Réflexions sur l'actualité en tous genres.
La France s'est retirée de ses colonies en Afrique noire depuis les années 1960, mais elle y a conservé une grande influence en raison de la persistance des rapports politiques, de l'importance des échanges économiques, de l'usage de la langue française, et du prestige de la civilisation qu'elle y représente ...Ce prestige explique d'ailleurs le maintien de résidents français en nombre relativement important - environ 100.000 pour l'ensemble des anciens pays de l'AOF et de l'AEF qui s'échelonnent du Sénégal au Congo - alors que les français ne se sont jamais beaucoup expatriés au cours de leur expansion dans le monde...
Cette situation a deux conséquences pour les relations de la France avec ces pays :
- d'une part, ce sont aux Français que ces pays font appel quand ils ont des difficultés ...Déjà les Français étaient intervenus successivement au Congo (1964), Tchad (1978), Centrrafrique (1979), Togo (1986), Cameroun (1997), Côte d'Ivoire (2004), Djibouti (2008) ...Cette fois, c'est le Mali qui les a appelés, parce que les responsables ce ce pays ont jugé qu'ils étaient les plus aptes à faire barrage au danger des musulmans intégristes sans remettre en cause leur indépendance ...Et c'est d'ailleurs un paradoxe qu'une tellle intervention - écartée en avril 2012 par Alain Juppé, alors Ministre des Affaires étrangères du Président Sarkozy - ait été finalement réalisée par Laurent Fabius, son successeur sous l'autorité de François Hollande, qui avait promis dans ses 60 engagements de respecter "le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes" et avait retiré les troupes françaises de l'Afghanistan...
- d'autre part, et en contrepartie, cette préférence accordée à la France expose ses ressortissants présents dans ces pays au chantage des musulmans intégristes, qu'il s'agisse d'être pris en otages, comme cela a été le cas à la frontière entre le Mali et le sud saharien de l'Algérie (Tessalit) et comme cela l'est maintenant au nord du Cameroun, ...ou qu'il s'agisse de menaces d'attentats en France même ...Il apparaît en effet que pour ces intégristes, les Français ont une forte "valeur marchande", supérieure même à celle des Américains peu pressés d'intervenir en Afrique Noire - en dehors de matériels d'acheminement - estimant que celle-ci est le domaine d'influence de la France...
Alors, que faire ?...Ne pas céder au chantage des intégristes, et exposer ainsi les otages à une exécution possible - dont ils ont déjà donné des exemples - comme semble le vouloir le Président Hollande, soucieux de conserver la stature de "chef de guerre" que lui a conférée l'intervention militaire au Mali ...Ou accepter de leur verser la rançon demandée en permettant ainsi le renforcement de leur armement, ...quitte à prendre ensuite, dans le cadre international et avec la caution de l'ONU et de l'OEA (Organisation des Etats Africains), toute disposition pour les anéantir, comme l'avaient fait finalement les Américains en Afghanistan avec Ben Laden ...La question est posée, mais la réponse est difficile ...Est-ce une fatalité que toute médaille ait son revers, et que la France doive payer en contrepartie de son prestige ?...