Il n'est pas d'usage courant de juger de l'action d'un homme politique, et à fortiori d'un Président de la République, avant qu'il ait terminé son mandat ...C'est pourtant le cas de François Hollande qui, avant même la moitié de son mandat, fait l'objet de toutes sortes d'interrogations, comme le prouve l'émission qui lui a été consacrée à la télévision sur France 3 le lundi 7 avril 2014 ; "Que se passe-t-il dans la tête de François Hollande ?"...
Il est vrai que les élections municipales de la fin de mars 2014 sont passées par là et qu'elles ont donné lieu à une défaite cuisante des socialistes, à l'exception de quelques "places fortes" comme Lille et Lyon où ils ont néanmoins été en recul ..., ce qui ne peut être interprété, en raison du rôle fondamental de la fonction de Président de la République, même sur le plan local, que comme une conséquence de l'impopularité de François Hollande, tombé à moins de 20 % d'opinions favorables...
L'homme, pourtant ne manque pas de qualités ...Né le 12 août 1954, étant donc âgé de 59 ans, il a fait des études primaires dans un pensionnat catholique de Rouen, puis des études secondaires au Lycée de Neuilly-sur-Seine - ville n'étant pas réputée pour être de gauche, et où on retrouvera ...Nicolas Sarkozy - enfin des études supérieures le menant à Sciences-Po, HEC et ENA, dont il est sorti comme auditeur à la Cour des Comptes ...C'est d'ailleurs lors de ses études à l'ENA qu'il a rencontré Ségolène Royal (Promotion Voltaire), dont il a eu 4 enfants ...Il était donc armé pour réaliser un mandat prestigieux, à l'image de son lointain prédécesseur et modèle, François Mitterrand...
Alors, pourquoi en est-il arrivé à une telle impopularité ?...Il avait annoncé que tout allait changer, conformément à son opuscule du 22 avril 2012 intitulé "Le changement, c'est maintenant", où il avait pris "60 engagements pour la France"...Il était donc "dans le vent", puisque les Français sont réputés aimer lle changement ..."Peuple instable et querelleur", disait déjà jules César de leurs ancêtres les Gaulois...Et en l'occurrence les Français semblaient en avoir eu assez de son prédécesseur immédiat, plutôt "mêle-tout", Nicolas Sarkozy ...Mais, manifestement, rien ne s'est passé comme prévu ...
D'abord, Il y a une donnée de base ...Quand on fait des promesses, on doit les tenir ...Or François Hollande n'a pas tenu - ou n'a pas pu tenir - la promesse la plus importante pour les Français, celle de "l'inversion de la courbe du chômage", celui-ci ayant continué sa progression, même s'il fait valoir que le ryhme de cette progression a été ralenti ...Par ailleurs, il n'a pas réssi à conjurer la crise économique - ce qui est compréhensible, car il s'agit d'un problème mondial, mais montre aussi l'imprudence de sa promesse : il ne devait pas, comme la grenouille de la fable, se faire plus gros que le boeuf ...De même, il a voulu s'en prendre aux hauts revenus des entreprises et de leurs dirigeants - objectif louable au nom de l'idéal égalitaire des socialistes - mais il a aussitôt suscité l'intérêt des pays voisins comme l'Angleterre se déclarant prête à accueillir les entreprises françaises ...Quant à la politique extérieure, même s'il a tiré un bénéfice moral justifié d'une opération pourtant coûteuse au Mali contre les djihadistes, ...il trouve le moyen de se brouiller avec la chancelière allemande, Angela Merkel, dont la collaboration avec la France est la base de l'équilibre européen ...Et on se pose des questions à propos de l'Ukraine et de la Turquie...
Et puis, il y a les fameuses réformes dites "sociétales" inspirées de son 31ème engagement ; "J'ouvrirai le droit au mariage et à l'adoption aux couples homosexuels" ...Les Français sont peut-être révolutionnaires en paroles, mais ils restent conservateurs dans les actes ...L'homosexualité n'est certes plus un délit, et elle a d'ailleurs été pratiquée depuis la plus haute Antiquité, mais de là à en faire une base sociale avec ses compléments de MPA et GPA - oubliant la nécessité pour l'équilibre de tout enfant d'avoir un père et une mère, ...c'était oublier que les Français, même agnostiques ou athées, restent attachés aux traditions famliales...et que les "réformes sociétales" n'en déplaise à sa Ministre de la justice, ne sont pas "un progrès pour l'humanité" aux yeux de l'opinion ...La même opinion qui n'accepte pas de sa part la libération anticipée de prisonniers ...
Enfin, et c'est peut-être le fond du problème, François Hollande manque certainement d'autorité, au point d'inquiéter même ses partisans de "gauche" ...Il est "celui qui flotte" ..."C'est", dit un commentateur, "un fruit mou à l'extérieur, même s'il est dur à l'intérieur" ...Comme dit aussi Mélenchon ,"il est l'homme du balancement circonspect"...Et quand il intervient, il fait souvent des gaffes, comme son intervention immédiate à la télévision pour défendre le maintien en France de la jeune Léonarda, qui s'est offert le luxe de le contredire ...et, donc, à le ridiculiser, comme si c'était la place d'un Président de la République d'intervenir au niveau d'un fait divers ...Qu'allait-il faire dans cette galère ?...Faut-il aussi citer l'affaire Cahuzac, où il avait pourtant tous les moyens de connaître le comportement d'un ministrable avant sa nomination éventuelle, et où son indignation vertueuse "après coup" est apparue comme un tardif remords ...
François Hollande se voulait "normal" ...On se souvient de son anaphore célèbre "Moi, Président de la République"... Il aurait du savoir et comprendre, lorsqu'il l'est devenu, qu'un Président de la République ne peut pas être "normal" ...Il en paie maintenant le prix...