Par son discours du Bourget le dimanche 22 janvier 2012, puis par son intervention dans une symbolique "Maison des Métallos" le jeudi 26 janvier suivant, François Hollande s'est affirmé comme le seul interlocuteur valable de Nicolas Sarkozy pour les prochaines élections présidentielles.
Il est d'abord très significatif que François Hollande - sans renier son appartenance au Parti Socialiste dont il a longtemps été le Secrétaire Général avant d'être désormais le candidat désigné pour les élections présidentielles - présente son "propre" programme de "60 engagements pour la France"...Il s'inscrit donc dans la continuité du régime de la 5ème République instituée par le Général De Gaulle, donnant au Président de la République le rôle décisif dans le fonctionnement des affaires publiques, et ne prône pas une "rupture institutionnelle" imaginée par certains membres du Parti Socialiste sous la forme d'une "6ème République" ...
Il ne s'en démarque pas moins nettement de la conception "libérale" du Président sortant Nicolas Sarkozy, dont la carrière politique a été marquée par "l'empirisme", c'est-à-dire une adaptation constante aux circonstances qui lui a permis de dire "tout et son contraire" sans se renier, par exemple en limitant l'enrichissement d'une minorité de la population après avoir institué un "bouclier fiscal", ou encore en envisageant de réduire la durée du travail après avoir bâti son succès sur le slogan "Travailler plus pour gagner plus" ...Manifestement, François Hollande s'inscrit à l'inverse dans une logique "doctrinaire", où ses "60 engagements" font écho aux 110 propositions de François Mitterrand en 1981, les médias s'étant même amusé à mettre en parallèle la "gestuelle" des ...deux François !...
Dans ce retour à une conception doctrinaire, il est donc naturel que François Hollande revienne à "l'étatisme", c'est-à-dire à la notion de "l'Eta-Providence" qui privilégie le "social" par rapport à "l'économie" : maintien du nombre des fonctionnaires chargés ses services publics (notamment ceux de l'Education Nationale formant une grande partie de la clientèle électorale du Parti Socialiste ), recours à des emplois aidés (150.000 emplois d'avenir), contrats de génération (associant l'embauche des jeunes au maintien des "seniors"), retour à la retraite à 60 ans pour les travailleurs ayant commencé leur activité dès 17 ans, banque publique d'investissement, etc...Ces dispositions sont incontestablement généreuses, et elles ne peuvent qu'avoir un écho favorable dans le contexte actuel de "chômage" et de "paupérisation" ...Mais le problème est qu'il en coûterait au budget de l'Etat environ 20 milliards d'€, alors que la dette publique s'élève déjà à environ 1700 milliards d'€, soit 82 % du PIB ...Certes, ce problème n'a pas échappé à François Hollande, qui s'est effectivement soucié de réduire l'endettement par un plan de "limitation" (pour ne pas dire de "rigueur"...) d'environ 30 milliards d'€, ...plan d'ailleurs conforme aux ...engagements déjà pris par Nicolas Sarkozy, comme Président, auprès du Conseil de l'Europe ...Il n'en est pas moins vrai que 30 milliards d'€ + 20 milliards d'€ = 50 milliards d'€ ...Où trouver cete somme quelque peu ...mirobolante ?...
François Hollande ne peut assurément pas - comme tout candidat éventuel, y compris Nicolas Sarkozy - envisagé une hausse des impôts - du moins de l'impôt sur les revevus, le plus visible, qui serait "anti-électoraliste" ...Alors il présente une panoplie très élaborée de mesures revenant globalement à la vieille antienne de "faire payer les riches" : suppression des allègements de l'ISF (2 milliards d'€), taxation des bénéfices spéculatifs des banques (1 milliardd'€), annulation de la défiscalisation des heures sipplémentaires dimminuant les charges de la production et de l'allègement des charges sociales- sauf en en cas de recrutement (6 milliards d'€), ...et surtout hausse de l'imposition des hauts revenus, à la fois par la création d'une tranche de 45 % pour les revenus supérieurs à 150.000 € et par la réduction des "niches fiscales" - retraites, emplois à domicile, restauration, etc...- (environ 12 milliards d'€) ...Certes, certaines mesures sont équitables, si elles contribuent à réduire l'écart qui s'est accentué depuis un demi-siècle entre les hauts et les bas revenus ...Mais leur accumulation a l'inconvénient d'accroître encore le taux des prélèvements obligatoires dont la France détient le record en Europe , et cet accroissement risque de s'alourdir encore si la prévision de croissance stagne à 0,5 % comme en 2011, et ne remonte pas à 2 - 2,5 % , comme le suppose François Hollande, sans la moindre garantie, car la France est dépendante de l'évolution d'une économie de plus en plus "mondialisée"...Si ce pari - courageux - sur l'avenir nest pas gagné, alors la dette explosera, et les promesses sociales avec elle...
Autant dire que François Hollande - tout comme Nicolas Sarkozy ou n'importe quel autre candidat d'ailleurs - est confronté à une équation impossible, celle de mettre en accord "l'économie' et le "social", c'est-à-dire de résoudre l'alternative : restreindre la liberté au nom de l'égalité ...ou restreindre l'égalité au nom de la liberté...