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24 février 2011 4 24 /02 /février /2011 17:25

   S'il est bien un droit fondamental pour toute personne attachée à la démocratie, c'est "le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes"...Et c'est au nom de ce droit inscrit dans la Charte des Nations Unies - Article 1, paragraphe 2 - que les gouvernements des pays démocratiques ont salué les révoltes des peuples du nord de l'Afrique - Tunisie, Egypte et Libye - contre des dictateurs ayant imposé leur emprise depuis plus de 30 ans...

 

   Mais il y a eu, dans l'Histoire, de nombreux exemples où les dictateurs ont brisé de telles révoltes ou ne se sont retirés qu'au prix de nombreuses victimes ...Il en a été ainsi lors de l'éclatement de la Yougoslavie en 1999, où les pays de l'OTAN ont décidé d'envoyer une force d'intervention au Kosovo, au nom d'un "droit d'ingérence" alors invoqué par un Français, le Docteur Kouchner,  responsable d' ONG promu Haut Représentant de l'ONU, et futur Ministre des Affaires Etrangères ...Un droit dont il n'était pas l'inventeur, puisqu'il avait déjà été invoqué ...au 17ème siècle par le diplomate hollandais Grotius qui, dans son livre "Du droit de guerre et de paix", soulignait "le droit accordé à la société humaine d'intervenir dans le cas où un tyran ferait subir à ses sujets un traitement que nul n'est aurorisé à faire"...Un droit qui, pour autant, ne figure pas dans les lois internationales, puisque l'ONU, à nouveau dans la Charte des Nations Unies - Article 2, pragraphe 7 , spécifie "qu'aucune disposition ne l'autorise à intervenir dans les affaires relevant essentiellement de la compétence nationale d'un Etat" ...et n'a pris jusqu'à présent de "résolutions" que pour une "assistance humanitaire", laissant néanmoins des Etats - surtout occidentaux - intervenir militairement au nom du droit d'ingérence, comme la France au Rwanda (1994), les Etats-Unis en Libéria et Sierre-Leone (1997), l'URSS (1979) puis "l'Alliance du Nord" (2001) en Afghanistan, et à nouveau les Etats-Unis en Irak (2003- chute de Saddam Hussein), avant l'intervention de l'OTAN au Kosovo (1999)...  

 

   En l'occurrence, cette fois, un "tyran sanguinaire" se livre en Libye, avec des séides souvent étrangers, à un véritable massacre de son peuple, provoquant l'indignation de la plus grande partie du monde, et posant aux gouvernements de nombreux pays le problème d'une intervention qui ne soit pas seulement "humanitaire", mais "militaire"...Est-ce à dire que, pour de tels cas d'urgence, un "droit d'ingérence" soit désormais institué au niveau international, avec des règles précises et reconnues par tous les pays membres de l'ONU ?...La réponse n'est pas simple, car il n'y a pas eu dans l'Histoire systématiquement d'un côté les "bons" et de l'autre côté les "méchants", et les "peuples" n'ont pas toujours "raison" et leurs "chefs" toujours "tort" ...A ce titre, la France a longtemps donné l'exemple de l'ambigüité : ainsi, pour les deux "Empires" napoléoniens, il y a eu à l'origine des "coups d'état" - évidemment répréhensibles sur le plan de la démocratie - mais dans les deux cas ces actions ont été légalisées par des "plébiscites" qui, en dépit de leurs conditions d'organisation (pas d'isoloir), ont traduit un accord global de la population lassée des désordres politiques...De même, en 1958, le Général De Gaulle  revient au pouvoir dans des conditions quelque peu douteuses liées à la guerre d'Algérie, et, même s'il se défend alors de "devenir un dictateur", l'exercice de ce pouvoir n'est légalisé qu'ensuite par une Constitution adoptée au suffrage universel...Mais il y a eu aussi des circonstances historiques beaucoup plus graves : faut-il rappeler en effet qu'en Allemagne, Adolf Hitler a été nommé chancelier en 1933 dans des conditions légales, à la suite du succès de son parti national-socialiste aux élections ...et que la plupart des pays démocratiques se sont d'abord réjouis car il apparaissait comme un rempart contre l'Union Soviétique jugée alors beaucoup plus dangereuse... C'est plus tard seulement qu'en raison de ses conquêtes ("l'espace vital") et de ses atrocités, les pays occidentaux se sont coalisés ("l'Alliance Atlantique") pour aider l'URSS à l'éliminer... Mais les mêmes pays occidentaux, en intervenant ensuite - comme la France, puis les Etats Unis, en Indochine - contre des pays voulant leur indépendance, ne pouvaient justifier leur ingérence qu'en raison   de la division du monde en "2 blocs" et au mépris du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes...

 

   Ainsi donc, il est difficile d'instituer une règle précise pour justifier une ingérence "étrangère" dans un Etat "souverain" ...Une solution possible serait d'attendre que l'intervention soit demandée par le pays concerné - comme c'est le cas pour une "action humanitaire" lors de catastrophes naturelles - mais, par définition une révolte populaire anéantit provisoirement l'existence d'un Etat, et le ralliement éventuel de l'armée à cette révolte n'est pas nécessairement une garantie ...Faut-il attendre, dans ces conditions, que la situation devienne tragique ...mais, dans ce cas, à combien de morts on jugera que cette situation est tragique ?... Alors, que faire ?...

 


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16 février 2011 3 16 /02 /février /2011 18:20

   "Dégage! " ...Tel est le mot - français - qui a fait le tour de l'opinion mondiale quand il a symbolisé le rejet aussi inattendu que brutal de "dictateurs" inamovibles depuis plus de 30 ans en Tunisie, puis en Egypte, par la population de ces pays...

 

   Rejet inattendu ?...certainement ...car l'opinion mondiale, polarisée par la presse écrite et télévisée sur "l'engagement" des grandes puissances ou réputées telles en Afghanistan ou dans le Moyen-Orient, n'avait pas prêté une attention particulière à l'évolution des Etats du nord de l'Afrique ...et ceci d'autant moins que la population de ces Etats est de religion musulmane qui, en dépit de l'agitation extrêmiste de certaines factions, est plutôt un facteur de paix ...En fait il apparaît, après coup, qu'il y avait eu des signes précurseurs, avec des manifestations vite étouffées ..Et les soulèvements n'ont éclaté qu'en raison des circonstances économiques où une pénurie alimentaire liée aux mauvaises récoltes de 2010 a aggravé le chômage et la misère ...Ce n'est pas hasard qu'une contagion de mouvements populaires s'est produite dans les autres pays du nord de l'Afrique - Algérie, Maroc, Lybie - et dans les pays voisins de la zone désertique comme la Jordanie ou le Yemen...

 

   Est-ce à dire que ces mouvements populaires vont déboucher sur des régimes démocratiques ?...Rien n'est moins sûr ...Car la "démocratie" a été jusqu'à présent un régime typique de "l'Occident", et elle ne s'y est pas implantée sans difficulté , à l'exemple de la France qui est souvent considérée comme un modèle avec la" Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen" mais qui n'y est parvenue qu'après 3 Révolutions - la 1ère en 1789 ayant d'ailleurs été précédée d'émeutes de la faim en 1787 - et elle en est déjà à la 5ème République, cherchant encore et toujours un équilibre entre l'exécutif et le législatif, ainsi qu'entre le centralisme et la décentralisation, le dernier débat étant actuellement pour ou contre le "multiculturalisme"...De là, pour la France comme pour d'autres pays "démocratiques", à "s'engager" dans une aide aux mouvements populaires des pays en révolte, il y a une marge importante ...et même une antinomie ...Car la "démocratie" est, par définition, l'affaire du peuple concerné, et elle ne peut pas être apportée de l'étranger ...On a vu ce que cela donnait avec l'intervention des Etats-Unis en Irak...

 

   Néanmoins, aux Etats-Unis avec le Président Obama comme en Europe avec le Président Sarkozy, il y a de fortes pressions - où les préoccupations humanitaires rejoignent les intérêts économiques - pour "s'engager" auprès des Etats concernés afin de faciliter leur évolution vers un régime démocratique ...Mais comment "s'engager" si les nouveaux responsables - dont la conviction "démocratique" n'est pas certaine, s'agissant de chefs militaires - ne le demandent pas ?... La seule solution est d'agir sur les causes, c'est-à-dire les difficultés économiques, dans un cadre qui dépasse d'ailleurs largement les pays du nord de l'Afrique et du Moyen-Orient ...car les révoltes peuvent s'étendre ailleurs , dans la perspective de plus en plus souvent évoquée d'une opposition mondiale entre le "Nord" et le "Sud" au cours du 21ème siècle, dont l'immigration de l'Afrique vers l'Europe comme celle des "Latinos" vers les Etats-Unis sont des signes avant-coureurs ...Il faut donc  que les pays dits "riches" aident les pays dits "pauvres", non seulement par des secours directs imposés par l'urgence, mais par des dotations en matériel et des facilités commerciales dans le cadre d'une action internationale ...Mais cela suppose des sacrifices de la part des pays dits "riches" où il y a une minorité importante de "pauvres" et de chômeurs, qui se révoltent aussi ...contre les "délocalisations"...

 

   Alors, "s'engager" ...ou ..."dégager" ?...

 

 


 


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6 novembre 2009 5 06 /11 /novembre /2009 17:09
   Le hasard - semble-t-il - fait coïncider actuellement en France un débat sur "l'identité nationale" avec la commémoration de la chute du Mur de Berlin en 1989 ...Un hasard qui donne à réfléchir...

   Le débat sur l'identité nationale n'est pas nouveau, puisqu'il est relancé régulièrement chaque fois que la "nation" est mise en cause tant sur le plan intérieur - par exemple à propos des langues régionales ou de l'organisation territoriale - que sur le plan extérieur - qu'il s'agisse de l'Europe, de l'OTAN ou de...G 6...8 ..12 ...ou 20 ...Ce débat avait déjà été entrepris en 1987 par la Commission de la Nationalité présidée par Marceau Long sur le thème "Etre Français aujourd'hui et demain"... Il est donc repris par le Ministre  Eric Besson, Socialiste rallié au Président Nicolas Sarkozy, sur le thème de "l'identité nationale", expression déjà employée en partie pour désigner son Ministère de l'Identité Nationale, de l'Immigration et de l'Intégration, appellation dont la longueur est déjà significative...car elle laisse entendre que le débat doit porter sur l'alternative entre "l'intégration" et "l'exclusion" ...Question particulièrement "sensible" en France, ne manquant pas déjà de susciter des réactions contradictoires, non seulement entre partis politiques mais au sein de chacun d'eux...

   Une réflexion sur la "nation" mérite pourtant mieux qu'une simple querelle politicienne, car la notion même de nation est totalement respectable si elle traduit réellement "un sentiment d'unité collective bâti sur une évolution historique commune", conformément à la définition du dictionnaire ...Le problème est seulement - la réserve est importante - de contrôler l'usage qui peut en être fait ...Mais un tel contrôle ne peut pas être assuré sans un accord préalable sur les éléments fondant une nation, et le cas de la France est à ce titre particulièrement révélateur :

   - La nation française n'est évidemment pas un simple "territoire", même si elle occupe un espace relativement homogène, avec la place largement prédominante de l "l'hexagone", complétée par la Corse et les "territoires d'outre-mer" dont l'importance n'est pourtant pas négligeable, puisqu'ils contribuent au rayonnement français à travers le monde...

   - La nation française n'est pas davantage une communauté "ethnique", car sa population résulte d'apports variés au cours des siècles, avec le tréfonds préhistorique, les Celtes, les Romains, les Francs (qui lui ont donné leur nom alors qu'ils étaient très minoritaires), les Germains, les Normands ...et à l'époque contemporaine  des immigrants divers : Flamands, Polonais, Italiens, Espagnols ..puis Nord-Africains, Africains noirs, réfugiés de l'Europe orientale ...donc, comme on a pu le dire, une population de "métis", qui n'en ont pas moins fait "d'excellents Français" suivant la formule de Maurice Chevalier..
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   - La nation française n'est pas non plus une unité "linguistique", d'abord parce que la langue française s'est largement répandue à travers le monde à la faveur de la colonisation et concerne beaucoup d'autres nations (Canada, Afrique du Nord, Afrique Noire, Indochine, Océanie...), et aussi parce qu'elle "co-habite" avec de nombreuses langues régionales (breton, basque, occitan, etc...) qui persistent en dépit de l'ordonnance de Villers-Cotterets au 16ème siècle qui linstituait la langue française comme langue administrative ...et des Constitutions républicaines l'affirmant comme la langue ...nationale..
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   - La nation française n'est pas non plus un Etat "religieux", même si elle est profondément marquée par l'influence judéo-chrétienne ...Elle s'affirme d'ailleurs comme "laïque" - affirmation originale dans le monde - à l'opposé de pays se fondant sur leur religion, comme les Républiques islamiques, l'Etat juif d'Israël ou L'Eire catholique ...

   Alors, si aucun de ces éléments ne suffit à la définir, qu'est-ce donc que la Nation Française ?...L'addition de tous ces éléments ?...Mais une addition  donne un "total"  et non une"réalité vivante" ...On en arrive donc à une notion complexe, même si elle paraît simple, qui est le fait de "vivre ensemble " ...c'est-à-dire d'abord d'avoir une histoire commune qui a conduit au rapprochement de gens divers - à ce titre, la Guerre 1914-1918, en créant des "frères d'armes", a fortement contribué à l'unité de la nation -  mais aussi d'avoir adopté démocratiquement les mêmes droits et devoirs ... Autrement dit, l'unité s'est faite dans la diversité ...On se sent "français" comme on se sent de son village ou de sa ville ou de sa région ...On soutient en tous domaines "l'équipe de France" comme on soutient son "équipe locale" ...

   Mais ce sentiment d'appartenance ne peut relever que d'une adhésion à la fois personnelle et collective ...Il est évidemment inconciliable avec toute autre considération ...En particulier, il ne peut pas résulter d'un soi-disant "droit du sol" qui limite la nation  ...à son territoire ...On ne peut pas devenir le citoyen d'un pays  uniquement parce qu'on y réside, sans en avoir exprimé le voeu et manifesté son souci d'en respecter les "valeurs" ...Et, de même, il ne peut y avoir valablement de "nationalisation" automatique, sous le seul prétexte de régulariser des situations qu'on n'a pas su empêcher, comme celle des immigrants clandestins et des regroupements familiaux ...La France a traditionnellement été un pays d'accueil, mais, comme l'a souligné le socialiste Michel Rocard, "elle ne peut pas accueillir toute la misère du monde" et il est légitime qu'elle assure un contrôle de l'immigration et garde le droit d'expulser ceux qui refusent leur intégration et constituent même des "communautés étrangères" ayant ses propres lois dans des "zones de non-droit" entourées d'une sorte de "mur" invisible ou parfois, en cas d'émeute, bien réel sous forme de barricade...

   Par opposition, l'Allemagne a malheureusement donné l'exemple d'une dérive de son "identité nationale" au 19ème et au 20ème siècle ...Après avoir constitué pendant un millénaire un ensemble disparate (le Saint-Empire Romain Germanique, puis la Confédération), et peut-être à cause de cette longue carence, la nation allemande  a finalement réalisé son unité avec les Prussiens Bismarck et Guillaume II essentiellement par la force, sans consultation des autres populations et, si besoin était,  contre d'autres nations (Pologne , France, Danemark) ...Puis, au terme de 2 guerres (1870 et 1914-1918) dont elle avait eu la responsabilité, elle s'est laissé entraîner par Hitler dans une politique discriminatoire prétendant  assurer un "espace vital" à la "race germanique" et conduisant à une nouvelle guerre (1939-1945), dont l'Allemagne sort coupée en deux - un "rideau de fer" - selon l'expression de Churchill - ayant alors séparé l'Europe Orientale communiste de l'Europe Occidentale libérale et abouti en 1961 à l'édification d'un "mur" entre la République dite Démocratique Allemande et la République Fédérale Allemande, et notamment du "Mur de Berlin", bientôt qualifié de "Mur de la Honte" ...

   Car le "Mur" a toujours été, à travers l'Histoire, le moyen ultime de séparer les peuples ...pour les défendre ou pour empêcher leurs déplacements ...des légendaires murailles de Jéricho en Palestine au Mur d'Hadrien en Ecosse ...ou de la Grande Muraille de Chine aux barbelés séparant la Corée du Nord et la Corée du Sud ...On comprend alors que la "chute du Mur de Berlin" le 9 novembre 1989 ait pu être saluée par les Allemands comme un retour de leur identité nationale ...et même être considérée dans un contexte de "mondialisation" croissante comme "l'avènement d'un monde pacifié et sans frontières" ...Malheureusement, vingt ans plus tard, la planète n'a jamais été hérissée d'autant de barrières infranchissables ...Selon un historien (*), plus de 26.000 kilomètres de nouvelles frontières ont été mises en place durant cette période et, si les programmes annoncés de murs et barrières sont menés à leur terme, il s'étireront sur 18.000 kilomètres ...Déjà un mur a été édifié par l'Etat d'Israël en 2005 contre les Palestiniens, et maintenant une "palissade" est construite par les Etats-Unis à la frontière du Mexique pour arrêter une immigration indésirable...                                                               

   Ainsi donc, alors que les "nations" devraient être un moyen de s'unir dans un cadre "international" en respectant la diversité des peuples, elles deviennent de plus en plus un prétexte à des replis dans des frontières ...Peut-être ne s'agit-il que d'une crise de confiance passagère dans un monde perturbé par des difficultés économiques et sociales et cherchant à se défendre contre la recrudescence du terrorisme ...Mais peut-être aussi "l'identité nationale"n'est décidément pas le bon chemin pour parvenir à la paix du monde...
   
 (*) Michel Foucher  "Des Frontières et des Hommes" - Festival Thionville 2 au 26 novembre 2009
                                      www.desfrontieresetdeshommes.eu
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15 mai 2009 5 15 /05 /mai /2009 17:21
   Rien n'a jamais été simple avec l'Europe ...Déjà l'origine de son nom est mystérieuse puisque, dans l'Antiquité, l'historien Hérodote d'Halicarnasse évoque seulement le mythe d'une princesse phénicienne - donc de l'Asie - enlevée par Zeus en Crète où elle donna naissance à Minos ...D'autre part, elle ne représente sur la Terre qu'une péninsule à l'extrêmité occidentale de l'Asie, et cette péninsule est elle-même découpée en une myriade de presqu'îles et d'îles ...Découpage qui n'est pas sans rapport avec une histoire complexe où, à travers les siècles, des peuples le plus souvent venus de l'Asie, avec des traditions et des langues diverses, ont constitué des Etats s'élargissant parfois en Empires  sans lendemain sur son territoire : ...l'Empire Romain du 1er au 4ème siècle, ...l'Empire Carolingien du 8ème au 10ème siècle, ...le Saint-Empire Romain Germanique du 11ème au 15ème siècle, ...l'Empire des Habsbourgs du 16ème au 18ème siècle, ...l'Empire Napoléonien au début du 19ème siècle, ...sans oublier la constitution de l'Empire Russe s'étendant à l'est en Asie ...et le "pangermanisme" des Allemands de Bismarck à ...Hitler...

   Dans ces conditions, l'avènement d'une Europe enfin solidaire avec les Traités de Rome en 1957 a été un progrès considérable, même si son unité, un demi-siècle plus tard, est encore loin d'être réalisée ...Car ils ont mis fin d'abord aux divisions fratricides, responsables de l'hécatombe des deux guerres mondiales - 1914-1918 et 1939-1945 - et fait de l'Europe un "havre de paix", malgré la persistance de points chauds, comme l'Irlande du Nord, le Pays Basque ou la Bosnie ...Et ils ont ensuite, par la création d'un Marché Commun, constitué un pôle de stabilité économique, avec une régulation des échanges ayant abouti en janvier 2002 à la création d'une monnaie commune - l'Euro - qui apparaît déjà comme une monnaie de référence dans le monde, face à l'incertitude du Dollar américain, et a permis de limiter les dégâts dans la crise du 2è semestre 2008 ...On pourrait donc en conclure que l'Europe est "populaire"...

   Or ce n'est pas le cas ...Même si elle séduit encore les pays de l'Est - il est vrai soumis jusqu'en 1989 au totalitarisme soviétique - la Communauté Européenne ne suscite désormais le plus souvent que l'indifférence dans les pays de l'Ouest qui l'ont pourtant fondée, certains partis allant jusqu'à entretenir  une nostalgie nationaliste ou "souverainiste" ...Ainsi, en France, elle a pour une bonne partie de l'opinion seulement l'image d'une "bureaucratie" froide et lointaine, à laquelle on impute tous les maux, comme, par exemple, la hausse des prix après la création de l'Euro ou encore l'accroissement du chômage, alors qu'elle n'y est pour rien, au contraire ...Ce n'est pas par hasard qu'elle est généralement identifiée à la Commission de Bruxelles ...et à ses fonctionnaires ..., alors que son fondement démocratique se trouve au Parlement de Strasbourg qui a déjà réalisé une oeuvre importante et utile dans de nombreux domaines vitaux  comme les transports, la sécurité, les diplômes, et ...et qui est justement l'enjeu des prochaines élections européennes du 7 juin 2009 ...Bref, "les Européens n'aiment pas l'Europe", et ils s'en détournent progressivement, comme le prouve l'évolution de la participation aux élections : 62% (1979), 59% (1984), 58,4% (1989), 56,7% (1994), 49,5% (1999), 45,4% (2004), ...les sondages prévoyant moins de 45% en 2009...

   Cette indifférence croissante a des causes multiples tenant à la fois aux "structures" et à "l'idée" que l'opinion s'en fait, à tort ou à raison :
   - d'abord, il y a un problème de "représentation" ...Les électeurs ne connaissent pas leurs députés, car ceux-ci sont choisis au scrutin de liste, qui est la moins démocratique des consultations, puisque les "têtes de liste" des principaux partis sont sûres d'être élues ...et ces "têtes de liste" sont le plus souvent peu connues, voire totalement inconnues, car les circonscriptions sont trop vastes, ...à l'image de celle des "pays de l'ouest" de la France regroupant la Bretagne, les Pays de Loire et les Charentes, où, par exemple, le département d'Ille-et-Vilaine (avec Rennes !...) n'a de candidat qu'au 10ème rang dans la liste UMP ...Avec cela, comment assurer un contact réel entre les députés et les électeurs de base, relation qui existe au contraire pour les députés à l'Assemblée Nationale, élus au scrutin uninominal par arrondissement...
   - Ensuite, il y a un problème de "compétence" ...Dès l'origine, l'Europe a été une communauté économique (Charbon-Acier, Euratom, Euro...) bâtie sur la base du libéralisme, et elle est ainsi apparue comme une institution fondamentalement capitaliste au profit des entreprises, du moins des plus grandes, où les intérêts des "travailleurs" - suivant le langage de leurs syndicats - ne sont pas directement défendus ...Il n'y a pas "d'Europe sociale" ...C'est si vrai que la collaboration des ouvriers français et allemands dans l'affaire récente de l'entreprise "Continental" est apparue comme un fait nouveau et exceptionnel, une "première"...

    Il est donc évident que l'Europe ne pourra être autre chose qu'un "machin" et subsister comme une "réalité humaine" que si elle reste proche des citoyens et leurs préoccupations ...et pour cela, il lui faut d'abord des institutions solides, à la fois adaptées à son développement (nombre d'Etats passé de 6 à 27 en un demi-siècle...) et réellement démocratiques, où les habitants se reconnaîtront : à la fois un Président élu pour un délai suffisant (4 où 5 ans, comme aux Etats-Unis), et non une "potiche" changeant tous les 6 mois (le Président français avait fait oeuvre utile grâce à son dynamisme au 2ème semestre 2008, mais n'a pas eu le temps de la poursuivre) ...et, par ailleurs, un Parlement réellement représentatif disposant des moyens d'imposer ses décisions dans les domaines de son ressort ...A ce titre, le Traité de Nice de 2004 montrait la bonne voie, mais, en raison de la règle paralysante de l'unanimité, le Traité de Lisbonne assurant en 2007 une réorganisation efficace est resté en panne...

   Et pourtant ..."l'Europe", ce n'est pas "Eux" (on ne sait pas qui, d'ailleurs) ...C'est "Nous" ... Nous qui devons lui redonner un sens, c'est-à-dire une ambition humaniste, telle qu'elle avait été souhaitée par ses fondateurs, notamment le Français Robert Schuman ...Néanmoins comment faire ? ...Certes, il faut voter le 7 juin 2009 , car c'est un devoir civique ...Mais pour qui ?... Et pour quoi ?...
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5 avril 2009 7 05 /04 /avril /2009 14:22
   Pour mesurer l'importance des décisions prises à Londres par le G 20 le 2 avril 2009 pour une "Réforme de l'économie mondiale", il est nécessaire de les replacer dans l'évolution de cette économie au 20ème siècle, et notamment depuis la Guerre 1939-1945.

   En effet, à la fin de cette Guerre, les 44 nations alliées avaient signé le 22 juillet 1944 à Bretton Woods aux Etats-Unis, en présence d'un observateur de l'URSS, des accords économiques ayant pour but de mettre en place un système monétaire international capable de favoriser la reconstruction et le développement des nombreux pays touchés par le conflit ...Mais, pour cela, il ne fallait pas renouveler les erreurs commises après la Guerre 1914-1918, où l'ancien "étalon-or"avait été remplacé par un système "d'étalon de change-or", c'est-à-dire seulement de devises convertibles en or ...et il en était résulté une instabilité due aux mesures de protection nationales des pays concernés, notamment des dévaluations finalement responsables de la crise de 1929, qui avait entraîné des troubles sociaux et favorisé l'apparition des régimes autoritaires...

   C'est pourquoi, en 1944, compte tenu de la supériorité écrasante des Etats-Unis - qui n'avaient pas subi les ravages de la guerre et s'étaient même largement enrichis par la vente des armes et le prêt de fonds (Plan Marshall) au point de posséder alors 80 % des réserves mondiales d'or - les accords de Bretton Woods organisèrent un "Gold Exchange Standard" fondé sur une seule monnaie, le Dollar américain : toutes les monnaies furent alors définies en dollars, et seul le Dollar fut défini en or, sur la base restée célèbre de "35 dollars l'once" ...Et le Fonds Monétaire International (FMI) fut alors créé afin d'éviter tout dérapage ...national et intervenir en cas de crise locale ou généralisée sous forme de prêts assortis de conditions de redressement ...Ce système a eu incontestablement des effets positifs, d'autant plus qu'il a été accompagné d'un abaissement progressif des tarifs douaniers (ex: "Nixon Round" pour les Etats-Unis), servant ainsi de cadre aux "Trente Glorieuses" entre 1945 et 1974, marquées par une progression considérable de l'économie mondiale...

   Malheureusement la situation s'est depuis lors fortement retournée ...De nombreux pays, dont le Royaume Uni, la France et surtout l'Allemagne (cf "le miracle économique allemand") ont accumulé des réserves de dollars grâce à leurs exportations vers les Etats-Unis, alors que ceux-ci suscitaient une inflation de leur monnaie par des émissions excessives du fait des dépenses considérables occasionnées par la guerre du Vietnam et la course à l'espace...alimentant ainsi une inflation de plus en plus inquiétante dans le monde...Les Pays européens regroupés dans une Communauté s'efforcèrent néanmoins de maintenir une certaine stabilité avec le "Serpent Monétaire", dont l'insuffisance aboutit à la création d'une monnaie commune, "l'Euro", le 1er janvier 2002... Mais les Etats-Unis, dont l'économie était de plus en plus fondée sur le crédit  en raison de la prédominance du dollar, ne prirent pas en temps utile les mesures nécessaires contre des pratiques spéculatives sans commune mesure avec leur situation économique : l'once d'or qui valait à l'origine 35 dollars cotait en 2008 à plus de 1000 dollars, et le Dollar avait alors perdu 97 % de sa valeur en or...D'où la faillite des banques à la suite de prêts inconsidérés dans l'immobilier (les "subprimes") se propageant en crise économique mondiale en raison de l'implication restée majeure des Etats-Unis dans les relations commerciales ...On connaît la suite, avec la crise généralisée du crédit, le ralentissement de la production faute de liquidités, la fermeture partielle ou totale d'entreprises, la hausse du chômage ou du temps partiel, la restriction du pouvoir d'achat d'autant plus mal ressenti que, dans le même temps,  les responsables de grandes entreprises continuaient à étaler leurs revenus mirobolants : salaires, bonus (!), stock-options, placements dans des "paradis fiscaux" ...

   Le G 20 avait donc la lourde tâche de trouver des solutions à cette crise, et le problème est par conséquent de savoir s'il y est parvenu, ou du moins si les solutions proposées ont quelque chance d'être efficaces ...Au départ les conditions générales semblent remplies en raison de l'importance de la réunion : d'abord, les Etats représentés dans le G 20 sont beaucoup plus que ...20, puisqu'ils comportent 19 Etats "indépendants" réputés les plus riches du monde (*) ...et une "Communauté", l'Union Européenne, comportant, à elle seule, ...27 Etats(**), dont 3 déjà cités dans les 19 Etats indépendants (France, Royaume-Uni et Italie) ..., soit au total, pour le G 20, les 2/3 de la population mondiale et 90 % de la production de richesses ...Seuls manquent - de façon significative, il est vrai - les pays "pauvres" de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique du Sud... Ensuite, les Etats du G 20 ont su taire leurs divergences, en raison de leur crainte commune des conséquences de la crise, notamment les divergences entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni - partisans de mesures conjoncturelles limitées à une "relance" - et la France et l'Allemagne partisans de mesures structurelles pour une "régulation"...Dans ces conditions, il n'est pas surprenant que le G 20 soit parvenu à prendre des "décisions" importantes :

   - 1. Relance massive par l'apport de 1000 milliards de dollars venant s'ajouter aux divers plans nationaux, soit un montant total - sans précédent - de 5000 milliards de dollars, représentant 10 % du PIB mondial ...Le FMI, qui était menacé lui-même d'un manque de liquidités, voit pour sa part, passer ses réserves de 250 à 750 milliards de dollars, permettant ainsi de financer la relance dans les pays pauvres dits "émergents", incapables de la financer directement...

   - 2. Organisation d'une régulation internationale des marchés financiers, sous l'autorité d'un "Conseil de Stabilité", devant permettre une harmonisation des normes comptables entre les banques : suppression des "paradis fiscaux" ( véritables "trous noirs" de l'économie faussant le jeu de la libre concurrence) - encadrement des fonds d'investissements spéculatifs ("Hedge funds") et de la rémunération des "traders" (dont la prise de risques encouragée par des primes avait contribué à l'explosion de la "bulle financière"), ajustement des revenus des dirigeants (salaires, bonus, etc...) sur les performances réelles...

   3. Stimulation du commerce mondial ( baisse des échanges de 8 % en 2008) par l'apport direct de 250 milliards de dollars à l'Organisation du Commerce Mondial (OMC) permettant de renforcer les mesures prévues dans le "cycle de Doha" pour l'interdiction du protectionnisme, auquel de nombreux pays - dont la France - étaient tentés de recourir pour faire face à la crise...

   Néanmoins, en dépit de leur importance, ces "décisions" se heurtent à de sérieuses réserves :

   - d'une part, on peut s'interroger sur l'origine des fonds prévus pour la relance ...Certains pays "créditeurs" sont disposés à des prêts comme le Japon (100 milliards de dollars), l'Union Européenne (75 milliards), le Canada, la Norvège et la Chine (50 milliards) ...mais la Suisse, accusée de conserver le "secret bancaire", risque de s'en dispenser ...Et le FMI peut être autorisé à émettre des "Droits de Tirages Spéciaux" (DTS), autrement dit à utiliser la "planche à billets", génératrice d'inflation...

   - Ensuite, les "paradis fiscaux" sont stigmatisés sans être "proscrits" et on a établi seulement une "liste noire" des pays hostiles (dont la Suisse, le Liechtenstein ...et le Luxembourg) et une "liste grise" des pays acceptant de coopérer, ...mais en sont absents - pour des raisons faciles à deviner - certaines îles des Caraïbes, ainsi que Macao et Hong-Kong...

   - Enfin, la supervision des marchés financiers ne va pas jusqu'au conrôle des grandes banques,  qui reste légalement du ressort des autorités nationales, avec toutes les distorsions qui peuvent en résulter...

   Finalement le bilan du G 20 de Londres n'apparaît que comme une étape ...et, avant d'en faire un "nouveau Bretton Woods" fondant le "Capitalisme du 21ème siècle", il faut attendre que ces "décisions" se transforment effectivement en "actions" ...Mais il est déjà certain qu'un nouvel équilibre économique se dessine : il ne s'agit déjà plus d'une "économie unipolaire" fondée sur la prédominance des Etats-Unis, qui n'ont d'ailleurs pas "fait la loi" au G 20 de Londres ...Il s'agira désormais d'une "économie multipolaire", où les Etats-Unis cohabiteront avec d'autres "blocs" : l'Europe, la Russie, la Chine ..., celle-ci étant déjà largement créancière des Etats-Unis ...et pouvant même être appelée, en raison de son poids démographique et de son expansion économique, à remettre en cause ce nouvel équilibre avant la moitié du 21ème siècle ...Mais c'est une autre histoire, impossible à écrire à l'avance ...

(*) Par ordre alphabétique : Afrique du Sud, Allemagne, Arabie Séoudite, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, Corée du Sud, Etats-Unis, France, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Mexique, Royaume-Uni Russie, Turquie

(**) Par ordre alphabétique: Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Grèce Irlande, Italie, Luxembourg, Malte, Pays-Bas, Portugal, République de Chypre, Royaume-Uni, Suède (avant 2004), Bulgarie, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lithuanie, Pologne, République Tchèque,Roumanie, Slovaquie, Slovénie (après 2004)
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13 mars 2009 5 13 /03 /mars /2009 16:41
   S'il est un domaine où l'on ne demande pas l'avis du citoyen de base, c'est bien ...ou plutôt mal ...celui de la politique étrangère ...Et, en l'occurrence, le Président Sarkozy, en décidant la ré-intégration de la France dans le commandement de l'OTAN, s'est contenté de la faire connaître par les médias  sans recourir à une consultation, qu'il s'agisse d'un référendum auprès du peuple français - prévu en cas de traité extérieur (Article 11 de la Constitution - Alinéa 1), ou même simplement d'un vote du Parlement, puisque le gouvernement prévoit seulement une "question de confiance" à l'Assemblée Nationale, destinée à eviter tout écart dans sa majorité ...Pour ...autant, chaque citoyen de base reste libre d'avoir son opinion, même si celle-ci ne sert à rien...

   Toutefois, pour exprimer cette opinion, il faut d'abord savoir de quoi l'on parle ...L'OTAN (Organisation du Traité de l'Atlantique Nord) est une alliance "politico-militaire" qui a été créée le 4 avril 1949 à Washington par 7 Etats (Etats-Unis, Canada, France-Royaume-Uni, et les 3 Etats du Benélux), bientôt rejoints par 5 autres (Italie, Danemark, Islande, Norvège et Portugal), puis par la Grèce et la Turquie en 1952, la République Fédérale Allemande en 1954 ...et  l'Espagne en 1982...Il s'agissait alors d'une alliance "libre" des pays "occidentaux" destinée à endiguer l'expansion du communisme qui, après la Conférence de Yalta en 1945, avait permis à l'URSS d'étendre sa domination sur l'Europe "orientale" qui aboutit en 1955 à une alliance "forcée" (Pacte de Varsovie)...

   Mais chacun sait que, depuis lors, les conditions politiques ont radicalement changé ...D'abord, après la mort de Staline, le Rapport Krouchtchev a ouvert en 1956 l'époque de la "coexistence pacifique" ...Et en France, le Général De Gaulle, revenu au pouvoir en 1958, et soucieux de l'indépendance de la France - à laquelle il associait son destin personnel marqué par une méfiance envers les Etats-Unis - a décidé le 4 mars 1966 le retrait de la France du Commandement militaire de l'OTAN dirigé par les Etats-Unis et exigé le retrait des bases américaines de l'Hexagone, considérant qu'avec la mise au point de son armement atomique à partir de 1960 la France n'avait plus besoin du "parapluie nucléaire" des Etats-Unis et pouvait assurer son indépendance stratégique (Force de dissuasion) ...Néanmoins il maintenait la France comme "membre politique" de l'Alliance ..."Un pied dehors, un pied dedans", tel a donc été depuis plus de 40 ans la position de la France, qui l'a conduite à ne pas participer aux prises de décision  de l'OTAN, tout en apportant régulièrement son soutien ou sa collaboration dans diverses crises (Kosovo, Afghanistan) ..."L'indépendance " de la France n'a donc jamais été un "isolement"...

   Elle n'en était pas moins une "ambiguïté" ...Et on peut comprendre - en dehors de tout parti-pris politique - que le Président Sarkozy, féru du "parler vrai", ait pu déclarer sans ambage : " Je ne crois pas que le rôle d'une grande nation responsable comme la France soit d'être à mi-chemin entre tout le mode, c'est-à-dire nulle part"...et ajouter "que la France doit co-diriger plutôt que subir ...que nous devons être là où s'élaborent les décisions ...plutôt que d'attendre dehors qu'on nous les notifie" ...En fait, il n'a rien inventé et n'a fait qu'affimer avec éclat la nécessité d'un retour dans le Commandement militaire de l'OTAN que ses prédécesseurs avaient déjà tenté discrètement : d'abord François Mitterrand lui-même en 1990 ...puis Jacques Chirac  en 1995 ...vainement, il est vrai, en raison du refus des Etats-Unis d'accepter un partage des responsabilités avec les autres membres, d'agréer l'organisation d'une "Europe de la défense" et de confier des postes de commandement importants aux généraux français...

   Evidemment cette décision du Président Sarkozy ne manque pas de susciter la désapprobation de tous ceux qui restent attachés à "l'indépendance" de la France, aussi bien dans l'opposition que dans la majorité puisque Martine Aubry, Secrétaire du Parti Socialiste, estime que "rien ne justifie (cette décision) , si ce n'est un atlantisme qui devient une idéologie" ...et que, pour l'UMP et parmi d'autres "gaullistes", Dominique de Villepin, ancien 1er Ministre de Jacques Chirac - qui s'était illustré en 2003 en condamnant l'intervention américaine en Irak et en refusant la participation de la France - parle même de "faute" et "d'erreur en terme de stratégie"...

   En fait, il faut "raison garder" ...et ne pas s'illusionner sur le rôle d'une  France restant farouchement "indépendante", même si elle est encore considérée comme la 5ème puissance du monde et détient toujours une place au Conseil de Sécurité de l'ONU obtenu de haute lutte par le Général De Gauille en 1948 ...Le temps d'un "nationalisme exacerbé", qui a marqué l'histoire du monde au 19ème et au 20ème siècle et a malheureusement engendré deux guerres mondiales, est dépassé, du moins en Europe  ...et l'exaltation de la "grandeur de la France" n'est plus nécessairement limitée à son "pré carré" ...Il paraît maintenant évident que la France conservera une place éminente en s'engageant fermement et en donnant l'exemple - grâce à son prestige historique - au sein des organisations internationales ...Et, en ce qui concerne l'OTAN, ...d'autant plus qu'à y regarder de prés, la décision de ré-intégrer le Commmandement militaire n'a pas été prise sans contreparties , puisque la France conservera la souveraineté de sa force nucléaire et obtiendra 2 grands commandements sur 5 et que la défense européenne comme pilier de l'Alliance sera reconnue ...Pour une France solidaire dans le monde , autant pour l'OTAN ...ce n'est pas si mal ...

NB : Des modifications ont été apportées dans ce texte, en réponse aux commentaires
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21 novembre 2008 5 21 /11 /novembre /2008 15:32

   La nature humaine est ainsi faite ...qu'on ne peut pas toujours compter sur ses amis ...alors que les ennemis sont prêts à apporter leur aide !... Il est vrai que, par définition, les ennemis ont besoin d'autrui ...pour être contre, tandis que les amis s'autorisent de leur sympathie ...pour en prendre à leur aise ... Comme dit le dicton : "on ne se gêne pas avec les amis" ...

   La crise actuelle - dans la mesure où la "crise financière", d'abord limitée aux pays dits "occidentaux", a servi de détonateur à une "crise économique" étendue à l'ensemble du monde - est une belle illustration de ce paradoxe ...et un fois de plus le journaliste français Jean Boissonnat se livre à une analyse intéressante (*) :

   "...Aucun pays n'est épargné par la crise. Ce qui confère au G20 une responsabilité collective. Il y a quelque chose de fascinant à voir des dirigeants russes ou chinois se pencher sur les meilleurs moyens d'organiser les marchés financiers et les banques pour les mettre en état de prêter aux entreprises et de rassurer les épargnants. Staline et Mao doivent se retourner dans leur tombe...

   "Dans ce tourbillon, où les Etats-Unis retrouvent leur crédit et où les nouveaux venus à la table des Grands conquièrent le leur, l'Europe ne fait pas si mauvaise figure. Elle a été, sous l'impulsion de la France et, pour une fois, de la Grande-Bretagne, à l'origine de la réunion de Washington et des actions qui y ont été programmées. Cette posture reste à confirmer. Nous allons payer cher notre refus de la réforme institutionnelle, même si nous parvenons à limiter les dégâts avec le Traité de Lisbonne. Car une union à 27 - et bientôt davantage - ne peut pas être gouvernée par des institutions construites pour une Europe à 6 ...Il nous reste à concrétiser ce projet de Fédération d'Etats-Nations, sans précédent dans l'histoire...Sinon, nous dériverons lentement vers une Europe à géométrie variable qui serait inéluctablement une Europe à efficacité variable...

   " Quant à l'économie de marché, curieusement, elle pourrait sortir renforcée par la crise qu'elle traverse. Le G20 lui donne, en quelque sorte, une légitimité nouvelle, puisque le monde entier se rassemble pour la sauver. Ce ne sera pas la première fois que le capitalisme aura été tiré d'un mauvais pas par ceux qui le contestent ou par une crise qui révèle ses faiblesses. Déjà, au 20ème siècle, on l'a vue renaître grâce à des systèmes de protection sociale et de redistribution des revenus contraires à sa nature. Demain, il peut être renforcé par des régulations financières qui le retiennent de tomber et par une surveillance universelle qui le contrôle. Certes, rien n'est encore acquis. Mais c'est, tout de même, un étrange destin que de garder la vie grâce à ceux qui prédisent votre mort"...

   Autrement dit, le "libéralisme" et le "socialisme" ne peuvent pas se passer l'un de l'autre ...Comme le dit un autre dicton : "Mieux vaut un ennemi sage qu'un ami sot" ...Cette leçon du passé vaut-elle pour l'avenir ?...

(*) Editorial du Journal Ouest-France - 21 novembre 2008

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5 novembre 2008 3 05 /11 /novembre /2008 14:50

     "I've a dream" ..."Je fais un rêve" ...Le nouveau Président des Etats-Unis Barack Hussein Obama, un "métis" élu le mardi 4 novembre 2008 - un jour qui compte - avait seulement 2 ans ...et son père, "noir" d'origine kényane, n'avait même pas le droit de monter dans la même autobus que les "blancs" ...quand le pasteur Martin Luther King, à l'occasion d'une "Marche sur Washington" le 28 août 1963 commença ainsi son discours pour l'égalité des droits des "noirs"...

      45 ans après ...soit presque un demi-siècle, le rêve est maintenant réalisé, même si des résistances subsistent encore dans certains milieux des Etats-Unis ...Et il l'est au delà de toute espérance, car les Etats-Unis , encore peuplé de 75 % de "blancs", ont ainsi élu le représentant d'une "minorité de couleur", ce que l'Afrique du Sud, à majorité noire, n'a pas encore su faire pour les blancs après "l'apartheid" ...Etrange pays que celui des Etats-Unis, capable de montrer l'exemple de l'ouverture et du courage ...avec la Déclaration des Droits de 1787 ayant servi de modèle à la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 en France et à la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme en 1948, ...avec l'abolition de l'esclavage des noirs par Lincoln en 1863, à l'origine de la Guerre de Sécession, ...avec le sacrifice de leurs soldats dans le monde en 1917-1918 et en 1941-1945 ...Mais aussi pays capable d'engendrer ou de ne pas savoir empêcher des crimes à l'égard de ses citoyens émérites comme ...l'assassinat du Président Lincoln le 14 avril 1865, ...celui du Président John Fitzgerald Kennedy le 22 novembre 1963, celui de son frère, candidat à la présidence le 5 juin 1968, ...et encore celui, peu auparavant, de Martin Luther King lui-même le 4 avril 1968, les "services secrets" (CIA ou FBI) étant pour le moins coupables de passivité ...Pays où le "port des armes" est revendiqué comme un droit, ...et où la "peine de mort" est encore légale dans de nombreux Etats...

  C'est pourquoi une tâche immense attend le nouveau Président Obama, car il n'est pas seulement " le Président des Etats-Unis", il est aussi "le Président du pays encore le plus puissant du monde", dont les initiatives ne peuvent qu'avoir des répercussions internationales ...et l'accueil largement favorable de son élection ne peut cacher l'urgence des problèmes à résoudre :

   - Le 1er problème sera d'assurer d'abord ...sa propre sécurité, et ce ne sera pas une mince affaire...Déjà, comme candidat, il a fait l'objet d'une protection exceptionnelle, ...et il est évident que, devenu Président, il va devenir une cible encore plus importante, car ses projets ambitieux et même parfois radicaux ne manqueront pas
de déranger les intérêts de certains "loobies", comme il en avait été des projets du Président Kennedy, dont les circonstances de l'assassinat n'ont jamais été clairement élucidées...

   - Le problème le plus important sera ensuite de redresser une situation intérieure devenue déplorable ...au terme des huit années calamiteuses du soi-disant "le plus mauvais Président de l'histoire des Etats-Unis" - Georges "W" Bush - élu de façon douteuse en 2000 sur la réputation ...de son père, l'ancien Président, qui l'avait pourtant qualifié de..."nullard" dans sa jeunesse; ...et même réélu de façon inconsidérée en 2004 dans un réflexe "d'unité nationale" et une volonté de "lutte contre le terrorisme" après les attentats du 11 septembre 2001...Résultats : un pouvoir présidentiel impopulaire en raison de l'application abusive de "l'executive unitaire" permettant de passer outre ou de ne pas parapher les décisions du Congrès ...Une crise financière suscitée par un "capitalisme dérégulé" ayant négligé d'apporter l'aide nécessaire au remboursement des prêts immobilier à taux variable (crise des "subprimes") ...Une crise économique, où la réduction du budget et du pouvoir d'achat pèse sur tous les secteurs d'activité routes et ponts mal entretenus, réseau électrique hoes d'âge, dette "abyssale de 10 milliards de dollars) ...Crise morale enfin, où l'image même des Etats-Unis est ternie par un comportement scandaleux vis-àvis des prisonniers à Guantanamo ou en Irak...

   - Car un dernier problème, aussi grave, est de rétablir le prestige des Etats-Unis dans le monde, amoindri par le comportement du Président George "W" Bush et de son aministration, qui ont déployé des milliers de soldats américains en Irak, en mentant sur la réalité "d'armes à destruction massive" et en écartant la médiation de l'ONU ...et qui ont trouvé le moyen de susciter une guerre nationale en Afghanistan par la maladresse de leur action contre les "talibans", le but annoncé - celui d'éliminer Ben Laden (dont la famille avait naguère renfloué les affaires du futur Président...), n'étant pas atteint...Politique du bâton, qui lui vaut une méfiance internationale, permettant à l'Europe de prendre le "leadership", comme l'illustre la prochaine réunion prévue, à l'initiative du Président français Sarkozy, le 15 novembre 2008 à Washington, pour prendre les mesures financières rendues nécessaires par la récente crise bancaire, notamment élaborer une nouvelle monnaie de référence, en remplacement ...du dollar américain, en usage depuis les accords de Bretton Woods en 1944...

   Le nouveau Président Obama n'est donc pas "au bout de ses peines" ...Mais, en dépit des prophètes de mauvais augure soulignant son "inexpérience, il semble prêt à les surmonter, ses premiers propos dès les résultats des élections étant des paroles "d'ouverture", d'ailleurs saluées par son honnête et valeureux concurrent Mac Cain ... Car il a clairement annoncé qu'il n'y a pas d'un côté les "démocrates", de l'autre les "républicains ...ou, d'un côté les "blancs" et de l'autre les "gens de couleur" ...mais qu'il y a seulement les "Etats-Unis" .. Et cela a une signification à la fois intérieure  ...et extérieure ...Encore deux mois d'attente - bizarrerie américaine après les élections - et le monde ne tardera pas à s'en apercevoir ...

  

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2 septembre 2008 2 02 /09 /septembre /2008 14:36

   Il y a dans le monde beaucoup de villes qui ont marqué l'histoire à des titres divers comme Babylone, Athènes, Rome, Paris, Londres, New-York ...ou encore Lhassa, Calcutta, Tokyo, Pékin ...Mais aucune ville ne l'a marquée de façon aussi constante que Jérusalem, l'une des villes les plus anciennes du monde (4 millénaires...), n'ayant eu cependant qu'un développement récent (1000 à 5000 habitants sous l'Antiquité, 15.000 au 16ème siècle, 200.000 en 1947, 700.000 en 2005).

   En réalité, Jérusalem doit son importance essentiellement au fait qu'elle est apparue au cours de l'histoire comme "la ville des trois grandes religions" - judaïsme, christianisme et islamisme - non pas en raison d'un concours de circonstances, mais parce que ces trois religions sont apparentées sur de nombreux points, en particulier leur caractère monothéiste (croyance en un seul Dieu), la vénération de mêmes "entités" (Abraham, Prophètes, Ange Gabriel, Jésus, Marie...) ...et la reconnaissance de Jérusalem comme une "Ville Sainte"...

   Pour autant, l'histoire de Jérusalem n'est pas simple, car elle a justement été, au cours des siècles, malgré leurs points communs, l'enjeu de ces trois religions, dont les conflits ont laissé leurs traces dans son urbanisme (quartiers réservés cf.ci-dessous)) comme dans ses monuments (Mur de l'Esplanade des juifs, églises chrétiennes comme le Saint-Sépulcre, et mosquées du Rocher ou Al-Aqsa pour les musulmans)...

   - La religion la plus ancienne est le judaïsme, mais, contrairement à une opinion courante inspirée par la Bible, les Hébreux, ancêtres des Juifs, n'ont pas créé Jérusalem ...Les recherches archéologiques ont démontré en effet l'existence d'une cité cananéenne de "Salem", dont le nom était inspiré par
la divinité astrale de la Nuit (la lune), l'autre divinité étant celle du Jour sous le nom égytien de "Ré" (le soleil) ...Le Josué de la Bible prie lui-même ces divinités de ne pas s'opposer au Dieu de l'Orage et des Tempêtes qu'est leur Dieu Yaveh, ce qui prouve d'ailleurs qu'à l'origine les Hébreux n'étaient pas monothéistes ...L'origine de ceux-ci est en fait incertaine - soit des tribus de pillards venus d'Arabie (nom péjoratif d'Hapirous), soit des bergers faméliques venus des hauteurs de la Palestine ...Toujours est-il que les Hébreux assurent leur domination et que l'ancien berger David, venu du nord, s'empare de Jérusalem et fonde un royaume (vers 1000), son successeur Salomon construisant ensuite le 1er Temple sur l'éperon rocheux ...Mais ce royaume ne dure pas : il est d'abord divisé en deux parties , le royaume d'Israël au nord et le royaume de Juda avec Jérusalem au sud, et le premier est conquis par les Assyriens (722 av.JC) et le second par les Babyloniens de Nabuchodonosor (587 av.JC) qui détruit le 1er Temple et déporte les habitants à Babylone (l'Exil) ...C'est alors que les Juifs commencent à écrire la Bible en complétant les récits de leur histoire (Juges,Prophètes et Rois) par des légendes empruntées à la Mésopotamie (Création, Déluge, Moïse émule de Sargon l'Ancien...). Libérés par le conquérant perse Cyrus (538), ils reconstruisent le Temple ...mais Jérusalem comme le reste de la Palestine connaissent de nouvelles péripéties ; conquête d'Alexandre et occupation hellénistique (Antiochos IV dédie le Temple à Zeus, provoquant le Révolte des Macchabées 167 av.JC), puis conquête romaine par Pompée (63 av.JC) et installation d'un royaume vassal avec Hérode le Grand qui rénove le 2nd Temple (cf ci-dessous la reconstitution en maquette) et embellit Jérusalem par de nombreuses constructions ...Mais les Juifs, à l'instigation des extrêmistes "zélotes",  ne désarment pas, et une première révolte est brisée par Titus qui détruit le Temple (70 ap.JC), tandis qu'une seconde révolte est écrasée par Hadrien qui rase la ville (134 ap.JC), fonde à la place la cité d'Aelia Capitolina en l'honneur de Jupiter ...et interdit son accès aux Juifs. C'en est fini pour les Juifs de la "Jérusalem terrestre" ...et ils attendent depuis lors la venue du Messie qui les sauvera dans une "Jérusalem céleste" : encore maintenant, les cérémonies de la Pâque juive se terminent par l'invocation  " L'an prochain à Jérusalem !"...

   - Mais entre temps, une nouvelle religion était apparue : le christianisme, inspiré par le juif Jésus, qui avait voulu rénover un judaïsme devenu formaliste mais avait été rejeté par les Juifs "orthodoxes" et notamment les prêtres sadducéens qui méprisaient l'enseignement de cet obscur "Galiléen" et n'hésitèrent pas à le dénoncer comme un agitateur dangereux au Procurateur romain Ponce Pilate, qui le fit exécuter (Crucifixion, supplice fréquent et infâmant à l'époque) ... Ils firent de même exécuter les disciples Etienne puis Jacques le "frère du Seigneur" ...et Pierre "l'apôtre des Juifs" ainsi que Paul "l'apôtre des Païens" ne durent leur salut qu'à la fuite ...Pas pour longtemps, car ils seront exécutés à Rome à l'occasion de la persécution de Néron (vers 60) ... Jérusalem n'est donc pas alors une "ville sainte" pour les chrétiens, qui prennent l'habitude de se tourner vers les successeurs de Pierre à Rome, y instaurant alors la Papauté ...Mais Jérusalem n'en est pas moins la ville où Jésus , qu'ils ont reconnu comme le "Messie" (en grec Christos /Christ), "a été crucifié, est mort, a été enseveli, ...et a été ressuscité le 3ème jour" ...Et, à ce titre, à partir du 4ème siècle (conversion de Constantin), les Empereurs y multiplient les constructions d'églises (notamment l'Anastasie : le Saint Sépulcre - cf ci-contre), la protection des chrétiens y étant assurée ensuite par l'Empire byzantin (4ème - 7ème siècle)... à la différence des Juifs, dispersés autour de la Méditerranée (La Diaspora)...

   - Alors apparaît l'Islamisme ou Islam, dont le promoteur Mahomet, influencé en Arabie par des juifs ainsi que par des chrétiens "monophysites" (refusant la Trinité), ne prétend pas d'abord créer une nouvelle religion et veut seulement, ...après Jésus, être le dernier Prophète ..Le Coran reconnaît d'ailleurs Jérusalem comme "la 3ème Ville Sainte" (après La Mecque et Médine) et affirme que Mahomet y monta au Ciel avec l'archange Gabriel, et que les musulmans s'y réuniront le jour du Jugement dernier ...Il n'est donc pas surprenant que les Arabes y fassent preuve de tolérance en autorisant les pélerinages juifs et chrétiens, et en laissant le Saint-Sépulcre aux chrétiens et l'accès au Mur des Lamentations aux Juifs  ... Mais cette tolérance ne dure pas et l'occupation par les Turcs seldjoukides convertis à l'Islam entraîne l'interdiction des "Lieux-Saints" et par contrecoup la 1ère Croisade prêchée par le Pape Urbain II, la prise de Jérusalem par les chrétiens au prix d'un horrible massacre (1099) et la création du "Royaume latin de Jérusalem" ...Pas pour longtemps, puisque le Kurde Saladin reprend le territoire (1187), tout en concédant lors de la 3ème croisade à l'anglais Richard Coeur de Lion l'accès de Jérusalem à Jérusalem ..Divers monuments sont alors construits par ses successeurs, et notamment les Ottomans avec Soliman le Magnifique (16ème siècle) sur l'ancienne esplanade du Temple avec la mosquée Al-Aqsa et la mosquée du Rocher au dôme doré, construite à l'emplacement de l'ancien Temple sur le "Rocher d'Abraham" (cf. ci-contre avec le Mur des Lamentations, seul vestige "juif", en contrebas), constructions qui donnèrent à la vieille cité de Jérusalem son aspect actuel...

   On aurait pu espérer qu'après la dislocation de l'Empire Ottoman en 1918, les puissances "occidentales" reprennent sa politique d'équilibre entre les communautés au Moyen-Orient, notamment en Palestine et dans la ville-symbole de Jérusalem... Tel ne fut pas le cas : alors que la Palestine comportait alors 690.000 habitants, dont seulement 90.000 juifs, l'Angleterre - pays mandataire - donna suite au souhait des "sionistes" de Theodor Herzl de créer un "Etat Juif" dans le territoire mythique de la "Terre Promise", en oubliant qu'ils n'en avaient été ni les premiers occupants, ni les habitants les plus nombreux et les plus constants depuis deux millénaires ...Certes, il était nécessaire de trouver pour les réfugiés juifs, victimes d'une vague d'antisémtisme à la fin du 19ème siècle, des terres d'accueil, à fortiori en 1945, après l'horreur de la Shoah, ...mais le choix de la Palestine n'était pas le meilleur, surtout sans la moindre concertation avec les "autochtones" qui n'étaient pour rien dans l'antisémitisme...Car l'arrivée massive de 600.000  "colons" juifs et la création de l'Etat d'Israël en
  1948 déclencha aussitôt la guerre, avec le déplacement de 1.000.000 de Palestiniens ...Et depuis lors le conflit s'éternise, malgré le partage incongru issu de la Guerre des Six-Jours en 1967 entre l'Etat d'Israël et un Etat Palestinien coupé en deux - Cisjordanie et Territoire de Gaza (cf carte ci-contre) - avec une longue suite d'attentats et d'incidents divers qui ont abouti, notamment à Jérusalem, elle-même coupée en deux , à la construction d'un "mur" (cf.ci-dessous) aussi honteux que, naguère, celui de Berlin...   
   Alors, quelle solution trouver ?...
La situation est dans l'impasse malgré les efforts des "colombes" dans les deux camps, qu'il s'agisse de Shimon Peres pour les Israëliens ou de Mahmoud Abbas pour les Palestiniens, et en dépit des tentatives de médiation de l'Angleterre ou de la France ...Car le "mur" n'est pas seulement sur le terrain, il est dans les têtes ... Les Israëliens ont déclaré en 1967 que Jérusalem unifiée était leur capitale "éternelle et indivisible", et les Palestiniens, lors de la proclamation de leur Etat (1988) ont revendiqué à leur tour Jérusalem comme leur capitale ... Les chrétiens, présents dans les deux Etats, mais minoritaires et divisés en confessions diverses (catholiques, orthodoxes, maronites, melkites...) s'accommoderaient , à défaut d'une "confédération " actuellement utopique et impossible, d'une "internationalisation" de Jérusalem sous l'égide de l'ONU ...Jérusalem ne ferait que retrouver officiellement la situation de "ville internationale" qui a toujours été pratiquement la sienne ...Mais on n'en est pas là...

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22 août 2008 5 22 /08 /août /2008 08:34

   Le Président de la République, en rendant un hommage légitime aux dix soldats français tués dans une embuscade en Afghanistan, y a jusfifié la guerre en affirmant : "Ici se joue la liberté du monde" ...

   La guerre a toujours été un fléau, comme toutes les catastrophes naturelles provoquant la mort des hommes, mais avec cette différence majeure que les hommes en ont la responsabilité... Et, à travers l'histoire, cette responsabilité n'a que rarement trouvé une justification ...Car la liste est longue, et même interminable, des guerres ayant résulté de l'ambition de souverains, de querelles dynastiques, ou de conflits économiques ...

  Néanmoins, certaines guerres ont pu trouver une justification dans les institutions créées par les hommes eux-mêmes
 pour leur "salut", en particulier les religions attribuées le plus souvent à une puissance "divine" : ainsi, dans la Bible, les Hébreux - en dépit du 7ème verset du Décalogue : "Tu ne tueras point" (Exode 20/13) - ont le devoir de tuer au nom de Yaveh pour la conquête de la Terre Promise, à l'exemple de la prise de Jéricho : "Ils vouèrent à l'anathème (herem) tout ce qui se trouvait dans la ville, hommes et femmes, jeunes et vieux" (Josué 6/21) ... De même, les chrétiens sont invités au Concile de Clermont par le Pape Urbain II à la "croisade" et détruisent Jérusalem (1099) au nom de Jésus-Christ qui avait pourtant prêché "l'amour du prochain" ...Et, à leur suite, les musulmans auront l'obligation de massacrer les Infidèles au nom de la "Guerre sainte" (Djihad) ...

   Mais la justification de la guerre n'a pas toujours été une affaire de religion ...Car la guerre peut apparaître nécessaire quand il s'agit de résister à l'injustice ou l'asservissement et qu'il n'y a pas d'autre solution... Ainsi, la lutte contre le nazisme - à fortiori quand a été connue l'infâmie de la Shoah - justifie la 2ème Guerre mondiale malgré le grand nombre de victimes militaires et civiles ... Mais peut-on en dire autant des guerres menées actuellement en Irak et en Afghanistan ?...Après les attentats du 11 septembre 2001, les Etats-Unis ont voulu entreprendre une ...croisade contre le terrorisme international, mais en Irak, la guerre s'enlise et engendre même une guerre civile... Et en Afghanistan, où il s'agissait de "frapper au coeur" pour atteindre le chef présumé des terroristes, Ben Laden, les Talibans d'abord isolés parviennent maintenant à rallier d'autres factions dans une guerre de "libération", où les troupes de l'OTAN - dont les Français - apparaissent comme des forces d'occupation défendant un régime fantoche et corrompu ...Alors, c'est certainement beaucoup dire que la liberté du monde y est en cause...

   Finalement, il n'apparaît pas possible de répondre à la question : "La guerre peut-elle être juste ?"... Une guerre injuste peut devenir juste, et inversement une guerre juste peut devenir injuste... Mais la "négociation", en cas de conflit, n'est pas pour autant une panacée et elle peut engendrer, elle aussi, l'injustice... Alors, que faire, "les hommes étant ce qu'ils sont, et l'humanité étant ce qu'elle est", s'il est permis d'étendre ainsi au monde l'aphorisme appliqué à la France par le Général De Gaulle, qui fut lui-même un homme de guerre avant d'être un homme de paix ?...

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