Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
7 décembre 2006 4 07 /12 /décembre /2006 16:14

   S'il est un domaine où l'égalité doit être appliquée sans restriction, c'est bien celui de la santé... Tel est d'ailleurs le sens de célèbre Serment d'Hippocrate, ré-actualisé à l'article 109 du Code de Déontologie Médicale en 1995, et prescrivant de "respecter toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination suivant leur état et leurs convictions"... Tel était aussi le sens de la création de la Sécurité Sociale en 1945 - et de la législation postérieure - devant permettre à tous les citoyens l'accès aux soins...

   Malheureusement, divers indices montrent que cette égalité "théorique" est de moins en moins respectée dans la "pratique" :

   - Déjà, chacun peut constater que de nombreux médicaments ne sont plus remboursés par la Sécurité Sociale ou ne le sont plus qu'à un "taux réduit"... Et comme le prix des médicaments n'est plus "plafonné" s'ils sont en vente libre, leur coût augmente naturellement dans la seule limite des règles "officielles" de la concurrence... Bien sûr, l'argument d'un tel "déremboursement"est encore et toujours de réduire le déficit de la Sécurité Sociale, car il est bien plus facile de faire payer à des millions de gens modestes - notamment des personnes âgées en ayant le plus besoin - une médecine re-qualifiée "de confort"... que de procéder aux réformes de structure nécessaires...

   - Un Rapport de "l'accès aux soins" réalisé en 2005 par l'organisme des "Médecins du Monde" sur la santé des populations précaires, est également un motif d'inquiétude : il révèle en effet que le comportement des médecins généralistes lors des demandes de rendez-vous des "bénéficiaires des minima sociaux" aboutit à 37 % de refus à l'égard des patients relevant de l'AME (Aide Médicale de l'Etat) et à 10 % pour ceux relevant de la CMU (Couverture Maladie Universelle)... Le même rapport explique ce comportement - sans pour autant le justifier - par le fait que la formation initiale des étudiants en médecine ne donne pratiquement aucune place à la "santé publique" et notamment aux questions de précarité...

   - Diverses questions évoquées dans une actualité récente traduisent le même éloignement du principe de solidarité... Ainsi, lors d'un récent forum, un homme politique "éminent" n'a pas hésité à s'interroger sur la nécessité de "libérer" les hôpitaux de la charge matérielle et financière représentée par les malades incurables - surtout, mais pas seulement, des personnes âgées - en clair, à recommander l'euthanasie... Et à la fin d'octobre 2006, on s'est félicité de la mise au point d'un vaccin contre le cancer du col de l'utérus - qui est certes une grande victoire médicale, riche de promesses - mais on n'a pas insisté sur le fait que ce vaccin devra être pris en 3 doses au prix actuel de 145,94 Euros la dose - sans remboursement de la Sécurité Sociale - , autrement dit qu'il ne sera pas accessible à tous, et notamment "aux pauvres"...

   Dans ces conditions, d'ores et déjà, on peut parler de "médecine à deux vitesses"... Et comme le mal gagne aussi d'autres secteurs comme l'économie, l'éducation, le travail..., c'est finalement une "France à deux vitesses" qu'il faut évoquer, avec les risques d'explosion sociale qui peuvent en résulter...

Partager cet article
Repost0

commentaires

D
Vous avez raison de mettre les choses au point et de nuancer mon attitude un peu trop... "populiste" !<br /> Je considère néanmoins :<br /> - que les médecins ne peuvent pas refuser de soigner des malades insolvables (serment d'Hippocrate) pour un simple motif de paiement. Les malades n'ont pas à faire les frais de l'incurie du système de remboursement..<br /> - qu'il n'y avait pas lieu de faire un "coup médiatique" avec le vaccin contre le cancer de l'utérus, si les tests d'efficacité ne sont pas réalisés. Pourquoi alors est-il déjà mis en vente ?<br /> - qu'à ma connaissance l'industrie pharmaceutique n'est pas à plaindre, car elle figure parmi les entreprises ayant réalisé des profits historiques en 2005.
Répondre
J
Si des medecins refusent de recevoir des patients couvert par la Couverture Maladie Universelle, c'est tout simplement parce que le mécanisme de prise en charge financière de ces patients ne fonctionnement pas. L'Assurance Maladie, qui gère avec l'argent de mutuelles, ce mécanisme n'est tout simplement pas capable de fonctionner correctement! Le medecin qui se risque à examiner ces patients sait très bien qu'il y a de fortes chances de ne pas être payé du tout, ni par son patient ni par l'Asssurance Maladie ...Vous connaissez beaucoup de gens qui acceptent de travailler gratuitement? Moi, pas.Le vaccin anti-cancéreux en est à l'état des tests grandeurs nature. Sa mise en vente va permettre d'en tester l'efficacité réelle. Dans un tel contexte, l'Assurance Maladie n'a pas jugé utile de procéder à l'inscription de ce médicament sur la liste des produits qu'elle entend rembourser. C'est une attitude parfaitement responsable.Un fabricant de médicaments n'est pas obligé de solliciter que son produit soit remboursé. C'est notamment le cas si le prix de remboursement souhaité est trop élevé au regard des priorités de santé publique pour un produit dont l'efficacité réelle n'est pas encore prouvée ...Accepteriez vous que l'on augmente vos cotisations d'Assurance maladie pour en financer la couverture de remboursement? ...Si l'Assurance Maladie est en déficit, ce n'est évidemment pas à cause de la cherté des médicaments : c'est à cause du gouffre des hôpitaux publics qui ne veulent même pas entendre parler, pour certains d'entre eux, de la mise en place d'un système de mesure des coûts car ils savent bien qu'en matière d'efficacité ils sont loin, loin derrière les hôpitaux privés, lesquels ne demandent qu'une seule chose : la parité avec les hôpitaux publics dans le traitement administratif des dossiers.
Répondre