Réflexions sur l'actualité en tous genres.
La crise financière qui perturbe actuellement le monde a au moins le mérite de révéler l'incertitude des théories économiques, puisque les partisans du "libéralisme" - et premier lieu les Etats-Unis - ne trouvent pas d'autre solution à leurs difficultés que de recourir à l'intervention de l'autorité politique, autrement dit à "l'étatisme"...
Finance, économie, autorité politique ...Ce ne serait qu'un jeu de "chaises musicales", s'il s'agissait d'une symphonie ...Malheureusement les avis divergent à leur propos, au point de ne faire entendre qu'une cacophonie ...Il est donc nécessaire de mettre de l'ordre ou du moins de le rechercher dans les éléments de ce jeu :
- Une analyse historique, même sommaire, montre que l'élément fondamental - au sens étymologique - est l'autorité politique. Qu'il s'agisse en France du colbertisme sous Louis XIV et du blocus continental de Napoléon 1er, ou des Empires coloniaux jusqu'au milieu du 20ème siècle, l'économie a été dépendante des Etats qui lui ont toujours fixé le cadre de son développement...
- L'économie a néanmoins dans ce cadre ses règles propres de fonctionnement, reposant sur la production, le commerce et la consommation qui se sont mis en place progressivement à partir des formes initiales de l'autarcie et du troc ...Les échanges ainsi réalisés ont engendré l'utilisation de la monnaie, c'est-à-dire d'un instrument qui, sous diverses formes - or, papier fiduciaire ...jusqu'à l'informatique virtuelle, a servi de régulateur entre l'offre et la demande, justifiant la hausse ou la baisse des prix...
- Mais la monnaie, dont le volume devrait normalement suivre l'évolution de l'économie, a donné lieu à des spéculations, c'est-à-dire à des calculs anticipant sur un progrès des bénéfices sans référence directe avec la production et la consommation ...Et c'est ainsi que des "bulles" ont pu grossir sans garantie matérielle, jusqu'au moment où elles ont éclaté ...Le plus souvent, il s'agit de mouvements limités des valeurs dans les diverses Bourses du monde (Londres, New-York, Paris, Tokyo ...) affectant certains secteurs ou certains produits en fonction des circonstances (exemple récent du prix du pétrole ou des céréales) ...Mais parfois le déséquilibre est tel qu'il donne lieu à une crise généralisée, comme celle de 1929...
- Néanmoins la crise de septembre 2008 n'est pas identique à celle de 1929, bien qu'elle ait la même origine dans les Etats-Unis en raison de l'utilisation généralisée du crédit... En effet, la crise de 1929 s'était étendue au monde - ou du moins au "monde occidental" - parce que celui-ci était dominé par la pratique du libéralisme et que les Etats n'étaient pas armés pour corriger ses excès et s'étaient seulement préoccupés de traiter les conséquences sociales (aide aux plus déshérités, lutte contre le chômage) ...En septembre 2008, la spéculation s'était amplifiée depuis plusieurs années malgré le ralentissement de la croissance et les avertissements de techniciens avertis (1) et avait pris des proportions inconsidérées : les "traders" spécialisés dans les opérations boursières jouaient avec le feu, inventant toutes sortes de pratiques - rachat de créances, paris sur l'évolution des cours, etc - censées "doper le marché" (2)... Et ceci notamment aux Etats-Unis, où la FED (Réserve Fédérale) a non seulement pas joué son rôle de régulateur, mais aggravé la situation en laissant les banques proposer des emprunts pour l'achat de biens immobiliers à des gens sans ressources réelles misant de façon illusoire sur la croissance pour le remboursement de leurs traites (affaire des "subprimes")...
- Alors on a vu les Etats, c'est-à-dire l'autorité politique, effrayés par le spectre d'un blocage de l'économie - résultant de la restriction brutale du crédit - et de l'émergence de difficultés sociales -déjà latentes avec l'affaiblissement du pouvoir d'achat - intervenir massivement pour redonner des "liquidités" à l'économie, c'est-à-dire "remettre de l'essence dans le moteur"...soit en nationalisant "de facto" des banques ou des compagnies d'assurances, soit en leur "avançant" des prêts massifs (Washigton Mutual aux Etats-Unis, Fortis au Bénélux, Bradford en Angleterre, Wachovia en Pologne, Hyporeal en Allemagne, Deixa en France en raison de ses investissements dans les finances locales, etc...). Bref, on assiste à la rentrée en force de "l'étatisme"...
Est-ce à dire pour autant que les Etats doivent maintenant prendre ou reprendre la direction de l'économie, au niveau national comme au niveau international ?... Certainement pas , car on sait par expérience ce qu'a donné dans un passé encore récent l'intervention "étatique" dans l'économie, qu'il s'agisse de l'économie "planifiée" de l'ex-URSS entre 1917 et 1989...ou des "nationalisations" en France entre 1981 et 1990 ... Cependant, "Il serait opportun que les puissances publiques, relégitimées, ne se contentent pas de colmater les brèches. Il leur appartient de pousser l'avantage, non pour règler son compte au marché, car il est utile à l'économie, mais pour l'encadrer, assurer sa stabilité,, son efficacité et un minimum d'équité, car le mythe de l'auto-régulation ne tient plus. ...La politique a l'ONU, le commerce a l'OMC, pourquoi la finance n'aurait-elle pas son propre gendarme ?..." (3)
(1) En âoût 2008, l'un d'entre eux manifestait le souhait - non exaucé - de partir à la retraite avant que "le château de cartes ne s'écroule"...
(2) Fin 2007, la France a eu un bel exemple de la pratique des "traders" avec l'histoire de la perte de 5 milliards d'euros par la Société Générale...
(3) Citation de la conclusion d'un article de Paul Burel dans le journal Ouest-France du 30 septembre 2008...