Réflexions sur l'actualité en tous genres.
Il fut un temps où le Général De Gaulle, comme Clémenceau en 1914, personnifia la France au point que, en 1940, tandis qu'une majorité de Français se laissait aller dans les bras du Maréchal Pétain "qui avait fait à la France le don de sa personne", il fut une des rares personnalités à défendre son honneur en affirmant, lors de son Appel du 18 juin, que "la France avait perdu une bataille, mais n'avait pas perdu la guerre" ...Et d'ailleurs, quand on lui avait demandé pour cet Appel, de faire un essai de voix, il n'avait prononcé que deux mots : "la France" ...une France que, plus tard,lors de la Libération de Paris en 1944, il qualifiera dans son discours à l'Hôtel de ville de "France éternelle"...
Qu'en est-il maintenant de la France, un siècle après le début de la Guerre 1914-1918 et 70 ans après la libération de Paris ? ...La revue Figaro-Magazine du 26 avril 2014 publie à ce titre des éléments intéressants :
- D'abord la population s'est accrue et renouvelée de telle sorte qu'une majorité des habitants n'a connu ni la Guerre 1939-1945 ni, bien entendu, la Guerre 1914-1918 ...Elle s'est accrue, passant de 41,6 millions à 65,8, soit plus de 60 %, et ceci en dépit des saignées humaines dues aux deux guerres et aux guerres coloniales, ainsi qu'à la baisse de la fécondité n'assurant plus, avec environ 1,9, un accroissement naturel... L'augmentation ne peut donc s'expliquer que par une forte immigration, notamment à partir de l'Afrique, la France étant restée à ce titre une terre d'accueil ...Les Français ne sont donc plus tout-à-fait les "Franchouillards" d'autrefois ...Par ailleurs, la population a vieilli, cette fois en raison des progrès ayant permis la hausse de l'âge de la mortalité : les "plus de 65 ans" sont passés de 8,5 % en 1914 à 17,7 % en 2014, soit le double...
- L'économie a également beaucoup changé, à en juger par le changement de répartition entre les trois types fondamentaux d'activité :
. Agriculture 39 % population active 1914 2% 2014
. Industrie 31 % " 19 % "
. Tertiaire 30 % " 79 % "
Donc les campagnes se sont vidées, l'industrie a reculé (moins de manifestations ouvrières) et le tertiaire a fait un bond (même s'il s'agit en majorité de "petit" personnel)...
- La communication, sous toutes ses formes, s'est modifiée ...Le transport à cheval est résiduel ...Le chemin de fer a perdu de son importance, même s'il s'est concentré sur des lignes à grande vitesse (TGV) ou les lignes d'intérêt local (TER) ...Par contre, les voitures se sont multipliées de façon exponentielle, passant de 107.535 à 38.100.000 ...Et les relations personnelles ont changé de nature, puisque le nombre annuel des cartes postales est passé de 1.500.000 à 800.000 - soit une diminution de moitié - tandis que les entretiens téléphoniques montaient de 230.000 à 100.000.000 sur le "fixe", en fait incalculablement plus en raison de la banalisation du portable et d'internet...
- Quant à l'éducation, même si l'instruction primaire avait été progressivement généralisée dès 1914 en application des lois de Jules Ferry de 1881, le nombre des bacheliers de l'enseignement secondaire restait alors confidentiel avec 7600 par an, alors qu'il est passé en 2014 à 567.000 ...Il est vrai que le taux actuel de réussite entre 80 et 90 % contre environ 66% en 1914 laisse planer un doute sur son niveau, obligeant l'enseignement supérieur à faire une sélection, car il serait illusoire d'imaginer que l'intelligence des jeunes se soit accrue dans de telles proportions...
- Pour mémoire, on peut s'amuser à relever que la consommation de pain est passée par jour de 600 grammes à 130 grammes (on n'en gagne plus tellement à la sueur de son front...), tandis que celle du vin passait de 4,4 décilitres à 1,6 (l'alcool ne tue plus tellement...) ...Il est vrai que celle de la viande est passée de 82 grammes à 238 grammes (et on ne peut même pas dire qu'on a mangé du cheval pour un travail plus efficace, puisque la consommation de viande de cheval a reculé, en rapport avec sa plus faible utilisation pour les transports ou les labours)...
Non ...la France n'est plus la même de 1914 à 2014 ...même si elle est toujours dans son célèbre hexagone ...et si on y parle toujours le français, du moins encore, malgré des tentatives jusqu'à présent vaines de réviser "l'ortograf" et la "gramère"...