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9 juillet 2007 1 09 /07 /juillet /2007 23:01

   Qu'il s'agisse du domaine religieux ou du domaine laïc, et que l'on soit chrétien ou athée, il est toujours réjouissant de constater des efforts vers l'unité, dans un monde déchiré depuis des siècles par des divisions...

   En l'occurrence, le Pape Benoît XVI a décidé par un "motu proprio" publié le 7 juillet 2007 de "libéraliser" le Missel de Saint-Pie V, c'est-à-dire d'autoriser le retour à une liturgie pratiquée avant le Concile Vatican II, sans pour autant revenir sur les principes définis par celui-ci... Cela signifie qu'il tend une main "fraternelle" aux "traditionalistes" qui avaient naguère suivi Monseigneur Lefebvre, et le geste est d'autant plus significatif que Benoît XVI avait alors été, sous le nom de Cardinal Ratzinger, responsable de la Congrégation de la Foi à Rome, celui qui avait échoué en 1988 dans sa tentative d'empêcher la rupture...

   Cette volonté d'unité n'est pas nouvelle de la part de la Papauté : déjà Jean XXIII avait invité des représentants des églises séparées comme observateurs au Concile Vatican II, et Paul VI et Jean-Paul II avaient multiplié les initiatives "oecuméniques"... Le Pape Benoît XVI continue simplement dans la même voie, non sans courage et abnégation, car il s'expose à la fois aux rebuffades éventuelles des autres églises et aux récriminations de ses propres fidèles qui peuvent lui reprocher de rompre ainsi "l'unité" de l'Eglise catholique :

   - Pour une majorité de fidèles, il faut bien voir que cette mesure du Pape est interprétée de façon limitative comme un retour à la "messe en latin"... Et les discussions vont déjà bon train entre ceux qui considèrent que le latin utilisé depuis des siècles avant 1970 a toujours été un élément "d'unité" de l'Eglise, permettant de suivre la messe, quelle que soit la langue du pays, ... et ceux qui, au contraire, estiment que la messe est plus compréhensible et plus proche des fidèles dans leur propre langue... En fait ce problème de langage a toujours été superficiel, car l'essentiel est dans la liturgie elle-même... Et l'utilisation du langage est d'autant moins important qu'autrefois le Missel comportait à la fois le latin et la langue du pays, - le latin étant le plus souvent compréhensible à l'image de "Pater Noster", "qui es in caelis", "Peccata mundi", "Dominus vobiscum", "Et cum spiritu tuo", "Ite missa est" et bien entendu "Amen" !...

   - Plus importante est certainement la disposition matérielle prévue pour les offices, et notamment "l'orientation" du prêtre... En effet, dans la liturgie ancienne, le prêtre était tourné, comme les fidèles, vers le tabernacle au fond du choeur, c'est-à-dire vers ...Dieu. Or, dans la liturgie du Concile Vatican II, le prêtre est tourné vers ...les fidèles, ce qui a d'ailleurs entraîné le plus souvent la construction d'un nouvel autel où la prêtre tourne le dos au tabernacle, donnant ainsi la priorité à la "communion avec les fidèles"... Alors, le choix entre Dieu et les hommes ?...Tout un symbole !...

   - Enfin, pour les spécialistes du droit canon, la réhabilitation du Missel de Saint-Pie V - dit "Tridentin" - tient compte de la correction apportée par Jean XXIII en 1962 à la liturgie du Vendredi Saint, supprimant le terme latin "perfidis" qui désignait jusqu'alors les Juifs, non sans une connotation antisémite, bien que ce terme signifiât seulement "ne croyant pas à la messianité de Jésus"... Mais évidemment le texte ne peut aller plus loin, puisque les Chrétiens et les Juifs ne se rejoindront sur ce point qu'au jour du Jugement dernier, car seulement alors le Messie viendra pour les Juifs et reviendra pour les Chrétiens (la Parousie)...

   En attendant... et dans l'immédiat, il est déjà bien de rechercher une unité entre les chrétiens , et de le faire avec humilité, en n'imposant pas aux autres de renoncer à leurs convictions... Car l'unité n'est pas l'uniformité, une telle formule n'étant d'ailleurs pas limitée au seul domaine religieux...

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commentaires

J
Le plus étonnant, dans cette "querelle", c'est de voir que les plus acharnés hostiles au retour à la "messe en latin" sont probablement ceux qui ... ne vont jamais à la messe pour la bonne et simple raison qu'il ne croient pas en Dieu (mais ne veulent pas le dire).La sagesse recommande de laisser chacun vivre sa foi selon son désir. On finira bien par trouver un équilibre entre les diverses écoles ...
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