Il y a une règle élémentaire de la morale qui, naguère, faisait partie de ces principes que, chaque matin, l'instituteur écrivait à la craie blanche sur le tableau noir, avec des pleins et des déliés : "Chose promise, chose due" ...Règle juste, et donc toujours valable, sans laquelle il ne peut y avoir que des abus contraires à l'équilibre des relations sociales à tous les niveaux ...Et par conséquent, dans une démocratie, il est légitime que les citoyens atendent d'un élu la réalisation de ses promesses...
Il se trouve que François Hollande, avant d'être élu Président de la République, le 6 mai 2012, avait clairement promis, dans le 48ème de ses 60 engagements pour la France" qu'il ferait voter une loi sur "le non-cumul des mandats" ...Et il avait même précisé que "cette promesse serait tenue dès le lendemain de sa victoire" ...Certes, l'expression ne doit pas être prise "au pied de la lettre", et on peut admettre un certain délai d'application, ne serait-ce qu'au nom du traditionnel "état de grâce" qui suit toute élection ...Mais le 1er gouvernement a été constitué le 15 mai 2012 et confirmé le 21 juin après les élections législatives et, à cette date, on ne voit rien venir...Il semble même que la loi promise ait du "plomb dans l'aile"...
En effet, le "non-cumul des mandat" n'enchante pas la "Gauche", qui détient maintenant la majorité dans les deux assemblées parlementaires, comme elle la détient dans la quasi-totalité des régions et des départements ...Les réticences les plus vives viennent notamment du Sénat, ce qui est d'ailleurs compréhensible puisque cette assemblée a toujours été considérée comme "le grand conseil des communes de France", ses membres - quelle que soit leur couleur politique - ne souhaitant pas "être coupés de la réalité du terrain" ...Mais les députés socialistes de l'Assemblée Nationale, ainsi que leurs alliés radicaux , ne sont pas en reste et étalent leurs divisions sur ce problème du non-cumul des mandats : ils l'avaient pourtant inscrit dans les statuts du parti socialiste en 2009 et un député de Seine-Saint-Denis, Razzi Hamadi, l'a même rappelé après les élections en soulignant "qu'on ne doit pas défendre un programme pour être élu et ensuite le trahir"... mais son voisin départemental Pascal Popelin a, de son côté, affirmé "qu'aucun électeur n'a fait le procès du cumul" ...et "qu'il est important que les parlementaires conservent le lien avec les collectivités locales" ...Les divergences sont telles que certains socialistes parlent déjà de "compromis" (une vieille tradition de gauche...), où on se satisferait d'appliquer le non-cumul des mandats pour les grandes villes, et d'en exempter les petites communes (il y en a tout de même plus de 20.000...)
Alors, y aura-t-il finalement un non-cumul des mandats ?...Rien n'est moins sûr ...Aux dernières nouvelles, le 1er Ministre proposerait une loi applicable en 2014, ce qui donne de la marge ...De toutes façons, comme le fait remarquer René Dosière, député socialiste de l'Aisne, partisan du non-cumul, "rien n'empêche les parlementaires d'abandonner déjà leurs indemnités locales, puisqu'il n'y a pas besoin d'une loi pour ...cela " ...et ce serait même un signal fort montrant aux électeurs qu'on ne cumule pas les mandats pour des raisons financières ...de surcroît, cela ferait économiser 12 millions d'€ par an à l'Etat, ce qui n'est pas négligeable en période de crise économique...
Mais, quand bien même le non-cumul des mandats serait décidé, la moralisation de la vie politique ne devrait pas s'arrêter là ...On pourrait aussi s'interroger sur le renouvellement des mandats - en les limitant à deux mandats consécutifs - car il y a trop d'exemples de "politiciens" de tous courants qui en font un métier ...et réalisent ainsi une véritable carrière, souvent au-delà de l'âge de la retraite ...Et on pourrait ainsi permettre à un plus grand nombre de citoyens - hommes et femmes - de participer à la vie publique ...Alors, peut-être, la démocratie serait exemplaire...