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5 juin 2006 1 05 /06 /juin /2006 16:24

   Personnellement, quand on évoque la question de mon âge, j'ai l'habitude de reprendre à mon compte, avec une certaine forfanterie, la formule utilisée par... le Dieu des Hébreux quand Moïse lui demanda son nom : Yaveh... c'est-à-dire : "Je suis"... Cela ne signifie pas que je regrette ou que je revendique mon âge, mais que la notion "d'être vieux" me paraît très relative...

   Evidemment, l'âge a toujours été et restera le critère fondamental... Mais l'âge"d'être vieux" a beaucoup évolué, en ne cessant de reculer grâce aux progrès de la médecine d'abord dans les pays dits "développés" puis dans les pays "en voie de développement"... ce qui est d'ailleurs la cause principale de la croissance démographique depuis le 19ème siècle...A cette époque encore, la durée moyenne de vie n'était que de 40 ans, et quand Balzac évoque dans un roman "La femme de trente ans", il la considère comme une femme âgée... Or, maintenant, une femme (comme un homme, d'ailleurs...) se veut encore "jeune" à plus de 60 ans...

   Mais il y a aussi le critère de la santé physique et mentale... On n'échappe pas aux rides.. et aux cheveux gris ou blancs, du moins si on les a conservés !... Et on garde "l'esprit clair", façon de dire "a contrario" que d'autres peuvent "perdre la raison"... Mais le sort de chacun est très variable : on dit de certains "qu'ils ne font pas leur âge", et on pense plus qu'on ne dit d'autres "qu'ils font plus que leur âge"... Et on sait aussi que la "sénilité", même si elle frappe le plus souvent des gens très âgés, atteint parfois des personnes beaucoup plus "jeunes"...

   Le critère social est peut-être finalement sinon le plus important, du moins le plus contraignant, parce qu'il repose sur des "règles communes" au mépris des situations individuelles... Il y a l'âge de la "retraite", fixé jusqu'à présent en France entre 60 et 65 ans, sauf exceptions (ex: métiers pénibles), et dont la 1ère conséquence est une diminution des ressources financières (au mieux 75 % du dernier salaire de base...), même si on a cotisé toute sa vie... et conservé des "capacités" jugées brutalement inutiles... Mais il y a aussi d'autres "signes" plus ou moins discrets et significatifs comme le refus de la plupart des banques "d'assurer sur la vie" des prêts au delà de 70 ans... Dans le même sens, vont les propositions "alléchantes"de souscription à des "Plans Senior" en cas de maladie ou d'accident... ou encore des "conventions obsèques" (?!) afin de ne pas être à la charge de ses héritiers après la mort... Ce n'est certainement pas de la simple philanthropie...

   Si la notion "d'être vieux" est donc très relative, est-ce à dire pour autant qu'il ne faut rien faire ?... Certainement pas... On peut même s'indigner que rien n'ait été fait d'important depuis un demi-siècle - quelles que soient les majorités politiques - au moins pour les "personnes dépendantes", alors que, de toute évidence, le "baby-boom" de 1945 allait déboucher sur un "papy-boom" à partir de 2005... Or le nombre de personnes de 85 ans - comportant le plus grand nombre de personnes dépendantes - va doubler d'ici à 2020, et, selon l'Insee, le nombre des personnes âgées dépendantes devrait augmenter de 50 % d'ici à 2040, pour atteindre 1 million 200.000... Le résultat actuel est qu'il y a , comme pour la médecine, une "prise en charge à 2 vitesses" : D'une part, ceux qui peuvent aller dans des maisons de retraite surtout privées (de 1700 à 2200 euros par mois, soit 10.000 à 15.000 francs) qui ont la réputation d'être actuellement parmi les meilleurs placements financiers... D'autre part, ceux qui ne peuvent pas y entrer (le niveau moyen des retraites étant à 1200 euros)... Beaucoup "d'enfants" ont la générosité de les accueillir sans grands moyens (étant parfois eux-mêmes déjà à la retraite...)...mais certains "pauvres vieux" sont seuls et abandonnés et finissent dans des asiles qui sont de véritables "mouroirs"...

   Alors, quand même, la "République" se décide enfin à agir, non sans difficultés... Le gouvernement Raffarin - auquel la postérité devra rendre hommage - a eu le courage de réorganiser les retraites et de prévoir une "journée de solidarité" le lundi de Pentecôte, comme aujourdhui... On sait comment ses efforts ont été mal accueillis, dans la mesure où il mettait en cause les "intérêts corporatifs" qu'il fallait pourtant surmonter au nom d'une réelle "solidarité"... Manifestement le "vieux" n'intéresse personne, alors que chacun a vocation à le ...devenir ! Néanmoins le gouvernement Villepin envisage un "Plan quinquennal de Solidarité Grand Age" comportant 2 axes principaux :

   - D'une part, priorité au "maintien à domicile" : excellente idée, car le "vieux" souhaite le plus souvent conserver son cadre familial , même modeste... Mais ce maintien a un coût : augmenter de 40 % le nombre de places de "soins infirmiers à domicile", actuellement de 80.000... Et il faut également "aider les aidants", c'est-à-dire l'entourage (allocations spécifiques, points de retraite supplémentaires...)

   - D'autre part, augmentation du nombre de places dans des "maisons de retraite", assortie d'une diminution des frais d'hébergement : 5000 places de plus par an, pour arriver à 40.000 places en 2012, en attendant la suite...Mais ces opérations auront aussi un coût: le recrutement massif d'infirmières et aides-soignantes qu'il faudra d'abord former, en particulier pour la gériatrie...et des aides et subventions pour accueillir les plus démunis...

   Sans nul doute, le problème du financement de l'aide aux personnes âgées - surtout dépendantes - est déjà posé. Reste à trouver des solutions : création d'une 5ème branche de la Sécurité Sociale (après maladie, famille, accidents du travail...et vieillesse) ? Elargissement de la CSG qui concerne tous les revenus ? Après tout, nous sommes tous concernés... Et si on en faisait un thème majeur des prochaines élections (il n'est pas interdit de rêver...) ? Et si.. Et si...

   ... Et s'il devenait enfin agréable "d'être vieux" !

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commentaires

J
Vous avez parfaitement raison de souligner le travail accompli par Jean Pierre raffarin et son gouvernement. Quand on voit ce qu'a fait son successeur (2 crises sociales majeures en 10 mois de gouvernement; à quand la troisième?), on se prend à rêver : et si Jean Pierre revenait?
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