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24 novembre 2012 6 24 /11 /novembre /2012 23:50

   Qu'il soit permis - une fois n'est coutume - de faire un bilan de ce blog, ne serait-ce que par politesse envers les lecteurs des articles, et en particulier ceux qui ont l'amabilité d'y apporter des commentaires ...D'ailleurs, un blog n'est-il pas, par définition, un cénacle où chacun peut discuter librement ?...

 

   1. Son ancienneté : il a été créé en octobre 2005 sur le conseil d'un ami rencontré sur le site du journal La Croix et resté fidèle, ...donc depuis 7 ans révolus ...Un bail !...

 

  2.  Son activité : avec 525 articles à ce jour, il est apparemment dans une "bonne moyenne", d'autant que son "administration" relève 1686 commentaires, soit à peu près 3 par article, l'écart allant de 0 (la honte !) à plus de 10 (l'enthousiasme ?)...

 

  3. Sa fréquentation : la même "administration" montre chaque jour le nombre de "visiteurs uniques" qui varie régulièrement entre 40 et 100, ainsi que le nombre de "pages vues" évoluant entre 55 et 200, avec une pointe exceptionnelle et jamais renouvelée le 4 avril 2007 de 1792 pages après trois articles sur la démocratie, la ...longévité, et la France, pays catholique (?)...

 

  4. Son intérêt : étant la rencontre entre les goûts de l'auteur et ceux des lecteurs, il révèle des "constantes" significatives, même si "l'administration" se limite au délai des 30 derniers jours :

   - L'écriture de la Bible ...........233 lectures

   - L'euthanasie ......................218   "

   - Les erreurs de l'histoire ........57    "

   - l'histoire à l'école..................48    "

   - De l'abstention ....................41    "

   - Cap ou tournant ..................37    "

   - La responsabilité ..................37    "

   - Jérusalem ...........................34    "

   - Obama ...............................33    "

   - La liberté d'expression...........32    "      ...etc

 

  Evidemment, cette statistique suscite la réflexion : manifestement la religion et les problèmes de la vie (ex: euthanasie) sont des sujets majeurs ...Mais l'histoire garde une place importante (l'auteur est un historien...), ainsi que les droits ( ex :responsabilité, liberté d'expression) ...D'autres sujets sont occasionnels (ex :abstention, cap ou tournant, Obama...) et seront oubliés, comme beaucoup d'autres, quand ils ne seront plus d'actualité...

 

   Mais finalement, y a- t-il de la vanité à penser que ce bilan provisoire est honorable ? ...En tous cas, il n'a jamais fait l'objet de remarques "judiciaires" ...car il ne faut pas oublier que tout auteur de blog est "responsable" non seulement de ses articles, mais aussi des commentaires, ce qui peut l'amener à éliminer ceux qui lui paraissent contestables ou inutiles..., ce que l'auteur du présent blog ne fait que très rarement...

 

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20 novembre 2012 2 20 /11 /novembre /2012 23:58

   "Les Lys pourpres"? ...Qu'est-ce à dire ?... Il s'agit simplement d'un roman historique, dont l'auteur, encore peu connue, est Karin Ann, mais le titre est provocateur, puisqu'il oppose en principe deux couleurs, celle de la fleur blanche des lys - couleur du bien - et celle du pourpre - couleur du mal...

 

   Mais cette opposition est en fait un symbole se rapportant à l'histoire de la monarchie française au 16ème siècle, dont l'emblème des lys a été souillé par le sang ...Une monarchie déjà vieille d'un millénaire, imposée par le chef franc Clovis au 5ème siècle à la suite de sa conquête de la Gaule, qui devint la "Francia", c'est-à-dire la future France ...Monarchie qui connut maintes péripéties, car elle fut d'abord élective - le roi était "hissé sur le pavois" - avant de devenir héréditaire, avec la particularité d'être réservée à la "progéniture mâle", par extension abusive d'une règle de succession privée au domaine public, à la différence d'autres pays comme l'Angleterre,...ce qui n'empêcha pas des coups de force, entraînant la succession de trois "dynasties" : Mérovingienne du nom de Mérovée, père de Clovis, puis Carolingienne, du nom de Charlemagne, et Capétienne, du nom de Hugues Capet, cette dernière ayant règné jusqu'à Révolution (1789), les historiens l'ayant plus tard qualifiée de Monarchie d'Ancien Régime, pour la distinguer des monarchies postérieures (1er Empire, Restauration, Monarchie de Juillet, Second Empire) ...Car l'histoire des "Lys" n'est pas simple...

 

   Alors, pourquoi les "Lys pourpres" ?...Il faut savoir que la pourpre, avant d'être assimilée au sang, et donc à la cruauté, a été dès l'Antiquité considérée comme le symbole de la richesse ou d'une haute dignité sociale ...Elle fut associée chez les Romains à la dignité "impériale", tout empereur revêtant un manteau de pourpre lors de son avènement ...et, plus tard, elle devint la pourpre "royale", avant de subsister à l'époque contemporaine dans la pourpre "cardinalice" de l'Eglise ...Manifestement, c'est l'interprétation "sanglante" qu'il faut retenir dans le titre du roman historique de Karin Hann, en considération des tueries de cette période  des "Guerres de Religion" entre "catholiques" et "Protestants" après la mort accidentelle dans un tournoi de Henri II (1559), fils de François 1er : massacres de Vassy (1562) et de la Saint-Barthélémy (1572), ...assassinats du duc Henri de Guise et de son frère Louis (1588), ...du roi Henri III (1589), ...et plus tard, de Henri IV par Ravaillac (1610)...

 

   En fait, cette période est marquée par la personnalité de la veuve de Henri II qui, comme telle, n'avait aucune raison de règner : Catherine de Médicis ...Issue d'une famille célèbre de Florence, dans cette Italie ayant attiré naguère la convoitise des rois de France Charles VIII, Louis XII et François 1er (victoire de Marignan 1515 ...et défaite de Pavie 1525), elle n'avait joué jusque là aucun rôle, d'autant moins qu'elle n'était devenue "dauphine" qu'à la mort d'un premier dauphin, et qu'elle avait même été ensuite méprisée à la fois pour cause d'infertilité et en raison du rôle majeur joué alors par Diane de Poitiers, la favorite du roi Henri II ...En fait, il y avait eu un problème concernant ...une discordance sexuelle avec le roi et, après une intervention médicale subie par celui-ci, Catherine de Médicis avait pu enfanter, et même trop, ...trois garçons malingres et encore mineurs à la mort de leur père, et qui moururent l'un après l'autre sans héritier, les futurs François II (1559-1560), Charles IX (1560-1574), et Henri III(1574-1589), ce qui justifia la "régence" de Catherine de Médicis au nom des deux premiers et son influence persistante sous le règne du troisième ...Mais l'auteur du roman n'évoque cette régence que dans un épilogue - jetant ainsi un doute sur le qualificatif de "pourpre" (royal ou sanglant ?) - et ne s'intéresse qu'à la jeunesse difficile de Catherine de Médicis ...Est-ce à dire qu'il y aura une suite ?... Car l'oeuvre de de Catherine, pendant sa régence est très contestée : certains historiens vantent ses mérites, allant même jusqu'à la considérer comme un ..."grand roi", en raison du soin qu'elle a apporté à préserver l'autorité monarchique par une recherche constante de conciliation entre les "partis" rivaux, ainsi que par son souci de protéger les lettres et les arts dans ce qu'il a été convenu d'appeler la "Renaissance française" héritière de celle de l'Italie dont elle était originaire ...Mais d'autres historiens la rendent au contraire responsable de n'avoir pas su empêcher toutes les tueries ...De toutes façons, elle meurt (février 1589) sans avoir la douleur de connaître la mort de son dernier fils Henri III (Août 1589), la succession revenant alors à un cousin, le roi de Navarre Henri IV qui, ...à son tour, sera assassiné...

 

   Siécle ...pourpre, au sens du sang et des larmes...

 

(*) http://www.franceinfo.fr/livre/le-livre-du-jour/les-lys-pourpres-de-karin-hann-629897-2012-05-29

 

(**)  catégorie "notes de lecture" délaissée depuis 2008 et reprise à la suite de l'initiative d'un ami et commentateur - JF - à propos d'une histoire tout aussi sanglante

http://lamauragne.blog.lemonde.fr/2012/11/08/plongees-au-coeur-du-nazisme/

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17 novembre 2012 6 17 /11 /novembre /2012 16:09

   Une fois de plus - car il s'agit d'un problème récurrent - la notion de responsabilité est mise en cause par la justice à l'occasion concomitante de deux évènements tragiques, ainsi que le souligne François-Régis Hutin dans son éditorial du journal Ouest-France du 17 novembre 2012 

 

   - l'un se situe en Italie à propos d'un séisme dans les Abruzzes :


      "Six ans de prison ferme, neuf millions d'€ de dommages et intérêts à verser aux parties civiles, interdiction de travailler pour l'administration : telle est la lourde condamnation qui a frappé, en octobre dernier,sept experts de la commission italienne des grands risques.
   En 2009, un tremblement de terre avait ravagé les Abruzzes, entraînant la mort de 309 personnes. Il est reproché aux experts de n'avoir pas prévu la catastrophe, d'avoir fourni des informations inexactes, incomplètes et contradictoires sur ces secousses qui se succédaient depuis plusieurs mois et inquiétaient les habitants. Ces scientifiques se montraient même rassurants. Cependant, le drame survient, privant des milliers de personnes de leurs habitations.

   On comprend la souffrance des habitants et leur ressentiment. Mais se pose une question : est-il possible de prévoir un tremblement de terre à quelques jours près ? Non, répondent les scientifiques qui estiment, de plus, qu'en Italie, ce risque est permanent. Leur condamnation a fait réagir la communauté scientifique et tous les membres de la commission ont démissionné.

   Le président de la commission a estimé qu'un tel verdict, "c'est la mort de la collaboration entre l'Etat et les scientifiques". Ceux-ci ne sont plus en mesure de travailler sereinement. Ceux qui seront chargés d'analyser les prévisions de risques seront enclins à multiplier les alarmes à la moindre occasion, semant ainsi la panique dans la population. Or on ne peut prévoir ni exclure le risque de séisme...

 

   - l'autre se situe en France à propos d'un meurtre commis par un malade :

 

   "Mais voici qu'en France, ces jours derniers, un problème de même nature est abordé : Il s'agit d'une psychiâtre qui se retrouve sur le banc des prévenus. Elle est poursuivie pour homicide involontaire, après un meurtre commis par un de ses patients. Le procureur a requis contre elle un an de prison avec sursis. Cinq syndicats la soutiennent car sa responsabilité, à leurs yeux, "apparaît pratiquement nulle"..."Les psychiâtres ne sont pas des policiers", estiment-ils...

   La psychiâtrie n'est pas une science exacte. Une condamnation serait une pression qui finirait par transformer les psychiâtres en "gardiens de l'ordre public". On veut désormais que le médecin évalue la dangerosité. Dans ces conditions, "le médecin n'aura donc plus à faire un diagnostic, mais un pronostic", ce qui pousse l'Académie de Médecine et le Conseil National des Compagnies d'experts en justice à dénoncer "l'utopie du risque zéro"...

 

   C'est bien ce désir de sécurité qui sous-tend ces verdicts et ces réquisitoires. Dans notre monde aseptisé, policé, régulé, organisé, on voudrait se soustraire à tout danger. S'il survient, on rechercha aussitôt la cause, ce qui est normal. Mais on va plus loin, en s'efforçant de découvrir l'auteur de l'accident. Il nous faut un coupable. Ce fameux "bouc émissaire" que l'on peut frapper pour se soulager de sa peur et de sa colère. Ces drames sont, en effet, affreux. Mais le pire est souvent de se donner bonne conscience et de se rassurer en accusant et en condamnant même ceux qui s'efforcent de veiller pour épargner, autant qu'ils le peuvent, les dangers qui nous menaceront toujours".

 

   Au nom de l'équité, on ne peut que souscrire à cette conclusion, et ceci d'autant plus que la justice, notamment en France, devrait d'abord "balayer devant sa porte" en raison des erreurs qu'il lui arrive de commettre et de l'impunité de fait des magistrats ...Mais on peut aller plus loin encore car la justice, si elle recherche à tout prix le "bouc émissaire", devrait au moins faire la différence, en matière de responsabilité, entre celle qui est commise "à titre personnel" (ex : un viol commis en profitant d'une supériorité hiérarchique) et doit être sanctionnée "ad hominem", ...et celle qui relève d'un organisme ou de la collectivité "au nom desquels une personne a agi", et, dans ce cas, ne pas la sanctionner personnellement au civil comme au pénal, car il appartient alors à cet organisme ou à cette collectivité de prendre elle-même les dispositions jugées utiles...

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14 novembre 2012 3 14 /11 /novembre /2012 17:46

   En annonçant l'organisation de sa conférence de presse, le Président de la République François Hollande avait fait un pari audacieux, et le risque de l'indifférence - voire d'un échec - était d'autant plus grand que des sondages concordants - même s'ils sont relatifs - montraient que la confiance de l'opinion n'avait pas cessé de baisser au cours des six premiers mois de son mandat et était devenue minoritaire autour de 40 % ...L'objectivité commande d'affirmer que le pari a été réussi et que François Hollande a même fait preuve d'un incontestable brio, se voulant à la fois serein et convaincant : "Mes choix sont conformes à mes engagements, à mes principes, et surtout aux intérêts de la France"...Très bien, ...pour la forme.

 

   Mais sur le fond, en fixant ainsi un "cap" pour la France, a-t-il fait preuve de constance par rapport à ses "60 engagements" proclamés lors de sa campagne électorale du début de 2012 ? ...C'est moins sûr ...Manifestement touché par des doutes déjà exprimés dans l'opinion, il s'en est défendu : "J'ai fait mes choix et je m'y tiens, sans avoir besoin de prendre je ne sais quel tournant, je ne sais quel virage" ...Plaidoirie d'abord inutile, car il n'y a aucune honte à confronter ses désirs à la réalité, et il est "normal" que la "pratique" l'emporte sur la "théorie", les faits étant plus têtus que les idées ...Et d'ailleurs lui-même a changé d'attitude, comme si le "château" de l'Elysée avait déjà déteint sur lui : le Président descendant de façon théâtrale l'escalier, sous les décors dorés et les lustres étincelants de la République n'avait plus rien à voir avec le candidat aimable et familier de la campagne ...Et il a fallu le jeu libérateur des questions et réponses pour qu'il sorte du comportement guindé et prêcheur - très "énarque" -de son discours préalable ...Enfin et surtout, il a bel et bien effectué un "tournant" sur divers points ...heureusement d'ailleurs, car François Fillon, ex-Premier Ministre - encore en activité au début de 2012 et bien placé pour porter un jugement - a pu ironiser : "Je veux lui dire que, s'il n'y a pas de tournant, au bout de la ligne droite, il y a le mur de la récession et du chômage", ce qui, ...inversement, est peut-être excessif...

 

   A défaut de faire un bilan complet, on peut faire une analyse de quelques points essentiels :

 

   1. Sur le plan économique - essentiel en cette période de crise - il avait délibérément promis une taxation des entreprises et une réduction des salaires de leurs dirigeants. Il reconnaît maintenantqu'il faut combiner une relance industrielle et le maintien de la consommation, ce qui signifie des sacrifices en matière d'augmentation des salaires. Et il prévoit un Pacte de compétitivité reposant sur un crédit d'impôt de 20 milliards d'€ pour les entreprises, ce qui est certes utile, mais ne manque pas de susciter une réaction du "Parti de Gauche", relayée dès le lendemain dans une manifestation de solidarité commune à divers pays européens...

 

   2. Sur le plan social, il annonce, non sans courage, que le chômage va continuer au moins jusqu'à la fin de l'année 2013, et il appelle les organisations représentatives à faire un "compromis historique", sinon le gouvernement prendra les décisions nécessaires ...Ce n'est pas gagné d'avance, à en juger par le fait que la négociation sur la "sécurisation de l'emploi" a été interrompue le 25 octobre 2012 en raison des propositions,  jugées "inacceptables" par les syndicats, du patronat sur les licenciements collectifs...

 

   3. Sur le plan fiscal, alors que l'augmentation importante de la TVA par Nicolas Sarkozy avait été annulée dès les mesures d'urgence de mai-juin 2012, elle est néanmoins augmentée de 19,6 à 20 %, avec l'excuse quelque peu hypocrite que cette hausse de 0,4 % sera 4 fois moins que ce qui avait été prévu par la précédente majorité ...Certes, François Hollande tient à préciser : "J'assume. Parfois, nous devons corriger" ...Nouveau "couac", alors ! ...Quant à la réforme fiscale (prévue dans le 14ème engagement),  elle est apparemment remise aux calendes grecques (justement, la Grèce...)...

 

   4. Sur le plan de la croissance, liée au reste du monde - et notamment à l'Europe - il mise sur une progression de 0,8 %, mais il ne peut s'agir que d'un voeu pieux, inférieur à son espoir antérieur de 1,5 à 2 % ...et n'offrant aucune garantie, à fortiori si les investisseurs étrangers -comme la Chine...) font défaut, et si la France perd son rang de "A.A.A." actuellement en litige alors qu'il sauvegarde le maintien de taux d'intérêt bas à 2,2 %...

 

   5. Sur le plan international, il avait promis qu'il n'y aurait plus de troupes françaises en Afghanistan à la fin de l'année 2012 (59ème engagement) ...Il ne reste plus qu'un mois et demi, ce qui est peu en considération des problèmes matériels ...Et il vaut mieux ne pas insister sur son intention de demander l'élargissement du Conseil de Sécurité (57ème engagement), la grenouille (animal bien français) se voulant plus grosse que le boeuf ...Quant au droit de vote des étrangers aux élections locales - sujet, il est vrai, délicat - il est remis à plus tard, s'il y a un accord préalable...

 

   Ainsi donc, le cap a été fixé ...Mais la France, avec la Terre, n'a pas fini de tourner...

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12 novembre 2012 1 12 /11 /novembre /2012 18:40

   La "grand-messe" en six leçons ...Tel est le titre de l'article de Philippe Labro, journaliste dont la réputation n'est plus à faire, dans la page "Débats" du journal Le Figaro du 12 Novembre 2012, où il se livre à un tableau comparatif des conférences de presse des six Présidents successifs de la 5ème République avant François Hollande avant celle prévue par celui-ci le 13 novembre 2012, ...et ce tableau ne manque pas de sel :

 

   "Attention, Mesdames et Messieurs, ça va commencer !" Demain après-midi, 17 heures, devant au moins 400 journalistes, et en direct sur trois chaines "tout info", ce sera la grand messe, la première conférence élyséenne de François Hollande. Quel que soit  le Président au pouvoir, quelles que fussent ses intentions avant d'y accéder, une fois installé au "Château", il ne peut pas, ne doit pas,  et sans doute ne veut pas - déroger à ce rite français, ce cérémonial républicano-monarchique. En général, il ressort de ce moment singulier de la vie de la 5ème République de quoi faire mouliner les médias, vibrer les sondagistes et, parfois, de quoi inscrire une phrase, pour toujours, dans la mémoire collective.

 

   Le rite a été imposé et formaté par De Gaulle. Et même si tout a changé (acteurs, costumes, accessoires, langages et comportements), la mise en scène varie peu, pas plus que le décor. Dans cette immense salle des fêtes construite à la demande de Sadi Carnot en 1889, tout est chargé de faste. Les lustres, le rouge, les colonnes et le stuc, les doubles rideaux, les tapisseries des Gobelins, c'est l'univers des "grandeurs d'établissement ". Un lieu, un passé, des traditions, des huissiers, des chaises dorées. Inimaginable aux Etats-Unis...

 

   J'en ai connu et suivi plusieurs, et voulu confronter mes souvenirs avec ceux d'un expert en la matière, le talentueux Alain Duhamel. Avec sa faconde et son expérience, l'éditorialiste de RTL me dit : "Pour chaque Président, nous assistons à une leçon. Avec De Gaulle, une leçon d'histoire. Avec Pompidou, une leçon d'humanités. Avec VGE, une leçon d'économie. Avec Mitterrand, une leçon de politique. Avec Chirac, une leçon de tactique ou, si on veut être désagréable, de navigation. Avec Sarkozy, une leçon de "close-combat" ...

 

   La leçon d'Histoire. Je me souviens du Connétable, lourd dans son costume gris anthracite aux revers de veste trop larges, et qui, après avoir courtoisement demandé qu'on lui dresse la liste des questions, les englobait pour livrer sa mission de la France et du monde. De Gaulle assidûment se préparait à ces numéros. Il mémorisait chaque phrase devant une glace, plusieurs jours auparavant, répétant son discours magistral sous les conseils d'un sociétaire de la Com"die Française. C'était de l'opéra.

   Assis sur un cube qui dominait l'ensemble d'une salle figée dans l'admiration, le respect ou une hostilité jamais affichée, De Gaulle savait parfois sortir du texte, mais rien n'était inattendu, puisque toutes les questions - toutes   ! - avaient été distribuées à l'avance, par l'Elysée, à des journalistes qui, non seulement ne se choquaient pas d'être utilisés comme des figurants de la solenelle dramaturgie, mais en tiraient même quelque fierté. Ce honteux trquage journalistique est impossible aujourd'hui. Je vois encore, assis par dix rangs de quatre personnes, les ministres du gouvernement, à la droite du Général, par ordre procolaire, masques silencieux de choristes écoutant le grand Baryton.

 

   La leçon d'Humanités. Pompidou savait  "mettre une touche d'humanité autant que de culture" dans son approche. Cet homme dont, grâce à sa correspondance (...), on mesure mieux encore , aujourd'hui, la culture, la finesse de jugement et l'esprit supérieur, savait distiller des références littéraires. Le ton était moins altier, épique, que celui du Général, mais on y entendait une autorité, il se dégageait de ce personnage aux sourcils épais, à la voix chaude et séduisante, au naturel non feint, un vrai charisme. Il possédait une sorte de densité physique qui renforçait, par contraste, la sensation d'une belle subtilité, une fine psychologie des êtres. Sa plus célèbre intervention reste sa réaction à propos du suicide de Gabrielle Russier, cette professeur accusée de détournement d'un de ses élèves, un mineur. Il prend son temps, il rythme les silences, un sourire fugace passe sur son visage, suivi d'une gravité et d'un dosage de grand acteur dans la réponse, empruntée à Paul Eluard : "La victime raisonnable au regard d'enfant perdu, celle qui ressemble aux morts qui sont morts pour être aimés". Moment unique. La salle frémit. Soudain l'émotion surgit dans ce décor glacé ou De Gaulle avait fait passer un autre souffle.

 

   La leçon d'Economie . C'est Giscard qui va amorcer la vraie rupture. Il instaure modernité et jeunesse. Sa "réunion de presse", il y a réfléchi, s'inspirant des modèles américains - dont celui de Kennedy. Giscard est debout, là où les autres étaient assis. Un fond bleu, derrière lui, et du bleu dans la chemise, la cravate, jusqu'à son costume parce qu'il y a ...la télé . Elle jouait déjà son rôle dans les messes précédentes, mais, ce coup-ci, elle règne. D'ailleurs, les journalistes sont différents, comme si le changement de style du jeune Président (48 ans) correspond au même changement de leur comportement. un bouquet de fleurs simples est posé au coin de table, sur laquelle VGE appuie ses mains, démonstratif, utilisant le "je" et le "considérable" a jet continu. Aucune préparation des questions au préalable. Alain Duhamel aime raconter qu'un collaborateur de l'Elysée, à la veille d'une émission de télé (exercice que VGE préférait à la grand-messe), lui dit : "Nous n'avons pas reçu votre question" . Mon confrère répond qu'il n'a aucune raison de la soumettre. Le lendemain, il évoque cet échange avec VGE : "Etait-ce vous qui souhaitait connaître ma question ?" Et Giscard de répondre, imperturbable : " Pourquoi voudriez-vous que je cherche à connaître les questions, puisque je sais les réponses".

 

   La leçon de Politique. Mitterrand, malgré lui, s'imprégnait de De Gaulle, mais n'était pas loin d'une posture à la Pompidou. Même culture, même suavité, même habileté. Maîtrise de la langue, aisance dans l'expression, domination des sujets et jouissance de la joute avec les journalistes. Jamais pris au dépourvu, improvisant avec maestria. Face à lui, une nouvelle génération de journalistes. Le port de la cravate n'est plus indispensable, on entend des tutoiements entre presse et politique."Tonton", en revanche, abhorre toute familiarité. Il ne fut jamais aussi bon que lors du 1er conflit en Irak, respirant la certitude d'être le meilleur. Mémoire, rouerie, stratagèmes et ambiguïtés. Le Florentin.

 

   La leçon de Tactique. Chirac s, selon Alain Duhamel, n'aimait pas du tout l'exercice ( il n'organisera que 5 conférences en 12 ans) ..."Autant il était libre et bon en campagne, autant il était raide en conférence officielle".

 

   La leçon de Combat. Sarkozy ? Il a tout désacralisé. Il a renversé la table. Son exposé de deépart était trop long, mais fut vite éclipsé par "l'incroyable numéro des questions et réponses" . Ainsi la fameuse séance du 8 janvier 2008, avec ses confidences publiques sur le "sérieux" de son lien avec Carla Bruni. Cependant, pour Alain Duhamel, les plus impressionnantes conférences de Sarkozy furent celles qu'il tenait, une fois par mois, lorsqu'il était Ministre des Finances. "On suivait un exercice de virtuosité inouïe. Je dois dire que je n'ai jamais connu des performances aussi réussies. Nous allions à Bercy pour assister à un spectacle d'une compétence et d'une agilité extraordinaires".

 

   A qui ressemblera,  demain, la grand-messe de Hollande ? Y trouverons-nous une septième leçon ? Il ne cherchera sans doute aucun modèle. Il sait qu'on l'attend sur une définition claire de sa ligne.: "Va-t-il se comporter en hyperprésident ? Il doit passer de l'impressionnisme au fauvisme. C'est son intérêt."

 

   Et effectivement François Hollande joue gros dans cette "Grand-messe" qui s'est imposée à lui plus qu'il ne l'a imposée ...Lui qui se voulait près des gens, il est dans le "château" ...Lui qui voulait le "changement", il est "maintenant" dans l'obligation de suivre un rite ...Tout va compter : sera-t-il debout devant un pupitre ou assis à une table ? Aura-t-il sollicité les questions ou devra-t-il improviser ? Sera-t-il raide ou jovial ? Fera-t-il une annonce-choc restant dans les mémoires ? Fera-t-il encore des promesses, ou prendra-t-il, devant les nécessités de l'heure, avec l'accroissement de la dette et du chômage, des mesures de rigueur ? ...Le dernier sondage, ce jour, le crédite de 36 % seulement ...Aucun de ses prédécesseurs n'a fait pire après 6 mois de Présidence ...Il ne peut plus se permettre le moindre faux pas...

 

  

 

  

 

  

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11 novembre 2012 7 11 /11 /novembre /2012 21:59

   Le socialiste Lionel Jospin, ancien Premier Ministre et ancien candidat à la Présidence de la République, a remis au Président Hollande le rapport de la "Commission de rénovation et de déontologie de la vie publique", dont il avait été chargé en juillet 2012.

 

   Il n'y a a rien à redire sur le principe d'une telle commission, car les institutions sont oeuvre humaine et peuvent donc être révisées dans la mesure où les principes énoncés ne résistent pas toujours à l'usure du temps ...La plupart des pays démocratiques ont procédé ainsi à des amendements, et la France ne fait pas exception,...et elle est même l'exception qui confirme la règle, puisqu'elle a changé ou modifié une dizaine de fois ses institutions depuis 1789 ...Tout au plus peut-on regretter que ce rapport ait été demandé par le Président Hollande en application des 47ème et 48ème de ses "60 engagements pour la France", dans un contexte de critiques des moeurs politiques pratiquées depuis la fin du 2ème mandat de François Mitterrand en 1995, c'est-à-dire pendant les mandats successifs de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, représentants de la droite dite modérée, ...ce qui, malgré sa légitimité, laisse planer un doute à la fois sur l'opportunité et sur l'urgence d'une telle révision...

 

   Il n'y a pas davantage à exprimer des réserves sur la personnalité du Rapporteur, car Lionel Jospin a toujours donné l'impression d'un homme franc et même rigoureux, qui a d'ailleurs été éduqué dans une famille protestante ...Attiré, jeune, par le Trotskysme, il manifestera - non sans un certain courage - son hostilité à la Guerre d'Algérie, et, plus tard, après avoir été le 1er Ministre (de cohabitation) de Jacques Chirac, il aura l'honnêteté de "se retirer de la vie politique" après son échec en 2002 aux élections présidentielles derrière l'extrêmiste de droite Jean-Marie Le Pen ...Resté membre actif de la direction du Parti Socialiste, à l'instar de son rival Laurent Fabius, il mérite donc le respect de la majorité comme de l'opposition...

 

   Le rapport dont il assume la responsabilité au nom de la Commission ad-hoc comporte un certain nombre de "propositions" ou "préconisations" d'importance inégale :

 

   1. Les plus marquantes concernent la Présidence de la République en raison de la place pré-éminente de cette fonction dans les institutions actuelles. Il préconise d'abord la fin de l'immunité pénale totale pour le Président, ce qu'on appelle l'inviolabilité, la Constitution disposant "qu'il ne peut (...) devant aucune juridiction ou autorité administrative française, être requis de témoigner non plus que faire l'objet d'une action, d'un acte d'information, d'instruction et de poursuite" ...Le débat s'était déjà instauré à l'occasion du procès de Jacques Chirac sur les emplois fictifs de la Ville de Paris, organisé au terme de son deuxième mandat ...et le débat avait d'ailleurs rebondi de façon plus surprenante quand Nicolas Sarkozy ...avait voulu divorcer, ...puis se porter partie civile à l'occasion du piratage de ses comptes bancaires ...Le rapport prévoit que, désormais, "le Président sera responsable des actes détachables de sa fonction", au civil comme au pénal, commis avant ou pendant son mandat, la seule réserve étant la réunion d'une commission préalable pour "filtrer" des actions pouvant être abusives..., ce qui ne paraît pas contestable...

    Par ailleurs, il propose que les parrainages de candidature, limité actuellement à 500 élus, soient portés à 150.000 citoyens émanant d'au moins 50 départements. Reste à les désigner...et est-ce vraiment utile alors q'aux dernières élections présidentielles les candidatures fantaisistes étaient déjà écartées ?...Autre suggestion : avancer les élections présidentielles début mars au lieu de début mai, les élections législatives étant alors elles-mêmes reculées début avril, ceci afin de faciliter les travaux -au moins les plus urgents - avant l'été ...De même aligner la fermeture de tous les bureaux de vote à 20 heures (Métropole), pour éviter des fuites d'information  avant la clôture du scrutin dans les grandes villes ...Pourquoi pas ?...

 

   2. Une autre série de propositions  sur le cumul des mandats fait déjà beaucoup de bruit, car elle concerne tous les partis, ...et notamment le Parti Socialiste. Elles prévoient en effet d'interdire le cumul d'un mandat parlementaire (député ou sénateur) et d'une fonction exécutive locale (Maire, Adjoint, Président et Vice-Président de Conseil Régional ou de Conseil Général ou de Communauté de Communes ou Métropole), la seule concession étant qu'un parlementaire pourrait conserver un mandat local non exécutif, si celui-ci est bénévole ...Et aucun Ministre ne pourrait avoir de mandat local, "l'exercice d'une fonction ministérielle exigeant un engagement constant de son titulaire" ...Déjà de nombreux parlementaires s'indignent dans tous les partis, car ils tiennent à leur fonction locale qui les met "près du terrain" et parallèlement à leur fonction nationale qui les met "près du bon Dieu" ...Attitude quelque peu hypocrite, car les citoyens sauront qui est derrière le "suppléant" désigné ...En fait, il faut effectivement encourager la séparation des mandats - et y ajouter la durée limitée à 2 mandats consécutifs - , ce qui pourrait pousser un plus grand nombre de citoyens à participer activement à la gestion de la vie publique...

 

   3. La troisième série de propositions paraît plus anodine, puisqu'elle prévoit de réserver pour les élections législatives une "proportion de 10 % au maximum de députés élus au scrutin proportionnel" ...Le débat n'est pas nouveau entre le scrutin majoritaire de circonscription, dont le 2ème tour est limité aux candidatst eu le plus de voix au 1er tour - scrutin censé favoriser la formation d'une majorité à l'Assemblée - et le scrutin proportionnel départemental favorisant une représentation équitable de tous les courants politiques mais pouvant entraîner l'absence de majorité et donc des manoeuvres d'appareils ...En l'occurrence, la part de 10 % à la proportionnelle concernerait 58 députés dans une Assemblée de 577 députés; et ces députés seraient élus en un seul tour dans le cadre d'une circonscription nationale ...Mais ce système soulève déjà des objections : d'une part, pour élire les 500 députés restants, il faudrait redécouper les circonscriptions, ce qui risquerait de déclencher des discussions de "marchands de tapis" ...et, d'autre part, comment seront choisis les candidats aux 10 % ?... Les partis les plus importants ne seront-ils pas tentés de réserver les premières places à leurs leaders, ainsi assurés d'avance de leur (ré-) élection ?...

 

   - 4 Une dernière proposition doit être citée seulement pour mémoire, car ne concerne actuellement que trois personnalités politiques, celle de supprimer la présence de droit des anciens Présidents de la République au Conseil Constitutionnel, avec effet immédiat ...et rétroactif ...Or il n'y a en 2012 que Valéry Giscard d'Estaing, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, tous de "droite" ...et la décision d'application appartiendra à François Hollande, de "gauche" ...Comme on dit lors des examens, "le jury - c'est-à-dire l'ensemble des citoyens - appréciera"...

 

   Bah! ...La France en a vu d'autres ...Et si ce rapport est mis en oeuvre, il y  aura d'autres révisions, plus tard, et ainsi de suite...

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10 novembre 2012 6 10 /11 /novembre /2012 23:07

   La ré-élection de Barack Obama aux Etats-Unis a marqué les esprits, mais elle a aussi occulté la désignation d'un nouveau dirigeant inconnu - Xi-Jinping - dans un pays qui, déjà le plus peuplé du monde avec environ 1 milliard 500 millions d'habitants, dispute aux Etats-Unis le 1er rang économique : la Chine...

 

   Dominique Moïsi, conseiller spécial à l'Institut français des relations internationales, en fait le sujet de son éditorial paru dans le journal Ouest-France du vendredi 9 novembre 2012 et intitulé " Chine - USA, même défi de gouvernance" :

 

   "Tout semble opposer les deux Grands du monde au moment où ils sélectionnent leurs nouveaux dirigeants. Il y a, d'un côté, la transparence de la démocratie américaine et, de l'autre, l'opacité du système de co-optation chinois. Il est donc normal que l'Amérique continue de faire rêver le monde entier, et, inévitablement, qu'il n'en soit pas de même pour la Chine. La première continue d'être une source d'inspiration, grâce à la nature universaliste de son message et de l'ouverture de la société à l'autre, alors que la seconde demeure une énigme lointaine et impénétrable.

 

   Et pourtant, dans leurs catégories respectives, les deux pays se trouvent confrontés à un même problème de gouvernance. Ils doivent tous deux impérativement se réformer, même si la signification de ce verbe implique des réalités bien différentes.

 

   Dans son discours d'après élection, Obama a su trouver les mots justes pour évoquer la mobilisation de ces milliers d'Américains qui ont fait du porte-à-porte pour rallier à leur cause les indécis, ou tout simplement pour les pousser à voter. Le système démocratique vient de réaffirmer sa supériorité sur toutes les autres formes de régime. Mais le processus électoral  ne peut, à lui seul, compenser les dysfonctionnements profonds du système américain.

 

   Des institutions pensées et créées au 18ème siècle pour préserver l'équilibre des pouvoirs ont conduit, aujourd'hui, à la quasi-paralysie du système, et à ce que le penseur politique américain Francis Fukuyama appelle la "vétocratie". Trop de démocratie nuit à la démocratie. L'élection sur ce plan n'a rien résolu. Après avoir dépensé près de 2 milliards de dollars, toutes élections confondues, l'Amérique a toujours le même Président, la même majorité républicaine à la Chambre des représentants, la même majorité démocrate au Sénat. Le Président va devoir négocier et les deux camps vont devoir apprendre à faire des compromis.

 

   La Chine ne souffre pas - c'est le moins qu'on puisse dire - de trop de démocratie. La concentration du pouvoir et de la richesse a mené à des inégalités toujours plus criantes, à une corruption toujours plus choquante et, en réalité, à un quasi-blocage du système; Après une décennie perdue, le pays trouvera-t-il, en la personne de Xi-Jinping, l'homme désireux et capable d'uimposer des réformes vitales pour la survie même du système ? Xi acceptera -t-il de se faire des ennemis ? Le Parti Communiste saura-t-il relâcher le contrôle quasi-absolu qu'il exerce ? Une divine surprise est toujours possible, mais ce n'est pas le scénario le plus probable. En réalité,  le pays qui a le plus besoin de se réformer, la Chine, est sans doute celui qui aura le plus de difficulté à le faire. Et pourtant les dirigeants chinois sont conscients qu'un début d'état de droit s'impose avec urgence.

 

   Le problème du monde, aujourd'hui, tient précisément au fait que les deux grandes puissances se trouvent confrontées, en même temps, au même défi de la gouvernance, même sous des formes très différentes. Dans ce contexte, on doit s'attendre à voir les Etats-Unis assumer moins de responsabilités directes sur le plan international, alors que la Chine n'a ni la volonté, ni les moyens de se substituer à eux. Unis par cet impératif commun de donner la priorité à l'intérieur sur l'extérieur, les deux puissances sont, avant tout, des partenaires dépendants l'un de l'autre, en tant que créancier et débiteur. S'il souhaite des arbitres, le monde pourra attendre" ...

 

   Cet éditorial a le mérite de lancer un débat, car il suscite au moins deux critiques :

   - 1. L'opposition entre les deux pays est quelque peu caricaturale : tandis que les Etats-Unis s'enfoncent actuellement dans la crise et n'arrivent plus à juguler une montée des violences résultant d'un appauvrissement de certaines catégories de sa population, la Chine s'est enrichie très largement et n'a plus rien à voir avec le pays de Mao où la faim avait fait des millions de victimes ...Les gratte-ciel de Chang-Haï n'ont rien à envier à ceux de Manhattan...

   - 2. Le monde n'a pas à attendre des Etats-Unis et de la Chine des arbitres, car d'autres "grandes puissances" émergent depuis la 2ème moitié du 20ème siècle, comme l'Inde, le Brésil, l'Afrique du Sud, ... tandis que la Russie renaît des cendres de l'URSS qui fut après la Guerre 1939-45 le 1er ...deuxième Grand , et que l'Europe peut également prétendre à ce rang si elle réussit à s'unir réellement au mois sur le plan économique...

 

   Le monde est maintenant devenu "polycentriste" ...

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8 novembre 2012 4 08 /11 /novembre /2012 17:42

   Il y a 4 ans, Obama était élu Président des Etats-Unis d'Amérique, ...suscitant un espoir considérable dans ce pays alors entraîné dans une crise économique suscité en son sein pat l'affaire des "subprimes" ...De surcroît, c'était un "noir" ou plutôt un "métis" né d'un père noir venu du Kénya et d'une mère blanche, mais pour les Américains il n'en était pas moins un "homme de couleur" ...et son élection avait valeur de symbole dans un pays qui avait vécu successivement au 19ème siècle la Guerre de Sécession à propos de la suppression de l'esclavage des noirs et le combat pour les Droits civiques au 20ème siècle ...Enfin était réalisé le rêve du pasteur Martin Luther King, qui sera pourtant assassiné : "I've a dream !"...Je fais un rêve...

 

   4 ans se sont écoulés, et le 6 novembre 2012 Obama est ré-élu ...Sa ré-élection est saluée avec joie, certes, mais sans l'enthousisme de 2008 ...Obama était conscient du problème : au début de son 1er mandat, il avait déclaré que "la chose la plus importante est de se souvenir des espoirs et des rêves que les Américains ont mis en vous" ...et, à la fin de son mandat, il reconnaissait "qu'il n'avait pas pu réaliser toutes ses promesses" ...Le rêve a-t-il donc été brisé ?...

 

   Après son élection en 2008, Obama semblait pourtant "être touché par la grâce" et toutes ses actions étaient saluées ...Ses promesses de désengagement de l'Afghanistan tranchent avec les "années Bush" ...et le jury d'Oslo lui décerne même le Prix Nobel de la Paix, témoignant d'une véritable "Obamania" dans le monde ...Mais bien vite il envoie des troupes supplémentaires et renonce à fermer la prison de Guantanamo où les conditions lamentables d'emprisonnement des terroristes avaient auparavant défrayé la chronique ...Et finalement, malgré le "coup de maître" de l'exécution de Ben Laden le 2 Mai 2011 - réponse tardive à la destruction des "twin towers" de New-York le 11 septembre 2001 - la décision de retrait signe l'échec américain en Afghanistan ...Et le reste de sa politique extérieure manque d'efficacité : il ne parvient pas à arrêter la marche forcée de l'Iran vers la bombe nucléaire, ni a à apporter une solution au problème palestinien en raison de la persistance des implantations israêliennes en Cisjordanie ...et si, à l'occasion du "printemps arabe", il paricipe à l'opération victorieuse de l'OTAN contre Khadafi en Libye, il n'a toujours pas réussi à obtenir l'éviction d'Assad en Syrie ...Avec la Russie, en dehors de la ratification du traité "Start", les relations ne sont qu'épisodiques ...Et avec la Chine, la politique de conciliation est d'autant plus vaine que les Etats-Unis sont largement débiteurs envers ce pays sur le plan économique ...Car ils se sont enfoncés dans une dette abyssale (16 milliards de dollars, soit 12 milliards 500 millions d'euros) en raison de la facilité offerte par l'utilisation du dollar comme monnaie d'échange dans le monde ..., ce qui a justifié une action commune dans le cadre du G 20 - avec la participation de l'Union Européenne, et notamment de l'Allemagne d'Angela Merkel et de la France de Nicolas Sarkozy - afin d'éviter une crise financière à l'image de celle de 1929 ...Il en est résulté aux Etats-Unis une ruine de certains secteurs industriels comme celui de l'automobile (exemple : les "friches" de Detroit) et une montée record du chômage (8 % de la  population "active")...

 

   Par contre Obama a mené à bien sa réforme de la couverture médicale, avec l'obligation de souscrire une assurance -maladie, ce qui lui a d'ailleurs valu une accusation de "communisme" de la part de ses adversaires républicains, défenseurs acharnés du "libéralisme" ...De même, il a promulgué une loi sur la parité des salaires en faveur des femmes, défendant aussi pour elles le droit à l'avortement et le remboursement des moyens de contraception ...Et il a favorisé l'insertion des "minorités" (surtout les "afro-américains" noirs et les "latino-américains"en constante progression) ...Plus incertaine a été son action pour l'environnement, car sa promesse de réduction du pétrole avant ...2030 ne l'a pas empêché d'encourager l'utilisation du gaz de schiste, et le recours aux énergies renouvelables (notamment éolienne) est loin de compenser une réduction éventuelle de l'énergie nucléaire ...

 

   Manifestement, une majorité des électeurs américains a estimé que les réussites ont été plus importantes que les échecs ...et Obama a donc été ré-élu en 2012, ne rejoignant pas le camp des anciens "gouvernants" du monde chassés par la crise (Brown en Angleterre, Berlusconi en Italie, Aznar en Espagne ...et Sarkozy en France) ...Bien sûr sa ré-élection a été beaucoup plus difficile que son élection en 2008 : d'abord, la participation est tombée de 62 % à environ 50 %, signe de désaffection ...d'autre part l'écart avec son rival républicain s'est réduit à 50,2 % contre 48 % au lieu de 52,9 % contre 45,6 % en 2008, soit pour lui une perte de 8 millions de voix ...Et le Congrès est toujours divisé entre un Sénat à majorité Démocrate et une Chambre des Représentants à majorité Eépublicaine, ce qui ne peut que lui compliquer la tâche pour son prochain mandat ...Il est vrai qu'en vertu de la limitation constitutionnelle à deux mandats, il est maintenant libre d'agir sans préoccupation électoraliste, et il ne manquera pas de travail : réduction de la dette, ce qui suppose des économies budgétaires et un alourdissement des impôts nécessairement impopulaires ...Redressement de l'industrie, notamment dans les secteurs de pointe porteurs d'avenir ...Baisse du chômage ...Intégration des étrangers ...Lutte contre la drogue et la criminalité ...Et, à l'extérieur, une politique plus ferme dans le Moyen-Orient ... et une collaboration plus active avec la Chine dans le "pôle" du Pacifique appelé à relayer le "pôle" ancien de l'Atlantique , et ceci sous peine d'une marginalisation des Etat-Unis ...Car le temps n'est plus où les Etats-Unis étaient , après l'implosion de l'URSS en 1989, la seule "grande puissance" mondiale ...Désormais, le monde est éclaté entre plusieurs grandes puissances, avec l'Europe - si elle assume son unité - la Chine, l'Inde, le Brésil, ...bientôt l'Afrique du Sud, le Nigéria ...et la Rusie renaissante ...Le temps n'est plus au "rêve", et Obama joue sa réputation historique dans une confrontation aux réalités ...

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4 novembre 2012 7 04 /11 /novembre /2012 10:51

   Depuis déjà un demi-siècle, les élèves ont été admis à participer aux divers conseils des établissements secondaires, et ils y ont souvent apporté des avis pertinents, sortant du cadre ancien de la soumission de "l'enseigné" par rapport à "l'enseignant"...

 

   Il est donc intéressant de relayer le témoignage apporté dans le journal Le Figaro du 1er novembre 2012 , par le jeune Jean-Baptiste Lucq, élève de Terminale "L" au Lycée Saint-Jacques de Compostelle de Dax, sur l'enseignement de l'Histoire ...Il s'agit d'une "libre opinion", et l'appartenance de cet élève à un établissement privé comme la parution de son témoignage dans le journal Le Figaro n'ont aucune signification politique...

 

   "L'Histoire à l'école fait débat: Historiens, penseurs de renom et politiques se sont exprimés sur le sujet, mais jamais les principales victimes. Aujourd'hui, simple représentant d'une jeunesse désenchantée, je considère que la bêtise de son enseignement est idéologique.  Notre histoire subit une épuration scandaleuse et inacceptable. Exemple : Napoléon. Le perdant qui a su sublimer son histoire pour devenir un mythe victorieux, le fondateur de la France moderne, l'homme du Code Civil, de la Banque de France, de la Légion d'Honneur, des Préfets, de la Cour des Comptes, la légende qui marqua la littérature du 19ème siècle et dont les récits et les exploits formèrent le livre de chevet du jeune Julien Sorel dans Le Rouge et le Noir, le génie militaire qui remporta presque toutes ses "40 batailles rangées", n'est réduit qu'au rôle de simple tyran esclavagiste et sanguinaire  ...ne représentant qu'une partie optionnelle de nos programmes. L'hécatombe est immense : Louis XIV, Clovis, Louis IX, François 1er, Jeanne d'Arc, Charles Martel, Richelieu et bien d'autres voient leur tête tomber sous le couperet de la sacro-sainte pensée unique . Mais si les personnages souffrent, que dire des évènements ? Tandis qu'on s'étend sur les empires africains, on oublie le Moyen-Age et le génocide vendéen. Mais la plus grande victime reste la guerre. Elle n'est enseignée que de notre point de vue moderne, pacifiste et antimilitariste, sous l'angle de la violence, de la déshumanisation, des massacres de civils et des génocides. On en oublie les grandes batailles et les armées. Pour la 1ère Guerre mondiale, on évoque succinctement Verdun. Les maréchaux passent à la trappe, ainsi que la Marne, la Somme et le Chemin des Dames. Quant à la 2nde Guerre mondiale, hormis Stalingrad, adieu la Blitzkrieg, la bataille de Moscou, El-Alamein, Bir-Hakeim, Koursk, la bataille de Normandie, la bataille des Ardennes, Okinawa, l'Afrika-Korps ou la bataille de Berlin !

 

   Dans un pays en pleine crise identitaire, il est criminel de couper un peuple de son histoire. Les évènements ne sont plus remis dans leur contexte. L'Histoire de résume ainsi à une auto-censure ciblant les erreurs que la France a pu commettre envers certaines minorités mises en avant par le politiquement correct.

 

   Or, pour que cette matière soit attractive, il faut la rendre vivante. Par ailleurs, les méthodes de travail de l'historienne peuvent être adaptées à notre jeunesse. Quand l'historien doit penser, l'élève, lui, doit connaître. Grosse différence ! En ce moment, dans mon lycée, nous étudions les mémoires de la 2nde Guerre mondiale. On demande à des élèves qui, pour la plupart, n'ont pas acquis les fondamentaux de la guerre, d'étudier et d'analyser les mémoires (notion complexe) des différents courants de pensé et partis politiques d'après-guerre? C'est comme demander à un maçon de faire une maison sans brique ni ciment !

 

   Il est fait quasiment abstraction de la chronologie qui est la base de l'histoire et de sa compréhension. L'Histoire est une chaîne dans laquelle chacun des maillons est lié. Sans causes, pas de conséquences ; sans Révolution, pas de Napoléon ; sans Napoléon, pas de Restauration, ni de 1830 ou de Louis-Philippe et donc pas de 1848 ni de 2nde République, de Send Empire, de Sedan, de 3ème République, de 14-18, etc ...Est-il possible comprendre un roman en sautant des chapitres ?

 

   C'est justement ce grand roman national qu'il faut ressusciter. Revenons à Malet, à Isaac et à Bainville.  C'est la meilleure façon de connaître et de faire aimer l'Histoire. L'un des plus beaux exemples du succès de "l'Histoire-roman", c'est Max Gallo et ses livres qui nous l'offrent . Parce qu'il nous met au plus près des personnages, nous raconte une histoire fascinante, de César à la 2nde Guerre mondiale en passant par De Gaulle.

 

   Cessons de vilipender nore Histoire. Ne rouvrons pas les vieilles blessures. Voyons-y plutôt une chance. Notre héritage historique est-il à ce point lourd qu'il faille en occulter certaines pages ? Que dire alors du passé de l'Allemagne ou de la Russie ? Leur Histoire n'est-elle pas plus tragique que la nôtre ? Oui, mais les petits Allemands et les petits Russes apprennent leur Histoire telle quelle, car, même si elle n'est guère plaisante, elle est constitutive de leur identité. Notre Histoire doit être un puissant levier de cette unité dont notre peuple désorienté a besoin. Au lieu de répondre aux débats actuels par le matraquage de nore passé, servons-nous de celui-ci, et des personnages qui l'ont bâti, comme d'un exemple. Napoléon ne pourrait-il pas être un modèle pour les jeunes de nos banlieues, qui ne se sentent pas Français ?

 

   Il faut raconter notre Histoire avec fierté et amour. Ce roman doit être facteur d'assimilation et non de division. Ernest Lavisse avait très bien résumé les choses sur la couverture de son fameux manuel : "Enfant, tu dois aimer la France parce que la nature l'a faite belle et parce que son Histoire l'a faite grande !"...

 

   Evidemment, on entend déjà les esprits forts "philosopher" sur la guerre, un peu trop donnée en exemple dans ce témoignage, "crier" à propos de l'identié nationale, ...ou "rigoler" de l'évocation de Lavisse en pensant aux élèves d'origine étrangère à qui on ferait ânonner : "Autrefois, notre pays s'appelait la Gaule, et ses habitants les Gaulois "...Mais ce témoignage aura au moins le mérite de faire réfléchir sur l'Histoire, qui n'a pas de caractère rétro-actif, et dont le passé ne peut pas être considéré avec les critères actuels, qui n'auront qu'un temps ...

 

  

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1 novembre 2012 4 01 /11 /novembre /2012 16:57

     L'Histoire a toujours été - et de loin - l'activité intellectuelle la plus prisée des hommes, ...avant la géographieapparue tardivement avec la lente progression de la représentation de la Terre, ..mais aussi avant la poésie, le théâtre et le roman longtemps réservés à une élite capable de comprendre, de lire et d'écrire...  

 

   En fait, l'Histoire commence avec l'apparition de l'écriture, qu'il s'agisse des hiéroglyphes en Egypte, des inscriptions cunéiformes en Mésopotamie ou des idéogrammes de la Chine au 1er millénaire avant JC , ...du moins une Histoire des faits et gestes des hommes, car il est possible de considérer que les gravures pariétales de la "Pré"-Histoire sont déjà une manière, à cette époque  beaucoup plus longue de plus d'un million d'années, de transmettre des témoignages, à caractère magique, d'activités dominées par les rapports avec les animaux...

 

   Si l'on s'en tient à "l'Histoire", il faut d'abord constater que celle-ci n'est parvenue jusqu'à l'époque contemporaine que de façon fragmentaire, ...soit parce que les ancêtres n'ont pas éprouvé le besoin de raconter tout ce qu'ils faisaient - à l'image des Gaulois pratiquant la transmission orale et n'utilisant l'écriture que pour des motifs religieux - ...soit parce que de nombreux textes ou inscriptions ont été perdus ou détruits, comme, par exemple, les souvenirs laissés par le pharaon réformiste Akhénaton, et martelés par ses successeurs, au 14ème siècle avant JC...

 

   Ensuite, il paraît évident que les auteurs des textes conservés n'ont as eu, jusqu'à la période contemporaine, le souci de "l'exactitude" ...Le plus souvent, leurs textes sont "partiaux", en ce sens qu'ils veulent le plus souvent laisser un témoignage "édifiant" : c'est le cas de la Bible, première "somme" ayant pour but non pas de raconter l'histoire des hommes depuis la création légendaire d'Adam, mais de justifier la puissance de Dieu , ...ou encore des Vies des Saints au Moyen-Age, qui sont des "hagiographies" embellissant volontairement ces personnages pour qu'ils servent d'exemples...

 

   Cette déformation de l'Histoire est également flagrante quand elle cherche à justifier "après coup" la formation de "nations" en Europe ...C'est le cas de la France où, sous l'influence de Jules Michelet au 19ème siècle, l'Histoire devient une évocation d' évènements et de personnages hors de proportion ave'c leur importance effective : Vercingétorix sorti des oubliettes pour préfigurer une "unité" qui n'existait pas au temps de la conquête de la Gaule par Jules César ...Jeanne d'Arc qui a certes symbolisé une résistance à l'envahisseur anglais mais n'a même pas été soutenue par le Roi de France et rachetée par lui après sa capture ...Napoléon 1er, qui a assurément mis fin aux désordres de la Révolution et créé des institutions comme le Lycée, la Légion d'honneur, le Code Civil , mais n'en a pas moins exercé un pouvoir dictatorial ayant peu à envier à certains régimes du 20ème siècle  et a été responsable de la mort d'au moins un million d'hommes, ce qui permet de rester rêveur devant le transfert de sa dépouille aux Invalides ...De même il y aurait beaucoup à nuancer sur la commémoration du 14 juillet, le drapeau tricolore, la Marseillaise, la "drôle de guerre" en 1940 ...Bien entendu, il n'est pas question de nier tous ces faits, mais il conviendrait de les remettre à leur vraie place...

 

   Pour autant, il ne faut pas prétendre faire de l'Histoire une science exacte ...D'une part, l'Histoire ne peut évidemment pas relater tout le passé, et les historiens doivent donc faire un choix ...et ce choix peut sans cesse être remis en cause, ne serait-ce qu'à la suite de la découverte de documents jusqu'alors inconnus ...D'autre part, la logique éventuelle des évènements reste une construction ayant le plus souvent échappé à ceux qui y ont participé : ainsi en est-il de la Révolution dont il a fallu plus d'un siècle pour en déterminer les causes : mouvement philosophique ayant sapé l'Ancien Régime, mauvaises récoltes provoquant des émeutes de la faim ("du pain et des armes"!) ...Louis XVI écrit dans son agenda, le 14 juillet 1789 : "Rien" ...

Car il y a largement une part de hasard dans le déroulement de l'Histoire, et celle-ci aurait pu se dérouler tout autrement si ...si ...Comme l'a dit Pascal, "si le nez de Cléopâtre avait été plus long", qu'aurait fait Antoine, et comment aurait alors évolué l'Empire Romain ?...Pour revenir à Louis XVI, sait-on seulement qu'il n'a été exécuté qu'à la suite ...d'une erreur de calcul ?...Le 17 janvier 1793, la Convention vote sa mort immédiate par 366 voix, soit 6 voix (seulement) de majorité, le bannissement ne recueillant que 319 voix ...Le vote étant contesté, la Convention fait un nouveau décompte le 18 janvier ...et il n'y a plus que 361 voix, soit un voix de majorité : le pauvre roi est donc exécuté ...Mais plus tard on découvrira qu'un vote a été inversé par erreur et qu'un député "régicide" n'ayant pas la nationalité française n'aurait pas dû voter ... Ainsi, à une voix près, Louis XVI aurait dû avoir la vie sauve ...et ...qui sait ..., dans le calme revenu, il aurait peut-être pu devenir un monarque constitutionnel à l'anglaise, qui règne et ne gouverne pas ...et il n'y aurait pas eu alors en France 10 régimes successifs ...si ...si ..."on mettait Paris en bouteille"...

 

   Ceci dit, ...si ...l'enseignement de l'Histoire est ainsi renouvelé, ce ne sera pas une raison pour l'entraîner dans les errements actuels, où on prétend donner une "formation thématique" ...Plus de chronologie (Ah... le crime d'imposer de retenir 1515 Marignan !), et les élèves sont incapables de metrre Vercingétorix, Charlemagne, François 1er, Louis XIV, Napoléon et De Gaulle dans le bon ordre...Et une réflexion sur des évènements mal connus, assortie de condamnation officielle de certains faits par des lois dites "mémorielles" (l'esclavage, la guerre, le capitalisme, etc, etc...) ...Mais c'est  une autre ...histoire !

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