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10 avril 2007 2 10 /04 /avril /2007 17:26

   Prophètes ...Prophéties ...Prophétisme ...Pour le commun des mortels, ces mots évoquent la prédiction de l'avenir ...Prédiction qui a toujours préoccupé l'humanité, car elle a été pratiquée depuis la plus haute Antiquité et dans toutes les civilisations ...Mais il en est de l'avenir comme de la mort : on veut savoir, et même parfois on a des idées arrêtées, mais "au fond" on n'en sait rien ... A la fin du 19ème siècle, Renan "prophétisait" dans "L'avenir de la Science" que celle-ci finirait par apporter la connaissance universelle, et de fait celle-ci a réalisé des progrès considérables permettant de "prévoir" certains faits et de "prévenir"les hommes de certaines conséquences : ainsi peut-on faire des "prévisions météorologiques" suffisamment précises pour "anticiper" dans certaines activités (culture, pêche, transport...). Mais cette prévision est une illusion qui résulte seulement d'une "projection vers l'avenir" toujours incertaine des faits passés et présents : elle ne procure pas pour autant la "science de l'avenir"...Et d'ailleurs, cette science est-elle concevable pour les hommes ?...S'ils connaissaient l'avenir, ils ne seraient plus libres, au sens de ne plus avoir leur libre-arbitre, car, par définition, ils n'auraient plus d'emprise sur ce qui serait une certitude impossible à corriger...

   Ce n'est donc pas par hasard - mais bien par nécessité - que le libre-arbitre des hommes est le fondement de la plupart des religions ... Si celles-ci comportent des "commandements" - comme les trois religions monothéistes (judaïsme, christianisme et islamisme) - ou des "principes de morale" - comme le confucianisme et le bouddhisme - c'est parce que les hommes peuvent ou non les respecter... S'ils les respectent, le bonheur leur est "promis", éventuellement par une puissance supérieure personnifiée le plus souvent par un Dieu ou des dieux ...S'ils ne les respectent pas , ils peuvent en être punis et parfois "voués" au Diable... L'histoire du judaïsme est jalonnée de périodes heureuses attribuées au bon comportement des hommes (ex: accès à la Terre promise) et des périodes néfastes rapportées à leur corruption ou à leur infidélité (ex: occupation étrangère - destruction du Temple)... C'est précisément dans ce domaine qu'interviennent les Prophètes, dont le nom même traduit le rôle : sur le plan étymologique, ce sont des "hommes qui disent avant", mais sur le plan religieux, ce sont aussi des "messagers de Dieu"... Autrement dit, les Prophètes sont chargés par Dieu de rappeler aux hommes ce qui "risque" de leur arriver, s'ils ne se conforment pas à sa Loi... "Malheur à toi ! " dit le Prophète Isaïe, et les autres Prophètes Jérémie, Ezéchiel, Daniel, etc...lui emboîtent le pas dans les "malédictions"... Car les Prophètes juifs sont le plus souvent des "prophètes de malheur"...

   Tel n'est pas le cas de Jésus-Christ qui au contraire se présente comme un prophète du ...bonheur, prêchant la solidarité entre les hommes et annonçant le Royaume de Dieu... Propos suffisamment perturbateurs pour lui valoir une exécution indigne... Quant à Mahomet, qui se proclame le dernier des Prophètes, il dit lui-même que "les prophètes avertissent les hommes afin qu'après leur venue les hommes n'aient aucun argument à opposer à Dieu" (Coran - 4/65)...

   Mais le prophétisme ne s'est pas limité aux Prophètes des religions monothéistes... On en retrouve partout et sous des noms divers au cours de l'Histoire, qu'il s"agisse des "mages" de Chaldée , des "astrologues" de Perse, des "oracles" de Grèce, des "devins" et "augures" de Rome, ...ou encore des "sorciers" du Moyen-Age... On peut aussi leur associer les grands "maîtres de l'Extrême-Orient : Confucius, Bouddha, etc... Combien de monarques et "puissants", de par le monde, se sont entourés de "prophètes" pour connaître leur avenir ou les orientations favorables à leurs entreprises, en évitant soigneusement ce qui pouvait "annoncer un mauvais sort"... Mais les gens du peuple n'étaient pas les derniers à consulter des "voyant(e)s" ou des "diseurs de bonne aventure", ceux-ci allant chercher leur inspiration dans la "cartomancie" ou dans des "boules de cristal" ... Il faut reconnaître cependant que certains personnages sont restés célèbres par leurs prédictions, comme Nostradamus en France, dont les "Centuries" sont suffisament obscures pour permettre toute interprétation : "Un empereur naistra près d'Italie...qui à l'Epire sera vendu bien cher" - il paraît que ce serait Napoléon" (?)... Il avait de toutes façons été précédé d'autres "prophètes" tombés dans l'oubli, comme Saint Césaire d'Arles (470-543) dont on dit qu'il aurait prévu les grandes étapes de l'histoire de France, comme par exemple l'exécution de Louis XVI : "La tête du plus doux des princes, de ses proches, de ses amis, roule d'en haut dans le sang..." Et, après "la Peur de l'an Mil" où une nuée de "prophètes" prédisent ...la fin du monde, on peut se rappeler l'apostrophe  du Grand-Maître de l'Ordre du Temple, Jacques de Molay, qui, sur son bûcher (18 mars 1314) "cite à comparaître devant le Tribunal de Dieu le Roi Philippe le Bel (mort le 20 mai 1314) et le Pape Clément (mort le 29 novembre 1314)"... Plus tard, il y aura le comte de Saint-Germain et Cagliostro (18ème siècle), Catherine Labouré (qui prédit la Révolution de 1830) et le Curé d'Ars... La liste n'est pas exhaustive : on peut quand même citer en Allemagne Hildegarde de Bingen, et bien auparavant, en Irlande, Saint Malachie "prophète des Papes" qui donne la liste des 112 papes qui succèderont à Célestin II (1343-1347), sous des formes "sibyllines" : Benoît XVI, "la gloire de l'olivier" est le ...111ème !?...  On peut évoquer aussi les "apparitions", notamment de la Vierge Marie à des enfants qui sans être des "prophètes" n'en ont pas moins le rôle de "messagers de Dieu", chargés de mettre en garde l'humanité,...à l'instar des anciens Prophètes bibliques... L'exemple le plus frappant à ce titre est celui de Fatima (mai 1917) où la Vierge Marie aurait annoncé la fin de la 1ère Guerre mondiale, et "une autre pire encore", ainsi que "la Russie devant répandre ses erreurs par le monde"... sans oublier "le 3ème secret" jamais révélé (sauf au Pape Jean-Paul II...), mais qui "serait terrible"... rejoignant la prophétie d'un autre Pape (Pie XII) pour qui ..."En 2007, l'humanité abordera une période agitée, dangereuse, dominée par la menace cataclysmique mondiale" (sic)...

    Néanmoins, en contrepoint, il convient de rappeler que beaucoup de prédictions, y compris de personnages célèbres, se sont révélées fausses ou n'ont pas eu de suite... Il est d'ailleurs de tradition de rechercher ce qui est "heureusement vrai" et d'oublier ce qui est "malheureusement faux"... Les "voyants" des fêtes foraines le savent bien, qui ont généralement assez d'expérience du comportement et de la psychologie des gens pour leur promettre ce qui leur convient... Car, finalement les gens n'aiment pas les "oiseaux de mauvaise augure"...

   Cette méfiance est particulièrement vraie au niveau des "puissants" : combien de "devins" ont payé de leur vie ou de leur exil des prédictions jugées néfastes ou nuisibles... Réflexion faite, ce fut le cas de Jésus-Christ lui-même, suivi par la foule enthousiaste des opprimés en Galilée, mais finalement condamné par les prêtres sadducéens, collaborateurs des occupants romains... Comme ce fut le cas d'un personnage oublié des confins de l'Orient au contact de l'Inde - Mani - qui, au 3ème siècle prêcha une religion universelle combinant Jésus, Zoroastre et Bouddha : "L'Eglise de la Justice" fondée sur la lutte entre la "Lumière" et les "Ténèbres", autrement dit entre le "Bien" et le "Mal", et devant changer le monde par la non-violence... Le succès foudroyant de sa prédication lui valut l'hostilité des prêtres "mazdéens" de la Perse qui le firent exécuter aussi de façon ignominieuse... Mais sa religion continua à se répandre sous la forme du "manichéisme", avant d'être éliminée sous la persécution convergente du christianisme et de l'islamisme (15ème siècle)...

   Ainsi se trouve justifié l'adage bien connu : "Nul n'est prophète en son pays"... C'est en vérité la bonne (ou mauvaise...) raison pour laquelle il n'y a certainement aucune leçon à retenir du présent article...

  

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commentaires

J
Et, comme toujours, un formidable trait d'humour pour clore l'article ou pour étayer une démonstration.
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