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11 octobre 2006 3 11 /10 /octobre /2006 10:12

   Il y a 20 ans - le temps symbolique de la "jeunesse"...- il n'était pas de bon ton de parler de la "vieillesse"... Car les "vieux", dont le nombre commençait déjà à croître en raison de la prolongation moyenne de la vie, étaient considérés comme un poids de plus en plus lourd à supporter par un nombre de "jeunes" lui-même en diminution mais appelé, en raison de l'arrivée du "papy-boom" issu du "baby-boom" de 1945-1950, à une contribution de plus en plus forte pour financer les retraites des parents... Les "jeunes" pestaient contre les rentiers - forcément vieux - qui "s'enrichissaient en dormant"... Et même les ...vieux s'en mêlaient, du moins "ceux qui ne se croyaient pas si vieux", en pratiquant dans leur comportement un "jeunisme" de mauvais aloi... Car, pour être heureux, l'idéal était d'être "jeune, beau et riche", en utilisant, si besoin était, la chirurgie esthétique ...ou la pilule pharmaceutique.

   Il faut reconnaître que les mentalités ont changé, alors que ceux qui avaient 20 ans en 1968 et rêvaient d'un "avenir radieux" passent désormais le cap des 60 ans, c'est-à-dire l'âge moyen de la retraite... Et ceci certainement parce qu'il y a une meilleure "prise de conscience" des réalités de la vie :

   - D'abord le "seuil de vieillissement " n'a cessé de reculer depuis près de 2 siècles... Vers 1850, on était "vieux" à 50 ans ...et un "vieillard" à 60 ans. Un centenaire était un phénomène exceptionnel... et un père ne vivait plus longtemps en moyenne quand son fils avait atteint 20 ans... Les études sociologiques ont montré depuis lors que la "notion de vieillesse" s'est cristallisée vers 62 ans dans les années 30, vers  67 ans dans les années 70, vers 75 ans dans les années 90... et, en prolongeant la courbe, le seuil sera repoussé à 82 ans en 2040... Ainsi, même si les "plus de 60 ans" deviennent la majorité, il n'y aura paradoxalement pas plus de "vieux" que maintenant... CQFD !

   - Ensuite les "seniors" de plus de 60 ans - expression donc préférable à "vieux" - apparaissent de moins en moins comme des ..."parasites" à la charge des "jeunes"... Le temps est fini des personnes âgées cantonnées dans un bâtiment ou une pièce à l'écart de la ferme, ou envoyées délibérément "à l'asile", même s'il y a encore - hélas ! - des exceptions... Car les études sociologiques montrent que les "seniors" participent désormais largement à l'équilibre de la société par leur esprit de solidarité : c'est parmi eux qu'on trouve le plus grand nombre de "bénévoles"... pour une raison évidente de "temps libre", mais aussi tout simplement par un souci de rendre "librement" service... D'autre part, les "seniors" aident de plus en plus les "jeunes", notamment en cette période de chômage larvé : on estime qu'ils donnent actuellement 6 % de leurs revenus courants à partir de 60 ans, et 12 % à partir de 80 ans... Par ailleurs, de plus en plus de "seniors" règlent leur héritage "de leur vivant", parfois d'ailleurs sans trouver beaucoup de reconnaissance et même en suscitant malgré eux des divisions entre héritiers... On peut penser que la proportion de cette aide va augmenter du fait du plus grand nombre de femmes à avoir eu une "vie active" (au sens salarial...). Et ceci à fortiori si l'Etat continue à alléger la fiscalité pour la transmission des biens aux enfants et même aux petits-enfants...

   - Enfin, il y a même actuellement une tendance à utiliser les ..."jeunes vieux" (si l'on peut dire...) pour pallier les insuffisances des recrutements ou des compétences... Il y a des "seniors" qui recherchent d'ailleurs des emplois - au moins à mi-temps - pour compléter une retraite insuffisante, et la législation prévoit même des "plafonds"... Mais il y a aussi des entreprises qui recherchent délibérément des "seniors" pour la formation, l'encadrement des stages, etc... Au point qu'on peut y voir, à juste titre, un risque, sinon un danger, car il appartient aux responsables publics et privés  de faire les réformes qui s'imposent sans miser indéfiniment sur les "seniors" comme des ...rustines.

   De toutes façons, même si le seuil de vieillissement recule et si les "seniors" participent de plus en plus à la "vie sociale", il n'en reste pas moins vrai qu'il y a une limite -  plus ou moins tardive - où les personnes âgées deviennent dépendantes... Et pour elles,  un effort important et sincère est nécessaire, afin qu'elles ne soient pas la "proie", comme c'est parfois le cas, de "maisons de retraite" qui les exploitent (un placement financier dans cette activité est considéré actuellement comme un des plus rentables...).  Car il n'y aura de "retraités heureux" que si les "jeunes", comme les "vieux", ne refusent à l'avenir, ni leur âge, ni l'idée de la mort, fatale pour tous...

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6 octobre 2006 5 06 /10 /octobre /2006 18:24

   Sous ce titre, dans le journal La Croix du 4 octobre 2006, l'éditorialiste Guillaume Goubert évoque le problème "moral" posé par l'initiative d'une société mutualiste d'assurances de créer une "Complémentaire Santé" qui s'écarte du principe de mise en commun des risques entre tous les souscripteurs.

   A priori, cette initiative est séduisante, puisqu'elle doit permettre à un assuré d'être remboursé au maximum de 50 % de sa cotisation annuelle, si ses dépenses de santé sont faibles. Chacun peut y trouver une sorte de transposition du système "bonus-malus" bien connu des automobilistes. Mais...

   ... Mais nul ne peut ignorer qu'une société d'assurances, même sous la forme de "mutuelle" - c'est-à-dire d'une entreprise ayant des "sociétaires" et non des "actionnaires" - reste un organisme commercial affronté à la concurrence et devant assurer au mieux un "juste bénéfice" et au pire sa "solvabilité"... Et par conséquent les "bons risques" doivent servir à couvrir les "mauvais risques"... En clair, l'avantage consenti aux "bons adhérents" doit équilibrer la perte due aux "mauvais adhérents"...

   La société d'assurances en cause se défend en soulignant que "ce produit est 15 % plus cher qu'une assurance complémentaire santé classique, et que ce sont ces 15 % qui doivent permettre de faire face à des ristournes aux "bien-portants". Et elle ajoute que ce produit pourrait amener à s'assurer sans crainte des personnes qui actuellement ne se couvrent pas "en pariant sur leur robuste constitution"(sic)... Enfin il y a un 3ème aspect inavoué, mais implicite : les assurés seront tentés de ne pas se faire rembourser des "petits frais médicaux" pour préserver leur ristourne... A nouveau, on peut penser aux automobilistes...

   Il n'en est pas moins vrai que les personnes "en mauvaise santé" - passagère ou durable - ou en "santé déclinante" - notamment les personnes âgées - ne pourront que s'écarter d'un "produit" où elles savent d'avance qu'elles paieraient le prix fort sans espoir de ristourne... Or, dans l'étymologie même du mot "mutualisme", il y a un principe de "solidarité" en vertu duquel le "faible" est aidé par le "fort"... et non le "fort" avantagé par rapport au "faible"...

   On peut donc comprendre la conclusion de l'éditorialiste affirmant que cette initiative d'une société "mutuelle" d'assurances "illustre une tendance forte de l'évolution sociale, celle d'une "individualisation" des intérêts de chacun au détriment d'un intérêt plus collectif"... Certes, il peut en résulter pour chaque individu une plus grande "lucidité", et donc davantage de "responsabilité"... Mais il apparaît aussi que "l'économie de marché" ne peut pas garantir la "solidarité", celle-ci ne pouvant relever que de toute la collectivité...

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14 septembre 2006 4 14 /09 /septembre /2006 23:50

   Le problème des retraites fait partie de ces dossiers "récurrents" que la France a le don - original en Europe - de laisser sans solution définitive... Il faut dire que ce problème est une "patate chaude" que les gouvernements - quels qu'ils soient - se refilent en prenant au mieux des mesures provisoires ou partielles sans le traiter à fond... Car ce débat est politiquement dangereux, même s'il est moralement nécessaire.

   La nécessité d'une réforme complète du système est en effet indiscutable, à en juger par l'avis du Conseil d'orientation des retraites (COR) et le 9ème rapport de la Cour des Comptes présenté le 14 septembre 2006 sur la Sécurité Sociale. La France est désormais entrée, 60 ans après le "baby-boom", ...dans le "papy-boom" : en 2000, il y avait 585.000 personnes à atteindre 60 ans, en 2006 il y en aura plus de 800.000, et l'effet ne s'amortira progressivement que vers 2030, à fortiori avec l'allongement régulier de la durée de vie. Or, parallèlement, le nombre "d'actifs" va diminuer de sorte que, en application du système de répartition prélevant sur leurs salaires les cotisations nécessaires au paiement des pensions, le poids de celles-ci deviendra insupportable... Comme il est déjà scandaleux que les autorités responsables aient évité pendant 60 ans de résoudre ce problème pourtant prévisible, il est impensable désormais d'en laisser à nos enfants et petits-enfants: ce serait aller au devant d'un risque d'explosion du pacte de solidarité entre générations qui est un fondement de la République...

   Néanmoins, une réforme complète du système des retraites ne va pas sans poser des problèmes difficiles tenant à la fois au principe retenu et à la possibilité de mise en oeuvre :

   - Le principe à retenir ne peut être que d'assurer "la plus grande égalité possible" entre les 3 régimes actuels de retraite : le régime général (Privé), le régime des Fonctionnaires (et Assimilés...) et l'ensemble complexe des régimes dits "spéciaux" (notamment entreprises publiques : EDF, GDF, SNCF, RATP, etc...), et ceci dans 3 domaines fondamentaux :

   1. La durée d'activité: Elle est actuellement de 37 années 1/2 (Entreprises publiques), 38 1/2 devant passer à 4O (Fonctionnaires) et 40 années (Privé)... Il paraît raisonnable d'aligner tous les régimes sur 40 années dans une 1ère étape...Il sera toujours temps de prolonger ultérieurement cette durée en fonction de l'allongement éventuel de la durée moyenne de vie...

   2. L'âge de départ : Il est situé en moyenne autour de 55 ans (Entreprises publiques), de 57 ans 1/2 (Fonctionnaires) et de ... 61 ans et 9 mois (Privé). Ces chiffres doivent être d'ailleurs nuancés en fonction de certaines particularitéscomme le cas des emplois dits "pénibles" : à la SNCF, il y avait naguère les chauffeurs de locomotives, mais on n'en est plus à la "bête humaine"... Et pour les fonctionnaires, on peut s'étonner aussi que certaines fonctions connaissent une retraite à 55 ans pour cette raison : les...instituteurs et ...les gardiens de musée !...Evidemment les écarts sont importants et une unification n'est concevable que par étapes,... mais à terme, comme l'Allemagne se prépare à fixer la limite à 67 ans et l'Angleterre à 68,...pourquoi, dans le cadre de la mise en place d'une Europe sociale, la France n'en ferait-elle pas autant ?

   3.Le taux de cotisation : Il est fixé à 7,85 % du salaire hors primes (Entreprises publiques), à 7,85 % du traitement et d'une fraction des primes (Fonctionnaires) ... et à 10,35 % de tous les revenus (Privé)... Une unification est certes difficile compte tenu de l'importance des écarts et de l'incertitude actuelle de l'économie, et elle pourrait donc être alignée sur 10,35 % en plusieurs étapes... Mais, en tout état de cause, il n'est pas possible que l'Etat - c'est-à-dire les contribuables, et notamment les actifs et retraités des autres régimes - continue à subventionner jusqu'à 60 % des régimes spéciaux déficitaires, dont les bénéficiaires n'ont cotisé que jusqu'à 55 ans !

 

   - La possibilité de mise en oeuvre sera de toutes façons le problème le plus difficile... A cet égard, l'échec initial d'Alain Juppé, puis après 2003 l'interruption des réformes d' Edouard Balladur et de François Fillon limitées au Régime Général et aux Fonctionnaires... sont des épisodes significatifs... Cependant il est impossible de continuer à atermoyer, voire de reculer, à en juger par la déclaration du 14 septembre 2006 de Philippe Seguin, Président de la Cour des Comptes, signalant que la dette de la Sécurité Sociale, liée au Régime général, sera de 16 milliards d'Euros en 2006 et s'élévera au montant pharamineux de 37 milliards d'Euros à l'horizon 2009 si des mesures "drastiques" ne sont pas prises avant cette date !... Bien sûr, de telles mesures ne pourront que susciter une "levée de boucliers" de la part des syndicats concernés qui, d'ailleurs, à la seule annonce de cette nécessité, s'indignent et parlent déjà de grèves, car elles remettent en cause les fameux "avantages acquis" déclarés pour cette raison "intouchables"... Mais ces "avantages" ont été "acquis" surtout dans une période de forte croissance économique entre 1960 et 1990, à la faveur de la faiblesse ou de la surenchère électoraliste de gouvernements qui ont préféré céder - à la différence d'une Margaret Thatcher - devant des corps de métiers ayant, avec l'énergie et les transports, des moyens de pression considérables... Déjà - hélas ! - Jean-Louis Debré, Président de l'Assemblée Nationale, parle au sujet des suggestions de mesures nouvelles de François Fillon, de "propos inutiles, inopportuns et maladroits"... et Villepin, le 1er Ministre, va jusqu'à préciser "qu'il n'y a pas de projet du gouvernement" et "qu'il ne faut pas monter certains Français contre d'autres"... Or une majorité de Français - plus de 50 %, suivant un récent sondage - ne semble pas opposée à une réforme des régimes spéciaux... et même des "responsables de gauche" restent prudents sur ce sujet... Manifestement, encore et toujours, il s'agit de "préoccupations électoralistes" !...

 

 

   Ne pourrait-on pas enfin éviter de faire des retraites un objet de querelle politique et - à droite comme à gauche - devant l'échéance inévitable des problèmes, avoir le "courage" de réunir une "convention" pour parvenir à un programme et à une mise en oeuvre, sans noyer une fois de plus les problèmes dans la démagogie ?...

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3 septembre 2006 7 03 /09 /septembre /2006 22:51

   Monsieur Carrez, Député-Maire du Perreux-sur-Marne et Rapporteur général de la Commission Budgétaire de l'Assemblée Nationale, a présenté dans le Figaro du 31 juillet 2006 un Plan pour sauver les finances publiques de la France. Ce Plan peut être résumé en 3 éléments :

- 1. Un constat : les finances publiques restent bloquées dans un étau difficile à desserrer, à en juger par la hausse des principaux "indicateurs" entre 2002 et 2005 :

          - Dépense publique rapportée au PIB : 51,7 à 53,9 % (+ 2,2 %)

          - Prélèvements obligatoires : 43,8 à 44 % (+ 0,2 %)

          - Dette de la France : 56,3 à 66,6 % du PIB (+10,3 %)

   Cette évolution est d'autant plus inquiétante que d'autres pays européens comme la Suède ou le Danemark ont réussi à réduire de 10 points en 10 ans le poids des dépenses publiques dans leur économie...                                                                                                                      2 - 2. Un rejet : la politique actuelle de la France reste fondée sur une "accoutumance à la dépense" faisant que les dépenses publiques sont chaque année supérieures de 16 % aux ressources, et ceci quelle que soit l'orientation des gouvernements :

        - Pour la "Gauche", augmentation des dépenses pour stimuler la croissance qui devrait     ainsi en compenser l'effet...

        - Pour la "Droite", diminution des impôts devant relancer aussi la croissance qui financerait ainsi le manque à gagner...

   Malheureusement, dans les 2 cas, l'espoir est déçu car la dette augmente, pour atteindre 1.150 milliards d'Euros, au point que les dépenses nécessaires d'investissement ne peuvent être réalisées que par un large recours aux privatisations, celui-ci ne pouvant être prolongé à l'infini.

3. Un projet : il faut assurer le redressement des finances publiques en stabilisant d'abord la dette, dont les intérêts "asphyxient" le budget, - et ensuite en assurant la diminution de celle-ci par une politique plus énergique que les efforts entrepris depuis 2003 :

         - maintien du niveau des recettes par un redéploiement des réformes fiscales

         - diminution des dépenses en "valeur", en profitant des départs massifs de fonctionnaires pour la retraite, en remettant en cause certains programmes coûteux et non prioritaires, et en corrigeant les effets néfastes des 35 heures.

          - dégagement d'un surplus de recettes devant être utilisé à la réduction de l'endettement

   Il est difficile de contester un tel Plan, à la fois objectif et rigoureux, d'autant plus qu'il s'inscrit dans un contexte où le taux de chômage reste élevé et le pouvoir d'achat stagnant malgré des signes d'amélioration... Néanmoins, pour être réellement appliqué de façon durable, ce Plan doit recueillir l'assentiment populaire sous peine d'échouer... Et cet accord ne pourra pas être obtenu sans mesures significatives permettant un accroissement du pouvoir d'achat : "coup de pouce" important pour le SMIC, dégrèvement de charges pour les retraités dont les pensions baissent en "euros constants", et amélioration échelonnée des ressources de la "classe moyenne" qui doit cesser de faire les frais de toutes les mesures d'économie, décourageant ainsi l'esprit d'initiative... Evidemment, de telles mesures iraient dans le sens de la  thèse de Keynes,  à savoir l'enchaînement  "amélioration du pouvoir d'achat-progrès de la consommation- hausse de la production", et par conséquent diminution du chômage... Or Monsieur Carrez condamne, chemin faisant, la "vision keynesienne" qui lui paraît de mauvais aloi en raison du risque d'inflation... Certes ce risque existe si les mesures sont prises sans précaution... Mais les économistes sont désormais suffisamment avertis pour agir avec prudence... et d'autre part la situation est actuellement favorable : l'indice de croissance est passé à + de 2 % au 2ème trimestre 2006... et les derniers bilans des Sociétés montrent que les entreprises majeures figurant au CAC 40 ont réalisé des bénéfices records, notamment les Sociétés pétrolières, ce qui permet au passage à l'Etat d'augmenter le produit des taxes et donc d'accélérer le remboursemennt de la Dette...

   Monsieur Carrez conclut son propos en affirmant que ce sujet est digne de figurer au coeur des débats électoraux qui s'engagent... Assurément, mais alors il faut songer qu'à défaut de "jeter un peu de lest" , c'est la majorité actuelle  qui risque d'être perdue, et avec elle le Plan de Monsieur Carrez...

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5 juin 2006 1 05 /06 /juin /2006 16:24

   Personnellement, quand on évoque la question de mon âge, j'ai l'habitude de reprendre à mon compte, avec une certaine forfanterie, la formule utilisée par... le Dieu des Hébreux quand Moïse lui demanda son nom : Yaveh... c'est-à-dire : "Je suis"... Cela ne signifie pas que je regrette ou que je revendique mon âge, mais que la notion "d'être vieux" me paraît très relative...

   Evidemment, l'âge a toujours été et restera le critère fondamental... Mais l'âge"d'être vieux" a beaucoup évolué, en ne cessant de reculer grâce aux progrès de la médecine d'abord dans les pays dits "développés" puis dans les pays "en voie de développement"... ce qui est d'ailleurs la cause principale de la croissance démographique depuis le 19ème siècle...A cette époque encore, la durée moyenne de vie n'était que de 40 ans, et quand Balzac évoque dans un roman "La femme de trente ans", il la considère comme une femme âgée... Or, maintenant, une femme (comme un homme, d'ailleurs...) se veut encore "jeune" à plus de 60 ans...

   Mais il y a aussi le critère de la santé physique et mentale... On n'échappe pas aux rides.. et aux cheveux gris ou blancs, du moins si on les a conservés !... Et on garde "l'esprit clair", façon de dire "a contrario" que d'autres peuvent "perdre la raison"... Mais le sort de chacun est très variable : on dit de certains "qu'ils ne font pas leur âge", et on pense plus qu'on ne dit d'autres "qu'ils font plus que leur âge"... Et on sait aussi que la "sénilité", même si elle frappe le plus souvent des gens très âgés, atteint parfois des personnes beaucoup plus "jeunes"...

   Le critère social est peut-être finalement sinon le plus important, du moins le plus contraignant, parce qu'il repose sur des "règles communes" au mépris des situations individuelles... Il y a l'âge de la "retraite", fixé jusqu'à présent en France entre 60 et 65 ans, sauf exceptions (ex: métiers pénibles), et dont la 1ère conséquence est une diminution des ressources financières (au mieux 75 % du dernier salaire de base...), même si on a cotisé toute sa vie... et conservé des "capacités" jugées brutalement inutiles... Mais il y a aussi d'autres "signes" plus ou moins discrets et significatifs comme le refus de la plupart des banques "d'assurer sur la vie" des prêts au delà de 70 ans... Dans le même sens, vont les propositions "alléchantes"de souscription à des "Plans Senior" en cas de maladie ou d'accident... ou encore des "conventions obsèques" (?!) afin de ne pas être à la charge de ses héritiers après la mort... Ce n'est certainement pas de la simple philanthropie...

   Si la notion "d'être vieux" est donc très relative, est-ce à dire pour autant qu'il ne faut rien faire ?... Certainement pas... On peut même s'indigner que rien n'ait été fait d'important depuis un demi-siècle - quelles que soient les majorités politiques - au moins pour les "personnes dépendantes", alors que, de toute évidence, le "baby-boom" de 1945 allait déboucher sur un "papy-boom" à partir de 2005... Or le nombre de personnes de 85 ans - comportant le plus grand nombre de personnes dépendantes - va doubler d'ici à 2020, et, selon l'Insee, le nombre des personnes âgées dépendantes devrait augmenter de 50 % d'ici à 2040, pour atteindre 1 million 200.000... Le résultat actuel est qu'il y a , comme pour la médecine, une "prise en charge à 2 vitesses" : D'une part, ceux qui peuvent aller dans des maisons de retraite surtout privées (de 1700 à 2200 euros par mois, soit 10.000 à 15.000 francs) qui ont la réputation d'être actuellement parmi les meilleurs placements financiers... D'autre part, ceux qui ne peuvent pas y entrer (le niveau moyen des retraites étant à 1200 euros)... Beaucoup "d'enfants" ont la générosité de les accueillir sans grands moyens (étant parfois eux-mêmes déjà à la retraite...)...mais certains "pauvres vieux" sont seuls et abandonnés et finissent dans des asiles qui sont de véritables "mouroirs"...

   Alors, quand même, la "République" se décide enfin à agir, non sans difficultés... Le gouvernement Raffarin - auquel la postérité devra rendre hommage - a eu le courage de réorganiser les retraites et de prévoir une "journée de solidarité" le lundi de Pentecôte, comme aujourdhui... On sait comment ses efforts ont été mal accueillis, dans la mesure où il mettait en cause les "intérêts corporatifs" qu'il fallait pourtant surmonter au nom d'une réelle "solidarité"... Manifestement le "vieux" n'intéresse personne, alors que chacun a vocation à le ...devenir ! Néanmoins le gouvernement Villepin envisage un "Plan quinquennal de Solidarité Grand Age" comportant 2 axes principaux :

   - D'une part, priorité au "maintien à domicile" : excellente idée, car le "vieux" souhaite le plus souvent conserver son cadre familial , même modeste... Mais ce maintien a un coût : augmenter de 40 % le nombre de places de "soins infirmiers à domicile", actuellement de 80.000... Et il faut également "aider les aidants", c'est-à-dire l'entourage (allocations spécifiques, points de retraite supplémentaires...)

   - D'autre part, augmentation du nombre de places dans des "maisons de retraite", assortie d'une diminution des frais d'hébergement : 5000 places de plus par an, pour arriver à 40.000 places en 2012, en attendant la suite...Mais ces opérations auront aussi un coût: le recrutement massif d'infirmières et aides-soignantes qu'il faudra d'abord former, en particulier pour la gériatrie...et des aides et subventions pour accueillir les plus démunis...

   Sans nul doute, le problème du financement de l'aide aux personnes âgées - surtout dépendantes - est déjà posé. Reste à trouver des solutions : création d'une 5ème branche de la Sécurité Sociale (après maladie, famille, accidents du travail...et vieillesse) ? Elargissement de la CSG qui concerne tous les revenus ? Après tout, nous sommes tous concernés... Et si on en faisait un thème majeur des prochaines élections (il n'est pas interdit de rêver...) ? Et si.. Et si...

   ... Et s'il devenait enfin agréable "d'être vieux" !

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4 juin 2006 7 04 /06 /juin /2006 11:42

   Une enquête du magazine L'Express, relayée par une grande partie de la presse nationale, stigmatise actuellement les profits indécents d'un certain Zacharias, qui vient d'être démis de ses fonctions de Président du Groupe Vinci.

   Le Figaro du 3 juin (rubrique Economie p.24)parle de "rémunération qui donne le vertige"... Qu'on en juge :

   - Patrimoine au titre d'actions Vinci : 167 millions d'Euros

   - Divers 2005 (salaire,primes,stock-options) : 30 millions d'euros

   - Retraite prévue : entre 1,4 et 2 millions d'Euros par an

   Et le journal ajoute que le conflit à la tête du Groupe Vinci a éclaté à propos de 8 millions d'Euros réclamés par "l'intéressé" (à tous les sens du terme) au titre de la réussite du rachat d'ASF... Un administrateur précise : "Il n'avait plus la notion de l'argent"...Evidemment, à ce niveau !... Mais le Président "déchu" avait tout de même eu l'audace d'affirmer à propos de la rémunération des patrons du CAC 40 (car il n'était pas le seul...) : "N'oubliez pas... que ces sommes sont avant impôt et que nous en versons la moitié au fisc !"... Peut-être espérait-il que l'opinion dise : "les...pauvres!...", alors qu'elle serait plutôt portée vraisemblablement à s'exclamer: "seulement !"...

   Bruno Frappat, dans son éditorial de la Croix du 2 juin intitulé "Culture Fric", parle "d'extravagance stratosphérique" des rémunérations attribuées à l'ex-Président de Vinci, et il en tire des conclusions : " Est-ce faire preuve de démagogie et de populisme que de s'indigner face à de telles situations ? Est-ce naïveté congénitale que de se taper la tête contre les murs (d'argent...) lorsqu'on contemple la liste des revenus des patrons du CAC 40 ( à quelques remarquables exceptions près) qui se comptent en millions d'Euros annuels ? Non, car si le fameux "populisme" monte dans ce pays, au point de déstabiliser la démocratie et de déliter le sentiment républicain, cela ne provient pas de ceux qui observent les anomalies, mais de ceux qui les concoctent. S'il devient de plus en plus difficile de faire comprendre à une partie de la jeunesse qu'il y a des règles de vie en société qui s'appellent le respect, la modération, la civilité, le travail, le désintéressement, l'altruisme, le goût du sacrifice, on ne saurait dire que "le haut du panier" ait, en ce sens, un rôle pédagogique"...

   Ceci dit, il faut reconnaître que le cas de ce Zacharias ne fait pas l'unanimité parmi les "patrons"... Certains le défendent en soulignant qu'il s'agit d'un personnage "charismatique" ayant construit un géant mondial de haute capacité et qu'il mérite la reconnaissance de la France...On croit rêver: il n'est tout de même pas une "gloire de la patrie" et un "bienfaiteur de l'humanité", alors qu'une partie de son succès est lié à des licenciements de personnels à la "faveur" de regroupements... La France a connu de véritables bienfaiteurs, mais comme par hasard, ils ne roulaient pas sur l'or, au contraire : Pasteur, Marie Curie... De Gaulle... et encore maintenant l'Abbé Pierre... D'autres patrons reconnaissent néanmoins la nécessité de corriger de tels excès, et notamment la Présidente du MEDEF Laurence Parisot a déclaré que "la décision du Conseil d'administration de Vinci a été formidable"...

   Elle a raison... Car il ne s'agit pas effectivement de faire de la "morale" plus ou moins "populiste"...Il s'agit d'établir enfin un "code de bonne conduite salariale" pour les responsables d'entreprises... à défaut duquel l'opinion populaire ne pourra que se détourner du "libéralisme", voire se retourner contre lui... Actuellement, les divers partis dits "de gauche" fourbissent leurs armes en exploitant à tort ou à raison diverses affaires : il ne suffit pas d'ironiser à propos de leurs programmes, en dénonçant des "recettes d'un autre temps"... il faut que le "libéralisme" balaie devant sa porte, sous peine que les prochaines élections n'amènent un retour du balancier politique - avec les conséquences pouvant en résulter - moins par "goût du socialisme" que par "dégoût du libéralisme"....

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24 mai 2006 3 24 /05 /mai /2006 09:36

   Actuellement, il ne se passe pas de mois, et parfois de semaine, sans que les médias annoncent le renchérissement du pétrole, dont le gaz ne manque pas d'ailleurs de suivre la courbe exponentielle, grevant ainsi l'économie mondiale et accentuant encore l'écart entre les pays riches et les pays pauvres :

   - Le 1er scandale est de considérer ce renchérissement comme "normal" et de dire même que le monde doit se préparer à une montée inévitable du prix du baril des 60 dollars actuels à plus de 100 dollars, en prétextant l"épuisement des ressources dans un proche avenir... Certes, les réserves ne sont pas sans limite, mais il n'y a pas encore urgence dans la mesure où l'estimation des réserves mondiales monte depuis plusieurs années plus vite que l'accroissement de la consommation, compte tenu des gisements découverts et encore peu exploités de Sibérie, du Brésil et d'Afrique, sans oublier la possibilité d'une extension des des gisements "off-shore" dans l'immense étendue des océans...

   - Le 2ème scandale est que le renchérissement du pétrole profite "essentiellement" aux compagnies pétrolières qui réalisent des bénéfices colossaux : ex. Exxon Mobil 36 milliards de dollars en 2005, Total 12 milliards d'Euros... En fait, ce renchérissement a une explication surtout "conjoncturelle", à savoir l'insuffisance des possibilités de raffinage - notamment aux Etats-Unis, principaux producteurs - ainsi que l'augmentation rapide de la consommation - notamment en Extrême-Orient... Il suffit alors de jouer sur cette difficulté, par exemple à l'occasion de problèmes politiques (Irak, Iran, Bolivie...) pour faire monter les cours. Pire encore : à la seule nouvelle d'une catastrophe naturelle - comme en Louisiane en 2005, et sans même connaître l'étendue éventuelle des dommages, les prix augmentent, et pour autant les compagnies ne participent en aucune façon à l'aide aux victimes...

   - Le 3ème scandale est que les compagnies comme les Etats complices ont jusqu'à présent largement négligé les investissements nécessaires pour le raffinage comme pour toutes les techniques permettant de limiter le gaspillage... Comme le dit un spécialiste français, François-Régis Mouton (Figaro du 23 mai 2006), "quand le cours du baril est bas, on estime que l'investissement est trop coûteux...quand il est élevé, on le juge superflu...". Un exemple significatif est celui du gaspillage du "gaz associé" - celui qui est extrait en même temps que le pétrole et... alimente les torchères ("gas flaring") quand il n'est pas tout simplement dispersé dans l'atmosphère ("gas venting")... Quantité négligeable ?... Pas du tout... Cela représente 150 milliards de m3 par an, soit plus que la consommation réunie de la France et de l'Allemagne dans le même temps !... De surcroît, ce gaz "qui part en fumée ou en vapeur" expédie 400 millions de tonnes de gaz carbonique CO2 dans l'atmosphère, contribuant ainsi fortement à sa pollution...

   Néanmoins, il faut reconnaître que tout n'est pas perdu dans cette affaire, heureusement... La commission de l'ONU sur le développement durable s'est saisi du problème, et des premières initiatives sont prises, par exemple en Norvège ou au Nigéria... Par ailleurs, de nouvelles raffineries  sont prévues... hors des Etats-Unis, comme celle de Jubaï, venant de faire l'objet d'un accord entre Total et le groupe pétrolier Aramco de l'Arabie séoudite... Il est temps !...

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14 mai 2006 7 14 /05 /mai /2006 14:45

   Le Figaro-Magazine du 5 mai 2006 a établi un palmarès particulièrement édifiant des revenus annuels des "stars" du milieu sportif : 70 millions d'euros pour le golfeur Tiger Woods, 65 millions pour le coureur automobile Michael Schumacher, 37 millions pour le tennisman André Agassi... De quoi rêver !... Il est vrai que le footballeur français Zinedine Zidane "ne gagne que" 15 millions d'euros devant le basketteur franco-américain Tony Parker 10 millions 500 : on a presque envie de pleurer pour eux, car l'esprit cocardier en prend pour son grade... Par comparaison, les revenus de Bernard Arnault, PDG de LVMH, traînent à 4 millions, et ceux de Maurice Lévy, PDG de Publicis, plafonnent à 3 millions ... de vrais salaires de misère: c'est certainement la raison pour laquelle les PDG des grandes entreprises, qui réalisent actuellement des profits colossaux, n'ont rien de plus pressé que d'augmenter leurs salaires à la faveur des regroupements ou des "progrès de productivité"... en clair des licenciements de cadres et d'employés, engendrant ainsi la misère des autres... Ainsi va le monde !

   Il est évidemment inutile de se livrer à des réflexions "moralisantes" sur ce sujet... Et ceci d'autant moins que les vedettes du sport sont aimés du public, qui est toujours prêt à leur pardonner beaucoup de choses et estime même souvent que leurs revenus sont légitimes, car ces vedettes "mouillent leur maillot", ce qui n'est pas le cas des organisateurs des compétitions... L'ennui est néanmoins que ces "grands arbres" cachent la forêt, et que, derrière eux, il y a une foule d'athlètes et d'associations sportives souvent à court de ressources... Sans compter que leur réussite "exceptionnelle" entretient des rêves illusoires chez une majorité de jeunes jouant dans des terrains vagues...

   C'est pourquoi - qu'il s'agisse de sport ou de tout autre activité - il serait souhaitable de fixer des limites "raisonnables" aux revenus individuels, de préférence par la concertation, car l'utilisation de la contrainte - notamment par l'impôt - peut susciter des pratiques frauduleuses... Mais il resterait alors à définir ce qui est raisonnable, ce qui n'est pas une mince affaire, le bon sens n'étant pas - contrairement à l'adage - la chose au monde la mieux partagée... Pourtant, il est désormais de plus en plus dangereux de laisser s'agrandir le fossé entre les "riches" - de plus en plus riches - et les "pauvres" - de plus en plus pauvres - dans un monde qui n'obéirait plus qu'à la recherche insatiable d'un profit toujours plus grand...

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17 avril 2006 1 17 /04 /avril /2006 14:36

   Les Français viennent à nouveau de donner au monde un exemple de ces "affaires" dont ils ont le secret... et même - peut-être - le "privilège exclusif"...Il s'agit cette fois de "l'affaire de la Vallée d'Aspe", dont le député Jean Lassalle a été le héros, après environ 40 jours de grève de la faim...

   Sur un plan "humain", il faut reconnaître que ce député a fait preuve de courage et d'abnégation et que le succès de sa grève de la faim a fait plaisir à une majorité de Français intéressés et émus par le fait qu'un "petit" avait triomphé d'un "gros", ce qui plaît toujours en politique comme...en sport.

   Mais, sur un plan "rationnel", il est évident que cette affaire ne peut être qu'une "exception" à la "règle"... et que la France ne peut pas se permettre de renouveler souvent, vis-à-vis de l'étranger, ce genre de comportement d'abord dangereux pour la personne qui se "sacrifie", ensuite coûteux en raison du dédommagement offert par l'Etat, et enfin susceptible d'engendrer des représailles pour les intérêts français dans le monde... Les "ratiocineurs" de la politique ajoutent même qu'un député - étant un élu "national" - n'a pas à privilégier un "intérêt local" qui aurait pu être défendu par un Maire ou un Conseiller Général... Il est vrai qu'alors il n'y aurait pas eu l'effet amplificateur - d'ailleurs contestable - des Médias...

   Toutefois, il ne faut pas - comme c'est le cas de l'entreprise japonaise mise en question dans la Vallée d'Aspe - en "rajouter"... en affirmant que Jean Lassalle "n'avait rien d'un samouraï " et "qu'on avait perdu toute confiance en la France"... C'est oublier un peu vite que les Sociétés - notamment étrangères - ont l'habitude de profiter des "avantages fiscaux" souvent consentis par les Collectivités Publiques soucieuses de créer des emplois (exemples anciens de Hewlett-Packard, Daewo, etc...)... quitte à s'en aller quand ces avantages disparaissent et à s'installer ailleurs où des avantages semblables sont consentis, et ainsi de suite... Les Français sont peut-être "naïfs" et "versatiles", mais il ne faut pas pour autant "prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages"...

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27 mars 2006 1 27 /03 /mars /2006 00:17

   La discussion n'a jamais fait de mal à personne... Elle est même le fondement de la philosophie de Socrate qui, au 5ème siècle avant JC, "accouchait les esprits" avec sa célèbre "maïeutique", c'est-à-dire un art de la conversation... 25 siècles se sont écoulés, et on en est encore, du moins en France, à refuser de discuter quand un problème se pose, comme c'est le cas actuellement avec cette affaire plutôt lamentable de Contrat de Première Embauche... N'est pas Socrate qui veut... Mais pour autant, il n'est pas interdit de rêver : est-ce si compliqué de "discuter"?...

   - D'abord, il faut "se reconnaître" mutuellement, c'est-à-dire accepter l'autre tel qu'il est, et non tel qu'on l'imagine... Et dans le cas du CPE, on peut se demander si ne persiste pas encore la vieille image "marxiste" du prolétariat misérable exploité par un patronat sauvage, comme si les patrons n'avaient qu'une obsession en embauchant du personnel, celle de le licencier à la première occasion... Et inversement, comme si les syndicats avaient toujours le couteau entre les dents dans l'espoir du "grand soir"... Il serait peut-être temps de s'apercevoir qu'en dehors de "multinationales" réalisant des profits colossaux... hors de France, la plupart des entreprises connaissent des difficultés, et qu'il convient pour tous les acteurs de l'économie de se mettre autour de la table pour étudier en commun les moyens de s'en sortir...

   - Il faut en effet "se rencontrer" pour faire aussi objectivement que possible le point de la situation, en prenant s'il y a lieu l'avis d'experts impartiaux...En la circonstance, le problème social se posant actuellement n'est pas le CPE - qui est tout au plus un incident de parcours - mais celui beaucoup plus large de la "précarité", qui ne se limite d'ailleurs pas au chômage, puisque le double effet de l'insuffisance des salaires et du renchérissement de l'immobilier atteint les "travailleurs" eux-mêmes... Or cette précarité a des causes profondes - ne relevant pas de "manifestations"- qu'il s'agisse de la stagnation actuelle de l'économie (croissance limitée à 1,5 % en 2005) ou de l'insuffisance de la formation, héritée d'un demi-siècle "d'égalitarisme" qui a poussé aveuglément les jeunes à des études sans débouchés, alors que l'apprentissage - au sens noble - était négligé...

   - Mais il faut aussi "respecter les règles de la démocratie"... et dans le cas de l'affaire du CPE, il est intolérable que des manifestants - même si leur inquiétude est légitime - et à fortiori des syndicats "responsables" et "constitutionnellement reconnus" se permettent "d'exiger" l'annulation d'une loi régulièrement votée par le Parlement... Et ceci alors que le gouvernement a encore la possibilité d'apporter des aménagements dans des décrets d'application... ou encore - pour que partisans et adversaires "ne perdent pas la face" - de présenter au Parlement une loi "rectificative" (ce ne serait pas la 1ère fois...) où tel chapitre ou tel alinéa seraient "modifiés comme suit"...

   - Enfin, il faut en toutes circonstances "ne pas se contenter de traiter des problèmes particuliers", et toujours garder en perspective le problème général. L'affaire du CPE s'inscrit dans le cadre général de la société française qui doit faire l'objet d'une politique globale... On n'en est plus, malgré des comparaisons hasardeuses, à "Mai 1968" où les jeunes refaisaient le monde dans "des lendemains qui chantaient"... On est en Mars 2006, avec des "lendemains qui déchantent", et les jeunes n'ont que la préoccupation de "leur avenir", pratiquant une sorte de "communautarisme d'âge"...comme il y a un communautarisme des "retraités"...ou encore un communautarisme des "femmes"... On n'ira pas loin avec cette cacophonie de communautarismes, même si les problèmes de chacun sont justifiés...

   Evidemment, tout cela n'est qu'un rêve...

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