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19 mars 2006 7 19 /03 /mars /2006 19:07

   Le Figaro -Economie consacre son numéro du 16 mars 2006 aux "bénéfices historiques" des "entreprises françaises du CAC 40", c'est-à-dire aux "Grandes Entreprises" entrées en Bourse, qui ont gagné 84 milliards d'Euros en 2005, soir 27 % de plus que l'année précédente. Et le journal cite notamment les entreprises suivantes :

      - Total                    12 Milliards    273 millions d'Euros    

      - Sanofi                   6 Milliards    335           "

      - BNP Paribas           5 Milliards    552           "

      - France-Télécom     5 Milliards     709          "

      - Société Générale   4 Milliards     446          "

      - Axa                       4 Milliards    173            "

       ......

      - EDF                        3 Milliards    242           "   

       ......

      - Gaz de France         1 milliard      560           " 

   En contrepartie, il convient objectivement de préciser que d'autres entreprises ont connu une baisse : Peugeot (-37 %), Vivendi (- 16,3 %), Carrefour ( -15,6 %), MicroElectronic (-55,8 %) et Bouyghes (- 8 %), soit 5 seulement sur les 40 entreprises citées...

   A priori, de tels résultats peuvent flatter l'orgueil national... Mais il n'y a vraiment pas de quoi !... En effet, le taux de croissance économique ne s'est accru en France que de 1,5 % en 2005, ce qui montre - compte tenu de l'accroissement de 27 % des bénéfices des Grandes Entreprises - que les autres entreprises stagnent ou même régressent relativement... Et ceci n'a rien d'étonnant : en effet les Grandes Entreprises ne sont souvent "françaises" que de nom, parce qu'elles ont "réglementairement" leur centre de décision en France... Mais en fait, leur structure est "internationale", puisque leur actionnariat comporte 55 % d'investisseurs  étrangers et que leurs salariés sont moins de 30 % à travailler dans l'Hexagone...... Autrement dit, les bénéfices des Grandes Entreprises "nationales" traduisent peut-être la croissance de l'économie mondiale, estimée à 4,5 % en 2005,  mais ils n'ont que peu de rapport avec la morosité de l'économie française...

   En effet, si les bénéfices des Grandes Entreprises contribuaient  au Produit Intérieur Brut (PIB) de la France, que ce soit en matière d'emploi, de création de valeur ajoutée et...d'imposition, on pourrait s'en féliciter, mais ce n'est pas le cas !... Car les bénéfices ont servi soit à réduire des dettes antérieures, soit à réaliser des fusions ou acquisitions (souvent au prix de livenciements...), soit à distribuer des dividendes aux actionnaires... en majorité étrangers, donc à enrichir par exemple des rentiers des Etats-Unis ou d'Angleterre... et non pas la "société" française... Seule compte en effet la "rentabilité économique", au mépris de la "rentabilité sociale", à l'image de Total, qui n'a toujours pas indemnisé les victimes de l'Erika - notamment les collectivités locales - alors qu'elle a largement profité de la hausse des produits pétroliers...

   Evidemment, alors que le gouvernement est en train de prendre "justement" des dispositions pour encourager la "participation", on peut imaginer que l'actionnariat va se développer auprès des salariés, en particulier...dans les Grandes Entreprises... L'idée n'est d'ailleurs pas nouvelle, puisque De Gaulle avait déjà évoqué "l'association Capital-Travail" il y a 40 ans... Malheureusement, une telle association est contraire à une tradition tenace d'opposition entre "patrons" et "syndicats" : ces derniers préfèrent une augmentation "certaine" des salaires à une participation "incertaine" au financement des entreprises... Dans une certaine mesure, on peut les comprendre, en pensant à la lourde déception des actionnaires "populaires" du Transmanche ou de France-Télécom... Et inversement, les entreprises rechignent à l'augmentation des salaires... Dialogue de sourds !  Et pourtant, une augmentation modérée et progressive des salaires ne pourrait, selon le schéma de Keynes, qu'encourager la consommation... et permettre un progrès de l'actionnariat et, finalement, de la production... ce qui est le moyen le plus sûr de réduire le chômage !... Mais en quoi un tel schéma peut-il intéresser des Grandes Entreprises "nationales" devenues en fait "multinationales" ? A moins d'imposer leurs bénéfices au-delà d'un certain seuil... Mais la solution est hasardeuse et dangereuse, si la France est un des seuls pays à la mettre en pratique : il faudrait un accord mondial... On n'en est pas là !...

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17 mars 2006 5 17 /03 /mars /2006 16:06

   Ayant exercé des fonctions de "direction", j'ai pu éprouver la difficulté de "gouverner", avec son lot de "réussites" et "d'échecs"... Je me garderai donc bien de "donner des leçons"...Mais, alors que se profile une crise "gouvernementale" au niveau de l'Etat, qu'il me soit permis de faire quelques réflexions  :

   - D'abord, il n'y a pas de règle précise pour "gouverner"... Certes, on peut faire l'inventaire de "types" de gouvernement , de l'abus d'autorité (la tyrannie) à l'absence d'autorité (l'anarchie), mais entre ces excès toutes les formules ont pu exister du "despotisme éclairé" au "gouvernement d'assemblée"...

   - Néanmoins, on peut partir d'un adage simple qui dit : gouverner, c'est "prévoir"... Et, pour prévoir, il ne faut pas décider seul, en fonction d'une théorie préalable ou d'une opinion personnelle, même avec l'intention de bien faire... Car on ne fait pas le bien de ses administrés malgré eux ou sans eux : il faut savoir les "écouter"...

   - Pour autant, gouverner ne signifie pas qu'il faut se rendre "populaire", et faire de la "démagogie" en allant dans le sens du vent... Le plus souvent d'ailleurs, il n'y a pas de "vent dominant", et les opinions sont partagées : gouverner consiste donc généralement à "choisir", et en choisissant à faire nécessairement des mécontents. Il n'y a pas de gouvernement qui puisse être ou rester populaire au sens de faire l'unanimité...

  

   - Mais gouverner, c'est aussi pouvoir "exécuter"...Si les modalités d'exécution d'une décision n'ont pas été clairement définies ou si elles se révèlent inapplicables, il vaut mieux y renoncer en temps utile plutôt que de s'entêter...

   - Enfin, il ne faut pas se satisfaire de l'exécution d'une décision, car l'adage déjà cité précise que gouverner, c'est aussi "contrôler"... Même si une décision a été prise correctement et ne suscite pas de conflit, il convient d'en surveiller l'application, c'est-à-dire sanctionner éventuellement les erreurs et s'il y a lieu "s'auto-censurer"... Combien de lois et décrets "de circonstance" sont tombés en désuétude, parce qu'ils n'étaient ou n'étaient plus applicables...

   La conclusion, je l'emprunterai à une citation du philosophe Alain, rappelée par un éditorialiste du Journal Ouest-France :

   "La sagesse d'un homme d'Etat est, sans doute, à ne point se faire l'esclave de ses concepts, mais à interpréter, sans retard, sans regret, sans obstination, les événements naissants et imprévus qui lui font voir un nouveau chemin"...

  

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14 mars 2006 2 14 /03 /mars /2006 10:57

   C'est souvent un sujet d'étonnement pour les Français séjournant à l'étranger d'être salués par les gens qu'ils croisent dans la rue... Et on est encore plus étonné en France quand on fait l'objet d'un bonjour sonore de la part d'un couple de passage ou d'un enfant jugé aussitôt "bien élevé"... Et pourtant, quoi de plus naturel !...

 

   Il faut reconnaître que les Français - le plus souvent fiers de l'être, et justement en raison de cette fierté - se comportent parfois comme des "mufles",  leur "impolitesse" ayant  même été citée comme leur défaut principal dans un sondage auprès des Etrangers... Au mieux, ils sont "indifférents" dans la rue , ...au pire, ils sont "frimeurs" au volant de leur voiture, ou même "justiciers"... Ce qui ne les empêche pas de "râler" si un agent, à juste titre, les rappelle à l'ordre...

 

   Il est vrai que la "police", même si elle pratique la ...politesse réglementaire auprès des "gens ordinaires", n'hésite pas à "tutoyer" un simple prévenu... Et la justice a défrayé la chronique avec le cas d'un juge manifestement incapable "d'entendre" de simples suspects, parce qu'il n'a pas été préparé à le faire... Et on pourrait multiplier les exemples de personnes abusant de la "position dominante" qui leur est assurée par leur fonction, voire même par leur élection - ce qui est un comble ! - pour "mépriser" les gens dont ils sont les "mandataires"...

 

   Car c'est une tendance, et même une "manie", en France, que de "mépriser" les autres, même si ce mépris n'est pas nécessairement "méchant" : le "bourgeois" marque sa différence avec "l'ouvrier", le "professeur" snobe "l'instituteur", le "pâtissier" insiste sur le fait qu'il n'est pas un simple "boulanger"... Bref, on trouve toujours plus "petit" que soi... Il y  des matières qui sont nobles et d'autres qui ne le sont pas...etc...etc...

 

   Il y a aussi un manque de respect plus subtil, mais également ravageur, sinon plus... Celui qui viole l'intimité des personnes, à l'image - c'est le cas de le dire - des "médias" qui oublient toute "mesure" dans des émissions dites de "télé-réalité", d'autant plus souvent nocives qu'elles sont le plus souvent "manipulées" et donc "irréelles"... Et que dire de ces mouvements hypocrites de "repentance" qui, au nom d'une "bonne conscience" mettent en cause l'Histoire léguée par nos ancêtres qui, certes, ont commis des erreurs... mais ni plus ni moins que nous-mêmes. Comme si le 20ème siècle, avec 2 guerres mondiales et les camps de concentration, avait des leçons à donner aux siècles précédents ! Et pourtant les Français vont à Londres pour commémorer l'anniversaire de Waterloo, alors qu'ils oublient de célébrer Austerlitz...

 

   Surviennent des incidents graves, comme l'agitation des banlieues en Novembre 2005, et on s'en prend à "ceux qui ne respectent rien"... Bien sûr, il n'est pas question de justifier les violences - qui sont des formes extrêmes de "l'irrespect" - mais les Français devraient tout de même s'interroger sur les causes de cet irrespect, et sur ce qu'ils avaient fait - ou plutôt n'avaient pas fait - pour l'éviter...

 

   Mais évidemment tout cela n'est que de l'humour ...noir !... Et l'humour est encore une forme d'irrespect, même s'il est un moyen de se défendre, et donc de se faire "respecter"...

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12 mars 2006 7 12 /03 /mars /2006 16:16

   C'est un paradoxe d'évoquer dans une note de lecture le dernier roman de Michel Houellebecq - "La possibilité d'une île" Editions Fayard 2005 - car il conviendrait mieux d'en rendre compte dans une catégorie de non-lecture...

   A priori, le thème paraît séduisant : "Soyez les bienvenus dans la vie éternelle, mes amis"... Se placer au service d'accueil de la vie éternelle, pourquoi pas ?... Cela peut susciter bien des réflexions... Malheureusement, on est embarqué d'entrée dans un jeu de chiffres incompréhensibles... qui débouchent rapidement sur des acrobaties sexuelles complaisamment décrites... Certes, on n'en est plus à la "pruderie bourgeoise", mais tout de même...

   Personnellement, j'ai tenu jusqu'à la page 50, ou à peu près, en essayant d'assimiler, sinon de comprendre, des textes du genre (page 27) :

   " Les trois lois de Pierce allaient mettre fin aux tentatives hasardeuses de downloading mémoriel par l'intermédiaire d'un support informatique au profit d'une part de transfert moléculaire direct"...etc...

   Et puis, décidément trop borné, j'ai renoncé... picorant néanmoins au hasard de paquets de pages quelques aventures sexuelles échevelées (façon de parler...) dans des chapitres intitulés "bibliquement "(?) Daniel 1, 2, 3, 4...ou 24, 25, etc... et je suis ainsi allé  rapidement à l'épilogue pour apprendre que la modification de l'axe de la Terre avait entraîné le Grand Assèchement... Quelques citations de Bouddha (!)... Suivait l'évocation d'une race de néo-humains... et enfin la conclusion que "le Futur était vide"... Fermez le ban !

   Au fait, l'auteur n'était-il pas un de ces prétendants au Prix Goncourt, dont la presse spécialisée (?!) avait rebattu les oreilles de l'opinion à la fin de l'année 2005 ?...

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8 mars 2006 3 08 /03 /mars /2006 12:21

   Les manifestations actuelles contre le Contrat Première Embauche (CPE) - même si elles traduisent une exploitation politique - révèlent une réelle inquiétude de l'opinion, à en croire les sondages (60 % de mécontents). Mais cette inquiétude n'est pas nouvelle : elle n'est malheureusement que la dernière version de la morosité créée par la persistance du chômage, notamment celui des jeunes (entre 18 et 26 ans...)

   Le CPE n'est certes pas une panacée, car il n'est pas possible d'ériger en règle pour l'avenir des dispositions rendant précaire l'emploi éventuel des jeunes pendant une période de 2 ans sans la garantie absolue d'un emploi stable à son terme... Mais pour autant il faut situer ce contrat dans son contexte qui n'a rien de réjouissant, puisqu'actuellement à peine 25 % des jeunes ont un emploi théoriquement stable (CDI et fonctionnaires), environ 50 % ont un emploi précaire (CDD, Intérim, temps partiel, "petits boulots", etc) et 25 % n'ont pas d'emploi du tout (certains n'en ont même jamais eu)... Or cette situation , à quelques variations de pourcentage près, est la même depuis 30 ans, toutes les solutions émanant des gouvernements de droite comme de gauche ayant échoué ou étant restées sans suite (CIP Balladur, CES Jospin,stages "bidon", etc)... Cette situation empire même, puisqu'à la faveur des regroupements d'entreprise ou des "délocalisations" pour cause de "rentabilité" strictement économique, même les titulaires de CDI - employés et cadres - sont couramment licenciés...

   Or, cette fois, le gouvernement a le "courage" de s'en prendre à la rigidité paralysante du Code du Travail qui empêche les entreprises d'avoir une gestion des personnels plus adaptée aux compétences de ceux-ci comme à l'évolution incessante de l'économie... En l'occurence, il ne s'agit pas d'une initiative "innovante" de la France, puisque ce pari de la "flexibilité" a déjà été tenté - non sans succès - dans d'autres pays de l'Europe comme la Grande Bretagne et la Hollande... Malheureusement, emporté par sa relative popularité, le Premier Ministre Villepin a confondu "vitesse" et "précipitation", car, même si le problème était urgent, il aurait dû éviter de "passer en force" (article 49/3) alors que cette proposition de CPE était intégrée dans un dispositif global de "l'égalité des chances" qui méritait une analyse approfondie et contradictoire de l'Assemblée Nationale dont c'est après tout le rôle... Il eût été sage d'essayer d'associer les syndicats de toutes tendances à une telle décision, en jouant d'ailleurs sur leurs divisions ... et au prix de quelques concessions, en particulier en réduisant de moitié le temps de la période d'essai (il n'est certainement pas trop tard...)... Côté entreprises, il eût été bien inspiré aussi de fixer un délai - par exemple 1 an après l'adoption du système - pour faire le point sur les résultats de ce contrat : ou bien ceux-ci seraient alors réellement positifs avec une baisse significative du chômage des jeunes et un nombre réduit de ruptures de ce contrat dans cette 1ère année, et le CPE pourrait être reconduit pendant un certain temps...ou bien les résultats seraient négatifs ou incertains, et alors il faudrait soit "revoir la copie" compte tenu de son échec, soit imposer aux entreprises des mesures plus strictes et dissuasives, comme une taxation... Car il ne sera pas possible de tolérer plus longtemps - - sans risque "d'explosion sociale" - que des entreprises - à l'image de Total ou Suez...- se flattent de bénéfices exorbitants hors investissements (comme cela est le cas en cette période des bilans annuels)... alors que les licenciements continueraient et que les recrutements stagneraient...

   Alors, pour un CPE "amendé"...Chiche !... Mais gare aux résultats !...

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7 mars 2006 2 07 /03 /mars /2006 00:42

   Il n'y a pas de notion plus...internationaliste que la notion de ...nation, car une nation, par définition, se différencie par rapport aux autres nations. Mais il reste à savoir quel en est le contenu...

   D'abord la nation est une notion relativement récente... Sans refaire toute l'histoire, on peut rappeler que l'humanité est passée, depuis son origine, des "clans" aux "empires", ceux-ci étant constitués de façons diverses, soit par des personnalités marquantes (ex: Alexandre), soit par des cités-états, comme Athènes ou Rome... L'Empire Romain, même après sa chute à l'ouest, reste longtemps le "cadre" de la politique "occidentale" : les "Barbares", dans un premier temps, n'aspirent qu'à s'y intégrer... Charlemagne se fait couronner "Empereur" à... Rome... Et ensuite une partie de son Empire subsistera sous le nom de Saint-Empire-Romain-Germanique... Mais des "royaumes" indépendants se sont néanmoins créés, comme la Francie occidentale devenue la France, sans pour autant être des "nations", car il s'agissait de "monarchies" ne se définissant que par rapport à l'Eglise avec le sacre lui conférant un "droit divin"...

   En effet, il faut attendre la Révolution Française de 1789 et, paradoxalement, l'Empire Napoléonien pour assister à "l'éveil des nationalités" qui aboutit au 19ème siècle à "l'unité allemande" et à "l'unité italienne"... Malheureusement, ces "nations" ne se sont pas constituées dans un souci de concorde "internationale", mis au contraire se sont "posées en s'opposant" aux autres, en particulier en Allemagne où le "pangermanisme" est à l'origine de la 1ère Guerre mondiale, comme "l'espace vital" de Hitler pour la 2ème Guerre mondiale... Le résultat est que la notion de nation a reculé dans l'opinion, surtout en Europe où les progrès de "l'unité" sont largement la conséquence des excès antérieurs des "nationalismes"... Est-ce à dire que la "nation", en France comme ailleurs, est condamnée ? Pour répondre à cette question, il faut d'abord savoir à quoi correspond au juste une "nation"...

   - Elle n'est certes pas la simple traduction de la "géographie"... Elle s'inscrit dans un "territoire", mais ce territoire n'est qu'un "cadre" où son histoire l'a située... Il y a des territoires homogènes correspondant à des nations, - surtout des îles plus ou moins grandes (ex: Australie, Madagascar...), mais inversement il y a des nations qui englobent des territoires séparés et parfois disparates (ex: Philippines, Indonésie...)

   - Elle n'est pas davantage le regroupement d'une "ethnie" (terme préférable à celui très incertain de "race"). Car, s' il y a des pays à la population relativement homogène donnant son nom à des "nations ( ex: Arabie, Niger ou Nigéria...), combien d'autres "nations" se sont formées par des apports variés (ex: la France ou les Etats-Unis...)

   - Elle n'est pas non plus un regroupement linguistique... Même si certains pays n'ont qu'une seule "langue" (ex: France ou Allemagne...), d'abord cette langue "officielle" recouvre des dialectes régionaux, et ensuite elle ne se limite pas à leurs frontières (ex: la "francophonie")... et inversement d'autres pays ont plusieurs langues tout en restant des "nations" (ex: la Suisse...mais aussi l'Inde )

   - La tentation est alors grande, en raison du développement actuel des "extrêmismes", d'affirmer que la religion est un facteur important de "nationalisme" (on parle de "républiques islamiques")... Mais il s'en faut de beaucoup que la religion soit un facteur réel d'unité... Elle est même le plus souvent un facteur de division (ex: L'Irlande, la Bosnie...ou l'Irak)

   A défaut de trouver un facteur dominant, on doit donc en venir à une notion complexe, même si elle paraît simple, qui est celle de "vivre ensemble", avec des droits et des devoirs communs, ce qui ne signifie nullement "l'uniformisation"... On peut être un "bon français", même si par ailleurs on défend l'originalité de sa province (ex: la Bretagne), et on peut l'être aussi ...si , ancien immigré ou enfant d'immigré, on accepte de s'intégrer dans la "communauté", comme l'ont fait malgré les difficultés initiales de la 1ère génération les Italiens, les Polonais ou les Espagnols avant la 2ème Guerre mondiale, mais aussi de nombreux nord-africains dans la 2ème moitié du 20° siècle... Car l'esprit de tolérance doit permettre que l'intégration ne se fasse que progressivement, dans la mesure où il n'est pas évident pour certains immigrés ayant vécu des coutumes très différentes de s'adapter rapidement au pays d'accueil... Le seul danger est justement que les immigrés refusent d'accepter les règles du pays d'accueil et pratiquent le "communautarisme", qui peut être le germe de conflits majeurs (à l'exemple récent du Liban ou de la Bosnie...). Il doit donc y avoir une "double volonté" d'intégration, celle des immigrés d'abord, mais aussi celle du pays d'accueil : à ce titre les responsables ont commis une grave erreur en "parquant" ou en laissant parquer les immigrés dans certaines banlieues, voire dans dans des immeubles, suivant leur origine... et, à fortiori, en pratiquant à leur endroit une "discrimination négative", notamment pour l'emploi... Ce qui ne signifie pas d'ailleurs qu'il faille procéder maintenant à une "discrimination positive" (ex: accès aux grandes Ecoles, places réservées aux concours...), car il y a alors une atteinte au principe d'égalité... Les immigrés doivent être traités "normalement" à partir du moment où ils veulent être "français", ce qui pose d'ailleurs le problème de l'acquisition de la "nationalité" : il faut "vouloir" être français, et le "droit du sol," à ce titre , est un "non-sens"...

   En conclusion, la "nation" doit être "une communauté", ouverte et tolérante, à l'abri de toute dérive "nationaliste"... et les responsables politiques seraient bien inspirés de la remettre "à l'honneur" !

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17 février 2006 5 17 /02 /février /2006 17:00

   Après "La belle chocolatière" (2001) et "Le bel italien" (2003) - Edition Flammarion - Bernadette Pécassou-Camebrac a fait paraître un nouveau roman "L'impératrice des roses" (2005)  - Même Edition.

   L'intrigue se déroule à la fin du 19ème siècle entre Paris et le pays pyrénéen dont l'auteur est originaire. Elle raconte l'histoire d'une jeune fille, prénommée Alba, née d'une pauvre corsetière "à façon" et de "père inconnu"...Remarquée pour ses yeux à reflets dorés, et douée pour le dessin, elle bénéficie de la bonté d'une "dame de la bonne société", elle-même peintre de fleurs, qui l'accepte gratuitement dans son atelier pour jeunes filles... Elle y perfectionne un talent remarquable pour peindre des roses "vibrantes et délicates"... Et après avoir longtemps fait de petits travaux pour subsister - évocation de la misère populaire de l'époque - elle finit par se faire connaître par des peintures sur éventail, dont s'entiche la ...bonne société, et la présentation d'un magnifique tableau de roses à un Salon en fait finalement un peintrze célèbre...

   L'auteur procède avec une grande sensibilité à une étude psychologique de cette jeune fille volontaire et tenace au sein d'une société où s'oppose encore fortement la richesse des nantis et la pauvreté des petites gens. Chemin faisant, elle égratigne le milieu artistique, dont le "machisme" exclut les réalisations des femmes, jugées "seulement bonnes à peindre des bouquets", ce qui est considéré comme un art mineur...

   On peut néanmoins regretter que l'auteur ait placé dans son intrigue la présence disparate d'un homme, éminent violoniste, mais aussi joueur et coureur, dont la jeune fille est tombée éperduement amoureuse... Ce côté...plus "fleur bleue" que "rose"... a certainement pour but de donner plus de fragilité à cette jeune fille au caractère bien trempé, mais il n'apporte rien de positif au roman, au contraire...

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14 février 2006 2 14 /02 /février /2006 18:20

   Il faut bien de temps à autre faire une pause et, comme on dit maintenant, "recharger les accus"... Donc, bientôt, ce sera le départ en vacances pour une quinzaine de jours, et sans ordinateur portable, plus d'articles possibles : vacance pour cause de vacances (hum!...)

    Il est vrai que, depuis la création de mon blog en octobre 2005, le rythme des articles a été plutôt rapide - parfois un tous les deux jours - de quoi essouffler mes lecteurs et m'essouffler moi-même... Certes, le résultat est plutôt encourageant : environ 8000 pages vues et 2000 "visiteurs uniques" (évidemment pas nécessairement tous différents...) depuis la création du blog, et sans publicité particulière, hormis les "liens" et "newsletters"... Mais, pour tenir la distance, il va me falloir ralentir un peu et avoir des idées nouvelles...

   Dans l'immédiat, je propose une idée qui me paraît "conviviale", comme doit l'être, à mon avis, tout blog : celle de créer une catégorie "Notes de lecture" pour y mettre un article pour tout livre lu, ce qui devrait permettre aux internautes intéressés ...évidemment de lire le livre, ou, s'ils le connaissent déjà, d'y aller de leur commentaire, mais aussi de créer de façon interactive leur propre catégorie de "Notes de lecture" dans leur blog... Des internautes sans blog pourraient même y trouver un thème de création de blog, avec catégories internes (roman, poésie, histoire, aventures,etc)... Avant de partir, je laisserai un 1er article à titre d'essai...

   Merci à tous ceux qui ont eu jusqu'à présent la patience de lire mes "vaticinations"...

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11 février 2006 6 11 /02 /février /2006 16:46

   Une réflexion sur les Prophètes paraît hors du temps à tous égards : en effet, non seulement elle n'est pas "d'actualité", mais elle se rapporte apparemment à un sujet plein d'incertitude, puisqu'il s'agit de "l'avenir"... car le dictionnaire dit bien que les Prophètes sont des personnes qui prédisent l'avenir, et il donne en exemples les Prophètes des trois religions dites monothéistes : Isaïe, Jésus et Mahomet...

   Le problème est que, "précisément", les Prophètes ...ne prédisent pas l'avenir... Il y en a eu beaucoup dans l'Orient antique, sous divers noms, qu'il s'agisse des Mages de la Mésopotamie (qui n'étaient pas des rois...), des prêtres égyptiens (en particulier la puissante caste d'Amon qui s'opposa au monothéîsme d'Akhénaton...)  ou des prophètes hébreux (Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, Amos, Osée, Malachie...) les plus connus grâce au témoigage écrit de la Bible sur leur activité... Or cette activité ne consistait pas à "prédire", mais à parler "au nom de Dieu" : ils annonçaient les pires malheurs si le peuple d'Israël se conduisait mal, mais inversement ils vantaient la bonté de Yahvé si le peuple revenait à Lui :

   Isaïe 1-25 "La colère de Yahvé s'est enflammée contre son peuple. Il lève la main contre lui pour  le frapper"..

   Osée 7-13 "Malheur à eux parce qu'ils ont fui loin de moi"...

   Jérémie 31-3 "De nouveau, tu vas rebâtir, Vierge d'Israël"...

   Plus tard, il y aura Jésus le "Messie" (c'est-à-dire l'envoyé :"oint du Seigneur"), qui annoncera le Royaume de Dieu :

   Luc 9-27 "C'est certain : quelques-uns parmi ceux qui sont ici ne goûteront pas à la mort avant qu'ils aient vu le Royaume de Dieu" (texte similaire Marc 9-1 et Matthieu 16-28)

   Mais les 1ères communautés chrétiennes l'attendront vainement et se résoudront à le préparer seulement par la création de l'Eglise...

   Quant à Mahomet, il sera lui aussi proclamé Prophète, mais ce n'est pas une caricature de dire que son annonce du Paradis est une promesse et non une prédiction...

   Pour autant, on ne peut pas dire que la prédiction de l'avenir n'a jamais existé... Car elle est présente dès le début de l'humanité, avec la pratique lointaine et occulte du "chamanisme", dont on a encore l'écho dans les peuples primitifs de la Nouvelle-Guinée ou du Brésil... Elle est aussi pratiquée chez les Grecs, avec les "oracles" de la Pythie de Delphes, et chez les Romains avec les "présages"des augures ou aruspices... Et dans l'Europe médiévale, subsistent des "devins" et des sorciers considérés par l'Eglise comme des suppôts du Diable et persécutés... Ensuite, il y aura Nostradamus au 16° siècle, dont les quatrains obscurs donneront lieu - toujours après coup...- à toutes sortes d'interprétations... Et encore le Comte de Saint-Germain et Cagliostro au 18° siècle...(la liste n'est pas exhaustive...). Les historiens soulignent qu'auprès des "Grands" de ce monde - de Catherine de Médicis à...Mitterrand en passant par ...Staline - il y a eu très souvent des conseillers "occultes"... D'ailleurs, à notre époque de science triomphante, on n'a jamais eu autant "d'officines" pour annoncer l'avenir par tous les moyens : cartomancie (cartes), chiromancie (main), oniromancie (rêve), géomancie (sol), lécanomancie (dessin) etc... sans oublier les "sectes" : scientologie, raëliens, fraternité des druides, etc... Et l'Eglise elle-même a eu des "visionnaires", même si elle souligne que leur témoignage n'est pas indispensable à la foi : Saint Rémi, Sainte-Odile, Hildegarde de Bingen, Catherine Emmerich, etc... mais aussi les "apparitions" (surtout mariales), où généralement les hommes sont mis en garde contre des catastrophes futures, à l'image des Prophètes hébreux d'autrefois... Et plus prosaïquement, le "bon peuple" évoque encore volontiers les "prophètes de malheur" ou les "diseuses de bonne aventure"...

   Bien sûr, il y a parfois des "prédictions" qui ont été réalisées : la chute de l'Assyrie par le Prophète Nahum, le meurtre de César par un augure romain, la Révolution de 1830 par Catherine Labouré... Mais le contexte de l'époque rendait ces événements "prévisibles"... et, en contrepartie, combien de "prophéties" n'ont pas été réalisées (heureusement...)...Il y a même des cas où la prédiction est faite après coup : ainsi les Evangélistes prêtent à Jésus l'annonce de la destruction de Jérusalem dans leurs textes écrits après cet événement (70)...  Tout cela relève souvent d'un mélange entre calcul de probabilité et manipulation...

 

    En conclusion, il faut reconnaître honnêtement que les hommes n'ont jamais été sûrs de rien...   Ceux qui croient en la "vie éternelle" après la mort reconnaissent que c'est un sujet d'inquiétude... Et  ceux qui "croient "au  "néant" après la vie terrestre ne sont pas rassurés pour autant, certains allant même jusqu'à se faire enterrer "chrétiennement"...au cas où... D'ailleurs, serait-il bon de connaître l'avenir ?... Car l'avenir est, par définition, "intangible" ...et, s'il était connu, où serait la "liberté" des hommes ?...

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7 février 2006 2 07 /02 /février /2006 18:45

   Un humoriste a pu écrire que le plus grand cimetière de France n'était pas le cimetière du Père-Lachaise mais le cimetière des lois... Le journal La Croix du 4 Février 2006, inspiré par un rapport du Sénat de Décembre 2005, en porte témoignage dans un article intitulé : "Un mal français : 222 lois inachevées depuis 1981"...

   Le problème n'est pas nouveau, car la France est certainement le pays ayant accumulé le plus de "lois" au sens générique du terme, qu'il s'agisse en effet de dispositions législatives, d'ordonnances, d'édits, de sénatus-consultes, de décrets et de réglements divers, depuis qu'elle est un "Etat de droit"... Or une minorité seulement de ces textes innombrables a été abrogée, comme les lois de l'Ancien Régime ou celles de régimes honnis comme celui de Vichy... même s'il en reste qui ont conservé une importance exemplaire, comme l'Edit de Villers-Cotterets du 5 août 1539 instituant le français comme "langage maternel" ou encore la loi du 12 avril 1941 consacrant le 1er mai comme "la fête du travail et de la concorde sociale"... Inversement,en effet, une autre minorité de lois est encore appliquée, comme celles de la Révolution et de l'Empire - plusieurs fois amendées - qui règlent l'organisation administrative... Mais la plupart sont tombées en désuétude...

   Certaines lois sont même "mort-nées", en ce sens qu'elles ont été votées ou décidées, mais n'ont jamais fait l'objet de textes d'application nécessaires à leur mise en oeuvre. Et ceci pour diverses raisons :

   1. La 1ère raison est "l'alternance politique" : une nouvelle majorité oublie délibérément ce que la précédente a voté. L'exemple donné par le Sénat est la loi du 14 avril 1997 - donc de "droite" - relative à l'immigration et imposant à ceux qui hébergent des étrangers de signaler à la mairie leur départ, loi qui n'a  pas survécu au retour suivant de la "gauche" au pouvoir...

   2. La 2ème raison est "la lenteur de l'administration", qui est loin de manifester un empressement particulier à l'application de lois dérangant les habitudes, voire n'ayant pas l'approbation de ses "experts". Le Sénat donne l'exemple de la loi du 20 avril 2005 créant un Conseil des prélévements obligatoires, non appliqué en raison de la résistance au moins passive des fonctionnaires à admettre l'entrée de représentants de la "société civile" dans un Conseil dont ils étaient les membres exclusifs.

   3. La 3ème raison est "la complication des procédures", car une administration même empressée doit parfois se livrer à un véritable "parcours d'obstacles". A nouveau le Sénat donne un exemple pour un décret sur la Santé : consultation interne des diverses directions du Ministère, validation par le Cabinet, consultation des syndicats et partenaires, retour au Cabinet, consultation des autres Ministères concernés, avis du Conseil de l'Ordre des Médecins, sans compter le ballet ultime des signatures. Délai total : du 15 juillet 2004 au 15 août 2005, soit 13 mois...

   Dans ces conditions, il n'y a pas lieu de s'étonner des statistiques législatives :

   - Depuis juin 1981 : 1360 lois votées , mais parmi elles 222 lois en attente de textes d'application, dont 34 ne seraient pas applicables, simplement parce qu'entre temps la loi est devenue obsolète...

   - Entre le 1er octobre 2004 et le 30 septembre 2005 : 48 lois votées, dont 3 applicables seulement et 17 non applicables...

   Un tel "enterrement" - provisoire ou définitif - de l'activité législative ne peut pas durer, car il est à la limite une négation - tournant au ridicule - de la "volonté populaire"... Tout est affaire de volonté en effet : ainsi Mme Aubry, lors de sa 1ère loi sur les 35 h avait fait préparer les décrets d'application avant la promulgation de la loi... Certains penseront que, dans ce cas, on aurait justement pu attendre... Mais cela prouve au moins qu'une réforme est possible si on s'en donne les moyens :

   a. d'abord réduire le nombre des lois, en écartant toutes les initiatives de circonstance

   b. ensuite simplifier le contenu des lois, en reportant sur les décrets d'application les mesures spécifiques

   c. enfin, préparer les décrets d'application avant le vote de toute loi, afin d'éclairer les parlementaires et d'accélérer sa mise en oeuvre

   Montesquieu, auteur de "L'esprit des Lois" (au titre toujours approprié) disait déjà : "Les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires"... Il reste donc à faire maintenant des propositions audacieuses...

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