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" C'est au pied du mur qu'on voit le maçon" ...dit le dicton populaire ...Et il convient donc de ne pas porter de jugement préalable sur l'action du nouveau Président de la République François Hollande ...Mais il est déjà possible de s'interroger sur les intentions qu'il a exprimées dans ses "60 engagements pour la France", ainsi que sur les premiers signes de leur application.
Ses intentions, François Hollande ne les a pas réitérées dans son discours d'investiture, où il a surtout souligné les difficultés qu'il doit "maintenant" affronter - le "poids des contraintes", la "dette massive", une "croissance faible", un "chômage élevé"... - comme s'il voulait prévenir les Français que ses promesses étaient remises à plus tard, c'est-à-dire au mieux au terme de son mandat de 5 ans ...Par contre, il s'est appesanti sur sa conception du rôle de Président, où il s'est présenté comme l'image inversée de celle qu'il attribue à son prédécesseur Nicolas Sarkozy : refus de l'omni-présidence, simplicité, continuité, respect du Parlement, sauvegarde de la justice ...Il est d'ailleurs significatif que, citant - comme un juge - l'action des anciens Présidents de la 5ème République, en particulier celle du Général De Gaulle, il n'ait pas reconnu, ne serait-ce que par simple civilité, la moindre qualité à son prédécesseur Nicolas Sarkozy, qui avait au moins eu le mérite de limiter pour la France les effets d'une grave crise économique ..."Apaisement, réconciliation, rassemblement", a plaidé le nouveau Président François Hollande ...Il ne suffit pas de le vouloir ...Il faut en convaincre les Français qui ne l'avaient pas choisi ...et même certains membres de son propre camp ...
Les premiers signes, ils apparaissent dans la formation du nouveau gouvernement ...A ce titre, le choix de Jean-Marc Ayrault comme Premier Ministre apparaît pertinente, car celui-ci n'est pas seulement un ami de longue date de François Hollande, il est surtout une personnalité modérée, ayant fait ses preuves de "chef d'équipe" - à la fois conciliateur et pugnace - comme Maire de Nantes et Président du groupe socialiste de l'Assemblée, et sa valeur est reconnue au-delà de son propre parti, puisque François Fillon, qui l'a connu naguère dans la Région des Pays de Loire, affime lui-même "qu'il fera un bon Premier Ministre" ...Encore faut-il qu'il soit bien entouré, et les difficultés ayant marqué - et retardé - la formation du Ministère sont plutôt de mauvais augure ...Il lui a fallu en effet intégrer de nombreux paramètres : d'abord le principe de la "parité hommes-femmes" proclamé par le Président Hollande, mais d'application malaisée dans la mesure où, à l'inverse des hommes en nombre pléthorique, il y avait peu de femmes "expérimentées" ...Ensuite le "dosage" entre les composantes de la majorité présidentielle, c'est-à-dire faire une place aux partis alliés, même très minoritaires avec Christiane Taubira (radicale) nommée au poste régalien de la Justice, et Cécile Duflot (écologie...) nommée ...à "l'Egalité des territoires et au logement" ...Et bien entendu aussi satisfaire les appétits des socialistes eux-mêmes, en tenant compte du refus de Martine Aubry, retirée sur son "Aventin" lillois, faute d'avoir été choisie comme Premier Ministre par François Hollande qu'elle avait combattu lors des primaires socialistes ...Pour autant, elle a obtenu un poste pour ses lieutenant François Lamy et Marylise Le Branchu ...Quant à Ségolène Royal, autre rivale exclue, elle place tout de même les inconnues Najat Belkacem et Delphine Batho ...Et l'aile gauche n'a pas été oubliée, avec Benoît Hamon, dont la présence peut rassurer le Front de Gauche de Jean-Luc Mélanchon, non invité (ou non candidat?...à la table minitérielle ...De surcroît, il a fallu faire attention à "l'ordre protocolaire", en accordant la 1ère place à Laurent Fabius, ancien Premier Ministre du temps de François Mitterrand, la seconde ayant échu à Vincent Peillon, un "fidèle" qui reçoit le Ministère de l'Education auquel Françoit Hollande a accordé la priorité pour la défense (?) de la jeunesse...Mais tous les fidèles n'ont pas été servis, même s'ils en avaient manifesté l'envie, comme Bertrand Delanoë, Maire de Paris, André Vallini, spécialiste de la Justice, ou encore François Rebsamen, qui visait l'Intérieur... Il y avait trop de candidats ...au point que la promesse d'un Ministère "restreint" n'a pas pu être tenue, puisqu'avec 34 ministres de plein exercice ou délégués, on dépasse les 32 ministres du gouvernement précédent de François Fillon ...Il est vrai qu'à côté des ministères "classiques" ( Affaires Etrangères, Justice, Intérieur, Culture, Travail, etc...), il y a des attributions ministérielles "secondaires", au titre plutôt "bizarre", comme le "Redressement productif", la "réussite éducative" ou "l'économie numérique" qui auraient pu être intégrées à moindres frais dans les ministères "classiques"...
Néanmoins, il faut convenir que ces manoeuvres politiques ne sont pas l'apanage de la seule "gauche", et que la "droite" a donné naguère des exemples comparables lors des présidences de Valéry Giscard d'Estaing, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy... Mais, avec le Président François Hollande, la "gauche" veut incarner la "vertu" - ce qui implique le contraire pour la "droite" - et, à ce titre, le Président Hollande a invité les membres du gouvernement à respecter une "Charte de déontologie" comportant l'exemplarité, la dignité et la sobriété, et à s'abstenir de toute déclaration personnelle contraire à la solidarité ministérielle ...Et il a décidé de diminuer de 30 % leur rémunération, passant de 14.200 € à 9.940 €, et de leur imposer de remettre aux Domaines tout cadeau d'une valeur supérieure à 150 €, mesures assurément positives mais seulement symboliques, car elles ne suffiront pas à éponger la dette publique ...Sans persifler, il est permis de sourire !...
...Car "c'est au pied du mur qu'on voit le maçon", ...et, pour être franc, il convient d'attendre la construction de l'édifice ...Les Français la permettront-ils à l'occasion des prochaines élections législatives de juin 2012 ?...Certes, la majorité législative a toujours confirmé la majorité présidentielle depuis le couplage des deux élections (1995, 2002, 2007), ...mais le passé, même récent, ne peut pas donner une certitude absolue pour l'avenir, alors que la "gauche" ne l'a emporté sur la "droite" que par 51,26 % aux élections présidentielles ...Et est-ce si important ? ...La France n'en est pas à la première alternance entre la "gauche" et la "droite", et elle n'en continue pas moins son chemin...