La vie terrestre de Jésus ne suscite pas l'ombre d'un doute pour les chrétiens pratiquants en raison même de leur foi (réf. le Credo : Je crois... en Jésus-Christ... qui a été crucifié, est mort...), mais elle continue à susciter des discussions parmi les historiens analysant les textes bibliques, à l'image du débat opposant actuellement Michel Onfray, auteur d'un"Traité d'Athéologie", à René Rémond, qui lui répond dans "Le christianisme en accusation" et "Le nouvel antichristianisme"...
Il est certain que beaucoup de "personnages" de la Bible, et notamment de l'Ancien Testament - Abraham, Jacob, Moïse... sans oublier Adam et Eve - apparaissent comme des "entités" dont il est impossible de prouver l'existence historique... Mais il faut reconnaître que ce n'est pas le cas de Jésus, dont l'existence a laissé des traces incontestables :
- D'abord, les Evangiles eux-mêmes qui, certes, n'ont pas été rédigés pour raconter toute la vie de Jésus, mais n'en apportent pas moins des témoignages de sa prédication et de son exécution sur la croix.
- Ensuite, les témoignages des contemporains, en particulier Flavius Josèphe, juif au nom romanisé, auteur des Antiquités juives", où il fait clairement allusion à Jean-Baptiste, Jésus et Jacques. On peut y ajouter des allusions disparates à "Chrestos" par des écrivains romains comme Tacite... ainsi que d'autres textes qui éclairent le message de Jésus - sans s'y confondre - comme certains Manuscrits de la Mer Morte ou des écrits rabbiniques contemporains...
Cependant, ces preuves de l'existence de Jésus ne parviennent pas toujours à vaincre le scepticisme dans la mesure où on a eu trop tendance depuis des siècles à considérer Jésus en fonction de l'importance qu'il a prise ultérieurement , et non à "l'aune" de son temps. Or Jésus a été peu connu "de son vivant" :
1. Il n'a laissé aucun écrit, et il n'y a pratiquement pas de souvenirs matériels de son passage sur terre, car il n'y a aucune certitude concernant les lieux qu'il a fréquentés... en-dehors du Golgotha et du Saint-Sépulcre...
2. Les Evangiles évoquent seulement sa naissance, la fuite en Egypte et la présentation au Temple, avant de passer directement à sa prédication. Il n'y a aucun témoignage de sa "jeunesse" , les histoires racontées par les textes apocryphes au 2° siècle n'étant pas fiables, même si elles ont été populaires, notamment au Moyen-Age...
- 3. La prédication de Jésus semble commencer alors qu'il a 29 ans, pratiquement dans la seule Galilée au nord de la Palestine, et comme les 3 premiers Evangiles - dits synoptiques - écrits seulement vers 80 , soit un demi-siècle plus tard, n'évoquent qu'une seule fête juive de Pâques, on peut penser qu'il est crucifié juste avant celle-ci, soit moins d'un an après le début de sa prédication, ce qui est peu pour se faire connaître... non seulement en Palestine, mais à fortiori dans le monde romain...
Il n'y a donc rien de choquant à affirmer que Jésus, "fils" de charpentier, n'appartenant pas à la "nomenklatura juive" de l'époque en Judée, a été finalement peu connu, sauf des foules le plus souvent pauvres de Galilée ( et encore... les siens ne croient pas en lui à Nazareth...). Mais il attire l'attention sur lui à son arrivée à Jérusalem (cf.les marchands du Temple) et il est alors perçu comme un agitateur dangereux par les prêtres juifs du Temple - "collaborationnistes" - qui le dénoncent aux Romains. Les fidèles de Jésus ne le défendent même pas, puisqu'ils s'égaillent pratiquement tous pour sauver leur vie (même Pierre le renie...), au point qu'on peut imaginer qu'alors -comme d'autres "prophètes" qui s'étaient déjà manifestés antérieurement et sans lendemain en cette époque "messianique" pour libérer le peuple juif - il aurait pu être oublié...
Car, finalement, c'est sur la croyance en la "résurrection" de Jésus et son annonce de l'arrivée du "Royaume de Dieu" que les premiers "nazaréens" appelés plus tard "chrétiens" vont amplifier et répandre son message, essentiellement auprès des "non-juifs", en particulier grâce au "converti" Paul, vértable fondateur du "christianisme"...Mais la "résurrection" de Jésus est affaire de foi, et elle échappe évidemment à toute analyse historique...