maitre de justice" (Qumran) ...Mais il y avait aussi des prédicateurs solitaires que l'histoire a le plus souvent ignorés ou oubliés, comme un certain Bannus, avec lequel l'historien juif Flavius Josèphe dit avoir passé trois années de sa vie dans le désert ...Et surtout, il y a eu Jean-Baptiste, dont les Evangiles disent qu'il a précédé et cotoyé Jésus et l'aurait même "baptisé", conformément à sa pratique personnelle d'immersion dans l'eau comme signe de purification...

   En fait, les exégètes ne savent pas vraiment quels furent les rapports de Jean-Baptiste et de Jésus ... Car Jean-Baptiste, même s'il déclare que "celui qui vient après moi est plus fort que moi..." (Mathieu 3/11), ne délivre pas le même message que Jésus ...Car il est un prophète "apocalyptique" condamnant ses contemporains ("engeance de vipères"...) et leur prédisant la colère de Dieu, ...alors que Jésus apparaît dès le début de sa prédication comme un prophète de "l'espérance" venu comme un "sauveur" ou "rédempteur" pour le "salut" des hommes ..Et ce message se traduit dans ses paroles comme dans ses actes :

   - Les paroles de Jésus se résument en effet dans l'annonce du "Royaume de Dieu" (1) qui est le fondement même des Evangiles (mot signifiant "Bonne Nouvelle") ...Cette notion est ancienne chez les juifs qui évoquent la royauté divine dans les Psaumes (45/13), les Livres des Prophètes (Isaïe 52/7 -Jérémie 8/19) et les Ecrits de Sagesse (10/10) ...Mais Jésus fait de cette évocation jusqu'alors marginale le centre de sa prédication, tout en lui donnant un sens complexe, ou plutôt syncrétique, car il proclame à la fois un "Royaume à venir" et un "Royaume déjà présent" :
   a. Le "Royaume à venir" apparaît d'abord dans le "Notre Père" (Luc 11/1 - Mathieu 6/10 -"Que ton règne vienne") et il est également invoqué dans la fameuse réponse de Jésus à Pilate : "Mon royaume n'est pas de ce monde" (Jean 18/36) ...Car ce Royaume est "bien" la promesse d'un bonheur futur détaillé dans les "Béatitudes" (Luc 6/20 - Mathieu 5/1 ) : "Heureux les pauvres..."
   b. Mais le "Royaume" est également "présent" quand il affirme devant les pharisiens : "le Royaume de Dieu est au milieu de vous" (Luc 17/20) ou quand il justifie un exorcisme comme preuve que "le Royaume de Dieu est arrivé jusqu'à vous" (Luc 11/20)...

   - Car le message de Jésus se traduit aussi dans ses actes, qui sont traditionnellement appelés des miracles : au sens propre, il s'agit d'actions qui ont échappé alors à toute explication "raisonnable", ...et il faut donc rappeler qu'au 1er siècle la "science" était encore élémentaire ...et que les maladies du corps comme de l'esprit étaient considérées comme des oeuvres démoniaques ...Et il y avait donc déjà, en Palestine comme dans les autres pays, des personnages (sorciers, mages, chamanes...) ayant des "dons" de "guérisseurs" ou "d'exorcistes" ...Or, sur ce point, les exégètes sont d'accord pour affirmer que Jésus a possédé des qualités de "thaumaturge" et que ces qualités ont peut-être contribué dans sa jeunesse (inconnue...) à l'éveil de sa vocation "prophétique" ...Par conséquent, ces dons n'étaient  pas "extra-ordinaires", et d'ailleurs, à l'aube du 3ème millénaire, il y a toujours des "guérisseurs" et des "exorcistes", non seulement les sociétés encore peu évoluées mais aussi dans les pays "développés" (2)...Il n'est donc pas impossible que Jésus ait pu guérir des malades, par exemple par "l'imposition des mains" (Luc 7/1 et 13/10 - Mathieu 8/5) et apaiser des esprits malades par un certain "magnétisme", voire sortir certaines personnes d'un "coma" alors inexplicable ou confondu avec la mort...
   Toutefois, l'explication reste en suspens lorsqu'il s'agit réellement de "ressusciter" les morts ...Certes les exégètes émettent des doutes sur certains témoignages, comme la résurrection de la fille de Jaïre (Marc 5/21) ou du fils de la veuve de Naïn (Luc 7/11), qui peuvent être des récits "sur-ajoutés" (...à vouloir trop prouver)...Quant à la résurrection plus célèbre de Lazare, elle est tellement extra-ordinaire qu'elle aurait dû figurer dans tous les Evangiles comme la preuve la plus éclatante des pouvoirs "divins" de Jésus ...Or elle ne figure que dans l'Evangile de Jean, écrit tardivement (entre 90 et 100)...
   Et, "évidemment", se pose la question de la Résurrection la plus importante : celle de Jésus lui-même... Les théologiens ont toujours insisté sur le fait que, pour lui, il ne s'est plus agi "d'un retour à la vie terrestre" - comme pour Lazare, qui est ensuite "re-mort" - mais "d'un passage à travers la mort "lui ayant donné une autre nature" ... C'est si vrai (?) que ses disciples ne le reconnaissent pas (...sur le chemin d'Emmaüs) ...Et qu'ensuite il se fait connaître "étrangement" à Paul (...sur la route ...de Damas) ...Et puis...

  ...Et puis ...plus rien !...Certes, il y a encore des "apparitions", et même elles sont relativement nombreuses ...Mais il s'agit de sa mère, Marie, qui intervient seulement comme ..."intercesseur", et pratiquement toujours auprès de jeunes filles pauvres, comme à Lourdes ou à Fatima... Et  il y a toujours des miracles - notamment sur les lieux d'apparition - pour lesquels les médecins associés aux représentants de l'Eglise ne peuvent pas donner d'explication ...Mais plus de Jésus, qu'on ne peut plus espérer revoir avant la fin des temps ( la "parousie") et celle-ci est fort incertaine, puisqu'elle avait été annoncée comme proche par Jésus lui-même (Mathieu 4/17), et fortement espérée par mes 1ères Communautés chrétiennes au 1er siècle ...et qu'elle n'est toujours pas arrivée malgré les fautes incessantes des hommes depuis 2 millénaires ...Alors, on reste sur le bord du chemin, à se poser des questions, comme le fera John Paul Meier dans le 4ème tome (non encore paru...) de son ouvrage sur Jésus (3) ..."Eli ...Eli ...Lama ...Sabachtani !..."

(1) Variante "Royaume des Cieux" par Mathieu qui, comme juif, ne pouvait pas désigner "Dieu" par son nom...
(2) Dominique Camus - "Paroles magiques - Secrets de guérison" Ed. Imago 1990
                                  - "Voyage au pays du magique" Ed. Flammarion 1995
(3) John Paul Meier - "Un certain Juif : Jésus - les données de l'histoire" Ed. Cerf 2007
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5 décembre 2008 5 05 /12 /décembre /2008 16:58

   La crise économique qui se manifeste en cette fin d'année 2008 montre de façon éclatante que, dans ce domaine au moins, les "théories" ne valent rien devant les "réalités pratiques" ...Car ce n'est assurément pas le moment de s'interroger sur la valeur respective du "libéralisme" et de "l'étatisme"...Dans l'immédiat, il faut trouver des solutions concrètes à la crise économique, et celles-ci ne peuvent être trouvées que par les "organismes" ayant la possibilité "d'agir"...

 

   La France est un bon exemple, car elle avait, depuis 1995 et notamment depuis ...2007 avec le Président Sarkozy, des responsables convaincus des bienfaits du libéralisme ...Or c'est le même Président qui, non seulement en France, mais aussi en Europe et même au niveau mondial en raison de ses attributions actuelles, donne désormais l'exemple de l'intervention de la puissance publique ..."Mutatis ...mutandis" ...
 

   - Le "Plan de relance" de 26 milliards d'€ annoncé pour la France par son discours de Douai le 4 décembre 2008 est à cet égard très significatif :
   1. Il donne la priorité à l'investissement en apportant une aide particulièrement importante de l'Etat : 10,5 milliards
d'€ d'investissements directs (grands travaux comme TGV, Canal Seine-Nord, Défense, Patrimoine et Recherche), 11,4 milliards d'€ d'aide indirecte aux entreprises (remboursement rapide de créances anciennes et avance sur les nouveaux marchés) à laquelle s'ajoute 1,2 milliard d'€ de dégrèvement pour les embauches...
   2. Il encourage parallèlement la consommation à la fois par cette aide à l'embauche et par 0,8 milliard d'aide aux plus démunis (Prime de Solidarité Active de 200 €), 220 millions d'€ de "prime à la casse" pour encourager la vente dans le secteur automobile actuellement "fragilisé" (1000 € par véhicule), et 2 milliards d'€ pour le secteur immobilier (construction de 100.000 logements sociaux et prêts à taux zéro)...
   3. Enfin
il met à contribution les entreprises et administrations publiques - EDF, GDF-Suez, SNCF, RATP ...et La Poste qui devront investir 4 milliards d'€ pour la rénovation de leur matériel, l'économie énergétique et l'amélioration de l'accueil...Quant aux Collectivités territoriales, elles devront investir 3 milliards d'€ en contrepartie d'un remboursement accéléré de l'Etat sur la TVA, soit environ 5 milliards d'€...

   - L'Europe n'est pas en reste, avec un "Plan d'aide" d'environ 227 milliards d'€, en particulier pour les crédits bancaires ...Et la Banque Centrale Européenne - jusqu'à présent sourde à toute modification de son taux de prêt - vient de procéder à une "baisse de 75 points de base", réduisant ainsi à 2,5% le coût de refinancement des banques européennes, ce qui représente - paraît-il - "un geste sans précédent" ..."La plus forte réduction de son histoire" ...Il est vrai que son Président Jean-Claude Trichet - encore un Français - prévient "qu'il va falloir s'assurer que cette baisse se répercute à l'économie"...

   Précisément, c'est là ...que "le bât blesse" !...Celui de la portée réelle des mesures prises en France et en Europe, compte tenu du fait que la crise économique est mondiale et affecte beaucoup d'autres pays :


   - Les Etats-Unis sont considérés comme le "pays le plus riche du monde, ...mais ils sont aussi l'un des pays les plus "endettés" ...Certes, le Président Bush, en fin de mandat, a promis une aide de 7.000 milliards de dollars, ...et son successeur prochain Obama annonce déjà des mesures d'aide aux secteurs économiques en difficulté comme l'automobile ...Mais d'où viendra l'argent
...autrement que par ...la planche à billets, alors que les Etats-Unis ont déjà une balance largement déficitaire avec de nombreux pays, notamment la Chine ?...Et si la Chine décide de dévaluer sa monnaie, le Yuan ("monnaie du peuple"...), où ira l'économie des Etats-Unis, et avec elle, celle des autres pays du monde, notamment la France, qui est un de ses principaux clients ?...

   - L'Europe est, pour sa part, considérée comme un bastion solide, en raison de son Euro fort ...Mais, d'abord, l'Euro n'est pas la monnaie de référence dans le monde, celle-ci restant le dollar, en dépit de sa faiblesse actuelle ...D'autre part les 27 Etats qui la composent ne parlent pas le même langage, malgré les efforts entrepris depuis le début de la crise économique : à la rigueur budgétaire de l'Allemagne (pas de plan de relance ...sauf des bons de consommation de 500 euros pour encourager les ventes), s'oppose la politique dépensière de la France (dont le plan de relance est une nouvelle illustration) ...L'Angleterre "financière" est plus que jamais liée à celle des Etats-Unis ...L'Italie se limite à un supplément de 7 milliards d'€ pour les familles à faibles revenus ... Et la plupart des autres pays sont dans l'attente ...

   - Enfin, en France, le plan de relance, même s'il a le mérite d'être équilibré, trouve nécessairement ses limites dans l'augmentation de la dette publique qui s'élevait déjà au 1er trimestre 2008, avant le début de la crise, à 1270 Milliards d'€, soit 65,3% du PIB...dépassant largement le seuil convenu dans le "pacte de stabilité européen" ...Il est vrai que ce pacte prévoit un franchissement dans des circonstances exceptionnelles ...Et c'est justement ce que plaide le Président Sarkozy, quand il affirme : "A circonstances exceptionnelles, mesures exceptionnelles" ...et il ajoute "qu'il y a un mauvais moment à passer en 2009 et 2010 " ...et "qu'il devrait y avoir une amélioration en 2011 et 2012" ...Voire ...Car davantage de dettes, c'est à terme moins d'investissements ...et donc moins de compétitivité ...et donc encore plus d'impôts ..., alors qu'aucune mesure ne permet d'enrayer réellement la baisse du pouvoir d'achat ...Cela va sans dire, mais cela va tout de même mieux (ou plutôt pire...) en le disant...

   Car, en France comme ailleurs, c'est le "bon peuple" qui finalement paiera la note... comme il la paie toujours, qu'il s'agisse "d'étatisme" ou de "libéralisme"...

  

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