Il n'y a pas de société possible si les droits et les devoirs de ses membres ne sont pas respectés, mais encore faut-il y maintenir un certain équilibre...
De tous temps, les "droits" ont été revendiqués de façon prioritaire... A juste titre, quand ils étaient oubliés, méconnus ou transgressés par des régimes indignes, et dans ce domaine la France mérite une mention particulière pour son affirmation des Droits de l'Homme, même si elle n'a pas toujours donné l'exemple de leur respect... Pour autant, il n'est peut-être pas nécessaire qu'elle en "rajoute", comme c'est le cas actuellement avec cette proposition de "droit au logement opposable en justice"... Un dicton affirme que "l'enfer est pavé de bonnes intentions", et en l'occurrence l'intention est évidemment bonne, car il est intolérable que des millions de français soient mal logés... ou pas logés du tout... Mais l'application d'un tel droit est pratiquement impossible, car les tribunaux déjà encombrés risqueraient d'être pris d'assaut, alors que l'Etat ou les Collectivités territoriales, sauf cas de carences notoires, seraient dans une situation d'impuissance. En fait, il ne faut pas "mettre la charrue avant les boeufs" et avant de parler de droits, il faut réfléchir aux devoirs...
Or les "devoirs" ne sont que rarement affirmés, en dehors d'individus ou d'associations particulièrement dévoués à la solidarité... Certes, beaucoup de citoyens respectent des devoirs parce qu'ils y sont contraints et rarement à leur initiative : le devoir de défense du pays - pour lequel plus d'1 million de soldats au 20ème siècle se sont sacrifiés et méritent respect et reconnaissance - , le devoir de payer les impôts pour permettre le financement des services publics... Mais beaucoup d'autres devoirs moins contraignants sont négligés, comme celui de la justice sociale... et dans le cas du logement, ce ne sont pas les pouvoirs publics qui sont directement responsables, mais ceux qui "spéculent" dans l'immobilier, dont les prix atteignent, surtout dans les grandes villes, des sommets inaccessibles à beaucoup de Français... Et sans tomber dans le travers démagogique de la vieille revendication "il faut faire payer les riches", on peut tout de même s'interroger sur la "fracture" qui s'aggrave entre les "pauvres" en quête de la protection élémentaire et légitime d'un logement... et les "riches" qui n'ont jamais réalisé autant de profits (cf. bénéfices records des entreprises du CAC 40 en 2005), ce qui n'empêche pas certains d'entre eux de s'exiler en Suisse pour échapper aux impôts, tout en recevant néanmoins des promotions dans l'Ordre de la Légion d'Honneur (cf.dernière promotion du Nouvel An 2007)...
Naguère le Président Kennedy avait pu affirmer : "Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays"... Même si les Etats-Unis ne sont pas vraiment un modèle, les Français seraient bien inspirés de tenir compte de cette exhortation, car "l'Etat" ne pourra faire respecter leurs "droits" que s'ils respectent leurs "devoirs" à la mesure de leurs possibilités, et il est malsain qu'il ne soit qu'un "Etat-Providence " pour des "assistés"...