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27 février 2013 3 27 /02 /février /2013 14:57

   L'Eglise Catholique a perdu beaucoup de son importance au cours du 20ème siècle pour les raisons concomitantes de la baisse du sentiment religieux et des évènements tragiques qui ont contribué à effacer l'idée d'une grâce divine, qu'il s'agisse des deux guerres mondiales ou des conflits divers issus de la décolonisation ou de la démocratisation ...Néanmoins, il n'est pas possible, même pour un agnostique, un athée et à fortiori un membre d'une autre religion, de minimiser la démission du Pape Benoît XVI, jusqu'à présent encore le dernier "monarque absolu" de la Terre (Souverain Pontife ...) et chef, à ce titre, d'environ  milliard de "croyants", même si ceux-ci ne sont pas tous des "pratiquants" ...Et ceci d'autant moins que cette démission est un fait unique dans l'histoire de l'Eglise Catholique - hormis le précédent d'ailleurs contesté de Célestin V au 13ème siècle - et qu'elle pose en urgence le problème de la succession, en raison de l'évolution du monde faisant qu'il ne peut pas être un simple remplacement de personne...

 

   Ce n'est donc pas par hasard que le journaliste Jean Boissonnat, dont les interventions deviennent exceptionnelles, évoque la situation de la Papauté au 21ème siècle, dans son éditorial du 27 février 2013 du journal Ouest-France :

 

 

Editorial
mercredi 27 février 2013
Pape au XXIe siècle

Le prochain pape inaugurera une structure nouvelle de l'Église catholique. Le retrait de Benoît XVI modifie profondément le fonctionnement de celle-ci. Ce n'est pas la première fois que cela se produit. Le gouvernement de l'Église a déjà subi dans le passé des transformations profondes au gré de l'évolution de l'histoire politique, des mentalités et des relations sociales.

Quoi de commun entre les premiers évêques de Rome, perdus comme des membres d'une petite secte juive, dans la puissante capitale d'un empire ; puis les papes fragiles dans une ville dépeuplée par les invasions barbares ; ensuite, d'autres papes investis de la puissance temporelle, au gré de vives querelles entre princes chrétiens ou familles romaines ; enfin, depuis la fin du XIXe siècle, des papes dépouillés de leurs terres et de leurs armées, ramenés à leur puissance spirituelle ?

Certes, à travers toutes ces vicissitudes historiques, la mission majeure des successeurs de Pierre n'a pas changé : veiller à la communion des chrétiens autour du message de Jésus. Mais les modalités d'exercice de cette mission ne peuvent pas être indifférentes aux évolutions de la société. On ne gouverne pas l'Église du XXIe siècle, forte de plus d'un milliard de croyants, répartis avec de fortes variations, dans tous les continents, participants à une grande diversité de cultures, comme on a gouverné l'Église des siècles précédents.

Ce sera le grand mérite de Benoît XVI de l'avoir compris et d'en avoir tiré les conséquences. Tous ceux qui ont approché Jean-Paul II, dans les dernières années de sa vie, ne peuvent cacher le malaise qu'ils ressentaient en le voyant aussi affaibli, même s'ils saluaient son courage et son désintéressement.

Moderniser l'institution

Certes, l'Église n'est pas qu'une institution, c'est d'abord la communion des croyants ; mais c'est aussi une institution. Son organisation doit tenir compte des spécificités du monde moderne. Tel est l'un des messages que Benoît XVI laisse à ses successeurs. Ceux-ci devront décider si cela implique un âge limite au-delà duquel on se retire, comme c'est le cas pour les évêques (75 ans) ou pour les électeurs du pape (80 ans). Ou bien si l'option reste libre pour le détenteur de la fonction.

Bien d'autres modalités du gouvernement de l'Église devront être précisées : faut-il décentraliser le gouvernement en rétablissant des patriarcats par grandes contrées ? Alléger les administrations romaines ? Installer auprès du pape une sorte de Premier ministre qui pourrait, notamment, rompre plus vite et plus clairement avec certaines dérives financières ou sexuelles qui ont assombri la fin du mandat de Benoit XVI alors que celui-ci les condamnait sans doute plus fortement que son prédécesseur ?

Plus profondément, les catholiques devront s'interroger sur le rôle des laïcs dans le fonctionnement de l'Église, la promotion de la femme dans les missions apostoliques (en commençant par le diaconat), les relations avec les autres confessions chrétiennes....

Le geste de Benoît XVI ouvre ainsi l'avenir. Il est prophétique. Dans un monde de plus en plus matérialiste et individualiste, ce pape nous aura aussi stimulés en nous demandant si souvent de réfléchir aux rapports entre la foi et la raison, entre la vérité et la liberté. Merci.

Jean Boissonnat
     Le temps n'est plus en effet où l'Eglise Catholique faisait plus ou moins la "loi" dans une grande partie du monde, et où la "foi" primait la "raison" en dépit des progrès de la philosophie et de la science ...Et, même si l'Eglise Catholique a déjà fait son "aggiornamento" avec le Concile Vatican II en 1962, il semble qu'une nouvelle étape va maintenant être franchie, notamment dans le gouvernement de l'institution, le Pape Benoît XVI, conscient des problèmes - parfois vils - ayant peut-être démissionné parce qu'il considérait avec clairvoyance ne plus avoir une force suffisante pour les affronter ...La Liberté ? Que de vérités, mais aussi d'erreurs,  les hommes ont manifestées en ton nom ?...
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