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11 avril 2013 4 11 /04 /avril /2013 10:17

   Ainsi donc, le Président François Hollande, soucieux de redonner à la République Française un caractère exemplaire, a annoncé solennellement la présentation d'un projet de loi de "moralisation de la vie publique" dans les plus brefs délais ...Et, bien entendu, les citoyens français réputés honnêtes ne peuvent que souscrire à cette intention, après avoir déploré dans ce domaine la défaillance de son ancien Ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, maintenant voué aux gémonies et abandonné à son triste sort car il fallait assurément sacrifier le "bouc émissaire" pour sauver le reste du troupeau...

 

   Mais pour "moraliser", il faut évidemment avoir une "morale", c'est-à-dire, conformément à la définition du dictionnaire, un "ensemble de règles de conduite" ...Et déjà apparaît une difficulté ...En effet, la morale n'a cessé de changer au cours de l'Histoire, en fonction de l'évolution de la société ...Longtemps, elle est restée sous l'influence de la religion chrétienne, en application du célèbre "Décalogue" biblique, ...une application qui, d'ailleurs, donnait lieu à des interprétations diverses, à en juger par exemple avec l'opposition entre la "rigueur" des jansénistes et le "laxisme" des jésuites au 17ème siècle ou encore entre la "tradition" issue du Concile de Trente et la "libéralisation" apportée par le Concile Vatican II au 20ème siècle ...En son temps, le philosophe Pascal, dans ses "Pensées", ne se faisait pas d'illusion en affirmant que "la morale se moque de la morale"...

 

   Alors, si la morale est si friable, que dire de son application dans la "moralisation ? ...Manifestement ce paradigme n'arrête pas le Président François Hollande et son gouvernement, puisqu'après avoir décidé d'imposer une morale "laïque" à l'école, il veut désormais faire la leçon aux adultes, en application de ses 60 engagements, qui deviennent décidément un ..."Sexalogue" ! ...Certes, il ne s'agit dans l'immédiat que d'imposer aux hommes et aux femme "politiques" (ministres, parlementaires, élus locaux et responsables de services publics) une "déclaration de patrimoine" au début et à la fin de leur mandat, afin de s'assurer qu'il n'y a pas eu de collusion ou de fraude, comme dans le cas de l'ex-Ministre du Budget ...Le principe n'est pas contestable, mais est-il vraiment utile de rendre "publique" cette déclaration, c'est-à-dire de la jeter en pâture à la population qui n'est pas nécessairement raisonnable et avertie et peut se livrer alors à des comportements regrettables ?...D'ailleurs, des responsables de "droite" comme de "gauche" sont divisés sur ce sujet : d'un côté, Jean-Franois Copé parle de "voyeurisme" et Henri Guaino de "totalitarisme", et de l'autre Maryse Lebranchu fait part de sa "gêne" et André Chassaigne du Front de Gauche dénonce un "esprit malsain" ...Mais inversement, l'ancien 1er Ministre de l'UMP François Fillon s'est empressé de publier sa déclaration comme de nombreux députés socialistes, ...ce qui a valu à l'un d'eux, Vincent Feltesse, député et Président de la Communauté urbaine de Bordeaux, ayant fait connaître ses indemnités correspondantes de 8000 €, d'être insulté "comme un notable n'ayant rien à faire au P.S."...

 

   Par ailleurs, qui osera affirmer qu'au nom de la transparence et de la "contagion de la vertu" cette déclaration publique ne sera pas finalement imposée à tous les citoyens, avec poursuites en cas de refus ?...Déjà, certaines personnes, dans leur blog ou dans le courrier des lecteurs de divers journaux, la font connaître, et les "autres" risquent donc d'être soupçonnés d'avoir des choses à cacher, notamment d'être "riche", puisque chacun sait qu'on se cache souvent d'ête "riche", alors qu'on se vante facilement d'être "pauvre" ...Pour éviter tout soupçon, faudra-t-il tout dire, y compris révéler des opérations confidentielles, comme par exemple d'aider un parent chômeur ou simplement dans le besoin, quitte à le déconsidérer dans son quartier ?...

 

   Il y a pourtant un moyen simple de respecter le devoir civique de déclaration du patrimoine tout en sauvegardant son caractère confidentiel, c'est de recourir à une "Commission pour la transparence des déclarations" ...qui existe déjà pour le monde politique, mais sans pouvoir réel ...et de la généraliser avec des personnes assermentées aux divers niveaux de l'administration des finances publiques, en renforçant ses moyens, notemment en lui donnant la possibilité de saisir directement les services fiscaux, voire en lui conférant un pouvoir d'injonction, ...les citoyens, au nom de leur bonne foi ou de la présomption d'innocence, gardant, quant à eux, la possibilité de faire appel au "Médiateur", s'ils ont l'appui nécessaire d'un parlementaire ... Et cette Commission pourrait aussi être habilitée à dénoncer le comportement de journalistes toujours prêts à "vendre du papier" pour faire des "scoops", déshonorant parfois d'honnêtes citoyens, même si ceux-ci sont finalement innocentés...

 

   Non, vraiment, il n'y a pas besoin de "loi de moralisation" ...Il y a mieux à faire dans un pays comme la France, en proie à des difficultés économiques et sociales restant toujours sans solution avec un Président manquant manifestement de l'autorité nécessaire, ce que l'opinion traduit clairement par une chute vertigineuse dans les sondages moins d'un an depuis son élection ...C'est ...la "morale" de l'Histoire !...

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commentaires

J
<br /> Il est bien vrai que cet argument de crise est souvent mis en avant pour se dédouaner de sa responsabilité morale, sociale et politique personnelle ("Ce n'est pas de ma faute, le pays est en<br /> crise!").<br /> <br /> <br /> Précisément, le mot "crise" vient d'un mot grec que je ne puis écrire car je ne dispose pas des lettres de l'alphabet grec ancien (kraseion, je crois) qui veut dire "décision". Quand il y a<br /> crise, cela signifie simplement que l'on est à un "tournant" et qu'il faut prendre une décision si on veut infléchir le cours des choses, faute de quoi l'objet "en crise" ira comme l'eau qui<br /> s'écoule : il prendra le chemin de la plus grande pente, jamais celui de l'ascension!<br />
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J
<br /> C'est bien parce que l'on croit en son pays qu'il devient insupportable d'entendre toujours dire qu'il est en crise, comme si cela arrangeait quelques uns...<br />
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J
<br /> La "responsabilité" est par définition "répondre de" ...Elle concerne tous les domaines d'activité : civil, pénal, politique, social, moral ...On ne monte, ni on ne descend de l'un à<br /> l'autre...Bien sûr que vous comprenez !...<br />
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L
<br /> Nous dissertions (tout du moins, je le croyais) sur la responsabilité politique et morale et voilà que vous me répondez avec les notions de responsabilités civiles et pénales : essai d'élévation<br /> philosophique d'un coté, atterrissage en catastrophe sur le juridique de l'autre : ou je n'ai rien compris, ou vous êtes hors sujet .....<br />
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J
<br />    On n'apprend pas à un vieux singe à faire la grimace ...Figurez-vous que, pendant ma période d'activité, j'ai l'occasion de "disserter" (manie connue) sur la "responsabilité",<br /> notamment en qualité de Président d'un Syndicat de Chefs d'établissement, et j'ai même été reçu avec une délégation au ministère de l'Education dans les années 80  (du temps de Jospin...)<br /> <br /> <br />    J'ai toujours défendu le principe que la responsabilité est la pierre angulaire de l'autorité, sinon celle-ci pourrait être arbitraire ...Mais cette responsabilité comporte des<br /> risques ...En effet, l'article 1384 du Code Civil prescrit "qu'on est responsable nion seulement du dommage que l'on cause par son propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des<br /> personnes dont on doit répondre, ou des choses qu'on a sous sa garde" ...Il est vrai que l'utilisation abusive de cet article, en particulier pour les enseignants dans des affaires ayant défrayé<br /> la chronique aux 19° et 20° siècles a conduit à élaborer un régime dérogatoire par la Loi du 5 avril 1937 substituant la responsabilité de l'Etat à la leur en matière de responsabilité civile,<br /> c'est-à-dire de réparation financière (sauf action récursoire) ...Malheureusement, la jurisprudence montre que, néanmoins, leur responsabilité pénale est parfois mise en cause, c'est-à-dire<br /> conduire éventuellement à un emprisonnement ...et donc, il a fallu faire valoir que cette poursuite devrait être limitée aux cas de faute "personnelle" (ex:sévices, viol, etc) et ne pas être<br /> étendue aux cas de fautes de "service" (par ex, blessures dues à un défaut de surveillance ou d'entretien d'un matériel° ...<br /> <br /> <br />    Vous comprenez donc pourquoi une "responsabilité collective", même si elle est proclamée, est inopérante, ou du moins ne peut être envisagée que pour la responsabilité civile, si<br /> l'Etat ne se substitue pas (cas exceptionnel) ...Elle est tolement impossible pour la responsabilité pénale, car on ne peut pas mettre une "collectivité" en prison !...<br /> <br /> <br />    Donc la responsabilité collective est une illusion ...Même dans les cas que vous citez, elle retombera d'une manière ou d'une autre sur un responsable ou des responsables individuels<br /> ...A défaut il y aura un procédure sans suite...<br /> <br /> <br /> J'ai trouvé un seul texte intéressant, mais ma recherche n'a pas été approfondie : http://www.politique-autrement.org/spip.php?article217<br /> <br /> <br />  <br />
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