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1 avril 2012 7 01 /04 /avril /2012 23:09

   Le mot "élection" vient du verbe latin "eligere" signifiant "choisir". L'élection consiste donc pour les "électeurs" à choisir des représentants pour un tâche donnée qu'ils n'effectuent pas directement, et ce choix n'est possible que s'il y a au moins deux candidats volontaires ou pressentis ...

 

   L'élection a été pratiquée au cours de l'Histoire dans tous les domaines de l'activité humaine, mais c'est dans celui de la "politique" qu'elle a été la plus courante, du moins dans les collectivités - tribus, peuplades, états - n'ayant pas eu de responsables "désignés" par une pratique religieuse ou par un principe dynastique ...Tel a été le cas , dans l'Antiquité, des magistratures d'Athènes (archontes, stratèges...) ou de la République romaine (consuls, censeurs,..) ...Et telle est encore, à l'époque actuelle, la pratique de choix des représentants aux divers niveaux dans les pays ayant des institutions "démocratiques"...

 

   Pour autant, l'élection est utilisée dans ces pays sous les formes les plus variées, dont la France a donné l'exemple en raison de la multiplicité des régimes politiques qu'elle a connus en deux siècles depuis l'abolition de la monarchie absolue en 1789 : d'abord, elle a institué progressivement l'élection à tous les niveaux (communes, départements, régions et Etat). D'autre part, elle a organisé l'élection suivant des modes de scrutin variés (*), notamment en ce qui concerne l'élection du Président de la République : la 1ère République ayant été confisquée par Napoléon Bonaparte sous la forme du Consulat et de l'Empire, ...puis la 2nde République détournée par son neveu Louis-Napoléon Bonaparte ayant profité de son élection à la Pésidence pour fonder le 2nd Empire, ...l'Assemblée avait établi après sa chute la Constitution de 1875 donnant tous les pouvoirs au Parlement et réduisant le rôle du Président de la République à des fonctions purement honorifiques afin d'éviter de sa part toute appropriation ...La Constitution de 1946 élaborée par l'Assemblée provisoire après la 2nde Guerre mondiale ne fit que renouveler ces dispositions ...C'était le "régime d'assemblée" et, comme le Président de la République était élu seulement par un collége de notables, il n'y avait au niveau national que ...l'élection législative pour le choix des députés de l'Assemblée...

 

   Tel n'a plus été le cas avec la Constitution de 1958, votée sous l'égide du Général De Gaulle qui, ayant abandonné la charge du gouvernement en 1946 faute de pouvoirs suffisants et prôné ensuite dans le cadre du RPF (Rassemblement du Peuple Français) la nécessité d'un exécutif fort, profita de son retour - sollicité par l'Assemblée elle-même afin de résoudre le problème de l'Algérie - pour redonner au Président de la République des pouvoirs décisifs, surtout après la réforme de 1962 instituant son élection au suffrage universel, ce qui donnait à cette fonction une légitimité égale à celle de l'Assemblée ...En fait, c'était la mise en place d'un "régime présidentiel", alors taillé "à la mesure du personnage" qui, après avoir été "l'homme du 18 juin 1940" ayant sauvé l'honneur de la France, apparaissait alors comme le seul homme d'Etat capable de sortir à nouveau la France de ses difficultés ...Même s'il a été contesté à l'époque, c'était, selon sa propre expression, "la rencontre d'un homme et du peuple"... sur la base démocratique de l'élection...

 

   Néanmoins, après son départ volontaire en 1969 dû à l'échec de son référendum portant essentiellement sur ...l'élection du Sénat, le régime présidentiel a survécu ..., le Président de la République ayant conservé ses prérogatives, quelles qu'aient été les circonstances politiques : d'abord "l'alternance" avec François Mitterrand, qui avait auparavant dénoncé le "coup d'Etat permanent" mais revêtit les habits du Président sans modifier ses pouvoirs ...puis les "co-habitations" successives entre Président et Assemblée de courants opposés ...En fait, le régime présidentiel n'a pas seulement survécu, ...il s'est renforcé avec les réformes apportées notamment  par Jacques Chirac : en effet, la réduction du mandat de 7 à 5 ans et la décision de faire suivre l'élection présidentielle par une élection législative n'a pu qu'accentuer la "présidentialisaion" du régime, en donnant à l'élection présidentielle un rôle majeur ...Et ce n'est pas la mesure limitant à 2 le nombre de mandats consécutifs qui peut représenter une restriction des pouvoirs du Président,  ...au contraire, elle "pourrait" inciter un Président à agir sans contrôle important au cours de son second mandat, puisqu'il n'a plus à se préoccuper de la suite...

 

   Il n'en est pas moins vrai que la "présidentialisation" de plus en plus grande a pour effet pervers de susciter une "personnalisation" d'autant plus forte qu'elle est relayée et accentuée par la "médiatisation" ...Le temps n'est plus où le "projet" était la base essentielle d'une candidature, et sa réalisation le but principal en cas d'élection, avec le concours actif des électeurs, ce que la candidate Ségolène Royal avait appelé en 2007 la "démocratie participative" ...Son ancien compagnon François Hollande en fait d'ailleurs l'expérience en 2012 avec ses "Engagements pour la France" qui n'ont au mieux qu'un succès d'estime, comme si la plus grande partie de l'opinion était lassée par les promesses électorales qui ne durent qu'un ...printemps, ...et préférait se tourner davantage vers toute personne "supposée" avoir la capacité pratique de résoudre les problèmes, en l'occurrence les conséquences de la crise économique ...Le Professeur Yves-Charles Zarka a pu écrire (**) : "Le bricolage idéologique est ...le symptôme ...de l'incapacité majeure de l'ensemble des partis politiques actuellement déchirés par des conflits d'égo surdimensionnés aux ambitions vides, pour l'échéance de 2012 ou déjà pour celle de 2017, ...de définir un chemin qui doit être celui du pays à l'interne comme à l'externe, à moyen et plus long terme". 


    Alors l'élection, même s'il ne peut être question de la supprimer dans un pays démocratique, a-t-elle encore un sens ?...

 

(*) Voir mon article sur les élections du 9 mars 2012 -Rubrique Politique intérieure

(**) Voir article paru dans Dossiers &  Documents du Monde- n° 418 d'Avril 2012

 

  

 

  

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commentaires

J
<br />    En complément de mon précédent commentaire, je précise que le droit de vote des étrangers s'inscrit dans la législation européenne ...mais tout n'est pas règlé et, notamment en<br /> France la "droite" et la "gauche" ne sont pas d'accord ...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Ré: http://fr.wikipedia.org/wiki/Droit_de_vote_des_%C3%A9trangers#France<br />
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J
<br /> Bien entendu, on vote ...Mais on doit voter de façon responsable, de telle sorte que tout citoyen exprime son avis, quel qu'il soit (donc y compris, son refus de choix) ...ce qui suppose :<br /> <br /> <br />   1. Le vote obligatoire (seules dérogations comme désordre mental dûment constaté, perte de droits civiques, évidemment)<br /> <br /> <br />   2. Vote blanc officiellement légalisé (donc avec bulletins blancs prévus dans les bureaux<br /> <br /> <br />   3.  Les Mandats limités à 2, à tous niveaux, pour éviter les "carrières politiques" et permettre l'accès aux charges à un plus grand nombre, accès  qui est un moyen d'intéresser<br /> celui-ci à la vie politique.<br /> <br /> <br />    Bien entendu, il faut être un "citoyen", ce qui exclut le vote des étrangers, ceux-ci pouvant néanmoins être consultés s'ils sont en situation régulière ...Dans ce cas, en vertu de<br /> la tradition d'accueil de la France qui a toujours été un pays d'immigration, encourager ces étrangers à se faire "nationaliser", s'ils ont l'intention de rester en France,(cérémonies en mairie<br /> comportant le rappel des "valeurs") ...Proscrire les régularisations automatiques ...et reconduire "à la frontière" les récalcitrants (ex : les prêcheurs de guerre sainte et d'attentats<br /> violents...)<br />
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J
<br /> Si une élection n'a plus de sens, on fait quoi...?<br /> <br /> <br /> On tire au sort ????<br /> <br /> <br /> jf.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Et dire que M. Sarkozy n'a toujours pas de projet connu.<br /> <br /> <br /> Après plusieurs annonces, il nous le promet cette fois-ci pour ce jeudi.....<br /> <br /> <br /> Quelle "méprisance" !<br />
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