Réflexions sur l'actualité en tous genres.
A nouveau, le problème de la retraite refait surface en France ...Façon de parler, d'ailleurs, car il n'a jamais cessé d'être d'actualité, en raison du vieillissement global de la population résultant à la fois de la prolongation de l'espérance de vie - passée en moyenne de 25 ans en 1750 à 40 en 1850, 50 en 1900, 65 en 1950 et 80 en 2000 - et de la diminution relative de la natalité - passée du taux d'au moins 3 /1000 à environ 2 en 2000 après une baisse à environ 1,9 vers 1975, ce qui lui permet d'assurer le renouvellement nécessaire des générations, contrairement à certains pays occidentaux comme l'Allemagne...
En fait, le problème de de la retraite est moins un problème démographique qu'un problème financier lié au système de répartition en usage essentiellement dans le domaine public...En effet le déficit de cesse de se creuser depuis presque un demi-siècle entre l'apport des cotisations des actifs, dont le pourcentage diminue dans la population, et la dépense nécessaire pour le paiement des pensions pour les retraités dont, au contraire, le pourcentage augmente ...Et ceci en dépit des premières réformes effectuées par les gouvernements successifs, qu'ils soient en l'occurrence de droite ou de gauche : prolongation de l'âge de la retraite de 60 à 62 ans, augmentation de la durée requise de 37 ans et demi à 43 ans pour une pension à taux plein, création de la Contribution Sociale Généralisée (CSG) et de l'Indemnité Spéciale Forfaitaire (ISF), accroissement du taux des cotisations ...Car il apparaît actuellement - ce qui était prévisible - que cela ne suffit pas, et qu'il faudra 7,3 milliards d'€ par an jusqu'à l'horizon 2020 ...Et comme la France n'a pas de pétrole ...et n'a pas d'idées non plus - puisqu'elle exclut pour des raisons écologiques l'exploitation de ses réserves non négligeables de gaz de schiste, que les énergies dites nouvelles -comme les éoliennes - restent marginales, et qu'elle ne peut pas mettre le Qatar à toutes les sauces, ...il faut bien trouver des ressources quelque part...
Pour certains esprits simplistes, "il n'y a qu'à " faire payer les riches ...Certes un effort peut leur être demandé, mais il aura des limites et ne pourra suffire, et il pourrait même, en cas de charges excessives, compromettre les ré-investissements nécessaires, en l'absence ou l'insuffisance desquels le chômage ne pourrait que s'aggraver ...et le déficit s'accroître ...Dans ces conditions, quelles autres solutions trouver ?... Les pistes ne sont pas nombreuses : augmenter les cotisations des actifs et la Contribution Sociale Généralisée, mais cela ne peut que diminuer leur pouvoir d'achat ...Ce qui conduit, faute de pouvoir compter beaucoup sur les actifs et les entreprises, à compter sur un autre gisement jusque là plutôt préservé : les retraités ...Mais oui, mais c'est bien sûr, comme disait autrefois le regretté comédien Raymond Souplex ...Car les experts "découvrent" qu'en dépit de l'abattement initial sur leurs anciens salaires d'actifs les retraités ont "en moyenne" (malgré une grande disparité) 1913 € par mois, contre 2005 € pour les actifs, et que 80 % d'entre eux sont propriétaires ou accédants à la propriété (sans considération des efforts faits pour le devenir) ...Alors "il n'y a qu'à " les mettre à contribution ...Peu importe que, dans le système de répartition, le paiement des pensions ne soit qu'une restitution des cotisations payées du temps de l'activité et qu'il ne devient abusif que si les retraités ont le manque d'esprit civique de ne mourir qu'à 80 ou 90 ans, voire davantage ...Peu importe aussi que les retraités aident souvent leurs enfants quand ils sont (de plus en plus nombreux) au chômage ou qu'ils ont des salaires insuffisants ...Bref, les Français étaient en droit d'espérer que leurs problèmes en matière de retraite seraient pris en considération, et qu'une réforme des retraites serait mise en place dans le cadre d'une concertation où toutes les catégories concernées auraient fait les concessions nécessaires, même au prix d'âpres discussions, afin d'éviter la "banqueroute" et en tout état de cause la sanction de la Commission européenne ...François Hollande, avant d'être Président de la République, l'avait promis dans le 18ème de ses 60 engagements, une négociation devant d'engager dès l'été 2012...
Au lieu de cela, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, sous l'autorité du Président François Hollande, ne propose seulement à l'été 2013 qu'une réforme au rabais ...Pas de réunification générale du système et maintien des différences entre le Public et le Privé, avec ses régimes spéciaux inégalitaires ...Pas de relèvement de l'âge de départ à la retraite au delà de 62 ans, contrairement à de nombreux pays dépassant parfois 65 ans, sous le prétexte contestable de ne pas aggraver le chômage (les emplois de fin de carrière n'étant pas le plus souvent identiques à ceux du début) ...Par contre, imposition à tous les niveaux : hausse des cotisations pour les actifs et leurs employeurs dans tous les régimes, et comme cela ne suffit pas, on taxe délibérément les retraités : d'abord en alignant leur CSG jusqu'à présent de 6,6 % sur les 7,5 % des actifs, puis report de la revalorisation annuelle des pensions du 1er avril au 1er octobre 2013, fiscalisation de la majoration de 10 % des parents de 3 enfants et plus ...L'objectivité commande de souligner néanmoins qu'il y a quelques éléments positifs, comme une meilleure prise en compte des trimestres d'interruption pour congés de maternité, ainsi que pour les temps partiels, et aussi la possibilité de rachat des périodes d'études supérieures jusqu'à 12 trimestres pour les jeunes ainsi que pour les périodes d'apprentissage, et la modification du mode de calcul des pensions de ceux ayant appartenu à des régimes différents (les "polypensionnés") ...Mais cela ne fait pas une grande réforme ...C'est une fois de plus de la part de "Flamby" la stratégie de l'évitement...
En clair, la montagne a accouché d'une souris, et la seule chose importante à retenir est qu'il faudra passer à la caisse...