Réflexions sur l'actualité en tous genres.
Autant qu'on puisse en juger par les témoignages de l'Histoire, l'intolérance est une caractéristique sans cesse renaissante des sociétés humaines, dans la mesure où celles-ci supportent difficilement, voire persécutent et font même parfois disparaître ceux qui ne respectent pas les règles qu'elles ont établies ...C'est ainsi que Jésus-Christ a été crucifié pour avoir enfreint la Loi juive, ...avant que l'Eglise chrétienne elle-même devenue dominante persécute à son tour les juifs ...et, plus tard, les "protestants" dans les Guerres de Religion ...Il faut attendre Henri IV en France pour parvenir à une politique de tolérance, d'ailleurs relative, avec l'Edit de Nantes (1598), qui fut certainement une des causes de son assassinat (1610) et fut si peu respecté que Louis XIV, après des persécutions - les "dragonnades" - prononça sa révocation (1685) ...Et, au 18ème siècle, se produit une nouvelle inversion : cette fois, ce sont les "Philosophes" qui combattent l'Eglise (Voltaire : "Ecrasons l'infâme"), avant que la Révolution de 1789 ne s'en prenne au Clergé ...Napoléon 1er a beau imposer la paix religieuse par le Concordat (1801), "l'Union du Trône et de l'Autel" profitera à nouveau à l'Eglise, jusqu'à ce que la Loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat (1905) par la "gauche" radicale ne lui retire ce rôle, loi toujours en vigueur même si elle a été élargie aux autres cultes et a été amendée par la Loi Debré (1959) accordant la possibilité de subventions publiques à l'école dite "libre" ...Après tant de tergiversations, on pouvait espérer que la paix des consciences serait définitivement assurée, et ceci d'autant plus qu'en raison de "l'individualisation" des croyances, l'influence de l'Eglise a reculé...
Dans ces conditions, on ne peut qu'être consterné par la déclaration du Ministre de l'Education Nationale Vincent Peillon s'en prenant au Secrétaire de l'Enseignement catholique Eric de Labarre qui avait adressé le 12 décembre 2012 une lettre aux 8500 chefs d'établissement de son obédience leur demandant de "prendre les initiatives qui leur paraîtraient les plus appropriées pour permettre à chacun l'exercice d'une liberté éclairée", ce qui n'avait rien d'excessif de la part d'un organisme proche de l'Eglise attachée au dogme la la famille traditionnelle comprenant le père, la mère et les enfants ...En effet, le Ministre, "faisant appel à la retenue et à la neutralité au sein de tous les établissements" a cru devoir recommander "la plus grande vigilance à l'égard des conditions du débat légitime qui entoure le mariage pour tous ...notamment dans les établissements privés sous contrat d'association. Le caractère propre de ces établissementsne saurait leur permettre de déroger au strict respect de tous les individus"...En clair, sous prétexte de "neutralité", il laisse entendre que critiquer le "mariage pour tous" revient à faire le lit de 'l'homophobie", et que, comme celle-ci est un délit, tout "critique" est un "délinquant" en puissance, ...ce qui est d'autant plus injuste que les organisateurs d'une manifestation prévue le 13 janvier 2013 contre le "mariage pour tous" se sont clairement opposés à toute "homophobie", sachant pertinemment que l'homosexualité a toujours existé et s'étant désolidarisés des groupes minoritaires persistant dans un condamnation de cette pratique ...Cette attitude du Ministre est d'autant plus surprenante qu'il avait lui-même auparavant appelé à la ré-introduction d'une "morale à l'école" pour "contribuer à former la conscience des futurs citoyens" ...La liberté de conscience est-elle le seul apanage de la laïcité ? Celle-ci est-elle pour le Ministre re-devenue une "anti-morale religieuse", alors qu'elle est au contraire l'ouverture à toutes les opinions et croyances sans discrimination ?...
Est-ce ainsi que le gouvernement, et le Ministre de l'Education Nationale en son nom, va parvenir à "rassembler tous les Français", comme l'avait proclamé avec justesse François Hollande, après son élection à la Présidence de la République ?...