Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
23 septembre 2006 6 23 /09 /septembre /2006 10:06

   Le discours du Pape Benoît XVI à Ratisbonne le 12 septembre 2006 a engendré auprès des musulmans une polémique dont il est sincèrement navré... En fait, le Pape  - ancien responsable de la Congrégation de la Foi auprès de son prédécesseur Jean-Paul II - s'est essentiellement comporté en cette circonstance comme un "professeur", en oubliant... qu'à son niveau suprême de responsabilité il lui fallait conserver une attitude "politique", c'est-à-dire admettre que "toute vérité n'est pas bonne à dire", même si elle est fondée...

   Le Pape Benoît XVI a en effet raison quand il dénonce l'antinomie entre la foi et la violence, parce qu'il ne peut pas y avoir de contrainte en matière de croyance... Mais son analyse historique prenant comme exemple une controverse entre l'Empereur byzantin Manuel II Paléologue et un érudit persan au 15ème siècle sur l'utilisation du "glaive" dans le Coran est manifestement hors de portée du "commun des mortels" et peut "apparaître" comme une critique "partiale"...

   En fait, les 3 religions "monothéistes" (judaïsme, christianisme et islamisme) ont beaucoup d'éléments communs : d'abord, la croyance en un Dieu unique, mais aussi des éléments importants de leurs doctrines, puisque le christianisme a repris à son compte l'Ancien Testament  des Juifs (à quelques textes près...) et qu'ensuite l'islamisme s'est inscrit comme la prolongation - c'est-à-dire l'accomplissement -  de l'Ancien Testament des Juifs et  du Nouveau Testament des Chrétiens, reconnaissant un rôle majeur à Abraham, Moïse ...et Jésus, avec une place particulière à Marie...

   Néanmoins, il y a eu des problèmes dans la mesure où, dans les 3 étapes, la religion "antérieure" n'a pas vraiment admis d'être "dépassée" et "accomplie" par la suivante... Il en a été ainsi des Juifs qui, dès les temps bibliques, avaient pratiqué "l'anathème" (Herem) contre les ennemis de leur foi et dont les prêtres du Temple ont fait exécuter Jésus par les Romains et ont ensuite dénoncé les "hérétiques" chrétiens, contribuant ainsi à leur persécution... Mais les Chrétiens eux-mêmes, alors que Jésus avait condamné la violence jusqu'au moment de son arrestation, n'ont pas hésité plus tard à recourir aux "croisades" et à "l'Inquisition"...Quant aux Musulmans, même si la "Djihad" (Guerre sainte) n'est d'abord conçue que comme un "combat défensif" (Sourate 2-256), il est clair qu'elle a été l'argument fondamental des conquêtes et des conversions forcées...

   En contrepartie, il faut reconnaître qu'à l'époque actuelle des efforts considérables sont entrepris par les responsables "éclairés" des 3 religions monothéistes... Ces efforts se heurtent à de nombreuses difficultés en raison des oppositions doctrinales, non seulement d'une religion à l'autre, mais aussi des divisions internes de chaque religion... Cependant des initiatives se sont multipliées, notamment entre Chrétiens et Musulmans, comme le rappelle le journal La Croix du 18 septembre 2006 : Institut pontifical pour les études islamiques (1926), déclaration "d'estime envers les musulmans" du Concile Vatican II (1965), création d'une Commission pour le dialogue inter-religieux (1974), voyage de Je Jean-Paul II au Maroc (1985) puis à la Mosquée de Damas (2001), exhortation Apostolique "Ecclesia in Europa" (2003)...

   Malheureusement, l'écart est encore considérable entre le comportement "éclairé" des responsables religieux et les réactions "primaires" des populations concernées... Certes, des communautés religieuses différentes peuvent vivre en "bonne intelligence" au niveau des quartiers, mais les exemples récents de la Bosnie et du Liban prouvent que le feu peut continuer à couver et qu'un incendie peut être rallumé par des extrémistes fanatiques, dont l'intolérance religieuse dissimule souvent d'autres objectifs... Et on comprend que le Pape Benoît XVI ait douloureusement ressenti des attentats divers contre les églises au Moyen-Orient et même l'assassinat d'une religieuse en Somalie, qui à la fois justifient son discours et en montrent le danger...

Partager cet article
Repost0

commentaires

J
Je viens de lire l'article et ... je trouve votre commentaire plus clair parce que plus direct.Je suis d'accord! Dès l'instant que l'on croit en un seul Dieu, les dieux des autres sont FORCEMENT des FAUX DIEUX ... Elémentaire, mon cher Watson.D'où les querelles à n'en plus finir ...La réponse dialectique (dépassement de la contradiction), c'est, peut-être l' oeucuménisme. Faire admettre au plus grand nombre qu'il n'y a qu'un seul Dieu (à supposé qu'il y en est un) mais qu'il y a différentes façons de l'honorer ou de lui être fidèle ou d'être en accord avec ses commandements, etc ... C'est la thèse de l'Aga Khan, leader reconnu de l'islam tolérant.J'ai pu, ainsi, participer à un mariage selon ce rite. Cela se passait d'une manière conviviale. Bien entendu, il n'y avait pas d'alcool mais des boissons excellentes. Quand nous sommes partis, vers 2H00 du matin, nous étions clairs d'esprit et heureux de cette excellente soirée que je n'ai pas oublié bien qu'elle date de plus de 10 ans et que ma fréquentation de musulmans moins éclairés (moins tolérants ...) m'a conduit à prendre des distances avec l'islam tout entier.  
Répondre
D
 J'ai d'abord entrepris une réponse à votre commentaire, mais, ma réponse étant trop longue, je l'ai transformée en un article intitulé "Monothéisme et intolérance" dans mon style didactique qui n'est pas toujours de la meilleure veine... J'y développe l'idée ... "audacieuse" (?) que le monothéisme a toujours comporté un ferment d'intolérance, alors que, par nature, le polythéisme était tolérant... Vaste programme !...
Répondre
J
Je vais essayer de résumer ce que j'ai compris de la "grande querelle" des trois religions monothéïstes.1. Il s'agit du MEME Dieu, celui d'Abraham.2. Pour un Juif (Ancien Testament), le fait qu'un être humain (Jésus) puisse affirmer qu'il est le fils de Dieu est une infâmie absolue. Le Messie étant perçu par les Juifs comme une espérance (qui n'arrivera jamais) ...3. Pour les Chrétiens, il ne peut y avoir de "peuple élu" (le peuple d'Israël) car cette conception est dépassée. Les autres êtres humains sont aussi des créatures de Dieu. Ils font partie des brebis du troupeau dont Jésus est le nouveau berger.4. Pour les musulmans, Jésus n'est pas le fils de Dieu. C'est un prophète comme les autres, même s'il est plus grand que ceux qui l'ont précédé. Par contre, Mahomet est bien, lui aussi un prophète. Et comme c'est le dernier connu, c'est donc lui qui a raison puisqu'il est le dernier véhicule connu porteur de la parole de Dieu.C'est sans doute un peu simpliste mais, par les temps qui courrent, si on ne fait pas simple on n'est pas compris ...<br /> Ce qui m'inquiête beaucoup dans cette nouvelle polémique, c'est que les fondamentalistes islamistes semblent prendre la mouche pour un oui ou pour un non. On a eu la polémique des caricatures qui a éclaté plusieurs semaines après leur parution (on a tendance à l'oublier!). Voià que maintenant il y a cette affaire de la déclaration de Benoît XVI dont ... j'ignore toujours le contenu d'ailleurs.Si le Pape ne peut plus dire un mot sans que quelqu'un vienne protester et pousser de cris d'orfraie, ça va finir par poser un VRAI problème politique! Il est bien certain, pour ce qui me concerne, que je ne demande pas mieux que les religions puissent coexister ... tout spécialement les trois (issues du MEME Dieu) qui semblent les plus intolérantes  (au moins deux d'entre elles, surtout une, l'Islam).Mais, si je suis contraint de choisir entre l'une des trois civilisations qui sont associées , plus spécialement la civilisation chrétienne et la civilisation musulmane, c'est évidemment la chrétienne que je vais choisir, fusse au prix d'une révolte ... violente ...Hélas! 
Répondre
D
Si le Pape Benoît XVI à raison de dénoncer cette antinomie entre la foi et la violence, il y a surtout des moments pour le faire et une façon de le dire. Quand le monde musulman est à l’heure actuelle en quête de reconnaissance religieuse et que les islamistes fondamentaux se font de plus en plus menaçants, que les menaces et les actes terroristes sont réguliers, il est singulier pour un homme de paix d’aborder partiellement un tel sujet, en  sachant de plus, qu’il est attendu en Turquie !!!! Ce qui m’a toujours gêné, c’est cette absence volontaire de référence à l’Eglise de Rome et à sa période inquisitoire, même si nous en sommes sortis depuis longtemps, il est difficile de l’occulter totalement. L’Eglise devrait s’en servir comme enseignement, en montrant que les crimes et violences si ils existèrent, ne sont en rien l’avenir d’une religion. L’hégire commence en 622, à moins de deux siècles, les musulmans sont dans cette dictature. Si l’Eglise est séparée de l’Etat, certaines démocraties se servent toujours de la religion pour justifier des guerres. Et puis à qui profitent les exactions des extrémistes ?<br />  <br />
Répondre